Melody haussa un sourcil, tentant de savoir si sa chère filleule était tout simplement folle ou juste inconsciente ? Elle était entrain de dire que celui qui l'avait fait tourner sur elle-même manquait cruellement d'imagination et qu'il aurait pu faire bien pire. "C'est plutôt bien qu'il n'ait pas fait pire que ça au final, non ?" demanda la juriste pour s'assurer de la santé mentale de la petite lionne. Qui pouvait bien reprocher à son agresseur de ne pas avoir été assez inventif dans sa méchanceté ?
La blondinette ne put s'empêcher de rire devant les gestes sur mélodramatiques de la jeune fille assise devant elle. "Pardon d'avoir demandé !" dit-elle entre deux éclats de rire. Elle reprit néanmoins rapidement son sérieux afin de parler de choses importantes avec sa petite Bertha. "Parce que tes camarades pensent que tu es une menteuse ?" demanda-t-elle d'une voix douce et bienveillante. Melody s'inquiétait quelque peu pour la petite brune, il fallait bien l'avouer. Elle voulait voir Bertha heureuse, entourée de pleins d'amis gentils et sincères envers elle, elle ne souhaitait pas l'imaginer traitée de menteuse par les autres.

Bertha avait toujours été une petite fille sensible, même si elle tentait tant mieux que mal de cacher cette facette de sa vie. Pourtant, Melody le savait, peut-être parce qu'elle avait passé de nombreux moments avec la petite brune et que, maintenant, elle en savait surement plus que Bertha ne le pensait. Alors, quand la jeune fille lui parla de ce problème de réputation et du fait que ce que pensait les autres d'elle la gênait, Melody sentit un pincement au cœur. Bertha méritait le meilleur qu'il soit, autant dans ses études, ses amitiés et ses amours. "Et pourquoi brise-tu l'image qu'ils essaient de créer ?" demanda la blondinette d'une voix douce, "Tu sais, tout le monde essaye de se montrer mieux qu'il ne l'est réellement, même toi et moi faisons ça" Après tout, le monde entier n'était fait que d'apparences. Il fallait toujours montrer le meilleur de nous-même pour ne pas se faire juger, quitte parfois à mentir sur son propre caractère. C'était mal, mais c'était la société qui dictait cette règle implicite, et Bertha était peut-être encore trop jeune pour le comprendre. Après tout, elle possédait encore la fougue de la jeunesse, l'envie de changer les choses, de changer la société et ses règles stupides, de faire de ce monde un endroit plus vrai, plus authentique et moins mensonger. Melody pouvait comprendre ça, mais il fallait que Bertha comprenne que les gens se mentaient continuellement, aux autres comme à eux-mêmes, et cela juste pour tenter de se faire une place dans ce monde si laid. Si personne ne lui expliquait, la jeune fille allait se prendre une claque un jour ou l'autre dont elle ne se remettrait pas facilement... "Les gens sont comme ça, tu sais. C'est leur façon à eux de se faire accepter par les autres" murmura-t-elle.

La vie n'était pas une chose facile, et ça Melody Fawkes le savait bien, depuis longtemps. Lorsqu'elle était encore toute petite, la vie était paisible, simple et belle. Puis, ses parents avec disparus, sa grande sœur et elle avaient été confiées à leur grand mère paternelle, et plus rien n'était simple, beau, ou paisible. A partir de ce moment là, et alors qu'elle était encore très jeune, Melody avait compris que la vie n'était pas une partie de plaisir mais bien un combat qu'il fallait tenter de mener sans problème. Entre les aléas de la vie, les faux semblants et la méchanceté des gens il était nécessaire de tracer sa route en tentant, parfois vainement, d'être le moins abîmé possible par tout ça. C'était surtout pour ça que les gens cherchaient à apparaître sous leur meilleur jour, pour garder une certaine contenance et survivre dans ce monde. Ce n'était pas vraiment des mensonges, seulement une volonté de s'en sortir. Bertha était encore trop jeune pour saisir cela, et Melody espérait qu'elle garderait encore un peu sa si tendre innocence..."Les gens ont dut mal à être juste eux, parce qu'on leur demande tout le temps d'être quelqu'un d'autre" expliqua la juriste avec beaucoup de douceur.
C'est naze la vie. Que pouvait-elle répondre à ça ? Que oui, ça pouvait être absolument affreux et nul. Que parfois c'était même une affreuse douleur que celle de vire. Mais heureusement, il n'y avait pas que ça. Il y avait aussi des bons moments, ceux passés avec nos amis par exemple... "C'est pour ça qu'il faut s'entourer d'amis, Bertha, pour rendre la vie plus supportable et joyeuse" affirma Melody en souriant à la jeune Jorkins.

Bertha semblait tout à fait fermée aux arguments, pourtant vrais, de Melody, qui sentait bien que ça ne passerait pas. « Parce que, parfois, les gens ne s’aiment pas comme ils sont, alors ils tentent de devenir quelqu’un d’autre » expliqua la juriste avec une voix un peu plus grave. La blondinette sourit devant les exclamations de la brunette, qui parlait comme une enfant, ce qu’elle était encore. Manifestement, Bertha était encore trop jeune pour saisir toutes les spécificités de la société ainsi que leur répercutions sur les gens, sur leur mental. « Assumer qui on est n’est pas simple pour tout le monde, mais c’est vrai que les gens devraient être plus honnêtes et sincères, alors reste comme tu es » dit Melody en tentant d’apaiser sa jeune amie qui semblait bien plus énervée qu’elle le pensait. Etait-ce un sujet aussi sensible que cela pour la Gryffondor ? « Quant aux amis, il faut justement les choisir en fonction de leur honnêteté à notre égard, car ils sont là pour nous guider si nous commençons à ne plus assumer nos actes ou notre façon d’être » expliqua-t-elle ensuite. La juriste rependait à toutes ses amies qu’elle avait perdu de vue au fil des années, ce qu’elle regrettait maintenant amèrement…

La douce et gentille Melody n’eut pas le temps de réagir aux paroles de la jolie Bertha que celle-ci indiquait déjà qu’elle devait travailler sur un devoir de métamorphoses et donc qu’elle devait retourner rapidement à Poudlard. Evidemment, la juriste n’était pas dupe et savait très bien reconnaître les mensonges de la vérité, et clairement, sa petite filleule de cœur étant en train de lui inventer un bobard au fur et à mesure, mais que pouvait-elle bien dire ? La jeune fille ne voulait plus avoir cette conversation, et c’était la seule manière qu’elle avait trouvé pour fuir. Compréhensive, la blondinette rentra dans son jeu. « Il ne faut pas négliger ses devoirs, rentres vite » déclara-t-elle en lui souriant avec douceur. Elle regarda la jeune fille la remercier, lui faisant un signe de tête. « Ça m’a fait plaisir aussi, on se revoit vite » dit-elle avant de la laisser partir sans rien dire.