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Totalement bouleversée suite à cette étrange vision qui lui était tombée dessus au banquet (ici), Lily fuyait la foule. Sa vision brouillée par les larmes, elle se laissa tomber dans la première salle qu'elle trouva et se laissa tomber au sol laissant libre cours à ses larmes.
Elle ne comprenait rien à ce qu'elle venait de voir. D'où cela venait-il ? Était-ce réel ? Était-ce vraiment...elle ?
A cette simple pensée ses larmes redoublèrent. On l'avait tué. Et elle n'avait même pas l'air si âgée que ça en plus !

La jeune fille se sentait incroyablement triste après ce qu'elle venait de voir. C'était tellement étrange pour le raconter à qui que ce soit. Comment expliquer que l'on se voyait mourir sans ne pouvoir rien faire ? Et ce sentiment d'angoisse qui ne la quittait plus.

A l'abri des regards, loin du reste de ses camarades la préfète perdait toute maîtrise d'elle-même, se laissant aller au désespoir.

James n’avait pas hésité une seule seconde avant de quitter la grande salle pour suivre Lily. Il avait été bouleversé par les larmes qui coulaient le long de ses joues et le nœud qui était né dans son estomac au moment de l’ouverture des colis s’était resserré un peu plus. La tornade rousse qui fuyait la foule n’avait pas été très difficile à retrouver. Il l’avait vu tourner en haut des escaliers vers les salles de classe et il lui avait suffi de pousser la première porte pour retrouver la gryffondor.
Peut-être s’était-il un peu précipité en venant la retrouver. Qui était-il pour prétendre pouvoir consoler ses larmes ? L’insupportable crétin. Une Mary ou une Marlene auraient été bien plus efficaces.
Il s’avança doucement vers elle et murmura simplement « Lily... » pour annoncer sa présence, la gorge nouée. Sans rien ajouter, il se laissa glisser au sol, à côté d’elle, leurs coudes se frôlant, le regard fixé avec détermination dans le vide devant lui. « Ca va aller. » C’était plus une affirmation qu’une question.

Le bruit de ses sanglots avaient étouffé celui de la porte et elle n'avait pas entendu que l'on entrait. C'est seulement à l'entente de son prénom que Lily releva légèrement la tête.
James Potter. Si elle s'était attendue à ça ! Elle ramena ses genoux à elle et laissa retomber sa tête. Elle ne voulait pas qu'on la voit comme ça.
- Va-t-en, couina-t-elle bien loin des cris cinglants auxquels elle l'avait habitué.
Ses cheveux roux tombait en masse sur son visage, la camouflant temporairement aux yeux du monde. Et bien qu'elle ne se sente pas à l'aise à pleurer toute les larmes de son corps devant le capitaine des Gryffondors, elle ne se sentait pas la force de s'en soucier.

- ça va aller.
Elle laissa la phrase flotter un moment autour d'eux. Elle ne savait pas s'il attendait une réponse. Elle ne savait pas si c'était un énième canular de sa part ou bien tout simplement de l'intérêt. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle avait mal à la poitrine. La peur la rongeait.
Ces gens étaient morts. En faisait-elle réellement partie ? Ou non, en ferait-elle partie ?
Ces pensées étaient des plus angoissantes.

- Tu as ouvert ton paquet ? demanda-t-elle enfin dans un souffle.

La demande de Lily ne l’étonna pas. Evidemment qu’elle voulait qu’il parte. Il n’avait rien à faire ici, il était le moins bien placé pour la consoler. Mais après tout, il avait retiré sa bonne résolution de ne plus harceler Lily Evans cette année.
Il n’osait imaginer de quoi avait été fait la vision que semblait avoir partagé les élèves qui avaient ouvert le colis. La curiosité de connaître son contenu ne rivalisait pas avec l’angoisse qui semblait avoir possédé Lily.  

