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| Il parait que c'est joli, la Roumanie w/Razvan | |
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Auteur | Message |
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Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Il parait que c'est joli, la Roumanie w/Razvan Jeu 6 Mai 2021 - 23:21 | |
| Il se demandait chaque jours que Merlin faisait ce qu'il avait fait pour mériter tout ceci.
Et que dire, que dire de cette petite fille allongée devant lui, les mains tremblotantes davantage de douleur sans doute que du froid de Roumanie. Et lui avait beau sentir l'air glacial pénétrer sa peau et lui faire claquer des dents, pourtant, toute son attention était portée vers cette enfant qui ne méritait pas de subir le courroux d'un homme qui n'essayait que de le faire souffrir lui. Sans dire qu'il oubliait le sortilège de la mort qu'il avait jeté sur ce vieil homme, Razvan ne pouvait s'empêcher de se dire que pour lui offrir une chance de voir à nouveau, il en tuerait d'autres, des gens. On ne touchait pas aux gosses et il savait très bien pour y avoir grandi que les contrées de son pays n'étaient pas tendres avec les personnes jugées particulières, ou anormales. Et il fut surpris qu'Hermes ne déboule pas encore, comme s'il voulait le laisser seul. Seul pour venir tout gâcher par derrière ? Ce serait trop miséricordieux pour lui de la tuer, en tout cas dans son prisme. C'est que le médicomage commençait à connaître l'animal et la seule pensée de son visage qui se tordrait d'un sourire ravi suffisait à lui donner un coup de froid d'autant plus violent.
Un léger bruit près de la fenêtre attira son attention mais pas assez pour lui faire lever la tête alors qu'il caressait délicatement les cheveux de la gosse pour la calmer, ce qui marchait plus ou moins. Il sentit qu'on lui balançait quelque chose de chaud sur les épaules, y jeta un coup d'oeil pour y voir une cape, qu'il retira pour couvrir la pauvre gamine avec. Il préférait encore mourir de froid que de la laisser se congeler toute seule. Au diable la cape, au diable sa propre santé. Avec tout ce qu'il infligeait, Razvan ne méritait certainement pas la clémence. La question du mangemort était terrible, terrible, pernicieuse, elle semblait taper les murs pour revenir à ses oreilles alors que le médicomage se figeait dans son geste. Son regard accrocha celui que la gamine n'avait plus, visage sanguinolent par sa seule faute. Hermes attendait pourtant une réponse, Razvan n'avait pas envie de la lui donner. Il avait envie de rentrer, de soigner cette gamine. Pour la remettre à qui une fois que ce serait fait ? Elle était vraisemblablement chez son grand-père et toute seule qui plus est. Sans doute n'avait-elle plus de parents. Orpheline comme lui ? Le roumain eut l'impression qu'elle aurait pu avoir une vie en miroir, si ce n'est qu'elle devenait victime et non pas bourreau. La culpabilité lui mangeait le cœur comme un ver au milieu d'une pomme gâtée. « Autant que tu le voudras ». La voix de Razvan était aussi glaciale que le froid qui s'agitait dehors. Autant qu'il le voudrait pour que cette petite fille ait une vie normale, quand bien même elle ne pourrait sans doute jamais oublier ce qui s'était passé ce jour-là. Peut-être même que les efforts seraient vains et qu'il ne pourrait rien pour ses yeux. Peut-être qu'il allait ravager d'autres existences parce qu'il était faible alors qu'il suffisait d'écraser le moucheron coupable de tout ceci. Son regard noir pourtant n'osa pas bouger du visage de l'enfant. Comme si par un regard, il pouvait lui rendre le sien.
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| | | Hermes Nott MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 147 | AVATARS / CRÉDITS : Vianney / Ava by jenesaispas / Icons by Renegade, Code by Drake | SANG : Pur, de toute évidence
| Sujet: Re: Il parait que c'est joli, la Roumanie w/Razvan Dim 9 Mai 2021 - 22:04 | |
| Enfin, la résilience.
Tuer était une chose. Briser un esprit en était une autre, et il en tirait toujours une telle satisfaction. Sentir la résistance inutile ployer, entendre la résignation jusque dans les intonations, et surtout, savourer sa toute-puissance. C’était que Razvan avait été moins docile qu’il n’aurait cru. Agaçante attitude s’il en était et pourtant, au fond, cela ne faisait qu’intensifier un peu plus le plaisir de le voir céder à son indécente requête. Enfin, le roumain avait réalisé que c’était bien Hermes qui détenait toutes les cartes. Son ticket retour dans un pays qui ne voulait pas de lui, pour commencer, mais aussi et surtout le droit de vie ou de mort pour cette enfant innocente. Galvanisé par les mots qu’il venait d’entendre, Hermes eut un sourire sans public, malsain à souhait, dévoilant même ses dents alors qu’il n’y avait pourtant personne à séduire en face. Par Salazar, que c’était bon. Que le spectacle était délicieux, Razvan seul en scène alors que dans un Deus Ex Machina inéluctable, Hermes tirait les ficelles derrière le rideau.
Le chien avait ployé sous les injonctions de son maître et pourtant, restait figé, la queue entre les pattes, dans une attitude protectrice ridicule envers cet enfant qui geignait de façon quasi insupportable pour toute personne qui avait un minimum de coeur. Hermes, lui, se nourrissait de ses plaintes comme si c’était la meilleure des nourritures pour son âme sombre. « Alors qu’attends-tu ? » Sa voix avait gagné en légèreté, presque joyeuse, quoique plutôt impertinente. