Voilà plus de trois heures qu'Audrey Worthington rédigeait son rapport au sujet d'une mission réussie une semaine auparavant. L'auror détestait la paperasse, elle ne s'y mettait que lorsqu'elle n'avait vraiment plus le choix, c'est ainsi que la pile de documents au bord de son bureau était devenue si haute qu'elle manqua de se répandre au sol. Plusieurs fois. Pas loin de minuit, la jeune femme recula son siège, le bascula en arrière tout en s'étirant les bras. Baillant à s'en décrocher la mâchoire, le visage marqué par le manque de sommeil, elle étira ses jambes sous le bureau puis fit craquer sa nuque engourdie. Plus que …. 10 rapports .. à vue de nez ..  compta-t-elle mentalement. Alors qu'elle allait s'y remettre, un homme à l'allure connue pénétra dans l'espace ouvert des aurors. En bout de rangée, Audrey passa la tête par l'ouverture du claustra et n'eut aucun mal à reconnaître la silhouette de Benjy qui se dirigeait vers le bureau de son supérieur. D'humeur taquine, l'anglaise plongea sa main dans son tiroir et sortit un parchemin qu'elle froissa en boule. Armant son bras, elle balança la boulette sur son ex en l'interpellant : - Hey le paqui !!! Benjy détestait ce surnom et c'est bien pour cela d'ailleurs qu'elle l'employait. - Qu'est-ce tu fais là ?

La boulette de papier frappa la tempe de Benjy qui sursauta en extirpant sa baguette de la poche arrière de son pantalon. Un coup d'oeil à ses pieds et il repéra le projectile roulant sous un bureau. Ok, soit son agresseur était un enfant de 8 ans, soit une personne très puérile. La voix d'Audrey et le surnom qu'elle lui donna confirmèrent sa deuxième hypothèse.
— Je suis venu voir ton chef, lui répondit-il en rangeant son arme à sa place initiale. Et toi, tu fais du zèle ?
Il s'avança jusqu'à elle, un sourire étirant le coin de sa bouche.
— Tu es de garde ou tu essayes de prouver que les femmes sont plus impliquées dans leur travail que les mecs ? la railla-t-il en s'appuyant sur le coin du bureau d'à côté, les bras croisés. Sur quoi tu bosses ?
Et il se pencha en avant, avança son bras vers la pile de dossiers et en extirpa un parchemin qui lui attirait l'oeil. Son geste un peu trop brusque, les dossiers glissèrent du bureau et s'éparpillèrent sur le plancher. Benjy masqua son rire derrière le rapport qu'il était en train de lire.

BIM en pleine tête ! Les deux poings en l'air, mimant l'exploit, Audrey rigola de sa blagounette tandis que l'ancien gryffondor se retournait. - Lucas ? Tu lui veux quoi à mon chef ? C'est pas lui qui accorde les augmentations tu sais ?! Il s'approcha de son bureau et vint poser ses fesses sur celui d'en face, évoquant son potentiel féminisme : - Tu sais bien que c'est une réalité, nous sommes beaucoup plus impliquées ! Argumenta-t-elle en faveur su sexe faible sur le ton de la taquinerie. Demande à ta sœur ! Si il y en a une qui fait du zèle c'est bien elle ! Plaisanta-t-elle mi-figue mi-raisin au sujet de Vicky.
- Attention mes dossi.... Trop tard ! Fenwick venait de tout faire tomber au sol. Audrey leva ses yeux sombres au ciel, blasée. - Tu pourrais au moins ramasser ! Lui lâcha-t-elle moyennement amusée. L'auror se leva de son siège et se mit à quatre pattes pour regrouper les fameux documents lorsque Percule Hoirot, un collègue franchit le seuil en les interpellant : - Hey !! Vous deux, suivez moi !! La police moldue a besoin de nos services !!! Finie la rigolade, la jeune femme laissa ses documents en plan, se releva, saisit sa cape violette et sa baguette qu'elle mit dans son fourreau sous son bras. Un coup d'oeil à Fenwick qui fit de même et les deux adultes suivirent Hoirot vers la salle de transplanage.