« Non… » souffla-t-il. Il pensa enfin à ses amis, qui avaient peut-être ouvert le colis mais pour qui il n’avait même pas eu un regard avant de quitter à son tour la grande salle. « Mais ça va quand même aller. »

Il voulait lui dire qu’elle pouvait lui parler si elle en ressentait le besoin, même s’il ne pouvait pas comprendre son angoisse, sa tristesse. Mais il préféra se taire encore, lui laissant le choix de parler ou non, et être juste présent. Il posa une main sur celle qui lui était accessible pour la serrer brièvement. Il ne comptait pas partir tout de suite, même si elle lui avait demandé.

Le murmure de Potter apaisa quelque peu Lily. Elle ne savait pas bien pourquoi. Peut-être le fait de savoir qu'il restait lui, sans avoir vu des choses horribles comme elle. Beaucoup pensaient, à commencer l’intéressé, qu'elle détestait le garçon. Au fond, ce n'avait jamais été lui mais ses attitudes idiotes. Celles-là même qui la faisaient sortir de ses gonds à la moindre phrase.
- Mais ça va quand même aller.

- Je le sais tu sais, lui confia-t-elle d'une petite voix. C'était comme si les ombres se trouvaient encore autour d'eux. Fantôme d'une époque qu'elle ne connaissait pas. La connaissance, c'est le pouvoir disaient certains. En cet instant, elle se sentait insignifiante.

- Je le sais que ça va aller. ça va toujours mieux, expliqua-t-elle, le regard toujours vissé sur ses propres genoux. Elle sentit la main du garçon se poser sur la sienne, la serrant légèrement, ce qui lui donna la force de poursuivre, expliquant le fil de ses pensées. Ou même si ça ne va pas mieux, il faut parfois se forcer un peu pour que ça aille. C'est juste que...là tu vois, c'est le moment où ça va pas trop.
Je sais que ça m'arrive pas souvent mais…ça m'arrive aussi. Et ça fait mal.

Lily pencha tout doucement la tête sur le côté, risquant un oeil de l'autre côté de sa chevelure de feu pour observer le jeune homme. Il ne se moquait pas d'elle. Et même si elle ne ressemblait sans doute à rien d'autre qu'un animal blessé, elle ne craignait pas son regard. Elle l'observa quelques secondes avant de laisser échapper.
- Merci.

Il fut rassuré d’entendre sa voix. Rassuré de ne l’entendre pas lui demander encore une fois de partir, et rassuré tout simplement de voir que les mots venaient malgré le chagrin. Il écouta ce qu’elle avait besoin de dire et il comprenait qu’il s’agissait plus de se rassurer elle-même par ces paroles que lui qui la voyait dans cet état.
Quand il sentit sa tête bouger, il observa le visage de la gryffondor. Elle n’était pas très jolie, les yeux rougis par les larmes, mais il avait toujours envie de l’embrasser, encore plus que quand elle était furieuse, et surtout quand il la voyait si proche. Il ne put retenir un souffle légèrement amusé, laissa se poursuivre cet échange de regard un instant et leva enfin les yeux vers le plafond en se mordant la lèvre.
En voyant une large tâche noire au plafond, un petit sourire étira ses lèvres. Il se tourna à nouveau vers Lily, le doigt pointé vers le plafond. « Tu me crois si je te dis que c’est la marque d’une explosion d’une potion qu’on a essayé de faire en troisième année, avec Sirius ? » Il voulait lui changer les idées, maladroitement, quitte à prendre le risque d’avoir une Lily agacée plutôt qu’attristée. Il aurait pu trouver un moment où il avait été vraiment triste, pour qu'elle se sente comprise, mais il ne trouvait pas et n'était pas sûr que ce serait approprié.

