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| Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan | |
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Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Mer 13 Jan 2021 - 20:15 | |
| Le bow window donnait une vue imprenable sur Londres. Ou tout du moins, sur la rue en contrebas. Gabi dormait en boule sur un plaid ramené qui devait être aussi vieux que sa maîtresse. Elle, elle regardait les gens en contrebas, ceux qui profitaient des quelques rayons de soleil de ce début d’année. 1979 semblait vouloir envoyer un message aux habitants de la capitale : tout irait mieux. Et c’était tout ce que Neo espérait. Pourtant, depuis qu’elle était revenue de Roumanie, elle semblait avoir ramené avec elle une vague de nostalgie qui avait du mal à la quitter. Revoir sa famille après de si longs mois l’avait tellement emplie de joie que la séparation était difficile, mais si seulement, oui, si seulement il n’y avait eu que ça
Son regard se perdit bien vite, ne se posant plus sur aucune silhouette, alors qu’elle se rappelait le pénible dîner. La dispute ensuite. Les mots, rudes, prononcés des deux côtés. Rester quelques jours de plus avait été une torture, mais le portoloin qui devait la ramener à Londres était prévu de longue date, et en trouver un autre était impossible. Déjà celui-ci avait été un miracle, alors… Rongée par les remords, regrettant quelques mots prononcés, Neo ressassait, un peu trop. Le temps ferait son oeuvre, mais les souvenirs étaient trop récents.
Toutefois, en revenant à Londres, Neolina avait pris une résolution. Razvan et elle avaient éclairci les choses avant son départ, s’étaient retrouvés, du moins un peu. La perspective de le revoir lui faisait réellement plaisir, mais passer des heures à chercher où la fatigua bien vite. C’était ridicule après tout, ridicule ! Elle n’avait pas envie d’un nouvel échange dans le froid, aussi chaleureux qu’ait pu être le dernier. Elle n’avait pas envie d’aller dans un pub, où les discussions alentours troubleraient la leur. Après deux semaines loin de chez elle, deux semaines bouleversantes, Neo avait envie de retrouver son cocon. Et de pouvoir y inviter qui elle voulait sans craindre… Craindre quoi, hein ? Ridicule, oui, et elle ne voulait pas de ça. Nouvelle année, retour à la normale. Du moins, le plus normal qui puisse être. Aussi avait-elle invité Razvan à l’heure du thé, heure si précieuse pour les anglais. Impatiente, angoissée aussi, Neo l’attendait.
Lorsqu’un coup se fit entendre à la porte, Gabi sortit de son sommeil en moins de temps qu’il ne fallait pour aboyer et courut pour accueillir l’invité en hurlant comme un loup. Par habitude, Neo le siffla et la bête revint à ses pieds, trépignant, avide de recevoir des caresses de la personne qui arrivait. Le pauvre, s’il savait. « Gabi, mișca. » ordonna-t’elle à l’animal d’une voix douce, mais ferme. Le Croup obéit malgré son envie, ne bougeant plus vraiment, à part ses pattes qui faisaient des claquettes sur le sol. Traversant la pièce à vivre, elle entra dans le minuscule couloir dont l’ampoule était cassée depuis des lustres, et formula un Lumos avant d’ouvrir la porte. « Razvan ! » l’accueillit-elle joyeusement, avec un sourire. « Entre. » Elle se décala un peu, réfrénant son envie de l’assaillir avec ses bras qui n’attendaient qu’une étreinte. Elle qui voulait repartir sur de bonnes bases n’avait pourtant pas envie de brusquer des choses encore trop fragiles. « Bienvenue chez moi. » continua-t’elle pour éviter qu’un silence ne s’installe - elle savait bien ce qui se passait dans ces cas-là - l’entraînant à sa suite dans la pièce où Gabi geignait. « Ne t’en fais pas, il ne bougera pas. » rassura-t’elle le roumain. « Déshabille-toi, je t’en prie ! » Mais… Pardon ? Se sentant bête comme tout, elle embraya pour éviter le quiproquo. « Pardon, on dirait le début d’un examen médical, et tu n’as certainement pas envie de parler travail ! » Un examen médical, ou autre chose… Mais mieux valait ne surtout pas penser à ça. |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Mer 13 Jan 2021 - 21:25 | |
| Depuis ce fameux premier janvier 1976, Razvan s'arrangeait pour travailler au nouvel an. Ne pas trop cogiter, ne pas trop se rappeler ni culpabiliser, et surtout, ne pas se réveiller en sursaut dans la nuit pour voir devant son lit le fantôme de cet homme qu'il avait un jour assassiné. La première personne qu'il avait assassiné d'un sortilège impardonnable dans cette maison qui se préparait à prendre un copieux déjeuné pour célébrer la nouvelle année. Les cris l'avaient suivi alors qu'il était parti de cet endroit endeuillé et maintenant, il s'en rappelait d'autant plus, qu'il soit à l'hôpital ou non. A ce terrible souvenir s'étaient superposés les hurlements déchirants d'un patient qui souffrait le martyr sans qu'il ne puisse réellement l'aider, même avec sa meilleure volonté. La suite de la journée ne s'était pas améliorée. Avec quelques jours de retard, il avait reçu le hibou de Neolina et la lecture de la lettre lui serra le cœur de regrets autant que de nostalgie. Mihaela était jolie et gentille oui. Mais Neo se trompait : ce n'était pas lui qui l'avait élevé. Et lire ces paroles pourtant bienveillantes couchées sur le papier de la belle écriture de son amie d'enfance lui fit mal. Voir la photo de sa fille, gentiment prise par Aniela ou Jacek ou Neo lui fit plaisir, mais lui fit mal. Seul le post-scriptum lui avait un peu réchauffé le cœur dans ces jours troublés et congelés que traversait l'Angleterre. Les jours qui avaient suivi étaient longs, janvier semblait s'étirer péniblement sans qu'il ne puisse rien faire d'autre que de continuer ses quelques gardes sporadiques, ses après-midis à former Svetlana, ses matinées à recevoir dans son bureau des patients pour des visites plus généralistes. Il ne semblait guère plus possible de creuser davantage les cernes de l'homme qui passait décidément, de bien mauvaises semaines. Et les mois passaient sans qu'il ne pose de congés, parce qu'il était trop fier pour admettre qu'il en avait besoin et surtout parce qu'il ne voulait pas rester chez lui à cogiter davantage. Razvan avait besoin d'utiliser ses mains, d'utiliser sa tête pour ne surtout pas penser à tout le reste. Tout le reste oui.
