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La musique adoucit les moeurs • ft. Christian

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MessageSujet: La musique adoucit les moeurs • ft. Christian La musique adoucit les moeurs • ft. Christian 129196351Mar 1 Jan 2019 - 11:24

La musique adoucit les moeurs



Le blanc immaculé de sa robe.
Le pourpre des tentures et décorations pour seul contraste.
Le scintillement d’un anneau passé à son doigt.
Pas un sourire si ce n’est ceux feints.
Assise sur le rebord de l’assisse d’un fauteuil, Alienor repensait avec désarroi à ses récentes noces avec Christian Travers. Christian, son époux à présent. Christian qu’elle ne connaisse guère et pas beaucoup mieux depuis qu’ils partageaient toit et couche. Christian le mystérieux, l’insondable. Christian. Et pas Nate. Bien que cette pensée lui serrât atrocement le cœur, la jeune aristocrate ne se laissait pas aller aux lamentations. Le dos droit, la posture élégante comme on le lui avait appris malgré elle, elle laissait son regard se perdre dans la danse hypnotisante des flammes de l’âtre.

Son père n’avait jamais été aussi fière d’elle qu’en ce jour étrange.
Sa mère s’en était même allé à lui faire des confessions sur son propre mariage.
Elle revoyait parfaitement Aurelius forcer un sourire et admettre que cette robe lui allait à merveille.
Il n’y avait bien eu que Mattheus pour partager la douce mélancolie qui déjà s’était emparé de sa grande sœur.
Comment avait-elle pu en arriver là ? Souvent, elle préférait éluder la question. Parfois, elle n’arrivait pas à s’y soustraire. Tout s’était passé si vite. Comment avait-elle pu arrêter de se battre ? Comment avait-elle pu accepter ce destin qu’elle rejetait depuis qu’elle était enfant ? Pourquoi s’être avouée vaincue ? La dispute avec Nate, son si cher Nate, avait été certainement l’ultime clou planté dans son cercueil. Elle n’avait pas prévu une telle réaction ni même prévu quoique ce soit quant à l’issue de cette désastreuse conversation. Et ce fut elle qui enterra définitivement sa volonté de se battre. Nate n’avait plus foi en elle et même si elle se savait fautive, elle avait espéré qu’il la soutienne. Ça lui aurait donné la force, le courage, l’envie. Mais il l’a désavouée et elle était là à présent, dans la maison d’un autre, un anneau au doigt comme une menotte au poignet, portant le nom d’un autre. Le nom d’un homme qu’elle n’aimait pas.

La buche qui brûlait dans la cheminée s’affaissa dans un craquement sourd, extirpant Alienor de ses pensées sombres. Comme si elle venait de se réveiller d’un mauvais rêve, elle observa son environnement avec surprise. Elle tenait son violon en main. Elle l’avait oublié. L’archet posé à ses côtés, elle voulait tout d’abord jouer un peu, elle ne l’avait pas fait depuis qu’elle était ici, dans son nouveau foyer. L’envie lui avait passé. Pourtant ce soir, cela était apparu comme une nécessité. Avant qu’elle ne se prenne dans les méandres tortueux de son esprit coupable.
D’un air absent, elle caressa l’instrument avec délicatesse pour finalement se lever. Elle cala son violon dans le creux de son cou et passant l’archet sur les cordes, produisit un son qui bientôt se mua en une suite de notes fougueuses. Orageuses. Elle n’avait pas eu besoin de réfléchir à ce qu’elle allait jouer. Elle laissait son âme s’exprimer et celle-ci était prise au cœur d’une tempête.
Elle jouait là, au beau milieu du salon, ayant, pour seul public, les flammes dansantes dans l’âtre.