Ses yeux verts rivés sur le jeune homme elle ne put ne pas voir son petit sourire en coin. Lily se redressa, craignant le pire. ça finissait toujours comme ça de toute façon, il disait un truc débile pour l'embêter et ils en revenaient à se disputer. La vie demeurait assez prévisible. En fait, elle était un peu déçue qu'il soit venu la voir si c'était pour qu'elle mette les voiles au bout de seulement quelques minutes.
Elle jeta un clin d'oeil au plafond tandis qu'elle sentait son regard toujours amusé sur elle.
- T'es bête. murmura-t-elle avec un début de sourire.

Elle ne savait pas si l'info était vraie, elle espérait que non, mais elle en appréciait l'effort.
Elle lâcha la main qui la tenait toujours, réalisant un peu gênée que cela faisait un moment et s'en servi pour essuyer grossièrement ses larmes.
Elle sentait ses yeux gonflés et espérait que ce n'était pas si terrible que ça. Pas assez pour le faire fuir en tout cas.

- Dis… commença-t-elle sans trop savoir comment le formuler. Les images de la vision ne cessait de repasser dans sa tête comme si on les lui avait gravé sur la rétine.
Tu as déjà pensé à ...désolée c'est un peu morbide...mais à la façon dont tu vas mourir ?

Devant l'expression de Potter, elle se reprit :
- enfin, c'est bizarre je sais désolée. Tu n'es pas obligé de me le dire, c'est assez personnel..marmonna-t-elle assez mal à l'aise.
- Donc c'était avec quelle potion cette explosion ? tenta-t-elle une diversion.

Elle ne voulait pas l'ennuyer avec cette étrange vision et toutes les angoisses qu'elles soulevaient en elle. Et puis, depuis qu'elle lui avait raconté l'un de ses cauchemar et qu'il lui avait ri au nez, elle était un peu réticente à l'idée de lui évoquer ce que renfermait le paquet. Mieux valait peut-être ne pas en parler à qui que ce soit.

Mais c'est vrai que malgré la guerre, elle ne s'était jamais imaginé mourir en étant tué par quelqu'un. On pense toujours au fait de s'endormir dans son sommeil, un jour où l'on est bien fatigué. Et pourtant, l'époque où ils vivaient n'était pas des plus tendres.

« Je suis pas très doué, hein ? Pour consoler les gens… » constata-t-il alors qu’elle lui faisait part de la bêtise de sa remarque. Mais il nota son début de sourire, qui lui réchauffa un peu le cœur, et il estima n’être pas si nul que ça, même s’il avait encore une large marge de progression.
Il récupéra sa main, qu’il avait presque oublié sur celle de Lily, quand celle-ci la bougea, et croisa les bras sur son torse, en ramenant à son tour ses genoux contre lui, son pouce contre ses lèvres alors qu’il l’observait toujours. Il ne cacha pas son étonnement quand elle posa cette étrange question et évidemment, il fit le lien avec le contenu du colis. Les élèves piégés avaient-ils tous eu une vision, un cauchemar, où ils se voyaient mourir ?
Les yeux de James se perdirent dans le vide alors qu’il songeait à cette possibilité. A la possibilité qu’il puisse mourir un jour. Il lui semblait n’avoir jamais pensé à une telle éventualité. Au Quidditch, il avait déjà fait des chutes assez sérieuses, mais pas assez pour avoir peur de mourir. Il ne pensait généralement pas trop à la mort, à celle de ses parents parfois mais qu’il n’imaginait pas avant longtemps. Et même avec cette guerre qui se préparait, la sécurité que lui offrait le château rendait cette idée très abstraite.

« Non, jamais… » finit-il par murmurer après une longue réflexion, ignorant sa diversion pour changer de sujet.

S’il devait y réfléchir, ce serait vieux bien sûr. En héros, mais sans souffrir quand même. Et il y aurait beaucoup de gens pour le pleurer et pour venir à son enterrement, parce qu’on ne change pas James Potter et son besoin d’attention. « Mais tu viendras à mon enterrement, hein ? »
Sa question lui avait donné matière à réflexion et il pensa soudainement à ses parents, qui se faisaient vieux. Il rumina encore un peu en silence, avant de reprendre la parole.