Finalement, Neolina avait fini par l'inviter chez elle. La surprise de lire le lieu d'invitation ne l'avait pas empêché de répondre par la positive bien que l'homme, terriblement, attendait l'entrevue autant qu'il la redoutait. Et puis, pourquoi il avait accepté sinon pour se torturer davantage ? Les mots qu'ils s'étaient échangés dans le froid londonien étaient bien lointains maintenant. Dits sans doute parce que cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus et réellement parlés. Lorsque Razvan fut devant la porte, il entendit la bestiole de Neolina se faire remarquer et il la fustigea davantage, silencieusement, de l'avoir invité chez elle. Saleté de croup. Saleté, saleté, sal... « Bonjour Neolina » lança-t-il en écho à la voix de son amie d'enfance qui l'accueillait. Le médicomage répondit à son sourire par un sourire plus mesuré, plus fatigué aussi. La luminosité difficile de l'entrée rendait son teint encore plus terne et maladif. Le trentenaire se pencha quand même pour lui embrasser promptement la joue - ils n'étaient plus à ça près non ? Oh et d'ailleurs, l'avoir si près de lui était une douleur à laquelle il s'était bien mal préparé. Les épaules même légèrement affaissées, son regard noir ne pu s'empêcher de chercher l'animal pour être certain que la chose resterait à sa place. Certains avaient bien peur des tortues, ou des perruches, n'avait-il pas le droit de ne pas supporter - l'existence - des croups ? Comme si elle lisait dans ses pensées tournées vers l'animal, Neo se fendit d'une phrase pour le rassurer, mais il ne la croyait pas. Non pas qu'il n'avait pas confiance en elle, mais il n'avait certainement pas confiance en la bestiole à laquelle il devait montrer son dos pour retirer sa veste. Une vieille mésaventure l'avait rendu tristement phobique et à trente-quatre ans, il ne savait pas s'en dépêtrer - c'était peut-être pathétique. Et comme si la présence de l'animal ne le mettait pas déjà assez mal-à-l'aise, Neo se fendit d'une maladresse qui lui ressemblait mais dont ni l'un, ni l'autre, n'avait besoin à ce moment-là. Razvan eut un léger moment d'arrêt alors qu'elle se rattrapait, toujours aussi maladroitement, de ce qu'il ne savait pas être un lapsus. « Je suis peut-être un peu plus délicat quand il est question de ce genre de demandes » répondit-il en retirant sa veste pour l'accrocher au porte-manteau avant de retirer son écharpe pour la poser avec : « Bonne année, au passage. J'espère que tu as profité de ton temps en Roumanie pour recharger tes fioles ».
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| | | Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Jeu 14 Jan 2021 - 2:37 | |
| Qui aurait cru qu’un innocent baiser aurait pu réveiller une sorte de vieille douleur ? Le geste de Razvan troubla la roumaine, évidemment, qui n’en montra strictement rien. Du moins, pas pour l’instant. Elle avait beau souhaiter que les récents événements soient derrière eux, leurs souvenirs étaient toujours là, pourtant et depuis, Neo et Razvan avaient comme besoin de se ré-apprivoiser. La nature si spontanée de Neolina souffrait beaucoup de ces moments où elle devait réfréner ses envies, et elle se rappelait avec douleur les quelques fois où elle avait eu envie de le prendre dans ses bras, comme à cet instant, preuve en était qu’elle n’osait toujours pas. La luminosité bien trop basse ne lui permit pas de détailler ses traits, peut-être était-ce pour le mieux d’ailleurs, et Neo lui tourna vite le dos pour l’inviter en entrer.
Gabi trépignait tellement que ça aurait pu en être drôle, si seulement Razvan n’avait pas été phobique au point que sa peur transparaissait presque physiquement. Son ami n’eut beau rien dire, elle capta son regard en coin vers l’animal, qui ne se calma pas bien au contraire. Et ce fut à ce moment qu’elle réalisa à quel point il avait l’air plus épuisé encore que la dernière fois qu’elle l’avait vu. Elle aurait aimé pouvoir effacer ses cernes d’un coup de baguette, mais ça ne fonctionnait pas comme ça, et elle la posa plutôt sur la table avant de faire claquer sa langue. Gabi la rejoignit à toute vitesse pour quémander quelques caresses qu’elle lui donna distraitement, sa main assaillie de coups de langue furieux qui traduisait sa joie de voir quelqu’un. Peut-être que ce fut ça qui la déconcentra, peut-être était-ce la sensation encore chaude des lèvres de Razvan sur sa joue, mais évidemment, Neo fit une Neo.
Bien qu’elle avait tenté de se rattraper, sa maladresse légendaire la mit dans un état de gêne qu’elle ne connaissait plus depuis longtemps, trop habituée qu’elle était à se prendre les pieds dans ses propres jambes, ou à faire des lapsus étranges. Mais là, c’était tout de même autre chose. Le rose lui était monté aux joues, chose qui n’arrivait jamais, non jamais en présence de Razvan. Voilà une autre première fois, dont elle se serait bien passée d’ailleurs ! Voulant masquer sa gêne, elle se dirigea vers la cuisine ouverte, Gabi sur ses talons, et écouta la réponse de Razvan en se flagellant mentalement. Stupide Neo, bon sang ! Elle aurait pu s’enfoncer et dire que la délicatesse était effectivement une de ses qualités, mais tourna sa langue au moins douze fois dans sa bouche avant de répondre. « Oh, je sais bien. » Peut-être aurait-elle du le faire une treizième fois… « Mes cotes sont si parfaitement remises que j’en prends grand soin, sois-en sûr ! » Oui oui, elle parlait bien de son dernier examen médicomagique exécuté par, oh joie, Razvan. Le souvenir de ses mains qui effleurait sa peau lui revint en tête si fort qu’elle faillit en faire glisser une tasse au sol. Par Merlin, qu’est-ce qu’elle était troublée, gauche, ridicule ! Mais l’incident fut évité, et Neo revint dans la pièce avec son petit plateau et ses jolies petites tasses anglaises. Et un sourire, aussi.