Citation :
Du coup, j'ai un peu dévié de ce qu'on avait dit. J'espère que ça t'ira quand même Very Happy

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MessageSujet: Re: La musique adoucit les moeurs • ft. Christian La musique adoucit les moeurs • ft. Christian 129196351Mer 2 Jan 2019 - 14:04

Son violoncelle reposait dans une salle fermée à double tour.
Depuis la veille de son mariage, Christian n’y avait plus touché. Et les noces remontaient à deux jours auparavant. Il se sentait menotté en sachant pertinemment que c’était son devoir, et ce depuis son plus jeune âge, que de se marier avec Aliénor Fawley. Aux yeux de son frère aîné Niclas, quoi de mieux que d’unir une traître à son sang et un presque traître à son sang ? Car soyons honnêtes, la communauté sang-pure voyait bien que le second fils Travers n’avait aucunement l’intention de rejoindre les rangs du Lord. Christian s’était fait sa réputation d’homme silencieux, talentueux, mais terriblement décevant. Il n’avait éprouvé aucun plaisir à passer la bague au doigt de celle qu’il devait désormais appeler femme. En fait, il n’avait rien éprouvé du tout. Chris, fidèle à lui-même. Le visage toujours aussi impassible, les lèvres toujours aussi closes. Demetrius avait été son témoin de mariage comme le voulait la tradition. Un mariage que ni Christian, ni elle n’avaient souhaité. Travers se serait bien complu dans son célibat, la seule et unique femme pour laquelle il avait eu un certain penchant étant Cassiopeia Yaxley, son amie de toujours. Mais très tôt, il avait compris qu’aucune histoire n’était possible entre eux.
Le nouveau marié était assis sur le fauteuil de sa chambre, face à la fenêtre, faisant tourner la bague autour de son doigt. Il n’avait pas encore essayé de jouer avec. Probablement que cela allait le gêner. Christian laissa échapper un soupir. Le voilà qui était uni à une parfaite inconnue dont il ne savait rien. Ses loisirs, ses passions. Son passé. A vrai dire, en avait-il quelque chose à faire ? Pas vraiment. La seule chose qu’il avait retenu était qu’elle avait entretenu une relation avec un moins que rien. Un muet, un Gryffondor comme elle. Cela suffisait à l’humilier profondément. En faisant cela, Aliénor avait tout simplement sali son alliance avec les Travers. Christian ne savait pas comment il parvenait à partager sa couche. Si l’on pouvait appeler cela du partage… Ils dormaient à au moins un mètre d’espace entre eux.
Un son perturba soudain le fil de ses pensées et tira le fils Travers de sa rêverie. Il tendit l’oreille. Non, pas un son. Des notes. Il reconnaissait ce timbre. Un violon. Christian se redressa. Aliénor jouait du violon ? Il avait du mal à y croire. D’autant que ce n’était pas si mauvais que ça. Il se leva et ouvrit la porte de la chambre pour se diriger vers le salon, là d’où provenait la mélodie qu’il reconnaissait, bien évidemment. Le musicien resta là, l’épaule appuyée contre l’encadrement de la porte, à observer sa nouvelle épouse se mouvoir au rythme de la musique, le reflet des flammes de la cheminée dansant sur son visage. Il ne savait combien de temps cela avait duré, mais lorsque le sorcier vit son archet se suspendre dans les airs, il lui semblait qu’une seconde s’était écoulée. Il la regarda rester ainsi pensive.
— L’Été, Antonio Vivaldi, murmura Christian assez fort pour être entendu de la demoiselle, qui se retourna.
Il la regarda longuement de son insondable regard et reparti. L’entendre lui avait donné envie de jouer. Le marié traversa la couloir et arriva devant une porte close qu’il n’avait pas ouvert depuis leur emménagement, deux jours plus tôt. Au bout de quelques instants, Christian se décida finalement à rompre le sortilège de verrouillage et ouvrit la porte. Son violoncelle était toujours posé à la même place. Il pénétra dans la pièce, laissant la porte entre-ouverte, avança la chaise d’un mouvement de baguette et s’approcha de sa housse fermée. Il soupira. Trois jours, c’était beaucoup trop. Presqu’avec lenteur, Travers hotta son instrument de sa protection et caressa un instant son bois. C’est comme s’il le redécouvrait. Le prenant en main, il s’assit sur la chaise, tendit son archet et prit un instant pour l’accorder. Il savait exactement ce qu’il allait jouer. Fermant les yeux, Christian respira, posa son archet sur les cordes et commença à jouer, ayant pour seul public, son ombre sur le mur de la pièce.  

