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Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA

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Sinistra Lowe

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COTÉ DU MAL
La méchanceté s'apprend sans maître.

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MessageSujet: Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA  129196351Mar 23 Avr 2019 - 18:16

La spirale dans laquelle Kierán Aloysius Graves s'était maintenant plongé, ne laissait plus entrevoir de lui que les cernes d'un insomniaque et la pâleur d'un alcoolique. Le mutisme dans lequel il était résolument enfoncé ne permettait pas de sonder ce qu'il pensait. Ses dernière paroles avaient été pour sa soeur en prison, et depuis lors, plus personne n'avait entendu le timbre auparavant chantant de sa voix. Sans doute que cette dernière devait être méconnaissable et rauque désormais. Il avait été s'acheter de la bière dans un commerce moldu pour ne pas avoir à échanger un mot avec quiconque. Mais il n'était pas rentré chez lui. Car il y aurait dans son appartement le visage désormais insupportable à ses pupilles de Melody Fawkes. Kierán ne la détestait pas, il l'appréciait sincèrement. Un résidu d'affection malheureusement engloutis par la hargne qu'il ressentait au fond de son coeur pour toutes les personnes qui n'avaient pas plongé avec lui. Melody essayait de lui parler et tel un enfant réfractaire, le trentenaire détournait la tête. Les cigarettes qu'il fumait ne suffisait visiblement pas à la faire fuir et la juriste s'accrochait, encore et encore, alors qu'il essayait de se dégager et de la dégager pour son propre bien. Il n'était pas assez stable, pensait-il vaguement pour lui infliger cela. Dans sa semi-conscience qui rappelait légèrement le garçon brillant qu'il avait été, l'Irlandais prenait des décisions que l'on ne pouvait pas qualifier d'éclairées mais qui l'étaient pourtant au regard de ses autres agissements. La dernière décision qu'il venait de prendre était celle de transplaner définitivement, dans les prochains jours, pour son pays.

De toute manière, qui allait le chercher ?

Melody peut-être. Quand à Oona, il préférait ne pas compter dessus étant donner leur dernière entrevue. Et de ses amis, personne ne viendrait, tout comme personne n'était venu pour le soutenir. Kierán avait toujours été un individu solitaire et sa nature profonde se trouvait encore soulignée par les amitiés artificielles qu'il avait semblé nouer au fil des années. Octavius, Wilhelm, Andromeda ? Qui étaient-ils, après tout ? Des noms les uns à la suite des autres, qui ne comptaient plus que pour du beurre. Et pourtant, l'esprit déréglé de l'ancien langue-de-pomb se focalisa déraisonnablement sur ce dernier nom, alors qu'il finissait une énième bière. Assit sur un banc public à l'air aussi miteux que lui, il se demanda s'il ne devrait pas aller la voir. L'idée avait germé dans son crâne peu après qu'il ait été libéré. Car après tout, Andromeda, elle avait été un peu sa meilleure amie. Avant de disparaître comme un nuage de fumée devant un ventilateur. Elle s'était évanouie dans la nature en le laissant être emprisonné, entravé, et torturé. Belle amitié. Le ressentiment profond qu'éprouva Kierán à cet instant frôla la folie lorsqu'il réalisa qu'il était aussi puissant que celui qu'il ressentait pour la propriétaire de la baguette qui l'avait torturé. Éreinté après des nuits blanches ou quasiment, le trentenaire se leva finalement en voyant que des passants le regardaient bizarrement et il commença à tituber dans la rue pour se rendre à la demeure d'Andromeda Tonks. Il n'avait qu'un vague souvenir du chemin et ne fut pas plus étonné que cela de se perdre deux rues plus loin. Adossé contre un mur alors que ses cheveux mal coupés lui tombaient devant les yeux, il finit par transplaner dans une petite rue, directement devant la porte de la maison son ancienne meilleure amie. Rien n'avait changé, en tout cas vu de dehors. Toujours le même tapis, la même porte, la même couleur de volets. Comme si rien ne s'était passé. La vie de son amie était toujours la même alors que la sienne se trouvait brisée et l'évidence de l'indifférence le frappa de plein fouet et le fit reculer d'un pas. Peut-être n'avait-il rien à faire là, en fait. Ou peut-être que si. Son esprit embrumé par l'alcool le rendait d'autant plus lunatique qu'il toqua à la porte, sans doute prit par sa folie. La nuit commençait à l'envelopper de noir alors qu'il attendait qu'enfin, elle vienne lui ouvrir. Il n'aurait sans doute pas pu imaginer en mettant un pied hors d'Azkaban que ses premiers mots seraient pour elle. Et pourtant, ce fut le cas : « Bonsoir Andromeda ».