Réalisant qu’elle avait oublié la tradition, Neo fit une petite moue. « Oh oui c’est vrai, excuse-moi. » Elle avait tant la tête ailleurs qu’il lui semblait que le passage à la nouvelle année était à la fois lointain et proche. Le temps était une chose si étrange. « Bonne année à toi aussi, Razvan. » lui dit-elle en s’asseyant en face de lui, posant brièvement sa main sur la sienne avant de reprendre sa baguette pour faire bouillir l’eau un peu plus loin d’un sort. Tête-en l’air comme elle l’était, elle avait oublié sa tâche principale en allant dans la cuisine. Gabi posa sa truffe baveuse sur sa cuisse, sa minuscule queue coupée frétillant de façon un peu ridicule. Et Razvan, alors, lui asséna un coup de grâce si rapidement qu’elle eut un peu de peine à cacher la sienne, justement. Juste une ombre qui passa sur son visage, un rien. Décidant que ça n’était pas le moment d’accabler son ami qui semblait déjà au bord du précipice, Neolina opta pour une stratégie qu’elle n’adoptait pas souvent : la vérité sélective. « Oh tu sais, deux semaines avec ma mère, ça n’est pas de tout repos ! » Et la rancune était toujours là, malgré de vagues réconciliations avant qu’elle ne reparte. Neolina n’était pas rancunière, elle n’aimait pas ça, et pourtant là, elle n’arrivait pas à pardonner le nouvel impair de sa mère. Elle était allée trop loin. « Mais mes soeurs… J’étais si heureuse de les voir. » Surtout Iléana, qui l’avait soutenue et s’était, pour la première fois, opposée à la matriarche pour la défendre. « Et ta fille Razvan, oh… » L’émotion transperçait dans sa voix. Ça n’avait pas été un moment facile, loin de là. « Elle m’a rappelé toi petit… mais avec un peu plus d’énergie ! » acheva-t’elle dans un rire histoire de ne pas tomber dans la nostalgie. « Elle lui ressemble tellement... » ne put-elle s’empêcher de dire en redevenant un peu plus sérieuse. Mara… Rencontrer la fille de son ami d’enfance, et de celle qui l’était devenue avec le temps, n’avait fait que lui rappeler pourquoi elle avait pris cette triste décision quelques mois plus tôt. Pourquoi elle n’avait pas répondu à Razvan dans les escaliers, à quelques marches de là où ils se tenaient maintenant. Par Merlin, pour quelqu’un qui voulait aller de l’avant, son esprit ne semblait pas décidé à suivre le même chemin… |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Jeu 14 Jan 2021 - 10:33 | |
| Razvan n'avait pas particulièrement l'habitude ni l'envie d'être apprivoisé. Il avait toujours eu pour aspiration de mener une existence purement solitaire, entrecoupée parfois de moments de sociabilité dont il ne pouvait échapper. Étonnant, finalement, qu'il ait choisi un métier l'amenant à être au contact du public en permanence. Mais voilà, ne pas avoir envie de laisser entrer des gens dans sa vie ne voulait certainement pas dire qu'il n'aimait pas aider les autres. Cela ne voulait pas dire non plus qu'il n'aimait pas les autres. Quoiqu'il en soit, le jeune homme avait l'impression que Neolina et lui marchaient sur des œufs et pourquoi, Ô pourquoi s'étaient-ils retrouvés aujourd'hui ? Pourquoi se voyaient-ils, sinon pour mener une conversation remplie de malaise qu'une petite table basse ne saurait effacer ? La distance serait peut-être là, mais avaient-ils réellement besoin de ça ? Au fond, peut-être se voyaient-ils parce qu'il lui avait dit qu'elle ne le perdrait jamais, qu'il serait toujours là et qu'elle avait envie de le voir pour bien commencer l'année. Un an auparavant, ils ne s'étaient toujours pas revus, ils ne s'étaient pas vu depuis des années. Le temps avait abîmé leurs expressions autant que leurs ressentiments, comme une pierre de calcaire érodée par le temps. A ce stade, le médicomage ne savait pas très bien comment il tenait réellement debout. Il avait à peine mangé dans la matinée, but un thé. Mais ma foi, il n'avait pas faim. Razvan ne sut s'empêcher de la suivre du regard alors qu'elle allait dans la cuisine et il fourra ses mains dans ses poches pour masquer peut-être un peu sa gêne. Neolina ne l'aida pas de sa phrase, il empira la situation, il le savait. « J'espère bien » lui répondit-il simplement en se retenant au dernier moment d'ajouter fatidiquement que cela ne le dérangeait pas de la voir dans un lit, mais pas dans un lit d'hôpital. Une chance que Neolina ne soit pas legilimens.
Elle revînt bien vite au salon et il la suivit simplement en s'asseyant en face d'elle, un regard toujours porté sur le croup, au moins un peu. Le contact de la main de son amie d'enfance sur la sienne le réveilla un peu, en même temps qu'il leva les cheveux à l'arrière de son crâne. Le contact fut bref - trop bref - mais suffisant pour le troubler au moins un peu. Peut-être que ça conditionna sa phrase bateau sur la famille de Neolina. Le roumain avait décidément bien des difficultés à démarrer une conversation sans passer par les sempiternels amour famille amis. Le trentenaire eut l'impression de voir quelque chose, une expression, un ressentiment, passer dans le regard de son amie d'enfance mais elle le déconcentra en ramenant la conversation sur Mihaela. La petite fille avait certes presque huit ans, ils n'en avaient jamais plus parlé que cela. Comme un sujet un peu tabou, lui ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie et elle ne voulant pas se faire du mal. Alors qu'elle mette le sujet sur la table le surprit, le troubla aussi. « Elle est hyperactive oui » - et ça me fatigue. Neo lui mit sans le vouloir la tête dans le seau en parlant de feue Mara et il se contenta d'abord d'un sourire un peu triste : « Oui, une chance pour elle... ». Une chance pour elle qu'elle soit plus sociable que son père, qu'elle lui ressemble et qu'elle ait la belle couleur noisette clair des yeux de sa mère. Une chance, oui, à n'en point douter. Razvan n'était jamais très à l'aise quand on lui disait, avec bienveillance pourtant, que Mihaela ressemblait à sa mère. Non pas parce qu'il était jaloux qu'elle lui ressemble plus à elle qu'à lui - c'était une chance, il le disait lui-même ! - mais plutôt parce que lorsque sa femme s'invitait dans ses pensées, elle n'en sortait généralement pas. Presque huit ans qu'il pensait à elle tous les jours et son fantôme le hantait toujours de la même façon. « J'espère qu'elle ne t'a pas trop embêté » lui dit-il gentiment alors que ses deux mains croisées sur ses genoux se serraient un peu pour faire passer le malaise, « elle est... Enthousiaste ». Tout ce qu'il n'était pas, donc. Le regard de l'homme se reporta sur le visage de Neolina qu'il détailla et il ajouta : « Tu es sûre que ça va...? ». Ou peut-être était-ce à lui de demander cela ? Lui qui répondait par morceaux de phrases, lui mal-à-l'aise et pas seulement à cause de la présence d'un animal indésirable. La dernière fois qu'ils s'étaient vus, c'était dans le froid, où pris à la gorge par les mois de distance, ils avaient parlés à cœur ouvert, un peu comme avant. Comme si rien ne s'était réellement passé et comme s'ils pouvaient effacer d'un coup de baguette tout ce qui était arrivé entre eux depuis six mois.
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| | | Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Jeu 14 Jan 2021 - 22:00 | |
| Tout avait si bien commencé pourtant. Dans leur histoire, déjà. L’amitié de Neo et Razvan avait fait tant d’envieux silencieux, ou pas, et c’était là pour une bonne raison. Jamais dans leur village fille et garçon ne s’étaient entendus si bien, si jeunes. Voilà qui avait délié bien des langues, et fait rire les deux amis bien des années avant que leurs langues, justement, ne se retrouvent liées elles aussi. Et Neo cherchait à faire de cette journée le point de départ d’une nouvelle phase de leur amitié, nouvelle et ancienne car elle n’attendait qu’un retour à la normale qui semblait pourtant désormais impossible. Et puis il y avait eu ce lapsus ridicule, encore un problème de langue tiens ! Neo aurait aimé avoir un retourner de temps pour recommencer tout ça, ouvrir la porte, l’embrasser à sa place pour éviter de se sentir aussi confuse, et le laisser retirer son manteau sans se fendre d’un commentaire inutile et tendancieux, accentué qui plus est par sa remarque qui voulait dédramatiser. Faire pire que mieux, une définition, messieurs dames !
