Sifflotant gaiement un air entraînant, Dave rejoignait d'un pas lourd le terrain de Quidditch situé au fond du parc de Poudlard en portant à bout de bras l'imposante malle retenant les différentes balles nécessaires pour s'entraîner. Les sélections ne se déroulaient que la semaine prochaine, et si le jeune Goujon savait que plusieurs des cadres de l'année dernière seraient de nouveau au rendez-vous, il allait lui falloir recruter quelques profils, et des remplaçants. Et cette tâche lui incombait à lui, le nouveau Capitaine de l'équipe ! Autant dire que pour la première fois de sa courte vie, Dave avait un enjeu à prendre sérieusement, ce qui expliquait qu'il se rendait seul au terrain pour peaufiner quelques exercices en vue de son premier véritable défi comme Capitaine des Gryffondors. La tâche n'était pas aisée cependant, la grosse malle qu'il avait dû aller chercher au Château se révélant encore plus lourde que prévu pour notre jeune Goujon qui n'avait évidemment pas eu l'idée de la faire léviter magiquement et qui en était donc rendu à avancer à tâtons sur le sentier qui longeait les serres en direction du terrain de Quidditch, quand soudain...
— Nom de... ! eut-il juste le temps de s'écrier lorsqu'il se prit le pied dans une racine avant de s'étaler de tout son long sur la malle, qui s'ouvrit sous le choc et laissa s'échapper un Cognard. Bouse !
Le jeune homme se redressa comme un ressort et se lança à la poursuite du Cognard qui s'était envolé comme un beau diable, et ne lui laissa pas le temps de prendre de la hauteur : il avait toujours eu d'excellents réflexes, et en fit la preuve lorsqu'il fit un bond formidable en avant, s'empara à deux mains de la balle noire et la plaqua au sol, au beau milieu d'un parterre de fleurs blanches et surtout... juste sous le nez d'une élève occupée à Merlin seul savait quoi. Dave, qui ne l'avait pas vue, raffermit sa prise sur le Cognard qui se débattait furieusement, le visage tendu par l'effort.
— Mais tu vas rester tranquille, oui ! pesta-t-il en s'appuyant des deux mains sur le Cognard fou pour se redresser, avant que son regard ne croise celui de sa camarade. Oh hey, tu tombes bien toi, un petit coup de main ne serait pas de refus ! s'exclama-t-il tandis que son regard se portait en direction de la malle de Quidditch, à quelques mètres de là.

Face à lui, la rouquine mit quelques secondes à percuter ce qui se passait dans le parterre de fleurs mais accepta finalement de lui filer un coup de main, parce que c'était une Poufsouffle s'il en croyait son écusson, et que les Poufsouffles aidaient leurs prochains, si bien que Dave se dépêcha d'adresser une petite prière de remerciement à Merlin de n'avoir pas mis sur son chemin un fourbe de Serpentard comme cette bonne vieille Vespyr qui se serait dépêchée de relâcher l'autre Cognard plutôt que de lui filer un coup de main. Quoique, Jyn Dawkins aurait sans doute fait comme Vespyr, malgré son appartenance à la maison des Blaireaux, et le jeune Goujon s'en trouva si troublé qu'il faillit en perdre son Cognard, qui profita de son inattention pour tenter une ruade particulièrement vicieuse. Le Gryffondor parvint à raffermir sa prise sur la balle et le souleva de terre au moment où la jeune fille revenait vers lui, traînant tant bien que mal la malle de Quidditch derrière elle.
— Ah tu fais moins le malin hein, maugréa Dave en s'adressant au Cognard qui faisait plus mine de bouger, tu croyais t'en tirer comme ça et prendre la poudre de cheminette, mais on me la faiiiit... Dave s'interrompit et lâcha un grognement tandis que le Cognard tentait de nouveau de s'échapper, pas... Il se laissa retomber sur le sol pour coincer le Cognard entre son ventre et la pelouse, et se cogna la tête contre la malle au passage, à moi, nom d'une harpie ventriloque ! s'exclama-t-il, excédé, en fourrant à deux mains le Cognard dans le creux prévu à cet effet, avant de batailler de longues secondes afin de le sangler correctement. Finalement, le Cognard se trouva fermement immobilisé et Dave, à bout de souffle, resta un instant à genoux par terre, penché contre la malle les bras tendus, à fusiller du regard la balle fuyarde. Quand il releva les yeux, quelques secondes plus tard, la rouquine en face de lui pleurait discrètement de rire. Il réalisa alors combien la situation était risible, et un éclat de rire lui échappa à son tour tandis qu'il se relevait.
— Eh ben, soupira-t-il en se passant la main sur la figure, éreinté, oh bouse c'est pas vrai, c'est vraiment pas mon jour ! ronchonna-t-il lorsqu'il réalisa qu'il venait d'étaler consciencieusement toute la boue qu'il avait sur les mains à forcer de triturer la pelouse sur son visage qui était encore à peu près propre. Si je croyais en la magie je parierais que tu m'as jeté un sortilège de poisse ! plaisanta-t-il en roulant des yeux d'un air dramatique.