« Mais tu n’es pas prête de mourir, Lily Evans. Quoi que tu aies vu. » déclara-t-il comme une promesse.

- Le grand Potter à court de mot, hein ? dit-elle haussant un sourcil un brin moqueur.
Ils n'étaient pas meilleurs amis et ils se chamaillaient souvent. Mais parmi toutes les personnes qui l'avaient vu quitter la salle, il était le seul à être venu. Et elle lui en était reconnaissante.
Lily se pencha un peu vers lui, tapant doucement son épaule contre la sienne.
- Non, je trouve que tu t'en sors très bien. Plus que je ne l'aurai cru.

Il pouvait avoir une bonne écoute quand il le voulait. Et la jeune fille se rendait compte qu'il lui fallait parler afin d'extérioriser tout ça. Elle sentait un trop plein d'émotions bouillonner en elle qu'il lui fallait à tout prix évacuer. Ce qu'elle redoutait le plus en se confiant-tout spécialement à lui-était le retour de baguette. Se mettre en position vulnérable, ouvrait la porte au jugement. Lily avait toujours essayé de se montrer forte, encore plus depuis qu'elle avait été nommé préfète. Elle s'était isolée pour ne pas craquer devant tout le monde.

Et sans qu'elle ne repense trop à qui elle l'a posait, elle lui demanda s'il avait songé à sa propre mort.
Le silence du jeune homme était éloquent. Il finit par répondre non en un souffle. Lily le regarda, il avait l'air si sérieux tout à coup.

Comme s'il sentait cette tension, il lui demanda si elle viendrait à son enterrement.
- Pourquoi, tu comptes mourir premier ? le taquina-t-elle.
Si jamais ça arrive, je ne te le souhaite pas, évidemment que je viendrai, dit-elle alors son sourire s'élargissant. Il faut bien que tu puisses te vanter de l'au-delà. "Lily Evans est venu à mon enterrement" l'imita-t-elle avant de rire doucement.

Mais tu n’es pas prête de mourir, Lily Evans. Quoi que tu aies vu.
Elle était à deux doigts de lui murmurer "promis ?" comme une petite fille qui a besoin d'être rassurée face au monstre dans le placard, mais elle se retint. Elle poussa un petit soupir, et posa sa tête contre l'épaule du garçon, fermant les yeux un moment.

Voilà que c’était autour de Lily de rassurer James sur ses capacités à consoler quelqu’un, et il sourit, reconnaissant. Epaule contre épaule, il n’y avait jamais eu autant de contacts physiques entre eux. La dernière fois qu’il avait saisi cette main, c’était pour traîner Lily dans tout le camping, l’été précédent. Le contexte était bien différent aujourd’hui.

Les taquineries de Lily détendirent légèrement l’atmosphère morbide que la pensée de mourir avait temporairement installé et James retrouva un peu de son humour.
« Je mourrais pour te sauver la vie, du coup tu seras encore plus obligée de venir à mon enterrement. Et même d’y faire un discours, où tu diras "C’était vraiment un chic type, même si je le détestais, et il savait un peu consoler les gens.". » continua-t-il, imitant à son tour la jeune fille.

Pour sûr que son fantôme en serait très satisfait. Aussi satisfait qu’il le fut quand il sentit la tête de Lily se poser sur son épaule. Il n’osa d’abord pas bouger d’un millimètre, de peur qu’elle s’enlève et qu’il ne puisse plus jamais profiter d’un instant paisible comme celui-ci avec la gryffondor. De là où il était, il arrivait à voir le bout de son nez. Il brisa finalement le silence en demandant doucement : « Tu me raconteras ce que tu as vu, un jour ? »
Aujourd’hui, demain, dans dix ans… A son enterrement… Quand elle aurait assez confiance pour lui dire.