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MOLDU
Ce n'est pas la magie qui fait qu'un être est magique.

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MessageSujet: Re: Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA  129196351Mar 21 Mai 2019 - 9:23

Le petit cottage où demeuraient les Tonks se trouvait dans le fin fond de la campagne anglaise. Leur mode de vie, discret et tranquille, n’intéressait guère que quelques chats errants qui trouvaient parfois refuge sous la fenêtre de la cuisine les jours de grande famine ou de grand déluge. Aussi la mère de famille avait-elle vite pris l’habitude, au bout de quelques mois, d’étendre et de récupérer son linge d’un tour de baguette malgré l’exposition du jardin à la lisière de la forêt. Lorsque ce soir-là, le grand drap dévoila le spectacle d’une moldue plantée sur le chemin qui contournait leur lopin de terre, sans doute lui rendit-elle son même regard effaré. L’impromptue passante avait disparu dans l’ombre du soir avant que la sorcière ne sache comment expliquer l’envolée de son drap. Le silence était lourd comme aucun souffle de vent n’agitait les ramages des bois. « Par Merlin ! » Andromeda finit-elle par rentrer, le panier de linge propre sous le bras, et le coeur battant à tout rompre. Nymphadora, qu’elle avait laissé seule avec son assiette de petits pois, lui adressa sous une épaisse moustache de glace au chocolat, son sourire le plus innocent. Et des préoccupations plus sommaires - à savoir laver et coucher la petite-fille - chassèrent bientôt l’ombre de cette rencontre de son esprit …

La nuit était déjà tombée lorsque trois coups frappèrent le bois de la porte pour lui rappeler son précédent excès de confiance. Et ce fut prudemment, son bois de sureau dans la poche arrière de son jean, qu’elle constata à travers le judas que aucune fourche ni torche brandie ne l’attendait sur son perron. Le sentiment d’inconfort ne l’avait pourtant pas quitté lorsqu’elle ouvrit enfin pour faire face à « Kierán ! ». Le ton avec lequel elle le salua dénotait à la fois une très grande surprise et un faible entrain. Il avait cet air patibulaire que l’on trouvait à tous ceux qui avaient déjà connu l’inconfort d’une cellule dans leur prison, et ce fut au prix d’un grand effort que Andromeda conserva son vacillant sourire. « Hum … rentre » ouvrit-elle sa porte à peine un peu plus grand et à contre coeur. Et la refermant derrière sa silhouette - qui paraissait plus grande comme elle s’était amincie - elle se trahit d’un regard en haut des escaliers, vers la chambre de son enfant. Elle espérait bien que Nymphadora reste couchée et en dehors de ses retrouvailles qu’elle ne soupçonnait pas joyeuses. Elle considéra silencieusement la figure de son meilleur ami - ou ancien ami ? - mais n’y décela aucune vérité. La sorcière avait préféré suivre de loin son procès. Il était devenu, comme trop de personnes de son entourage déjà, une zone d’ombre. Innocent ou coupable, elle n’aurait su dire, mais sans doute savait-elle d’expérience que chacun était toujours un peu l’un et un peu l’autre en même temps dans le monde magique londonien. Son intérêt se tournait plus volontiers vers la commodité de son foyer, seule place où elle paraissait aujourd’hui s’épanouir. Loin des intrigues politiques, elle cultivait son propre jardin. Les mots restèrent pourtant bloqués dans sa gorge, avec le goût de la culpabilité, sous le regard de l’ancien taulard.
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Sinistra Lowe