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Ils se matérialisèrent dans une ruelle sombre, éclairée seulement d'une enseigne lumineuse vacillante d'un motel bon marché, lugubre et sale. Un inspecteur moldu s'approcha d'eux et leur expliqua la situation tandis qu'ils pénétrèrent dans le hall de la bâtisse. Il existait un accord secret entre la brigade magique et leurs homologues moldus lorsqu'il s'agissait d’événements qui semblaient concerner les sorciers. Travaillant de concert, pas toujours dans une ambiance de franche camaraderie, les moldus devaient souvent passer le relais, dans une impuissance qu'ils n'appréciaient guère. Le briefing fait, Audrey pénétra dans une chambre et manqua de vomir à l'odeur pestilentielle qui s'en dégageait. La main devant la bouche et le nez, elle posa son regard stratégiquement :

PAIR : Deux corps sont allongés paisiblement sur un lit, face vers le plafond, entièrement nus. Les dépouilles sont rigides et partiellement dégradés par le temps....

IMPAIR : Deux corps gisent dans une marre de sang au sol, dans des positions impossibles marquant fractures des membres inférieurs et supérieurs. Leurs yeux révulsés sont tournés vers l'unique fenêtre de la pièce. Les murs sont maculés du liquide coagulé, théâtre d'une scène d'une violence inouïe.

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'le dé ' : 4

La vision d'Audrey à quatre pattes sur le sol fit pouffer le brigadier, faisant réapparaître dans son esprit des souvenirs impérissables... Pour autant, il ne se bougea pas pour l'aider, admirant plutôt la vue qu'il avait depuis sa hauteur.
Hoirot apparut alors et Benjy se tourna pour lui faire face, les bras toujours croisés contre son torse. L'idée d'aller mettre son grain de sel dans les affaires de la police moldue le réjouit à tel point qu'il suivit son collègue sans poser la moindre question. Ils transplanèrent tous les trois pour se matérialiser dans une ruelle un peu glauque qui laissait présager le pire. Sur place, devant un motel miteux, un inspecteur moldu les accueillit, leur expliqua la situation avant de les conduire sur le lieu du crime.
Dans la chambre du motel, deux corps allongés sur le dos, l'air paisible. Plus que la vision des deux cadavres, c'est l'odeur qui prit aux tripes le brigadier qui dut se couvrir le nez de son avant-bras. Il s'avança, baguette en main, en direction du lit et constata qu'il s'agissait :

1, 2 : d'un homme d'une trentaine d'années, musclé, brun, et d'une femme svelte, le crâne rasé,
3, 4 : de deux hommes, identiques d'aspect,
5, 6 : de deux femmes, l'une rousse, l'autre blonde, qui se tenaient par la main.

— Qu'est-ce qui vous fait croire que cette affaire relève de nos compétences ? fit Benjy d'une voix étouffée à l'attention de l'inspecteur moldu.
— Ça, lui répondit celui-ci en pointant son doigt dans la nuque de l'un des deux corps.

Pair : En effet, on pouvait voir des fines nervures violâtres se dessiner sur la peau du cadavre. A bien y regarder, les nervures semblaient se mouvoir et progresser tout le long du cou et à la naissance de l'épaule de la dépouille. L'autre corps montrait les mêmes traces.
Impair : Une note était écrite, comme tatouée en rouge dans la peau du macchabée. « Minchum, tiens-toi prêt ».

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'le dé ' : 3, 6

L'odeur abominable sembla s'estomper à mesure que l'auror restait dans la pièce. Malgré tout Audrey garda sa main droite rivée à son visage en guise de masque improvisé, l'autre tenant vigoureusement sa baguette. Les deux corps allongés ne semblaient avoir d'autres marques que celles indiquées par l'inspecteur après la question du brigadier. L'ancienne lionne s'approcha au plus près de celui de gauche afin d'examiner les nervures violâtres se mouvant sur sa nuque. - Du venin de Runespoor .. Suggéra-t-elle en plissant les yeux en direction de  l'indien, cherchant une marque d'approbation. La jeune femme se baissa de façon à avoir les yeux au même niveau que les victimes et d'un sort informulé éclaira les nervures qui devinrent phosphorescentes. - C'est ça .. Aucun signe de morsures, il a été probablement injecté par une aiguille, façon moldue... A moins qu'il n'ait été ingéré … Ajouta-t-elle en se relevant, jetant un coup d’œil à l'inspecteur. Le policier moldu haussa les sourcils à ces informations à moitié incompréhensibles et leur indiqua : - Il y une drôle de bouteille dans la salle d'eau ! A cette déclaration, l'ancienne batteuse se dirigea instantanément dans la dite pièce éclairée au néon qu'elle inspecta rapidement. Immaculée comme la scène du crime, seul un flacon transparent avec un reste de potion trônait sur le lavabo. Sans le toucher, l'auror reporta ses sens sur l'objet :