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MessageSujet: Re: La musique adoucit les moeurs • ft. Christian La musique adoucit les moeurs • ft. Christian 129196351Dim 13 Jan 2019 - 12:07


Ses doigts virevoltaient de cordes en cordes, modulant les douces et mélancoliques notes qu’elles produisaient au contact de l’archet. Au beau milieu de la pièce, Alienor jouait, dansait presque au son qu’elle produisait comme les flammes dans l’âtre. Mais à leur inverse, alors qu’elles n’étaient vouées qu’à doucement s’éteindre et s’apaiser, la jeune femme, emportée par la frénésie de sa partition, se mouvait avec plus d’enthousiasme et de vigueur, comme enfiévrée par la mélodie orageuse qui naissaient de ses doigts. Cela dura longtemps ou un instant. Elle n’aurait su le dire. Mais lorsque son archet se suspendit dans les airs où flottèrent quelques instants encore ses notes tempétueuses, elle avait le souffle court mais l’esprit libéré de cette rancœur bien trop prenante et inexprimable par des mots. Dans le silence apaisé, elle posa son regard sur les flammes qui, dans la cheminée, mouraient lentement.
« L’Été, Antonio Vivaldi, » fit-on dans son dos, en un murmure à peine plus audible que le craquement du bois dans l’âtre.
Surprise, Alienor se retourna vivement vers son mari qui, épaulé contre le montant de la porte, l’avait observé et l’observait encore avec un calme déroutant. Il l’avait écoutée mais l’avait-il appréciée ? Pas un mot, pas un commentaire. C’était cela le plus déroutant chez Christian. Il n’était pas bruyant comme Aurelius ni arrogant avec Niclas. Discret, avare de paroles. Insondable. Mystérieux.
« H-heu oui, » confirma Alienor bien naïvement car Christian avait déclaré et non questionné.
Mais elle n’eut pour seule réponse de son époux que le bruissement d’un tissu et le bruit de pas comme il faisait volte-face et s’en allait aussi furtivement qu’il était arrivé, la laissant toute décontenancée, les bras ballants, son archet et son violon touchant presque le sol. Alienor n’était pas furieuse mais simplement interdite. Elle n’appréciait guère son mari et savait la situation réciproque. Toutefois, elle avait encore espoir, un espoir fou, que cela puisse évoluer. Mais comment était-ce possible s’il refusait la discussion, le dialogue et le partage ? La belle lionne soupira longuement en secouant la tête. A défaut de l’avoir unie à un tortionnaire, son père l’avait mariée à une tombe. Peut-être était-ce finalement le meilleur moyen de la faire taire ?

C’est alors que retentirent à nouveau des notes mélodieuses et mélancolique dans l’appartement, provenant d’une pièce qu’Alienor avait déjà essayé d’ouvrir mais avait trouvée close. Intriguée, elle s’en approcha à pas de loup et, poussant la porte entr’ouverte, elle observa son mari jouer du violoncelle avec une virtuosité sans pareille. Elle connaissait l’air mais n’aurait su dire qui l’avait composé car entre les doigts habiles de Christian, la musique prenait une toute autre ampleur, empreinte d’une mélancolie et d’une sensibilité propre au musicien et qui, en si peu de temps, en dire plus à Alienor qu’une nuit de palabres. Elle était subjuguée et lorsque vint la fin du morceau et que plana une nouvelle fois le silence, elle hésita un instant avant de le briser mais la tentation était trop forte et le besoin d’exprimer ce qu’elle ressentait aussi.
« C’est magnifique, » souffla-t-elle comme si elle eut peur être si dissonante après une si belle et si juste interprétation. « Magnifique, » répéta-t-elle plus pour elle-même que pour son époux.

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MessageSujet: Re: La musique adoucit les moeurs • ft. Christian La musique adoucit les moeurs • ft. Christian 129196351Ven 22 Fév 2019 - 15:37

