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Sang-pur et pur-sangs w/Corban

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Hermes Nott

Hermes Nott


MANGEMORT
L'homme n'est libre que de choisir sa servitude.

MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude.
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MessageSujet: Sang-pur et pur-sangs w/Corban Sang-pur et pur-sangs w/Corban 129196351Dim 7 Mar 2021 - 20:11

Le vent venait cingler ses joues, sensation de liberté absolue.

Sous lui, entre ses cuisses rendues musclées par des années d’équitation, il sentait toute la puissance de l’animal qui semblait pourtant voler avec une incroyable aisance. Mais les plus gros efforts étaient souvent les plus invisibles aux yeux des hommes, n’est-ce pas ? Hermes en était l’incarnation la plus parfaite, luttant contre sa nature profonde pour se faire accepter des autres, et pouvoir obtenir d’eux tout ce qu’il désirait. Et si la persuasion ne suffisait pas, alors il employait la force, mais pas avant. C’était qu’il y avait une forme de satisfaction à manipuler les autres, lire dans leur regard une tendresse qu’il ne ressentait lui-même à l’égard de personne. C’était grâce à leurs émotions, leurs expressions, qu’il avait pu lui même feindre les siennes en miroir. Leurs faiblesses, depuis toujours, faisaient sa force et ce rapport de pouvoir le grisait follement. Il fallait bien ça pour accepter de ne pouvoir être soi-même, car mentir aux autres impliquait de jouer en permanence un rôle dans lequel il était aujourd’hui coincé, et le costume commençait à devenir de plus en plus petit sur ses épaules ambitieuses et empreintes de cette envie d’en faire craquer les coutures. Mais il fallait tenir bon. Déclamer quelques gentillesses tout en pensant l’inverse, mimer l’affection sans même réellement savoir à quel point cela pouvait réchauffer un coeur. Car au royaume des mensonges, Hermes Nott régnait en maître.

Son corps suivait parfaitement les mouvements de l’animal, ne faisant qu’un avec lui. Ses yeux pourtant étaient clos, tandis qu’il s’enivrait de la sensation si plaisante du vol, l’adrénaline courant dans ses veines alors qu’il ressentait au fond de lui la possibilité de mourir sur une simple erreur de sa part. Mais Hermes ne faisait pas d’erreur, jamais. Savoir monter un cheval ailé comme le superbe Gronian qui lui servait de monture requérait une absolue confiance en soi et en ses propres capacités, et un désir certain tout de même de frôler la mort en atteignant les hauteurs. Ce n’était pas pire que sur un balai, diraient certains idiots incapables de comprendre la différence entre un bout de bois inanimé et une bête racée qui possédait son propre caractère. Les Gronian, en particulier, étaient le reflet même de la fierté animale, presque autant qu’un hippogriffe, et leur rapidité en faisait des animaux réputés indomptables ou presque. Fallait-il être fou pour monter une bête pareille sans selle, sans protection aucune, sans baguette en main pour tenter une ultime bravade en cas de chute. Mais voilà, la peur se cachait dans d’infimes détails, et Hermes l’avait appris à bien des égards. Il n’avait su affronter son vertige que le jour où il avait pris tous les risques. Savoir que la mort l’attendait à chaque tournant le rendait plus attentif, et meilleur cavalier que bien des âmes inconscientes à laquelle il vendait parfois ses bêtes. Combien s’étaient brisés le cou par excès de confiance, ou par manque de celle-ci justement ?

Ouvrant les yeux enfin, Hermes réalisa que l’animal qui n’avait pas encore de nom l’avait ramené au-dessus de ses terres. Il apercevait le manoir au toit d’ardoise, les plaines verdoyantes à perte de vue dans lesquelles ses bêtes se repaissaient paisiblement, sans même fuir alors qu’elles avaient des ailes. C’était qu’il avait son petit secret pour réussir pareil miracle, et voilà qui laissaient bouche bée bon nombre de ses invités. Il était d’ailleurs temps de rejoindre le sol, à regret, pour accueillir celui qu’il avait du quitter à la hâte la veille, dans son simulacre de panique. Il ne lui avait donné aucune heure, car Hermes vivait sans horaire ou presque, incarnation parfaite de l’aristocrate qui ne s’embarrassait pas des futilités qui rythmaient la vie du commun des autres mortels. Peut-être aurait-il du l’attendre tranquillement, c’était d’ailleurs ce que la politesse et l’étiquette imposaient mais voilà, rien ni personne n’imposait quoi que ce soit à l’héritier des Nott. Incapable de rester en place, il avait ressenti le besoin de monter, et l’avait assouvi. Ce qu’il désirait, Hermes le prenait, c’était ainsi. Et Corban ne ferait pas exception à la règle, quoique le désir du fils Yaxley était bien différent du sien, bien plus primaire et animal. Répugnant.

Le sang-pur et sa monture atterrirent donc avec grâce et agilité dans la cour de l’écurie où attendait effectivement le jeune homme aux cheveux ridiculement teints - Hermes ne s’y ferait jamais. L’animal nerveux trépignait sur place alors que son cavalier rejoignait le sol en se laissant glisser contre le flanc grisâtre recouvert d’une fine pellicule de sueur. Son sourire accueillit Corban alors que sa main ne se détachait pas de l’encolure de l’animal, qu’il flatta avec douceur, l'autre décoiffant ses propres cheveux que l'effort avait légèrement imprégnés de sueur. « Tranquillo, precioso… » Il avait pris l’habitude de parler à ses bêtes dans cette langue du sud qu’il ne réservait qu’à eux seuls, la sienne roulant dans sa bouche pour produire un accent absolument parfait. « Corban… Une fois encore, je t’ai fait attendre. Pardonne-moi mais vois-tu, cette merveille avait besoin de se dégourdir les ailes. » C’était aussi et surtout lui qui avait eu besoin de son shoot de liberté avant de jouer la comédie le restant de l’après-midi. Un de ces lads accourut, déposant une cape vert émeraude sur ses épaules, prêt à harnacher l’animal pour le ramener à son enclos et laisser son maître libre de parler à son invité. « Laisse-nous… » dit-il d’une voix rude à son employé en lui arrachant le licol des mains et en le fusillant du regard. L’étalon était encore trop jeune et sauvage, et Hermes ne s’était pas encore résolu à le priver de sa liberté en lui imposant leslanières de cuir. « N’est-il pas magnifique ? » Son regard se posa sur Corban avant de retrouver la superbe bête, incarnation de la perfection équine de par une attention toute particulière apportée au patrimoine génétique de sa lignée. « Je doute sincèrement parvenir à m’en séparer. Sans doute suis-je trop sentimental ? » Sa voix s’envola dans un rire doux. Rien n’était plus faux que cette phrase, sauf quand il s’agissait de ses chevaux. Lentement, sa main toujours posée sur le cou de l’animal, il prit la direction des écuries et encouragea Corban à le suivre d’un signe de la tête, tandis que l’animal faisait de même, docile uniquement avec celui qui l’avait mis au monde. Le son de ses bottes de cuir sur les pavés résonna dans la cour tandis qu’alentours, les bêtes réagissaient à la présence de leur maître. « Comment te portes-tu après cette soirée mouvementée, mon ami ? » Il appuya si fort sur le mot que cela lui écorcha presque la langue. Hermes n’avait qu’une amie, et jamais de sa vie elle n’aurait atteint à sa beauté naturelle en travestissant la couleur de ses cheveux de la sorte. Non vraiment, décidément, il ne s’y faisait pas.
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MessageSujet: Re: Sang-pur et pur-sangs w/Corban Sang-pur et pur-sangs w/Corban 129196351Mar 13 Avr 2021 - 21:35

Corban Yaxley a reçu cette invitation inespérée.
Lâchée du bout des labiales d’Hermes Nott, lors d’une soirée aux teintes aussi pourpres que les tableaux de celui qui s’est prétendu Artiste. Ronan Malone, dont l’ego n’a d’égal que son talent, du moins c’est lui-même qui le dit, a au moins eu le mérite de faire parler de lui. Cette soirée, n’a pas été un total fiasco finalement. Bien au contraire. Car les propos échangés avec l’ancien Poursuiveur de Serpentard a été une aubaine pour le jeune frère d’Addison Yaxley. Ayant part ailleurs sacrifié Lyra Yaxley sciemment pour converser avec ce jeune homme qui mérite toute son attention. L’ancêtre, dont le venin s’associe et se putréfie avec l’âge, a tout mis en œuvre pour empêcher son petit-fils d’avoir pareille accointance. Or, pour une fois, le descendant des Yaxley n’en a eu cure.