1,2 : Le liquide était d'une jolie couleur violacée et les odeurs de valériane et de gui ne faisaient aucun doute. La lionne revint dans la pièce principale en informant son collègue : « Potion d'amnésie »
3,4 : Le liquide était d'une jolie coureur rose sentant un mélange de mucus de véracrasse et d'armoise. Sans l'ombre d'un doute, la lionne revint dans la pièce principale en informant son collègue :« philtre de Mort Vivante » 
5,6 : Le liquide violacé danse au fond du flacon dans un mouvement perpétuel. L'odeur qui en émane est particulièrement pestilentielle. Sans l'ombre d'un doute, la lionne revint alors dans la pièce principale en informant son collègue : « C'est bien du venin de Runespoor ».

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'le dé ' : 6

— Du... Runespoor ? répéta le tireur d'élite, songeur.
Si les deux cadavres découverts dans le lit de ce motel n'avait pas été mordus par le reptile en lui-même, ils avaient tout de même été victimes d'un sorcier possédant l'une de ces bêtes. Le venin de Runespoor avait cette particularité de ne pouvoir se conserver plus de quinze minutes, c'est pourquoi il n'était pas rare de trouver sur les marchés noirs des Runespoors ou leurs oeufs à vendre, mais jamais leur venin.
— Il est difficile de cacher une bête aussi gigantesque en plein coeur de Londres, fit Benjy, pour lui-même. Il ne devrait pas être compliqué de le retrouver. Cependant...
Cependant, ils n'avaient aucune idée de qui pouvait bien être le maître de ce serpent à trois têtes, et encore moins son motif. Le métisse s'approcha des deux corps et, d'un lumos, il les éclaira, à la recherche d'un possible indice qui leur aurait échappé. Et il trouva quelque chose qui dépassait de sous l'épaule du cadavre de gauche. Il contourna le lit, s'approcha doucement de la victime et enfonça sa baguette dans le gras de sa peau pour soulever un peu son bras. Il y avait une note.

1, 2 : « Beir dom más féidir leat », attrape-moi si tu peux en gaélique. Ces mots étaient écrits sur le revers d'une carte de visite d'un pub irlandais sorcier dans la banlieue de Londres.
3, 4 : « Long live Lord Voldemort » à l'encre de chine, le V de Voldemort ayant bavé. Un mangemort ? Un fanatique ?
5, 6 : Une simple note de frais concernant la chambre du motel et ses consommations, note de frais au nom de Shirby Merryweather.

— Contactons Scamander, dit le tireur d'élite, on va avoir besoin de lui pour retrouver la trace du Runespoor. Une bête de cette taille, ça doit laisser des empreintes !

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'le dé ' : 6

L'indien continua son inspection minutieuse après s'être questionné à voix haute sur la créature. Plissant les yeux, l'auror tenta de mettre bout à bout toutes les données déjà rassemblées. Qui étaient ces deux hommes à l'allure identique et pourquoi étaient-ils nus ? Pourquoi les empoisonner avec du venin de Runespoor alors qu'il existait une multitude d'autres façons d'assassiner un sorcier ? - Hoirot, Inspecteur ! Faites nous une liste de tous les meurtres impliquant ce type de blessures, de victimes et de lieux. Élargissez cela à toute la Grande Bretagne. Ordonna-t-elle d'un ton déterminé. - Penchez-vous également sur ce « Shirby Merryweather », nous rendons visite à Scamander. L'anglaise amorça un mouvement vers la sortie du motel et demanda à Benjy : - Cela ne te rappelle rien ?

PAIR : - Il y a deux ans, un couple d'hommes identiques avait été retrouvé dans une position similaire dans un motel miteux. Poursuivit-elle en se remémorant les détails de cette soirée où elle et Fenwyck avaient été interrompus pour se joindre à l'enquête en renfort. - Aucune fiole de venin. Aucune trace violacée. Je crois que l'enquête avait conclu à un suicide....