Et alors que Neo aurait aimé pouvoir aborder des sujets légers comme autrefois, des sujets qui n’avaient rien à voir avec leurs récentes affaires, ni avec leurs passés douloureux, ce fut bien vite impossible. Alors qu’ils n’avaient que la trentaine, les deux roumains semblaient déjà avoir vécu milles vies, ou une seule mais si terriblement remplie… Pourquoi avait-il fallu qu’elle évoque Mara ? Parler de Mihaela lui semblait inévitable : après tout, elle était allée la voir à la demande de Razvan, et elle ne pouvait revenir sans lui en parler, comme ça aurait été étrange. Mais la conversation l’était tout de même, comme si les fantômes du passé les observaient à table, comme si l’épouse de Razvan était là, près d’eux, sereine et silencieuse. Qu’aurait-elle pensé de ça ? Connaissant la jeune femme, éternellement jeune finalement quand on y songeait, Neo pariait qu’elle les aurait copieusement fustigé de se comporter de la sorte. Elle gageait même que Mara aurait encouragé leur relation sur la voie qu’ils avaient failli emprunter il y avait de cela quelques mois, et elle ne savait pas pourquoi cette impression était si forte. Evidemment, la fin de phrase de Razvan était en points de suspension, comment aurait-il pu en être autrement ? Neo n’aimait pas ce que ça insinuait. Mihaela avait de la chance oui, la chance d’avoir un père qui se souciait véritablement d’elle et avait si bien assumé son rôle, malgré les difficultés. Certes, la petite était pétrie de rancoeur envers son père, ses grands-parents le lui avaient dit clairement, et elle l’avait senti. Mais Neo savait qu’il prenait toutes ses décisions pour son bien à elle avant tout. Si elle était en Roumanie, alors c’était que c’était nécessaire. Toutefois, Neo n’aborda pas ce qui l’avait fait tiquer dans les mots de la petite. « Je veux retourner en Angleterre ! » avait-elle dit. Retourner ? Par pudeur, Neo n’avait pas posé de questions. N’en posait pas maintenant non plus. Ca n’était pas le moment, mais elle sentait qu’il y avait là un secret que peut-être Razvan avait porté seul, et elle ignorait pourquoi. Était-ce pour la préserver ? Ne pas lui présenter sa fille parce que… Parce que. « Enthousiaste, ça oui ! » Elle n’avait pas su le contredire quand il avait évoqué l’hyperactivité, tant cet enfant lui donnait l’impression d’être une tornade folle. « Elle a réussi à fatiguer Gabi, tu te rends compte ? » Neo avait emmené son croup pour la visite, le laissant dehors pour ne pas mettre les Ionescu dans l’embarras, mais la petite ne partageait pas la peur de son père, et avait couru dans le jardin avec le chien si longtemps que le pauvre n’avait pas su enchaîner la visite par une balade. Elle rit doucement tandis que son croup avait dressé l’oreille à l’entente de son nom. « Culcat. » La nerveuse bête se coucha à ses pieds, posant sa tête au sol avec l’air de martyre qu’il maîtrisait si bien.
Tout avait si bien commencé, oui. Mais voilà, une question banale pouvait parfois se révéler bien plus dévastatrice qu’on ne pourrait le croire. Razvan la connaissait tant, par coeur même, et savait sans doute déceler que derrière son apparente désinvolture se cachait autre chose. Non, ça n’allait pas. Rien n’allait depuis ce fichu début d’année, comme celle qui s’était terminée d’ailleurs, avec ce repas interminable qui l’avait à nouveau détruite alors qu’elle pensait avoir dépassé tout ça. Non, ça n’allait pas, parce qu’elle était en couple avec un homme bien et que pourtant, ça n’était pas à lui qu’elle avait envie d’en parler, mais bel et bien à celui qui lui faisait face. Mais maintenant qu’il était là, elle se dégonflait. C’était terrible, mais plus elle le regardait, plus elle se rendait compte de combien il était mal, comme si la distance lui avait permis d’oublier ses traits si tirés, sa voix si lasse… « Tu veux la version officielle, ou la vérité ? » finit-elle par dire dans un sourire qu’elle-même ne s’expliquait pas bien. Elle connaissait la réponse, mais cherchait à gagner du temps, à trouver des forces peut-être. « J’ai revu Andrea. » C'était sorti, comme ça, d'une traite. Dit comme ça, cela pouvait être interprété dans tous les sens, elle ne s’en rendit pas trop compte d’ailleurs. « Ma mère… » poursuivit-elle avant de s’interrompre, incapable de dire tout haut que sa propre mère l’avait mis dans un état de malaise intense pendant le repas de Noël en invitant son ex-mari à table. Et que cet imbécile avait jugé de bon ton de venir. Horrible. Une véritable torture. Neo n’était restée que pour ses neveux et nièces, pour faire bonne figure, pour essayer de se prouver à elle-même qu’elle le pouvait. Mais elle ne pouvait pas. Elle ne savait pas faire semblant. « Oh, le thé ! » Changer de sujet était plus facile, et déjà elle avait détalé dans la cuisine, tournant le dos à l’ouverture pour éviter que Razvan ne puisse voir l’émotion qui avait envahi son visage. Fermant les yeux, elle souffla un grand coup et essaya de détendre ses épaules mais rien n’y faisait. Revoir un homme qu’on avait tant aimé, et quitté pour des raisons si terribles, voilà qui laissait de sacrées marques, même sur la plus courageuse des personnes. |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Ven 15 Jan 2021 - 10:43 | |
| Les retourneurs de temps ne pouvaient emmener les sorciers que quelques heures avant, hélas. S'il en avait existé un pour repasser sur ces derniers mois terribles, sur ces dernières années difficiles, il y avait fort à parier que Razvan l'utiliserait. Et plutôt deux fois qu'une. Là où Neolina allait de l'avant, toujours avec cette incroyable volonté qu'il lui avait toujours envié, lui était un homme qui appartenait aux souvenirs et non pas sur ce qui devait être construit. Peut-être était-ce pour cela qu'il était d'une pareille résignation face aux obstacles que lui imposait la vie. La décision de renvoyer Mihaela en Roumanie le hantait pour ce qu'elle supposait dans l'esprit de la petite fille qui lui en voulait, à juste raison, de pareil abandon. Si ses grands-parents avaient tendance à se montrer gentils dans leurs courriers fréquents, le roumain savait pourtant qu'ils taisaient la plupart des ressentiments que la petite fille leur livrait. Mihaela était expressive là où il ne l'était pas. Et son manque d'expression ne révélait donc pas combien il souffrait de savoir qu'elle lui en voulait à ce point. Les dernières paroles de sa fille lorsqu'il l'avait raccompagné en Roumanie le hantaient, et expliquaient aussi pourquoi il ne lui avait pas fait l'affront de venir pour Noël. La décision était discutable, mais la gamine était rancunière et gâcher les fêtes de tout le monde par sa seule présence n'était pas quelque chose qu'il avait souhaité. Oh, Razvan savaient qu'Aniela et Jacek essayaient, du mieux qu'ils le pouvaient, de mettre de l'eau dans le vin de leur petite fille. Mais à cet âge-là, on a une vision purement dichotomique. Et croyez-le ou non, mais le médicomage aurait préféré mille fois éviter le sujet que d'en parler avec Neolina.