Ses propos lui refirent penser à la voix de sa vision. Quelqu'un était-il vraiment mort pour tenter de leur donner une chance ? Mais elle repoussa cette pensée dans un coin de son esprit. Il faisait tant d'efforts pour la faire sortir de sa tristesse qu'il eut été méchant de se laisser aller à la morosité.
- un chic type ? J'aurai quel âge, 60 balais ? riposta-t-elle en souriant.

Elle réfléchit un moment avant d'oser lui demander.
- Dis, Po.. enfin James, tu crois vraiment que je te déteste ?

Il pouvait être pénible mais elle ne le haïssait pas. Lily aurait été triste d'apprendre qu'il le pensait vraiment.

L'atmosphère se déridait peu à peu tandis que la jeune fille profitait de se poser un peu sur son camarade. La jeune fille était plutôt du genre tactile. Avec ses amies c'étaient souvent de grandes embrassades et des câlins pour un oui ou pour un non. Ayant peu eu d'expérience auprès de la gente masculine, au niveau sentimentale, ce n'était pas quelque chose de fréquent que de s'appuyer de la sorte sur l'un deux. Elle se sentait vannée. Toutes ces émotions l'avaient fortement ébranlée et la présence rassurante de James était le roc dont elle avait besoin.

Lily sentait la chaleur de sa peau sur sa joue à travers l'étoffe de sa robe de sorcier. Elle se sentait étonnamment bien. Et James ne disait plus rien.
Jusqu'à ce murmure. Lily rouvrit les yeux et le regarda étonnée.
- ça t'intéresse vraiment ? Mais son visage répondit pour lui.
Eh bien...un jour peut-être j'imagine. Qui sait ? Après, je pense l'avoir en tête quelque temps mais...je vais essayer de l'oublier. Ce n'est pas sain de ressasser ce genre de pensées.

Après tout, ils allaient tous mourir un jour ou l'autre. Mais ce n'était pas une raison pour revivre des images lui montrant de quelle façon elle pourrait mourir. C'était trop bizarre.

Elle se détacha finalement pour reposer sa tête contre la pierre froide du mur, rejetant une mèche de cheveux qui lui barrait les yeux. C'était peut-être moins confortable mais plus simple pour le regarder pendant qu'ils conversaient. A moins qu'il ne s'agisse là de pudeur déguisée. Il faut dire qu'il lui avait demandé tellement de fois un rendez-vous, ce n'était pas le moment de lui redonner de l'espoir. Au fond, s'il l'aimait vraiment comme il le clamait, ce ne devait pas être évident pour lui. Mais sa façon de toujours rire de tout lui donnait l'impression que ce ne pouvait être réel.
Finalement, il semblait avoir tant de différentes facettes. Combien encore n'en connaissait-elle pas ?

S’il pensait vraiment qu’elle le détestait ? Peut-être pas une véritable et profonde haine, en prouvait cet instant partagé dans cette salle de classe. Mais s’il ne se rappelait pas forcément s’être moqué une fois des cauchemars de la gryffondor (on ne se souvient bien que de ce qui nous arrange...), il se rappelait très bien des paroles qu’elle lui avait assené jour là au bord du lac, après l’épreuve de métamorphose des BUSES. Il ne répondit pas directement sa question et se contenta de lui en retourner une autre. « Je ne sais pas... Tu penses vraiment que je suis mauvais ? » Il ne voulait pas faire référence à Rogue, que son souvenir n’interrompe pas ce moment, mais la comparaison l’avait blessé à l’époque et restait encore dans un coin de sa tête.

Une part de lui ne pouvait s’empêcher d’être déçu qu’elle ne lui raconte pas immédiatement ce qui avait causé tant d’angoisse si rapidement, mais il respecta son choix. « Si tu en ressens le besoin en tout cas… » commença-t-il, laissant sa phrase en suspens.
La tête de Lily s’enleva de son épaule, qu’il osa enfin bouger. En la voyant comme ça, sans ses cheveux pour lui cacher la moitié du visage, sans les larmes inondant ses joues, ses yeux si verts et ses lèvres si roses, il repensa à son envie de l’embrasser. C’était à la fois le pire moment qu’il pouvait imaginer et en même temps, le seul qui s’était jamais présenté, loin de toute dispute, de tout agacement. Ca aurait été tout gâcher que de lui voler un baiser. Mais partager ce moment de paix lui donnait plus envie de faire des efforts pour la conserver que toutes les fois où il l’énervait, volontairement ou non.
« Tu penses qu’on trouvera ceux qui ont fait les colis ? Dumbledore avait l’air furieux. » fit-il pour dévier du sujet.

