Noël était terminé, les sapins de la grande salle dépouillés de leurs attraits avaient été débités en bois de chauffe par le garde-chasse, mais le froid soufflait toujours des flocons dans les couloirs pour rappeler aux élèves que l’hiver ne s’arrêtait pas avec les fêtes. Et les activités associatives de Marlene n’attendaient pas le renouveau de la saison suivante pour refleurir. Nombreux de ses clubs avaient été supprimés dans l’ignorance générale - comme personne à l’école n’en était membre - tous ses clubs à vrai dire relatifs à la mixité. Le cognard fou, l’épouvantard surprise, l’empoisonnement pendant le bal et l’agression qu’elle avait subi le soir même avaient fait vaciller son courage (surtout sa naïveté prétendait-elle pour ne pas qu’on la prenne pour une poule mouillée !). Mais elle comptait bien recentrer son énergie sur la vingtaine d’autres clubs qu’elle présidait.

Le Professeure McGonagall avait commencé à apprendre aux élèves de sixième année la métamorphose humaine. « Wahow ! » s’était exprimé la préfète qui arborait depuis la dernière classe un museau de chat et des moustaches avec grande fierté. Elle aurait adoré se faire pousser une queue également mais s’était durement heurtée à son manque de souplesse. Lily et Moïra - dont elle squattait le dortoir pour éviter de croiser cette peste de Bertha ! - s’étaient largement moquées d’elle à la voir faire des galipettes avec sa baguette. Elles avaient même refusé de se faire pardonner en participant à la brigade de sauvetage des chats perdus ce soir-là parce que réviser leurs buses était soit disant une activité plus importante. Pfffff, c’était elles les buses ! s’était éloignée leur amie largement vexée. Une première année de la maison des bleus était venue la trouver le matin même en pleurant de chaudes larmes car elle ne retrouvait plus son chat et qu’elle craignait qu’il meurt comme il n’avait pas de poil. Marlene s’était terriblement émue de cette histoire alors, quittant aussitôt sa salle commune en ce début de soirée, elle grimpa les marches jusqu’à la tour d’astronomie où on lui avait indiqué que Gwendolyn se trouvait. Elle ne s’arrêta que deux fois pour reprendre son souffle - les entraînements de quidditch commençaient-ils enfin à payer ? - et poussa joyeusement la porte en trouvant sa copine l’œil sur une lunette. « Hey ! J’ai un cadeau pour toi ! » la salua-t-elle en sortant de derrière son dos deux serre-têtes poilus décorés d’oreilles de chat qu’elle agita sous son museau. L’amitié de Marlene, c’était chouette, mais aussi humiliant de temps en temps.

Gwendolyn fit une drôle de tête en découvrant les serre-têtes tout comme Marlene en fit une en écoutant sa réponse. L’érotisme ? Certains faisaient-ils des choses déguisées en animaux ? Ca devait sans doute être rigolo pensa-t-elle de manière distraite comme son expérience en la matière était nulle. Et, comme elle ne savait que bien mal mentir, sa voix se fit plus aigüe quand sa camarade mit le doigt en plein sur la vérité. « Quoi ? Aucun projet bizarre non - elle retrouva un certain aplomb pour préciser souriante - ou plutôt aucun projet que je ne qualifierais de bizarre ». Et là était bien toute la subtilité messieurs dames les jurés du magenmagot.

Elle avança vers sa copine en commençant à lui déballer l’idée lui qu’elle avait en tête et dont elle souhaitait compenser la banalité avec le ridicule accoutrement. « Un élève de première année a perdu son chat figure toi et il est de notre devoir de le retrouver et de lui enfiler un tricot aussi - sortit-elle un pull ignoble tricoté par ses soins dans son autre main et son amie avait de la chance finalement de recevoir un serre-tête plutôt qu’une laine de la préfète ! - il n’a pas de poil - précisa-t-elle comme si cette information rendait leur normalité aux autres mais la serdaigle avait toujours son air un peu farouche - le chat pas l’élève ». Et sbaf, elle écarta les deux branches du serre-tête autour des deux tempes de la récalcitrante pour les lâcher (et donc la forcer oui). « Alleeeeeeez, ça va être drôôôôôôôle ! ». Rien n'était plus chiant que de l'astronomie de toute manière, se dit-elle en regardant les cartes du ciel autour ...