Ce n'était pas parce qu'il n'avait pas confiance en elle ou parce qu'il pensait qu'elle ne pouvait pas comprendre. Mais le roumain s'était senti suffisamment égoïste de profiter de sa gentille proposition pour aller porter un cadeau à la petite fille - elle qui ne pouvait pas avoir d'enfant. Razvan manquait de tact et il n'avait réalisé qu'un peu plus tard - après que le hibou se soit envolé par la vitre de sa fenêtre - que ce n'était définitivement pas quelque chose qu'il aurait dû accepter. Des regrets, toujours des regrets. Avoir fait revenir puis repartir la petite fille même pas un an après avait été le pire des affronts qu'il aurait pu faire et il avait sauté les pieds joints dans sa bêtise, parce que la dépression le guettait déjà un an auparavant et que sa fille l'avait à sa manière empêché de couler - avant qu'il ne se noie tout seul. Qu'elle ait épuisé l'animal de Neo ne le surprenait pas plus que cela puisque si elle avait même réussi à épuiser son père, elle pouvait épuiser un croup. Razvan ne fit aucune réflexion sur le fait qu'il préférait quand même savoir cette bestiole loin de Mihaela - non mais vous avez vu la taille de sa gueule ? - et il se contenta d'un sourire poli accompagné d'un : « Il n'y a qu'elle qu'elle n'épuise pas ». La bestiole de son amie d'enfance s'allongea aux pieds de sa maîtresse et l'homme détourna vite le regard. Regard qu'il reposa sur son hôte, visage sur lequel il décela une ombre. Neolina ne lui disait pas tout. Et forcément, Razvan n'étant pas forcément connu pour son tact, la question franchit la barrière de ses lèvres avant qu'il ne puisse l'arrêter. La question qu'elle lui posa n'appelait pas de réponse et il attendit, calmement. Peut-être qu'il redouterait ce qu'il entendrait aussi. Et finalement, le médicomage entendit un nom qu'il n'avait plus entendu depuis des années, celui d'un homme que Neo avait laissé pour des raisons qu'il connaissait et qu'il comprenait. Andrea était un homme bien qui avait souffert, comme elle était une femme bien qui avait souffert et leur divorce dans ce pays aux mœurs pas toujours modernes avait été mal vécu par les gens qui les entouraient. Sur cette question, elle n'avait pas reçu beaucoup de soutien, voire même pas du tout, sinon venant de lui, et de quelques autres personnes, sa sœur Iléana sans doute.
L'expression de pure stupéfaction du roumain s'accompagna de sa main qui se porta instinctivement au bas de son propre visage. En attendant la suite, il se passait machinalement l'index sur sa moustache. La mention de la mère de Neo ne le surprit pas au fond, mais la fuite de cette dernière l'empêcha de dire quoique ce soit. Il resta quelques instants supplémentaires interdit avant de se lever vivement pour la suivre dans la cuisine. Elle était dos à l'entrée de cette dernière, et Razvan entendait sa peine comme si elle pleurait et ressentait sa douleur comme si c'était la sienne. « Je suis désolé que tu aies eu à... ». A quoi ? Neolina ne lui avait pas clairement dit pourquoi elle avait revu Andrea. Pour renouer avec lui ? Il ne lui semblait pas que c'était dans son caractère de revenir ainsi sur les mythes de son passé. Il était une page qu'elle avait tournée il y a longtemps, difficilement. Maintenant, arrivait-elle à en écrire une nouvelle ? Le médicomage se rapprocha d'elle et éteignit la théière, chose qu'elle était sans doute venue faire avant de s'arrêter en plein milieu pour penser, dos à lui. Juste à côté d'elle, Razvan regardait son visage en y cherchant des bribes de réponses, en cherchant le regard de Neo aussi qu'il ne parvenait pas à capter malgré toute la meilleure volonté du monde. Il aurait voulu prendre son visage en coupe et lui caresser les joues pour la réconforter mais il ne le pouvait pas. Alors il glissa sobrement une main dans le dos de Neo pour faire des allez-retours de bas en haut, tendrement, doucement : « Tu t'es disputée avec ta mère ? ». Bien sûr que non, Neo n'avait pas revu Andrea pour renouer avec lui, bien sûr que sa mère avait dû le faire venir sans nécessairement la prévenir. Bien sûr qu'elle avait osé faire cela. C'était bien son genre de forcer les choses quitte à ne pas réaliser que ce qu'elle faisait était mal. Elle l'avait beaucoup tourmenté sans s'en rendre compte lorsque Mara était morte et la soupçonner maintenant d'avoir tourmenté sa fille pour cette fin d'année 1978 insinua un agacement profond chez lui qu'il essaya de masquer, derrière un air concerné qu'il adressait uniquement à Neolina.
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| | | Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Ven 15 Jan 2021 - 21:45 | |
| Le piège avait été si parfaitement mis en place qu’elle n’y avait vu que du feu. Pourtant, elle aurait du s’en douter. Dès son arrivée, Neo s’était préparée à une rafale de questions concernant Razvan, avec qui sa mère avait en plus échangé au moment de son anniversaire, douloureux rappel. Mais rien. Non, rien. Sa mère avait été d’un calme olympien, douteux même et Neo s’était juste dit que peut-être enfin elle avait compris. Que son départ en Angleterre avait enfin scellé son besoin d’être en paix, libre, et que sa mère la laissait enfin. Les quelques jours de trêve furent paisibles, emplis d’amour. Et puis le soir de Noël, alors que Neo avait enfilé sa jolie petite robe bleue, prête à couvrir ses neveux et nièces de cadeaux et d’amour, elle avait descendu l’escalier de la maison toute guillerette avant de l’apercevoir, là, sur le pas de la porte. Andrea. Beau comme jamais, comme autrefois, dans une chemise grise qui faisait ressortir tout l’éclat de ses yeux de perle. Neo se sentit comme une étudiante dans ces films américains moldus, allant au bal de promo alors que son cavalier était là à l’attendre, tout en bas. Le stress était le même, non pire, amplifié par mille, et la tentation de transplaner fut si forte qu’elle était quasi persuadée d’avoir laissé la marque de ses ongles dans le bois vieilli de la rampe. Andrea. Non.
La gêne les rejoignit vite à table, et Neo avait rongé son frein. Ils avaient échangé un bref salut, aussi mal à l’aise l’un que l’autre, avant que sa mère n’entre en scène et ne leur joue le grand numéro. Rien ne lui avait été épargné. La place à table, en face de l’homme qu’elle avait tant aimé, face-à-face déroutant où ni l’un ni l’autre n’osait regarder tout droit de peur d’affronter les pupilles de l’autre. Pourtant, lui était venu. Lui était au courant. Pourquoi ? Pourquoi, se torturait-elle alors que silencieusement, elle ruminait comme une folle, la main d’Iléana posée sur la sienne sous la table. Neo avait eu tant envie d’hurler, de faire le scandale de l’année, du siècle, de clamer à quel point tout ça était un enfer que personne ne méritait de vivre. Neo n’avait pas quitté cet homme parce qu’elle ne l’aimait plus. Et tel un brasier, le revoir ravivait des choses qu’elle croyait éteintes. Oh, imaginez. Neo, en couple, heureuse, et pourtant avec un autre homme en tête alors qu’elle s’efforçait que ça ne soit pas le cas, affrontant l’ancien homme de sa vie, c’était… Un cauchemar. Le temps de s’éclipser pour une cigarette - sachant qu’elle allait chez sa mère, elle s’était équipée - Andrea eut la bonne idée de la suivre. Son coeur éclata en milles morceaux tandis qu’il avoua qu’il n’aurait pas du venir. Vrai. Si vrai. Il avait l’air si malheureux, Merlin. Si persuadé aussi que si Neo n’avait personne - elle n’évoquait évidemment pas sa vie sentimentale avec sa mère - et lui non plus, alors… alors quoi ? N’osant avouer encore une fois qu’un homme - ou deux - comptait pour elle, Neo affronta, comme elle avait fait autrefois, la situation. « Nous nous sommes aimés, Andrea. C'est vrai. Mais rien n’a changé. » Rien, non. Eux, si, peut-être. Ils avaient avancé, du moins, elle. Et sa mère la trainait en arrière par le col si fort qu’elle en avait le souffle court. L’homme dont elle portait autrefois le nom était parti avant le dessert, après cette conversation pénible à vrai dire, sans demander son reste et c’était mieux ainsi. Ah si, après l’avoir pris dans ses bras, aussi. La souffrance fut si forte qu’aujourd’hui encore, elle en ressentait les échos. Elle l’avait aimé, oui. L’aimerait toujours un peu, au fond. Lui dire tout ça une seconde fois était une épreuve que son coeur aurait pensé ne jamais affronté.