Hermes Nott possède cette aura si particulière, qu’il parait si inconcevable de ne pas en être attiré. Le jeune homme brun aux talents d’orateur et aux manières policées dûes à son rang, émeut le Violoniste plus que de raison. Ce dernier voit en le descendant des Nott, la grandeur et la décadence. Car grandeur, il y a et décadence il y aura. Parce qu’après tout, l’un ne va pas sans l’autre. N’est-il pas ? Occupé à choisir une tenue qui va s’allier parfaitement avec sa fantaisie capillaire, Corban Yaxley prend appui sur les idées de Twinkle. L’Elfe de Maison possédant toujours des avis éclairés, malgré son statut d’esclave et de servitude. En revanche, le Sang-Pur le traite en égal. Considérant que celui qu’il appelle son « compagnon » est une source intarissable de sagesses. Et de manières appréciables. Puis, Addison Yaxley le supporte du haut de son statut d’Héritier de la noble famille des Yaxley. A quoi bon s’en plaindre ?

Ainsi vêtu de sa cape d’émeraude réhaussée de minces filins d’argent brodé, l’ancien Serpentard donne ses dernières directives à son employé de maisonnée, non sans lui offrir un sourire poli, rempli de ces manières étriquées qu’on inculque à ces mêmes êtres partageant ce même sang. Même sang, que le jeune homme blond platine va côtoyer dans peu de temps. Ravi de partager un peu de ce qui semble être Hermes Nott. L’Éleveur de chevaux ailés, l’a gracieusement fait venir dans son antre, afin de partager des bribes de paroles et des conciliabules. Le Sang-Pur sait recevoir, malgré l’attente dont souffre Corban Yaxley. Mais ce dernier ne s’en formalise pas. Attendant poliment, que le maître de maison daigne lui faire honneur de sa présence en sa demeure.

Les mains croisées dans son dos, le jeune frère d’Addison Yaxley observe. Son regard couleur olive balaye les écuries, s’imprégnant de la disposition de ce lieu, où les chevaux ailés sont traités comme des joyaux par celui qui les élève, à raison. Les animaux restants sont d’une beauté irréelle, leur robe luit et brille. Signe qu’ils sont merveilleusement bien traités. Que tout ce soin apporté par l’ancien Poursuiveur des Serpentard porte ses fruits. A l’occasion, il se peut que Corban Yaxley se laisse émouvoir par les sirènes d’une potentielle acquisition. Dans sa demeure, il y a assez de place pour accueillir un tel étalon ailé. Étalon ailé qui laisse entrevoir un cavalier fort engageant. Hermes Nott.

Il est enfin là.
Les iris olive se rivent au sourire, et les lèvres fines du Sang-Pur y répondent, le plus simplement du monde. Offrant même à son interlocuteur, une révérence. Car le jeune homme, sait parler l’idiome chantant avec un professionnalisme avéré. Ce qui fait écho sans surprise, dans l’âme et le cœur de celui qui est un esthète.

- Mon cher Hermes, tranquillise toi. J’ai pu profiter de la vision que m’offrait tes écuries et tes magnifiques équidés pourvus d’ailes. Un léger sourire, tout en regardant le splendide destrier dont Hermes Nott flatte l’encolure. Je comprends cette splendeur et cette envie d’évasion que tu dois avoir en volant sur son dos.

Le regard olive de Corban Yaxley détaille la bête, qualifiée de magnifique par son éleveur et sa tête blonde ne peut qu’approuver. Hésitant à venir toucher le cheval à la lignée sensiblement parfaite. Cependant, les doigts fins du musicien s’approchent doucement. Effleurant l’encolure avec précaution et curiosité. Un petit sourire naissant sur les lèvres, satisfait de cet échange pourtant fugace mais tellement orné de puissance.

- Toutes ces créatures sont magnifiques. Des merveilles à contempler. Et je ne crois pas que tu soies sentimental mon ami. Tu l’aimes. N’est-ce pas ? Le questionne sciemment le jeune homme blond tout en suivant son hôte de la journée. Et fronçant imperceptiblement les sourcils suite à son interrogation. Je me porte comme un charme, en étant heureux que n’ayons pas subi quelques dommages. Comme ces malheureux traitres. Bien que cette mission n’ait pas été à la hauteur de ce que je pouvais espérer. A persifflé le jeune frère d’Addison Yaxley.

Une petite pause.

- M’en tiens-tu rigueur, si je ne t’ai rien apporté en ce jour ? Mais, je compte me rattraper en t’invitant dans un établissement prestigieux. Quand bon te semblera. Un silence, rempli de courtoisie. Et toi cher Hermes, comment vas-tu ? Raconte-moi tout. Un ton doux, ainsi qu’un sourire. Le regard vert olive scrutant ce jeune homme à l’aura indéfinissable.
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MessageSujet: Re: Sang-pur et pur-sangs w/Corban Sang-pur et pur-sangs w/Corban 129196351Mer 14 Avr 2021 - 2:06

La fierté, sentiment tout puissant qui venait gonfler l’ego qui pourtant n’en avait nul besoin.