Cet instrument qui vibrait contre lui, surtout dans les graves, le sorcier ne l’aurait échangé contre rien au monde. Il faisait entièrement partie de lui – au grand dam de sa sœur et ses frères qui se plaignaient  du « crincrin » que cela produisait – et dans ces moments-là, Christian se sentait en paix avec lui-même. Il n’avait jamais aimé cette famille qui exigeait de lui d’être quelqu’un qu’il n’était pas et qu’il ne voulait pas devenir : un larbin au service de ce Lord Noir. O combien oui il haïssait les impurs et les sang de bourbe comme tout sang pur digne de ce nom, mais pour lui la violence n’était pas la solution. Il fallait une solution un peu plus… légale. Ou qui allait le devenir. Cette idée de créer le Conseil des Sorciers n’était pas née à partir de rien. Et elle lui donnait un but dans sa vie. La musique et cet objectif politique : voilà ce pourquoi il vivait. Un peu ridicule pour un des héritiers de cette grande famille qu’étaient les Travers. Alors oui, même s’il n’était pas ravi d’être uni à Aliénor Fawley, cela lui permettait au moins de ne pas vivre dans la même demeure que ses parents. Rien ne l’obligeait à partager la couche de son épouse ou même de lui adresser la parole.
Les yeux fermés et les sourcils un peu froncés, le violoncelliste balançait doucement sa tête de droite à gauche, laissant quelques mèches de cheveux pendre devant son visage. Lorsqu’il jouait, plus rien ne pouvait le déconcentrer. Il était dans son monde, celui où les vibratos de sa main gauche et les sons produits par son archet à la main droite exprimaient toute sa musicalité. La dernière note arriva enfin, le do le plus grave que pouvait produire son instrument, la quatrième corde à vide, et il laissa ses vibrations traverser son corps. Son archet finit en suspend dans les airs, mais c’était comme si la musique continuait encore malgré le silence. Comme si le morceau résonnait toujours dans la pièce. Reprenant alors son souffle, il abaissa son bras et ouvrit les yeux. La voix de sa – désormais – femme rompit l’instant et ses compliments laissa le visage du jeune marié absolument neutre. Il n’était pas dans sa nature de montrer ses sentiments, la communauté Sang-Pure l’avait bien compris depuis. Il était donc assez étonnant de ressentir autant d’émotions à travers sa musique puisque Christian en semblait, à première vue, dépourvu.
– L’Elégie de Gabriel Fauré, commenta-t-il simplement en retour sans la regarder.
Dans un geste silencieux, il rangea son instrument et vint se tenir face à la fenêtre, dos à elle, les mains croisées derrière lui.
– Je ne suis pas plus ravi que vous pour ce mariage. Que les choses soient claires. C’était peut-être les premiers mots que Travers lui adressait véritablement depuis leur union, ce qui pouvait relever d’un exploit. Il tourna légèrement la tête sur le côté. Faites ce qu’il vous plaît, je n’en ai que faire. Avant de regarder fixement le paysage qui s’étendait face à lui. Mais ne déshonorez pas une nouvelle fois ma famille. Ou nous en subirons tous deux les conséquences.
Christian n’avait jamais vraiment su comment se comporter avec une fille. Mais est-ce que cela l’importait vraiment ? Il ne savait plus. Le soir de ses noces, il se savait marié à une traître à son sang qui était sortie avec un Bouffondor muet. A présent, il se savait marié à une traître à son sang qui était une musicienne plutôt douée. Et allez savoir pourquoi, cela avait le don de le perturber un tantinet.  

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MessageSujet: Re: La musique adoucit les moeurs • ft. Christian La musique adoucit les moeurs • ft. Christian 129196351Ven 19 Avr 2019 - 17:57


Rien.
Pas un mot.
Pas un sourire.

Rien ne troubla le masque d’indifférence dont étaient ornés les traits, il fallait l’avouer, gracieux de son époux à l’entende du compliment aussi poli que sincère qu’elle venait de lui faire. Sans parvenir à l’expliquer, elle en fût hautement troublée. A quoi s’était-elle attendue ? Si jusqu’alors elle n’avait guère appris à connaître cet homme avec qui elle était bien forcée de partager sa couche, il était de notoriété publique qu’il brillait bien plus par sa virtuosité musicale que par son aplomb dans les relations sociales. Pourtant, elle avait espéré, sans même s’en rendre compte, un signe. Un mot. Ne serait-ce un hochement de tête. Et pour seule réaction elle ne reçut qu’un silence suivi d’une réponse péremptoire.
« L’Elégie de Gabriel Fauré. »
D’un signe de tête à peine visible, elle acquiesça. Blessée sans raison apparente, elle exprimait dans cette brève réplique autant sa connaissance de l’œuvre d’un grand compositeur moldu que sa fierté bafouée de le voir la traiter avec tant d’indifférence. Néanmoins, cela ne fendit pas le masque de glace de son mari et elle en fût plus désarçonnée encore.