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MessageSujet: Re: Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA  129196351Jeu 23 Mai 2019 - 14:50

Kierán n'avait jamais été particulièrement dépressif. La mort de son père lui avait fait un choc et il avait eut du mal à s'en remettre comme sa disparition fut violente, et inattendue. Mais le jeune homme avait surtout ressenti beaucoup de colère, et de haine. Contre les collègues et employés de Callaghan Graves, contre la personne qui l'avait tué. Certes, la rupture avec Bonnie lui avait aussi laissé un goût amer dans la bouche. Mais il n'était pas dépressif. Ou en tout cas, pas tel qu'il l'était désormais. Ses cernes étaient épouvantables, il n'avait plus taillé sa barbe depuis un demi-millénaire au moins et ses cheveux laissaient entendre qu'il avait fait exploser une bombe devant lui une heure auparavant. Malgré tout, il parvînt à expier comme un râle une salutation à l'encontre d'Andromeda Black. Il n'y avait ni soulagement ni joie dans la voix de son ancienne amie. Simplement de la surprise. Peut-être aussi un peu de réticence ? L'Irlandais voulait bien comprendre que son apparition impromptue surprenne, et il voulait bien entendre qu'il faisait peur à voir. Mais n'était-elle pas censée être son amie ? Sans doute avait-elle balayé leur relation d'un revers de main comme il n'avait pas eu l'occasion de la voir depuis des lustres. Elle l'invita à entrer chez elle davantage par politesse que par envie, et le jeune homme lâcha un rire médusé. Andromeda l'avait mis sur liste noire en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Quidditch". Kierán inspecta la maison autour de lui sans aucune gêne. L'alcool marquait déraisonnablement son visage comme pour multiplier par dix l'impact du temps sur ses traits. « Tu es seule ? » demanda-t-il simplement en ne voyant ni petite fille, ni époux alors que son amie avait les deux. Il se trouvait bien surprit de ne pas voir apparaître Ted ou leur enfant. Peut-être était-ce pour le mieux. Il n'aurait su le dire. L'Irlandais ne savait plus ce qui était mieux et ce qui était mal. Il était incapable de se forger un avis décent sur cette question-là. Tout ce qu'il voyait, avec ses yeux ternes d'homme alcoolisé, c'était que sa vie à lui était ruinée. Ruinée, alors que celle de son ancienne amie semblait aller merveilleusement bien. La couardise, vraisemblablement, avait protégé bien plus Andromeda qu'elle ne l'avait protégé lui.
Kierán se retourna vers elle pour toiser son malaise. Il plissa les yeux en esquissant un sourire torve qu'on ne lui connaissait pas. La prison semblait avoir ébranlé son esprit affûté d'ancien langue-de-plomb autant qu'elle l'avait rongé de l'intérieur. Le passage incessant des détraqueurs devant sa cellule l'avait rendu profondément paranoïaque, et il porta un regard mauvais sur une étagère non loin d'eux.  « Tu ne me demandes pas comment je vais ? » demanda-t-il pour enfoncer un peu plus la mère de famille dans le malaise. Si sa voix était douce, elle transpirait assurément le reproche, voire la haine, « c'est vrai que toi, au contraire, tu sembles aller merveilleusement bien ». Le jeune homme fit quelques pas dans le salon, les mains profondément enfoncées dans ses poches. Son air patibulaire autant que son équilibre précaire sur ses jambes donnaient de lui l'image d'un homme ravagé par l'alcool et par la vie. Il reporta son regard sur elle, immobile comme un épouvantail dans un champ, avant de lever un sourcil en secouant la tête devant son silence. « T'as jamais été capable de te situer, hein ? Jamais capable d'afficher une opinion, c'est incroyable ! » lui reprocha-t-il cela pour lui rappeler de manière détournée son absence assourdissante à son procès. Il la fixa, les yeux grands ouverts, en proie à une folie qui se déclarait lentement dans son esprit sensible depuis qu'il avait quitté l'île sur laquelle était située la prison des sorciers. Kierán ne voyait plus rien de la même manière. Tout n'était plus que blanc ou noir sans teinte grise entre les deux. Andromeda continuait d'arborer fièrement un étendard de peureuse sans afficher ses opinions pro-Ministère. Opinions qu'il ne pouvait que blâmer après ce qu'il avait vécu ces derniers mois. Agacé, désespéré aussi peut-être, il attendit une réponse comme si cette dernière allait effacer tout ce qu'il considérait comme étant les erreurs de la jeune femme.