Bim ! sa question lui en renvoyait une autre. Lily se souvenait exactement de ce à quoi il faisait référence. A sa place elle ne l'aurait certainement pas ramené sur le tapis.
Cette terrible journée.
Elle les avait vu comme elle n'avait jamais pensé les voir. Oui ils étaient un peu bêtes mais pas très méchants, en temps normal.
- J'ai été très déçue ce jour-là. Et pas que par Severus si tu veux tout savoir, déclara-t-elle enfin en le dardant de son regard émeraude.

Elle ne pensait pas que ses remarques l'ai blessé au point de se souvenir avec précision de ses mots.
- Je ne pense pas que tu sois profondément mauvais James, mais ce jour-là ta bêtise est allé loin. J'avais plus l'impression d'avoir Avery que Potter en face de moi.

Et Merlin savait qu'elle avait une sainte horreur de Thomas Avery ! Disant cela elle détourna le regard, craignant de le peiner davantage. Et puis, elle repensait avec tristesse plus qu'avec colère de cette journée au final.
De nouveau, il sut changer habilement de sujet. Elle-même n'avait pas vraiment envie de retourner en cette journée de juin. Elle avait trop apprécié l'instant jusqu'à maintenant. Elle espérait sincèrement que le garçon qui s'était montré ce jour-là, n'existait pas vraiment, qu'il n'était pas celui assis à ces côtés.

- Je n'ai pas vraiment eu le temps de le voir. Je suis partie un peu vite. Je ne suis pas certaine que l'on trouve l'auteur de cet envoi. S'il a réussi à berner Dumbledore de cette façon, il doit être assez malin pour ne pas avoir laissé de preuves. Et puis, il y avait tant de colis ! Ce n'est pas une histoire très nette...

De nouveau elle se demanda qui pouvait avoir intérêt à installer un climat de terreur au château.
- Tu crois que c'est Tu-Sais-Qui ? Les attaques se sont multipliées ces derniers temps. observa-t-elle, repensant inexorablement à sa vision. Il lui faudrait un moment pour oublier ça.

Honteux, James ne put rien faire d’autre que de détourner les yeux devant le regard culpabilisant de Lily. Evidemment qu’il avait été cruel ce jour-là au bord du lac, il n’avait aucune excuse, même s’il chercherait toujours à défendre un tant soit peu les agissements de Sirius et lui-même à l’encontre de Rogue. « Désolé… » souffla-t-il, bien conscient que ça ne changerait rien, que le passé ne s’effacerait pas et que seul son comportement à l’avenir ne pourrait rattraper l’image qu’il avait donnée de lui à ce moment-là.
Le changement de sujet était bienvenu et il décida de reléguer cet événement au passé pour ne plus y revenir.

« Attaquer Poudlard depuis l’intérieur, en fragilisant ce qui fait de ce château une école, à savoir ses élèves… ça pourrait se tenir. » réfléchit-il, semblant confirmer les dires de Lily. « La méthode reste à déterminer, mais ça ne m’étonnerait pas. Poudlard est un symbole. »