L’atmosphère sembla se tendre plus encore comme il lui tourna alors le dos. Pendant un instant, la belle crût qu’il allait feindre de l’ignorer jusqu’à ce qu’elle ne décide d’elle-même de quitter la pièce. Toutefois, les mots qu’il eut pour elle résonnèrent et la troublèrent tant par leur sens que par le ton las et ténébreux avec lesquels ils avaient été prononcés.
« Je ne suis pas plus ravi que vous pour ce mariage, » fit-il avec dédain. Guidée par sa féroce et farouche fierté de lionne, Madame Travers dut faire preuve de toute sa maîtrise pour ne pas lui cracher à la figure qu’elle n’avait pas besoin qu’il parle pour s’en apercevoir. Le prenait-elle pour la plus idiote des sottes ? « Faites ce qu’il vous plaît, je n’en ai que faire. Mais ne déshonorez pas une nouvelle fois ma famille. Ou nous en subirons tous deux les conséquences. »  
Si la jeune aristocrate fût ravie de cette concession qu’il lui accordait, elle l’oublia rapidement. Déshonorer sa famille ? Jamais elle n’avait causé de tort aux Travers. Du moins pas directement. Elle avait déshonoré sa propre famille, oui. Certes. Et jamais ni Adriel ni Ceresa Fawley ne pourraient le lui pardonner -et d’ailleurs elle n’y comptait pas- mais il était hors de question que son mari, cet homme avec qui elle partagerait sa vie, ait une telle opinion d’elle.
« Certes, ni l’un ni l’autre ne sommes comblé par cette union, » lâcha-t-elle en plantant son regard droit sur l’arrière du crâne bouclé de son mari. Son ton était ferme mais en rien colérique. Il venait d’accepter qu’elle ait sa propre indépendance. Voilà qu’elle allait lui montrer qu’elle n’était en rien ce genre d’épouses qu’on formatait au sein de leur société guindée. « Et je me fiche bien de plaire à votre famille. Néanmoins … Néanmoins, Christian, si nous sommes amenés à partager à la fois cet appartement et nos vies, j’aimerai autant que vous ne les hantiez pas comme une âme en peine. » Ces mots, elle les pensait très justement et si son amour et son attachement pour Nate étaient encore brûlants, elle s’était faite à cette raison folle que jamais elle ne pourrait le retrouver. Les regrets étaient ce qu’ils étaient et il fallait avancer de l’avant. Toujours. Toutefois, elle se jugea trop sévère et se hâta d’ajouter : « Alors je m’efforcerai de paraître tel qu’on me le demande. »


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MessageSujet: Re: La musique adoucit les moeurs • ft. Christian La musique adoucit les moeurs • ft. Christian 129196351Mer 24 Avr 2019 - 23:13