IMPAIR : - Il y a une dizaine d'années, plusieurs jeunes hommes avaient été retrouvés dans des ruelles sombres. Poursuivit-elle en se remémorant les détails de cette soirée où elle et Fenwyck avaient été interrompus pour se joindre à l'enquête en renfort. - Les mêmes traces violacées dans leur cou... L'enquête n'a jamais abouti par manque de preuves.....

- On dirait presque l’œuvre d'un fanatique, mais quelques détails ont changé. Conclut-elle avant de se positionner de façon à transplaner simultanément avec son coéquipier.

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'le dé ' : 3

L'auror et le brigadier se matérialisèrent devant une imposante demeure victorienne en pierres rouges bordée d'arbres et entourée de hautes barrières en fer forgé. La maison de Newton Scamander. Elle était reconnaissable entre toutes dans cette rue pavillonnaire grâce aux niffleurs de pierres qui ornaient le dessus de chacun des deux piliers qui encadraient la grille de l'entrée du jardin.
A cette heure tardive, la rue était calme et sombre, éclairée seulement par quelques lampadaires espacés. Benjy s'approcha du portail et constata que l'une des pièces de la demeure du magizoologiste était encore éclairée. Scamander ne dormait pas. Mieux, lorsque Benjy approcha sa main de la poignée de la porte, celle-ci s'ouvrit d'elle-même pour les laisser entrer. Sur le perron, la silhouette de l'éminent sorcier les attendait, sa main droite glissée dans son veston.
— Je vous attendais, dit-il lorsqu'Audrey et Benjy s'approchèrent, leurs pas crissant sur les petits cailloux de l'allée menant à la maison.
— Monsieur Scamander, excusez-nous de vous déranger à une heure aussi tardive... commença le tireur d'élite.
— Ne vous en faites pas, le rassura Scamander, je sais pourquoi vous êtes là...

PAIR : ... Vous êtes ici pour le Runespoor, n'est-ce pas ? Je sais où il se trouve. Entrez.

IMPAIR : ... Vous êtes ici pour me tuer, mais je ne me laisserai pas faire, mangemorts !
Et Scamander d'extirper sa baguette magique de la poche intérieure de sa veste, baguette qu'il pointa en direction des deux coéquipiers qui, dans un BANG sonore, furent propulser dans les airs avant d'atterrir douloureusement dans l'allée du jardin.

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'le dé ' : 2

La réputation de Scamander n'était plus à faire. Cet homme était un expert, et si il y avait bien une personne qui savait où trouver une telle créature, c'était lui. L'auror tendit sa main en guise de salut et suivit l'homme qui les laissa entrer. Newton s'absenta un instant dans une pièce adjacente où une voix féminine sembla s'animer. Tandis qu'ils attendaient bien sagement dans l'entrée, la jeune femme inspecta la pièce tout en écoutant les bribes de conversations qui s'échappaient de la porte entrouverte : « ça ne va pas recommencer... encore ces meurtres … Je n'en peux plus de tes collaborations avec les aurors.... je vais aller leur dire deux mots, moi.. » « Non ne fais pas ça, Tina... je m'en occupe... ça ne prendra pas longtemps, je te promets.. ». « C'est ce que tu avais dit la dernière fois.. et l'autre soir à cet autre Auror » A ces mots, Audrey tendit tout de suite un peu plus l'oreille. Quel autre Auror ? De qui parlait-elle ? Quelqu'un était venu ici avant eux, sans qu'aucune note ne soit répertoriée au Ministère ? Etrange... Dans ses réflexions, elle jeta un coup d’œil à Fenwick qui semblait faire les même déductions qu'elle. Alors qu'elle s’apprêtait à parler, Scamander revint dans la pièce. « Je n'ai pas beaucoup de temps à vous accorder, mais je vais vous dire exactement la même chose qu'à votre collègue ….

1,2,3 : D'ordinaire on ne trouve pas de Runespoor à Londres, mais un couple semble avoir élu domicile dans le métro Londonien, vers Piccadily.... »

4,5,6 : J'ai échangé mon œuf il y a un mois contre Max le collectionneur.., c'est lui qui a la créature à présent... »