S’il y avait une chose dont il était certain, c’était que les rapports de domination faisaient tourner ce monde. Nombreuses étaient les âmes innocentes clamant que l’égalité était le maître mot, et jamais paroles n’auraient pu lui sembler plus ridicules. L’égalité était une chimère à laquelle l’humanité désespérée s’accrochait pour justifier sa médiocrité. Soumettre pour régner, telle était la dure loi à laquelle tous les Hommes se devaient d’obéir, qu’ils en soient conscients ou non. Et justement, la naïveté des idéalistes ne les rendaient que plus vulnérables face à ceux qui savaient jouer avec les rouages de ce monde. Car après tout, la femme n’était pas l’égale de l’homme, pas plus que les sangs impurs ne pouvaient prétendre au même rang que les puissants de ce monde. Et Corban Yaxley, malgré son illustre ascendance, n’était en rien l’égal d’Hermes. Sa ridicule courbette arracha un sourire faussement gêné au maître des lieux. Que de cinéma, de comédie absurde. Car il n’avait aucunement besoin de ça pour savoir que son emprise sur le jeune héritier de l’empire Yaxley était déjà forte. Il suffisait de lire dans son regard l’étincelle d’admiration dont Hermes aimait tant se repaître. Tout ça était presque trop facile, mais soit.

Bien qu’il apprécie considérablement les compliments qui lui étaient directement destinés, Hermes n’aimait rien de moins qu’on salue son admirable travail en matière d’élevage. Ses bêtes étaient une extension de sa fierté et les rares imbéciles à avoir osé blasphémer à ce sujet n’étaient aujourd’hui plus là pour en parler. Splendeur oui, le mot était parfaitement choisi. Une merveille de la nature qu’Hermes manipulait avec respect, choisissant avec soin ses reproducteurs pour assurer une descendance plus racée encore que la précédente. Si seulement un tel contrôle était possible avec les sorciers misérables qui allaient se rouler dans la fange avec - ciel - des moldus, l’avenir du monde sorcier ne s'en porterait que mieux. « Il n’y a pas de sensation plus grisante au monde, je peux te l’assurer. » Corban disait comprendre ce qu’on ressentait tout là-haut, mais ne savait pas non. Pensant sans doute que les petits plaisirs terrestres et lubriques auquel il rêvait étaient sans doute le paroxysme de ce qu’il pourrait ressentir un jour. Le sexe aussi hélas faisait tourner ce monde, et c’était là une bien triste chose. Les jeux de séduction le fatiguaient, du moins, ceux qui n’étaient pas chastes. Sentir l’attente de quelqu’un à son égard, sentir les regards qui le déshabillaient, surprendre une expression incontrôlée de désir envers lui le répugnait tant et si fort que c’en était presque physique. « Il faudra que je t’initie. » Entrer dans la danse faisait partie du jeu, et Hermes démarra la partie par un double-sens absolument maîtrisé sous couvert d’une innocente conversation. Les doigts du jeune aristocrate n’étaient pas bien loin des siens, sur la robe du cheval fébrile qui tressaillit à ce nouveau contact. Mais sa main ne bougea pas, n’esquissant pas le moindre geste envers lui. Pas encore.

Détournant volontairement le sujet, voilà qu’il ramenait la conversation vers sa splendide bête, qui marchait d’un pas fier à ses côtés alors que son autre compagnon lui parlait d’amour. Voilà un mot bien galvaudé, utilisé à tort et à travers pour parler aussi bien d’un scone parfaitement dressé que d’une femme ou d’une valeur. L’amour, c’était une chose qu’Hermes ne connaissait que peu. Mais pour une fois, Corban visa juste. « J’aime chacun de mes poulains dès l’instant où leur minuscule hennissement vient percer le silence après leur naissance. » Son ton, rêveur, trahissait le fait que son esprit s’égarait dans quelques souvenirs. Le froissement de leurs ailes quand elles se dépliaient pour la toute première fois. Leur démarche gauche lors de leurs premiers pas. Le regard qu’il posait sur ces frêles créatures était sans nul doute le plus sincère qui soit, lui habitué pourtant à feindre l’affection. « Sentimental, te dis-je. » Se reconnectant au présent, il eut un rire, comme gêné d’avoir été pris en flagrant délit. « Ne le répète à personne. » Le ton était bas, comme une confidence. Exactement comme la veille, ce secret qu’il ne lui avait même pas encore dévoilé d’ailleurs. Mais tout venait à point à qui savait attendre, et Corban ne saurait pas retenir sa curiosité bien longtemps, il n’en doutait pas. Semer ainsi quelques phrases désinvoltes et mystérieuses, pour garantir qu’il habitait encore l’esprit de l’autre même en son absence, c’était là une stratégie qu’il affectionnait tout particulièrement.