Christian était le genre de personnage à exceller à l’école et dans ses études, avoir un don pour les filières artistiques – ici la musique – des idées qui pouvaient révolutionner le monde sorcier, et pourtant il avait du mal avec la chose la plus simple et en même temps la plus complexe qui soit : les émotions. Aussi loin qu’il s’en souvienne, tout dans ce qu’il ressentait était platonique. Il n’était pas dans la passion des sentiments, que ce soit en amour, en haine, de même pour les choses joyeuses. Un caractère passif qui regardait simplement les choses qui allaient et venaient. Cassiopeia ? Pas de l’amour. De l’intérêt pour son esprit, peut-être un peu pour sa beauté oui. Sa famille ? Pas de la haine à l’état pur. Il ne s’appelait pas Niclas. Disons plutôt une profonde indifférence, voire un certain ennui ou une pointe d'agacement. C’est comme si l’homme était inapte à ressentir quoi que ce soit. On en venait à se demander s’il allait être capable d’aimer, un jour. Voilà pourquoi il était aussi étonnant de voir surgir des émotions de son violoncelle. Même lui ne comprenait pas cette magie, et Merlin savait qu’il s’était posé la question des millions de fois : pourquoi n’était-il pas la même personne lorsqu’il jouait. Cela demeurait un mystère. Mais il avait laissé tomber l’idée d’y trouver une réponse depuis bien longtemps.
Il y avait bien d’autres sujet que le musicien avait abandonné, dont celui de convaincre ses parents et le reste de sa maudite famille que le Conseil des Sorciers pouvait être la solution à tous leurs problèmes. Mais non, ces imbéciles préféraient écouter la voix d’un homme qui ne pouvait leur assurer toutes ses promesses faites plutôt que tenter d’avoir une oreille attentive à ce que pouvait bien leur raconter leur cérébral de fils. Là était toute la contradiction. Christian était le préféré des parents Travers. Pas trop sanguin comme Niclas et Azelma. Pas trop abruti comme son cadet Warren. Il était le juste milieu, l’équilibre parfait. Et pourtant, il devait être celui qui était le moins écouté, celui dont les idées politiques n’étaient pas appréciées à sa juste valeur.
– Et je me fiche bien de plaire à votre famille.
Ils ne pouvaient être plus d’accord sur ce point-là. Christian savait que la Marque était le prix à payer pour gagner les faveurs de son père. Mais il savait aussi que ce tatouage le couperait définitivement de sa liberté de pensée. Et ça, il en était hors de question.
– J’aimerai autant que vous ne les hantiez pas comme une âme en peine.
Le musicien se figea. Il savait pertinemment ce que l’on disait de lui. Christian le rêveur, l’outsider, le muet, le traître, le fantôme, la tombe, Christian le blasé, l’étrange, l’insondable, le mystérieux. Mais jamais on ne l’avait traité d’âme en peine. Jamais. Était-il triste ? Était-ce en réalité ce qui se dégageait de sa personne ? Il aurait pu ne pas en tenir rigueur. Ce que son épouse lui disait n’était que la continuité d’une liste déjà longue. Que pouvait-il avoir à faire de l’avis d’une personne qu’il n’aimait même pas, qu’il connaissait à peine ?
– Alors je m’efforcerai de paraître tel qu’on me le demande.
Comme on lui demandait ? Qu’est-ce que Chris était censé lui imposer, en réalité ? L’étudiant en droit ne savait pas bien. La femme devait-elle rester à la maison à s’occuper de la maison, des enfants, du repas ? Lorsqu’il voyait comment avait fini sa mère, il était plutôt pour trouver une autre alternative. Il avait aimé, si l’on puit dire, Cassiopeia pour son intelligence et son savoir. Malgré son erreur de parcours avec de Sang-de-Bourbe, était-il possible que son épouse ait des projets de vie ?
Il se tourna soudainement vers elle, les mains toujours derrière le dos, son regard semblant sonder le visage de l'ancienne Gryffondor.
– Etudiez. Ce qu'il vous plaira Il ne pouvait y avoir plus clair dans ces mots. C’était à la fois un ordre et une proposition. Je ne veux pas d’une sotte comme épouse. Pourquoi se sentait-il dans l’obligation de se justifier ? Voilà bien la première fois qu’il se montrait bavard – bavard selon la définition de Christian Travers – avec quelqu’un qu’il connaissait à peine. Le sorcier était quelqu’un qui avait l’habitude de vivre dans ses routines et dans son train-train de vie. Comme un cycle immuable, une roue continue. Et pourtant, il avait la nette impression que sa nouvelle vie d’époux allait apporter de nombreux changements dans sa vie.
Citation :
Je suis désolée, je ne fais pas beaucoup parler Christian, comme d'habitude (mais ça risque de changer au fur et à mesure héhé), donc si ça te bloque pour ta réponse je pourrai rajouter des choses !
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MessageSujet: Re: La musique adoucit les moeurs • ft. Christian La musique adoucit les moeurs • ft. Christian 129196351Lun 29 Avr 2019 - 20:23