Dans sa cuisine, les yeux clos, Neo se remémorait tout ça, perdue dans les méandres de ses cauchemars bien vivants. Elle ne pleurait pas, non, pas encore tout du moins, et fut tirée de ses pensées par la main de Razvan dans son dos, qui la rappela à la réalité. Elle était à Londres. Elle était partie. Tout allait bien. Tout, vraiment ? Elle n’en savait plus rien. Sa mère lui sembla une goutte d’eau dans l’océan de ses tourments. Désolé, elle avait cru l’entendre dire ça. Oh, à quoi bon ? La bouilloire ne sifflait plus, pourquoi ? Combien de temps avait-elle été absente ? « Je n’aime pas les regrets Razvan, tu le sais, je… » vais de l’avant. N’était-ce pas ce qu’elle essayait de faire avec eux justement ? Et sa mère qui la forçait à regarder en arrière, histoire de lui dire, c’est là qu’est ton bonheur. Non. NON. Le bonheur, c’était l’avenir et rien d’autre, rien d’autre sinon quoi ? Comment tenir avec tout ça ? « Je lui ai brisé le coeur une deuxième fois. » Et le mien au passage. Oh mais ça, Neo n’en disait rien. Les autres avant elle, c’était toujours comme ça. Elle n’eut pas le coeur, ni la force, d’affronter les pupilles brunes de Razvan. Et ses mains cachant son visage, elle se mit à pleurer, évacuant enfin les larmes coincées dans sa gorge depuis ce fameux soir du 24 décembre. |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Ven 15 Jan 2021 - 22:17 | |
| La Roumanie était un lointain souvenir. Razvan espérait que son pays constituerait une part de son futur, peut-être lorsque les guerres seraient terminées. Celle d'Angleterre chez les sorciers, celle de l'Est chez les moldus. Exilé, le médicomage n'avait que peu de nouvelles de ces gens qu'il avait connu, un jour fréquenté. Le temps avait passé, de l'eau avait coulé sous les ponts et il ne pouvait que regarder son pays teinté de sépia comme une vieille photographie. Y retourner brièvement ne comblait pas le vide qu'il ressentait toujours en pensant à lui. Certaines choses étaient pourtant particulières là-bas. Les gens se mêlaient de ce qui ne les regardaient pas. Et bien entendu, c'était le cas de la mère de Neolina. Gentille bonne femme toute roumaine, elle fourrait son nez dans les affaires des autres et essayait parfois de contrôler le destin de tout le monde. Elle avait tellement tellement tenté de les rapprocher quand ils étaient plus jeunes, elle les avait tant mis dans l'embarras. Rien n'avait changé apparemment pour Madame Siankov, sinon l'âge. Qu'elle tourmente sa fille encore, après ce qu'elle avait vécu, traversé, enduré, c'était dur. Sans famille sinon ses (ex)beaux- parents, au moins il était tranquille sur le point de sa vie privée. Aniela avait bien essayé de lui demander s'il avait retrouvé quelqu'un, Razvan était pourtant toujours mutique sur cette question, se contentant de répondre à la question par un sourire triste et mélancolique. Il y avait cette part de lui qui ne cesserait jamais d'aimer leur fille. Sa disparition avait été trop brutale, trop violente, trop inattendue pour que la nature de ses sentiments ne disparaisse, même des années plus tard. Non, comme pour la Roumanie, le souvenir de Mara Ionescu se teintait de sépia. Sa voix se faisait moins claire dans ses souvenirs, son visage moins précis. Parfois, il se réveillait en l'entendant parler, comme si son subconscient voulait qu'il n'oublie pas sa voix. Les fantômes du passé hantaient toujours les vivants. Et il ne fallait pas être devin pour comprendre qu'Andrea hantait toujours Neolina.
La voir dans cet état lui fit mal au coeur, il le lui tordit dans tous les sens et s'il espérait que sa main suffise à apaiser son amie, Razvan savait pourtant que c'étaient des choses qui ne s'apaisaient que par les pleurs. Ils vinrent, finalement, douloureusement alors qu'elle se cachait le visage. La voir pleurer lui avait toujours fait du mal, et sa main perdue dans son dos s'arrêta pour la rapprocher finalement de lui et la prendre tendrement dans ses bras. Le roumain posa sa tête sur la sienne en la berçant doucement. Silencieux au possible, il ne sut pas combien de temps dura l'étreinte. Il ne savait pas quoi lui dire, il ne savait pas quoi lui dire pour la réconforter sur un sujet qu'il comprenait de loin. Et alors que ses yeux étaient clos, Razvan décida de travailler un peu sur lui même pour se mettre à la place de Neolina. Comment se sentirait-il s'il avait revu Mara après l'avoir quitté, après lui avoir brisé le cœur, comment se sentirait-il de la revoir après tant d'années ? De façon si forcée ? Le médicomage ne savait pas ce qu'elle lui avait dit. Sans doute avait-elle été honnête avec lui et c'était pour le mieux. Une étrange scène se jouait dans ses propres paupières alors que son corps était toujours collé à celui de la roumaine : « Tu as fait ce que tu avais à faire » répondit-il doucement, « et pour ça, il n'y a pas de regrets ou de remords à avoir, Neolina ». Razvan bougea un peu sa tête pour que sa joue mal rasée rencontre la tête blonde de sa meilleure amie. « C'est difficile ce que tu as vécu. ». Et il ne parlait pas que de décembre. Il faisait référence au reste, à sa stérilité, à son divorce, à son départ pour la Russie, le reste... Mais pouvait-il lui-même poser des mots dessus alors qu'il était dans certaines de ces scènes ? « Et tu mérites d'être heureuse ».
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| | | Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Ven 15 Jan 2021 - 22:59 | |
| Les pleurs faisaient du bien, autant qu’ils intensifient sa peine. Aussi sensible qu’elle soit, Neo ne pleurait pas si souvent que ça, réussissant à faire la part des choses la plupart du temps. Mais voilà, en ce moment, le temps lui en faisait voir, mêlant passé et présent avec douleur, empêchant l’avenir de se dérouler correctement. Quelle horrible sensation. Mais voilà, quand les vannes étaient ouvertes, Neo ne savait pas s’arrêter, et les larmes inondaient ses paumes de main alors que les sanglots affluaient, bien triste spectacle pour ce pauvre Razvan qui avait sûrement d’autres soucis en tête. Mais elle n’avait même pas la force d’y penser, alors qu’elle pleurait comme rarement devant sa bouilloire, laissant s’échapper ce qu’elle gardait en elle depuis des jours. Larmes salées qui feraient un bien mauvais thé.