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MessageSujet: Re: Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA  129196351Mar 25 Juin 2019 - 10:56

L’attitude de Kierán - sa démarche, son oeil d’animal blessé - rappelait vivement à Andromeda le souvenir d’un ami de son père qui était revenu de la prison sorcière. Cygnus et Druella avaient ordonné aux trois soeurs de se coucher plus tôt ce soir-là, c’était Bellatrix qui avait eu l’idée de l’espionner depuis le garde-corps de l’escalier. Cela était étrange de reconnaître et de ne pas reconnaître son ami en même temps. La seconde qui suivit sa première question s’étira longuement avant que l’hôtesse surprise ne sorte de sa torpeur. « Ted boit un coup avec des collègues - la sorcière pointa son pouce derrière son épaule en direction de la cuisine pour l’inviter à l’y suivre, c’est que leur petite-fille était également du genre à se cacher dans les escaliers pour les épier - Je te sers un verre d’eau ? ». Le condamné lui rendit sa question par une autre plus malaisante, mais elle ne baissa pas les yeux et ne modifia pas son ton ferme et doux à la fois. « Tu n’es pas le premier sorcier que je vois revenir d’azkaban » lui signifia-t-elle deux choses : la vanité de sa question à lui et son impassibilité à elle. Andromeda se trouvait néanmoins bien plus certaine de l’état misérable de son invité que de sa propre capacité à le confronter. Kierán n’était pas son plus vieil ami mais, avant qu’il ne se fasse arrêté, il était au moins son meilleur ami. Une partie d’elle culpabilisait évidemment de ne pas l’avoir soutenu maintenant que ce qui restait de sa carcasse servie en pâture aux détraqueurs se tenait au milieu de son salon.

Et les reproches commencèrent sans surprise à pleuvoir. Andromeda n’allait pas merveilleusement bien mais voulait bien concéder que, en comparaison au cauchemar enduré par le langue-de-plomb, il aurait été malvenu d’exprimer ses soucis les plus anodins. Aussi la sorcière endura-t-elle sans ciller le blâme en l’observant évoluer librement dans son salon. Kierán ne s’arrêta pas là et la suite de ses propos lui arracha enfin un froncement de sourcils. « Et tu me le reproches après ce que tu as vécu ? - lui renvoya-t-elle instinctivement sa question avant de protester plus vivement - Je dois protéger ma famille ! ». La pensée que son époux puisse être soumis au doloris la révulsait, et elle ne pouvait pas même se le figurer concernant leur petite fille. Il n’y avait aucun autre feu qui alimentait ses décisions depuis qu’elle était devenue mère, et cela lui valait également avec son époux les plus belles engueulades qu’ils n’avaient jamais connues. La surprotection de Nymphadora par Andromeda frôlait bien souvent l’isolationnisme. « C’est le moins cruel des camps qui t’as mis la main dessus, Kierán … » baissa-t-elle finalement les yeux en confessant le début de son impérieuse pensée. Elle s’attendait bien à ce que cela soit dur à entendre pour lui qui sortait tout juste de la prison sorcière mais il était encore vivant. Il n’aurait su en dire autant - ni ne plus rien dire du tout - si les mangemorts l’avaient attrapé en premier. La fin de la pensée de la sorcière était qu’il avait voulu jouer sur les deux tableaux mais avait perdu …
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MessageSujet: Re: Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA Les premiers mots d'un condamné | ANDROMEDA  129196351Ven 5 Juil 2019 - 12:53