Alienor n’aimait guère la situation dans laquelle elle se trouvait à présent. Toute sa vie durant, elle avait lutté contre cette éducation, ce système arriérés qui l’étriquaient, avait espéré pouvoir se défaire de ce carcan étouffant de conventions, de non-dits et de poignards cachées dans le revers des costumes mondains. Elle était vraie, authentique autant dans ses rêves utopiques que dans ses émotions brutes, parfois sauvages. Elle n’avait jamais été faite pour cette vie à laquelle son père la destinait depuis son plus jeune âge et sa mère la préparait avec force autorité et sévérité. Elle les avait haïs, tous deux, et en ce jour, les haïssait plus profondément encore. D’aussi loin qu’elle puisse se souvenir, elle s’était toujours battue et maintenant, elle était vaincue. Ils avaient gagné, tous autant qu’ils étaient, tous autant qu’elle les détestait. Ils avaient fait d’elle son pire cauchemar ; ils avaient fait d’elle une épouse, l’avaient changé en sa mère.
Toutefois, dans son malheur, un espoir subsistait. Un espoir mince, si ténu qu’il n’en était pas véritablement un. Christian. Tel était son nom. Et pourtant, qu’elle détestait cette chance saugrenue apparue dans son malheur. Ne devait-elle pas se réjouir de ne pas avoir été unie à l’un des partisans de celui qu’à demi-mots, on appelait le Seigneur des Ténèbres ? Elle connaissait bon nombre d’amis de son père et bon nombre de leurs fils prodigues. Néanmoins, c’était à Christian qu’on l’avait promise. A lui, le discret, l’effacé. Le fantôme. A lui et à lui seul. Deux moutons noirs unis l’un à l’autre, à la vie à la mort, en quelque sorte. A la réflexion, tout cela était aussi épique que tragique, comique qu’inattendu. Mais loin de s’en réjouir, la jeune épouse s’en flagellait. A cet instant où son mari ne lui présentait qu’un dos muet, elle aurait tout donné pour tomber sous les coups d’un homme autrement plus violent. Elle ne souhaitait qu’une réaction, une unique réaction. Voilà pourquoi elle se permettait de lui adresser la parole de la sorte, de lui prouver effrontément qu’elle ne sera cette épouse pétrie de conventions que s’il se comportait comme un véritable homme et non une ombre à peine tangible.
Prête à baisser les bras, elle envisagea alors un instant de le planter là, devant sa fenêtre. Après tout, le paysage londonien avait l’air de plus susciter son intérêt incompréhensible que sa propre épouse. Ce fut néanmoins à cet instant qu’il daigna finalement lui adresser un regard. Vide, presque mort. Mais un regard tout de même. Elle faillit en sourire. Jusqu’à ce qu’il n’ouvre son caquet.
« Etudiez. Ce qu'il vous plaira. Je ne veux pas d’une sotte comme épouse. »  
Ses paroles avaient beau être rares, elles n’en étaient pas moins d’or, se confia Alienor. Elle était outrée qu’on puisse la croire rustre et idiote. Elle était peut-être fière, sauvage et parfois blessante, idiote elle ne l’était pas. Inculte non plus. Certainement pas. Elle planta ses yeux azur dans ceux inexpressifs de son mari pour lui décocher une réplique aussi bien méritée que bien sentie. S’il pensait l’adoucir avec de telles remarques, il comprendrait rapidement qu’elle n’était pas un lion de cirque.
« Je suis parfaitement au fait des "on-dits" à mon sujet. Vous pouvez me traiter de bien des choses et de bien des noms, Christian, mais pas de sotte. Notre éducation, soyez-en certain, a été à peu de différences près, la même. »
Cela, elle en était intimement convaincue. Leurs deux frères ainés, Aurelius et Niclas, avaient longtemps été éduqués ensembles, élevés comme des frères -ce qu’ils étaient finalement plus vis-à-vis de l’un et de l’autre que vis-à-vis de leur fratrie respective-. Si Christian obstinait à la contredire sur ce point, elle se plairait à lui rappeler qu’ils avaient tous deux étés éveillés à la musique, à sa rigueur et à sa beauté raffinée.
Cependant, elle craignit un instant courroucer son époux et voir s’envoler cette liberté qu’il lui offrait là. Elle le quitta alors des yeux pour venir s’asseoir sur la chaise qu’il avait précédemment délaissée. Il allait la laisser étudier. A cette pensée, le souvenir de la déchirante discussion qu’elle avait eu avec Nate quelques mois plus tôt lui revint en mémoire. A l’époque, elle lui avait admit ne pas être certaine que son mari lui offre cette chance. Aujourd’hui, il la confirmait. Pour cela, elle devait lui être reconnaissante. Son visage s’adoucit alors et sa voix se fit rêveuse.
« A vrai dire, j’ai d’ores et déjà l’intention d’entamer des études de médicomagie. »