Mais pourtant Razvan, oh Razvan, sut exactement quoi faire. Comme toujours, après tout. La serrant dans ses bras, il lui offrit l’exact réconfort dont elle avait besoin et comme une gosse qui se serait fait mal, elle se laissa aller à son chagrin dans ses bras, serrant son pull dans ses petites mains qui tremblaient de rage, de désespoir, elle ne savait pas. Razvan, l’homme de la situation, encore, alors qu’elle ne méritait pas ses bras après ce qu’elle lui avait fait. Mais pour l’instant, son esprit était trop tourné vers Andrea pour qu’elle songe à tout ça. Les mots lui parvinrent après un temps infini, alors que les larmes s’étaient un peu taries, et que Gabi grattait doucement sa jambe après avoir senti que quelque chose n’allait pas. Elle ignora le croup, posant sa tête contre le corps de son ami qui à sa manière, en silence, l’apaisait plus que n’importe qui. Quel pouvoir se cachait donc en lui pour parvenir à réussir un tel miracle ? Les mots étaient les bons, ceux qu’il fallait, ni plus, ni moins, renforçant ceux de sa soeur qui ne s’en éloignaient pas tellement. Ce qu’elle avait à faire, oui. Elle le savait, n’avait jamais pensé qu’elle avait pris une mauvaise décision, en réalité. C’était le mieux, pour eux deux. Mais voilà. Neo avait tristement réalisé que quitter Andrea ne lui avait pas permis d’accomplir ce qu’il désirait tant, ce qu’ils, même, désiraient tant : avoir un enfant. Des années plus tard, la case départ semblait inchangée ou presque, et c’était un déchirement. Et si elle était… Non. Surtout, ne pas penser à ça.
La dernière phrase de Razvan fut à la fois tendre et difficile à encaisser. Elle méritait d’être heureuse, oui. Et lui ? À cet instant, quelque chose la frappa de plein fouet et plus que jamais elle se demanda : pourquoi ? Pourquoi ne pas sauter le pas, et accepter enfin que cet homme qui était présent pour elle, là, maintenant, était probablement le bon ? Relevant la tête, elle frôla de si près ses lèvres que l’accident était proche. Ses yeux étaient troubles, mais pas autant que son coeur qui ne savait plus du tout où il en était. Natanaël. L’image de l’homme qui partageait sa vie s’imposa violemment, et la retint in extremis de commettre l’impensable. C’était trop. Trop d’hommes, trop de sentiments, un vrai trop plein. Comme la bouilloire qu’elle avait accidentellement rallumée en se tournant et qui déversait son eau brûlante sur le gaz. D’un geste, elle l’éteignit, éloignant légèrement son visage de Razvan parce que c’était la chose à faire. Mais ça lui sembla aussi la pire des décisions à cet instant. « Tu sais toujours quoi me dire… » répondit-elle finalement, d’une voix douce et basse, posant son front contre son torse, dont le pull était encore mouillé de ses larmes. Mais moi, je ne sais pas. Non, elle ne savait pas. Elle aurait eu envie de lui dire quelque chose, mais n’en avait pas le droit. « Mon plus grand regret sera peut-être toi… » chuchota-t’elle, incapable de savoir s’il l’avait entendue tant elle parlait bas. Gabi, d’un jappement, essayait d’attirer son attentionné, y parvint. Et pour fuir toute tentation, Neolina s’accroupit à son niveau pour prendre l’adorable bête dans ses bras, qui lui délivra le plus gentil des câlins, après peut-être celui de Razvan. |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Ven 15 Jan 2021 - 23:32 | |
| Ils avaient toujours su quoi se dire. C'était peut-être la particularité d'une relation si belle, si réelle et si profonde. Mais Neolina et Razvan avaient toujours trouvé les mots justes pour se parler, se réconforter. Ils avaient toujours eu les bons gestes pour effacer les larmes et apaiser les tourments. Peut-être parce qu'ils se connaissaient par cœur, peut-être parce qu'ils s'aimaient réellement et depuis si longtemps. Peut-être qu'il y avaient des choses qui ne s'expliquaient pas, des choses que la raison humaine ne pouvait dépasser et qui trouvaient leurs origines dans les émotions les plus brutes que l'un et l'autre pouvaient ressentir. C'était Neolina qui avait été présente à la mort de Mara. C'était elle qui l'avait enveloppée de sa douceur quand il était dévasté, c'était elle qui avait toujours été là pour lui, même simplement par courrier. Elle, et elle seule. Alors oui, il savait quoi lui dire, encore heureux. Elle n'avait aucun secret pour lui, parce qu'il savait déchiffrer son regard, déchiffrer ses sourires et ses mots. Elle se laissa aller à sa douce étreinte, lui aussi s'y abandonna un peu, au fond. Razvan allait mal, il allait terriblement mal. Et à ce moment-là, alors qu'il la tenait contre lui, il réalisait combien la force morale a besoin du réconfort physique. Sans s'en rendre compte, Neo lui apportait aussi cela, par sa présence, son souffle contre lui entrecoupé de sanglots qu'il ne pouvait empêcher. Et les minutes passaient, elles coulaient dans l'horloge, qu'est-ce qu'il pouvait faire ? Profiter de cette étreinte était la chose à faire, grapiller ce moment physique qu'il n'avait pas prévu. Mais elle avait besoin d'aide. Et comme toujours, il était disposé à l'aider. Parce qu'il voulait la voir sourire et non pleurer et parce qu'il voulait la savoir apaisée. Mais voilà, Neo releva la tête, rappelant à son bon souvenir leurs ébats de l'été précédent. Pour autant, le regard de Razvan ne quitta pas les yeux noisettes de Neolina, au contraire, il se perdit dedans avant qu'elle ne coupe le contact. Il aurait pu la regarder pendant longtemps. Contempler les ruines de sa propre bêtise et de ses propres regrets. Et ses regrets grandirent encore alors qu'elle se permettait une phrase qui lui provoqua une violente pointe au coeur.
Les actes manqués de la vie avaient toujours toqué à leur porte. Leur relation n'était-elle pas une succession de manquements, des moments volés puis oubliés de force pour continuer à avancer, l'un séparé de l'autre ? Et si Neo était restée en Roumanie au lieu de partir pour la Russie ? Et si... Ah, avec des si on referait le monde, n'est-ce pas ? Razvan la regarda, interdit, prendre son croup dans les bras et cela mit fin de force à leur incartade physique. Il recula légèrement pour se tenir à bonne distance de l'animal. En quelques secondes à peine, il semblait qu'il avait pris dix ans de plus. Que répondre à cela ? Que diable répondre à cela ? « Tu n'aimes pas les regrets, non ? » lui dit-il comme pour la rappeler à ses propres paroles, avant d'afficher un sourire doux, résigné. Non, Neo n'aimait pas les regrets. Pas comme lui.
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| | | Neolina Siankov COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 504 | AVATARS / CRÉDITS : Michelle Williams @mittwoch | SANG : Mêlé
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Sam 16 Jan 2021 - 0:21 | |
| Ca lui avait échappé, vraiment. Chassez le naturel, et il revient au galop, pas vrai ? Le naturel de Neo, c’était la spontanéité, les mots qui n’attendaient pas qu’on y réfléchisse pour s’exprimer. Elle était comme ça depuis toujours, charmante à sa façon, parfois insupportable. Et pourtant, désormais avec Razvan, il fallait réfléchir à tout, tout le temps, ne pas franchir une limite qu’ils s’étaient eux-même imposés alors que rien ne les y forçait. Appelez ça du déni, de la stupidité, de la peur, peu importait. Toujours était-il que le naturel semblait avoir disparu, car il fallait toujours rattraper, corriger, repenser… Son lapsus n’en était devenu un que parce qu’il y avait des sous-entendus qu’ils ne pouvaient se permettre. Un an plus tôt, elle n’aurait même pas, non même pas réagi à ça ! Et Si Neo ne pouvait être spontanée avec Razvan, alors quoi ? Sans doute était-ce pour ça que ses lèvres, plutôt que de faire ce dont elles avaient vraiment envie, avaient laissé échapper cette phrase qu’à nouveau, elle regrettait, bien qu’elle la pensait du fond du coeur.