Dumbledore chercherait sûrement le ou les coupables de ces colis. Si Lily avait été perturbée, elle ne serait sûrement pas la seule. En partant précipitamment à la suite de Lily, il n’avait pas pris le temps de voir les réactions des autres élèves qui avaient ouvert le colis. James ne faisait donc que supposer que son contenu était à chaque fois déplaisant pour ceux qui l’avaient ouvert, sans savoir qu’il n’avait pas tout à fait raison et que certains avaient eu une vision de pur bonheur.
Il soupira fort, en basculant sa tête en arrière, contre le mur. Ils n’auraient aucune réponse en restant dans cette salle, mais il ne voulait pas retourner dans la grande salle, ni même dans la salle commune des gryffondors. Il voulait rester ici avec Lily, parce qu’il avait l’impression que dès qu’ils sortiraient de cette pièce, ils s’engueuleraient à nouveau au pire, ou redeviendraient simplement courtois l’un envers l’autre au mieux.

« Je voudrais rester ici… » lâcha-t-il en étendant ses jambes devant lui et en fermant les yeux.

Sa réponse surprit la jeune fille. Non pas tant qu'elle soit courte que sa réelle nature : une excuse. James Potter avait toujours était fier et Lily ne se rappelait pas souvent l'avoir entendu s'excuser. Lorsqu'il enfreignait le règlement avec ses comparses de toujours, ils sortaient des blagues ou des pirouettes pour éviter la sentence. Mais elle ne l'entendait rarement s'excuser. Surtout pour une action envers son ennemi de toujours. Décidément la soirée était pleine de surprise.

- Au fond est-ce que ça importe vraiment comment ils s'y sont pris ? C'est arrivé voilà tout, déclara la rouquine un peu fataliste.
L’événement avait perturbé sa bonne humeur. Bien qu'elle se sente mieux, elle était bien ici, au calme.
"Je voudrais rester ici…"
- Moi aussi. ça va être le chaos là-haut, dit-elle en pensant au retour à la tour de Gryffondor.

Elle imaginait déjà Marlène se ruer sur elle pour voir si elle allait bien. Elle ne voulait pas de ses cris même si son absence l'inquiétait sûrement. Et elle ne se sentait pas vraiment de raconter ça. Enfin, pas dans ces circonstances.

James déplia les jambes et ferma les yeux, il semblait à son tour épuisé, Lily se demandait bien pourquoi. Était-ce le fait de chercher ses mots pour la consoler qui avait mis ses nerfs à l'épreuve ?

La préfète l'observa en silence, assouvissant sa curiosité sans qu'il ne la voit. Sans son masque plein de vanité il semblait plus vulnérable. Ses cheveux éternellement en bataille, sans que cette fois il n'ait eu à y faire quoi que ce soit vu les événements de la soirée avait eux aussi leur charme. Elle saisissait un peu mieux le fait que l'on puisse le trouver attirant.
Cette pensée la fit légèrement rougir et elle préféra détourner les yeux. Heureusement qu'il ignorait ce qui se tramait dans son esprit. Il l'embêterait à coup sûr pour les dix siècles avenir avec une telle information !

Elle se décida finalement à l'imiter, libérant doucement ses jambes devant elle et fermant les yeux, calée contre le mur. Elle n'osait pas vraiment bouger, de risque de le toucher de nouveau. Le silence régnait dans la salle, entrecoupé par leur seules respirations entremêlées par le bruit.
Il avait été tellement gentil ce soir, qu'elle se laissa aller à la confidence.

- Je suis morte.

Un ange passa. Oui dit comme ça c'était un peu bizarre. Elle se mit à développer pour qu'il ne la prenne pas pour une véritable folle, gardant les paupières fermées et priant pour que l'émotion ne prenne pas le dessus.

- Je me suis vue plus âgée de quelques années. Il y avait un bébé. Une voix d'homme. Une autre, elle reprit son souffle et murmura la suite, froide et dénuée de toute émotion. Et je me suis vue mourir, de sa baguette, conclut-elle un petit frisson lui parcourant l'échine.

Voilà, elle l'avait dit. Elle ouvrit un œil, puis deux observant sa réaction. Son cœur battait à tout rompre craignant de regretter son choix, comme la dernière fois qu'elle lui avait parlé de ses peurs.