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MessageSujet: Re: La musique adoucit les moeurs • ft. Christian La musique adoucit les moeurs • ft. Christian 129196351Sam 11 Mai 2019 - 14:33

Gryffondor et Serpentard.
Le courage et la ruse.
La fougue et le calme.
Leur Maison respective n’aurait pu trouver meilleur représentant en cet instant. Absolument tout les séparait et les différenciait. Là où Christian était silencieux, Aliénor n’était pas avare de paroles. Là où la personnalité du musicien semblait éteinte, ce dernier se doutait qu’un brasier ardent composait celui de sa femme. Et pourtant, les voilà qui étaient désormais unis, pour le meilleur et pour le pire, à subir cette punition qu’était celle de devoir vivre sous le même toit. Christian n’avait jamais fait le moindre effort en terme de relations humaines, et ses habitudes étaient dures à changer. Les amis qu’il s’était fait – si on pouvait les appeler ainsi – se comptaient sur les doigts d’une main, les seuls en réalité qui contestaient le pouvoir du « Seigneur des Ténèbres » et qui, tout comme lui, le trouvaient trop instable pour pouvoir lui faire confiance. Le musicien n’était pas doué pour tisser des liens sincères, cette mascarade ne l’avait jamais vraiment intéressé. Il voyait mal comment le couple qu’ils formaient allait pouvoir s’entendre et s’accorder un jour. C’était comme demander à un flûtiste de jouer et chanter en même temps : impossible.
Et ce problème relationnel se confirma encore plus. Christian venait d’offrir à son épouse l’opportunité d’étudier – nombre de Sang-Purs auraient tout simplement interdit à leur femme de pointer ne serait-ce le bout du nez dehors – l’instruction étant, à ses yeux, la chose la plus importante qui soit, et voilà qu’elle le remballait, le sermonnant sur leur éducation commune. Non, ces deux-là n’étaient pas capables de s’entendre, c’était certain. Lui n’avait pas de tact, elle réagissait au quart de tour. Il serra la mâchoire et ne dit rien. Le silence était à la fois sa meilleure arme et son meilleur bouclier. Que pouvait-on faire au vide, à l’absence ? Juste attendre ou renchérir davantage.
Il la regarda s’asseoir sur la chaise qu’il avait précédemment occupé, le visage parfaitement calme. La fougue de sa femme semblait s’être atténuée.
– A vrai dire, j’ai d’ores et déjà l’intention d’entamer des études de médicomagie.
Sainte Mangouste avait bien besoin de renfort avec tout ce qui allait arriver. Si Christian portait en horreur les Sang-de-Bourbe, les Moldus et tous ceux de la sorte, il était cependant contre le massacre d’innocents. Voilà quelle était l’idée du Conseil des Sorciers. Restaurer la suprématie des Sang-Purs sans pour autant faire couler le sang. Malheureusement, ce n’était pas la tendance du moment, et les attaques terroristes dont il connaissait parfaitement les membres se multipliaient. Les chambres de l’hôpital sorcier allaient bientôt être remplies si cela continuait à ce rythme.
– Bien, fut son seul commentaire. Il rajouta cependant. Les inscriptions en milieu d’année ne sont pas habituelles au sein de l’Ecole Supérieure de Magie, néanmoins leurs portes sont toujours ouvertes aux membres de notre famille. Vous n’avez pas besoin de moi pour ça, vous saurez comment faire. Christian lui laissait de la liberté, qu’elle ne s’en plaigne pas.
Il la regarda quelques instants avant de se diriger vers la porte, comme un fantôme glissant sur le parquet. Puis, la musicien s’arrêta juste avant l’encadrure et tourna sa tête d’un quart.
– Aliénor, déclara-t-il en guise de conclusion.
Et le Travers solitaire se fit avaler par les ombres froides du couloir.


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Je l'ai fait partir pour qu'on puisse enchaîner sur un sujet qui marque un peu une évolution, mais si tu voulais ajouter autre-chose je peux modifier Smile
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