Gabi semblait s’être calmé aussi vite que Neo, qui avait vu sa bonne humeur s’effaçer au profit d’un spleen larmoyant. L’animal posait sa tête contre elle, comme l’aurait fait le mini-humain qu’elle ne pouvait avoir. Attendrie, Neo glissa sa main au sein de sa fourrure, oubliant un instant Razvan qu’elle délaissait, car comment faire autrement ? Rester près de lui, c’était l’assurance de commettre quelque chose dont elle avait envie mais encore une fois : rien n’avait changé, rien non. Les mêmes obstacles étaient toujours présents et au final, seule leur envie mutuelle de ne rien rompre entre eux les poussaient à se revoir, mais n’était-ce pas là juste une torture supplémentaire ? Lasse, Neo reporta son affection sur son croup qu’elle embrassa avec tendresse sur le haut du crâne, et le coup de langue qu’elle reçut en retour sur la joue nettoya ses larmes, sembla-t’il.
Alors que Razvan savait si bien faire semblant d’ordinaire, voilà qu’il se fendit de la remarque de trop, peut-être. Il avait donc entendu. Lasse de toute cette situation, Neo soupira. Ne pas pleurer encore, non. Car les bras de Razvan cette fois ne pourraient rien y faire. Elle n’aimait pas les regrets, non. Ils en avaient déjà parlé, encore et encore, elle avait dit d’ailleurs qu’elle ne regretterait jamais un instant passé avec lui et pourtant… Par Merlin, combien d’actes manqués depuis cet été ? C’en était trop. Trop pour son coeur au bord de l’implosion. Qu’est-ce qu’il essayait de lui dire par là ? Il y avait de quoi se torturer des heures, retourner la phrase dans tous les sens et à n’en pas douter, elle le ferait. Elle n’aimait pas les regrets, non. Et elle n’aimait pas non plus ce qu’ils étaient devenus. Se relevant doucement, elle fit un pas vers Razvan et le prit dans ses bras, encore, ses mains agrippées autour de son cou alors qu’elle l’étreignait d’une façon qui n’avait rien à voir avec leur étreinte précédente. Savourant l’odeur réconfortante de son… - non, aucun nom ne convenait plus - de Razvan, elle déposa un baiser dans son cou bien malgré elle avant de s’arracher à lui sans lui laisser la moindre chance de la retenir. « Il y en a certains avec lesquels il faut savoir vivre pourtant. » finit-elle par dire en le regardant dans les yeux avant de se détourner pour s’occuper de sa fichue bouilloire. « Ce n’était pas une bonne idée. » L’inviter ici. Le revoir, même peut-être. Non, c’était une idée stupide, la faute à ce lien qu’elle essayait de sauver mais qui peut-être, ne pouvait plus l’être. « Je t’écrirai bientôt, d’accord ? » Elle n’avait pas la force de lui demander de partir, ni de le regarder dans les yeux. Mais il fallait qu’il parte, maintenant. Sinon, Merlin seul savait ce que son coeur cassé serait capable de lui dicter. |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Est-ce le thé qui réchauffe ainsi nos coeurs ? w/Razvan Sam 16 Jan 2021 - 9:17 | |
| Leur amitié avait su faire face à bien des tempêtes, des tempêtes que souvent, ils n'avaient même pas provoqués. Mais là, c'était différent. Ils avaient fait une erreur ensemble, ils n'arrivaient plus à la surpasser. La phrase de Neolina n'appelait pas de réponse mais Razvan lui avait répondu, parce que Razvan était un con et que dans les situations précises où il ne doit pas merder, il merde. Sa phrase ne voulait pas dire en sous-texte ce que les mots signifiaient. Il voulait dire que puisqu'elle ne s'embarrassait jamais de regrets, il ne fallait pas en avoir. Le léger sourire qu'il lui affichait en prime soulignait encore ce qu'il ne voulait pas qu'elle considère comme une agression. Mais voilà, elle était fatiguée, triste, émue aussi. Les larmes séchaient à peine ses joues qu'il lui disait ça. Imbécile. Sa première attitude n'eut rien à voir avec la suivante et à peine eut-il le temps de laisser son nez respirer l'odeur de ses cheveux qu'elle se décollait de lui pour le mettre à mort. La vague de soulagement qu'il avait ressenti en sentant brièvement ses lèvres dans son cou s'évapora avec violence et un poids tomba dans son estomac, brusquement. Interdit, il la regardait qui l'ignorait maintenant, ne répondait pas à son regard, agissait froidement avec lui. Comme si... Comme si quoi ? Il n'était donc plus rien pour elle ? Le regret qu'elle lui asséna encore avec violence le détruisit un peu plus. Razvan aurait pu s'énerver, il aurait pu jurer. Mais non, c'était le calme plat, le calme vexé. Si Neolina ne voulait plus le voir qu'elle le lui dise, au lieu de le faire venir chez elle pour le congédier au bout de quoi, vingt minutes ? Si Neolina ne voulait plus le voir, qu'elle ne l'attende plus sur le parvis de Sainte-Mangouste, qu'elle le laisse dériver sans l'aide qu'il n'avait pas demandé. Le médicomage avait mal, encore plus que d'habitude. Mais voilà, comme souvent, il ne lui en voulait pas, portait seul le blâme de sa propre incompréhension. Il resta quelques secondes à la regarder, comme avec l'espoir qu'elle change d'avis, mais rien ne vînt. Qu'elle l'ignore était peut-être pire que ses mots. Le roumain finit par se diriger vers la sortie de la cuisine, prit son manteau, enroula son écharpe autour de son cou et ouvrit la porte avant de s'arrêter sur le pas de celle-ci : « Ma porte te sera toujours ouverte ». Sans lui souhaiter une bonne fin de journée, sans rien lui dire d'autre, il sortit de l'appartement, descendit les marches pour déboucher dans la rue en sortant un paquet de cigarettes. Il en fuma une, puis une deuxième. Marcha plus loin que son propre immeuble, le dépassa de près de cent cinquante mètres avant de réaliser qu'il avait raté l'entrée. Razvan ne fit pas demi-tour, non, il se dirigea vers les docks de Londres, allez savoir pourquoi. Il avait besoin de sentir l'odeur de l'eau pour ne pas avoir l'impression qu'il était enfermé dans son propre esprit. Ce soir-là, comme le soir suivant, le roumain alla à la boxe. Fatigué, sous-nourrit, il se prit de grosses dérouillées qui le firent toutes les deux cracher une grosse rasade de sang sur le sol de la cave désaffectée. Son propre reflet que lui renvoya le miroir cassé des vestiaires ferait probablement peur à un fantôme mais il se sentait mal, de ce mal-être coupable qu'il ne pouvait s'empêcher d'avoir. 1979 était aussi merdique que 1978.
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