L’ami qui n’en était pas un répondit poliment à sa question pourtant sans grand intérêt. Hermes écouta en silence, fixant son regard sur lui pour lui accorder l’attention nécessaire. « Tu m’en vois ravi. Mais je dois bien admettre que je partage ta déception. Tant d’efforts pour si peu de résultat… enfin, à quoi pouvions-nous nous attendre ? » Sa langue claqua dans sa bouche, faisant frémir la bête à ses côtés. « Ces imbéciles ne méritent pas l’insigne honneur d’avoir été marqué. » Sous la manche de son pull d’excellente facture se devinait la langue du serpent qui ornerait à jamais sa peau. Qu’il était bon de ne pas avoir à la cacher. Car c’était, oui, un honneur de la porter, et viendrait le jour où il pourrait enfin l’exhiber à la vue de tous. Qu’il lui tardait de voir tous ces impurs se soumettre en sa présence.

Alors qu’ils arrivaient près d’une prairie où paissaient d’autres superbes chevaux ailés, l’un de ses employés ouvrit la barrière pour permettre à l’étalon de rejoindre les siens avant de s'éclipser, sachant son maître peu enclin à ce qu’on écoute ses conversations. Avec une décontraction absolue, Hermes s’appuya sur la barrière comme si c’était là la posture la plus naturelle qui soit. Corban lui faisait déjà le plaisir d’une invitation après cinq minutes de conversation. Décidément, c’était d’une facilité désarmante. « Enfin, tu plaisantes ? Tu es mon invité, Corban, et j’ai expressément demandé à Du Bellay de nous préparer le plus indécent des tea time. » Il eut un sourire si doux qu’il semblait réellement sincère, comme attendri par la vision du jeune héritier si déférent à son égard. « Mais j’accepte ton invitation. Ta conversation m’a trop manqué lors de mon exil pour que je refuse pareille faveur. » Était-ce trop ? Jamais quand il s’agissait de flatter un sang-pur. « Tout comme notre chère Londres. J’ai entendu parler de nouveaux lieux dans des bouches bavardes, il faudra que tu me fasses découvrir tout ça. » Disant ça, il s’était redressé, posant dans son mouvement sa main sur l’épaule de l’héritier Yaxley, lui accordant ainsi un premier contact qu’il semblait quémander silencieusement, avant de s’éloigner aussitôt, en route vers le Manoir. « Oh, tu sais, rien de très extravagant, j’en ai peur. Ce que l’hiver m’ennuie… » Le geste théâtral qui accompagna sa constatation frôla la cape de son invité. « Disons que je fais le point sur les affaires que j’ai délaissées en même temps que vous tous. J’en suis si navré… » Balivernes. Son voyage en terres latines l’avait au contraire ressourcé, comme le trahissait son teint halé absolument rayonnant. « Mais je compte bien organiser très vite une superbe fête. C’est que l’endroit ici est trop grand pour moi seul et il me tarde de retrouver la ferveur des mondanités. » Mondanités qui seraient d’un bien meilleur goût que celles si décevantes, en tout point, de la veille. « Mais je peux t’assurer que le champibulle sera bien meilleur que cet immonde venin qu’on nous a servi hier. » Venin qui n’avait même pas tué, qui plus est. « Et la musique bien moins vulgaire. Oh, d’ailleurs ! » Il frappa le dos de sa main contre la paume de l’autre, comme saisi par une illumination soudaine. « Je ferai venir ce merveilleux orchestre que j’ai découvert lors d’une folle nuit à La Havane ! Ce sera l’occasion de choquer ta vieille tante, si je daigne l’inviter, en lui faisant démonstration de mes pas de salsa. » La musique était une corde sensible chez le jeune homme, et Hermes le savait très bien. Et si la danse était un talent mondain qu’il pratiquait plus par plaisir que par obligation, ses incroyables aptitudes allaient sans doute éveiller l’imagination du jeune sang-pur qui l’avait déjà vu exercer son art. Il le savait, il avait senti son regard posé sur son corps dont émanait une grâce qui, semblait-il, lui était conférée par le Dieu dont il portait le nom.
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