La démarche claudiquante de Kierán, son dos voûté et son regard fuyant, largement hérités de sa peine d'emprisonnement qui l'avait détruit psychologiquement, semblaient maintenant n'être que la seule description possible du jeune homme qu'il était devenu. Il en était fini du garçon brillant qu'il avait été, surdoué sans aucun doute, et cultivé en tous les domaines. L'Irlandais n'était guère plus qu'une ombre qui suivait son corps,  une eau stagnante qu'aucun courant ne vient plus déranger. Il pourrissait de sa vie comme une plante coupée et Andromeda ne semblait pas le moindre du monde surprise de l'état dans lequel elle le retrouvait. Son manque d'attention à son égard prouva par les sentiments qu'il ressentit, combien Kierán était encore un homme et non pas une bête dénuée de sensibilité. Car en effet, l'ancien condamné se trouva bel et bien... Vexé, du manque d'attention d'une femme qu'il avait longtemps considéré comme sa meilleure amie. Leur relation semblait s'évaporer comme une eau bouillante et il ne comprenait pas comment l'arrêter. Le voulait-il simplement ? Pas spécialement. Il ne désirait plus grand chose d'autre que la paix et la revanche. La revanche sur des gens qui l'avaient ignoré, comme elle, comme Wilhelm, comme Octavius, une revanche sur l'individu qui l'avait envoyé en prison, Bartemius Croupton, et une revanche sur ceux qui n'avaient rien pu empêcher, Melody, et Oona. La vision de l'ancien langue-de-plomb sur ces gens qui avaient formé son entourage - à l'exception du Directeur de la Justice magique bien entendu - n'était plus qu'un voile noir de remords pour leur avoir accordé sa confiance. Il ne savait pas comment il voulait le leur faire payer. Il ne savait pas s'il s'inscrivait encore plus dans les mots que dans l'action. Mais il avait besoin, très profondément, de faire quelque chose. De leur montrer qu'ils avaient eu tort.

Aussi coupable fut-il.

« Non merci » grogna-t-il. De l'eau alors qu'il était imbibé d'alcool ? Cela ne suffirait pas à lui épargner une gueule de bois. Andromeda, sans le savoir, faisait office d'un café très fort par les mots qu'elle employait, et qui continuèrent de le crucifier sur place pour le mettre en colère. Kierán n'avait pas besoin d'entendre qu'il aurait pu vivre pire, et c'était un cruel manque de tact que de lui dire cela. A quoi s'attendait-elle ? A ce qu'il lui dise qu'elle avait raison ? Le jeune homme craignait qu'elle ne continue de le voir comme un garçon intelligent qui comprenait et acceptait ses paroles. La prison lui avait au moins enlevé cela. « Tu penses tout savoir de la cruauté sans t'être déjà retrouvée pendant des mois dans une pièce de quelques mètres carrées gardée par des détraqueurs » répondit-il d'un ton sec en se détournant d'elle pour s'approcher de la fenêtre et regarder la vie qui continuait son cours dehors. Il resta silencieux un moment, les mains croisées dans son dos, et dans ce silence, on eu pu penser qu'il était comme avant. Un jeune homme rêveur, et doué, compréhensif et gentil. C'était tout le contraire qu'il était devenu : « Il n'y a pas de degré de cruauté. Les deux camps se valent, que tu l'acceptes ou non » asséna-t-il sa nouvelle attaque sans toujours se détourner de la fenêtre, « tu te dis peut-être le contraire parce que tu ne veux pas culpabiliser ». Il ne voyait pas d'autre raison logique à la défense de la jeune femme pour la Haute Autorité Magique que tous les sorciers du Royaume-Uni devaient vénérer. Les "gentils" contre les "méchants" c'était une guerre d'enfants. Il n'y a ni gentils, ni méchants, seulement des gens qui assument plus ou moins le mal qu'ils font. C'était la vérité du monde dans lequel ils vivaient et Kierán, après sa traumatique expérience, était davantage prêt à l'accepter qu'Andromeda qui n'avait à se préoccuper que de sa lessive, et de sa fille.

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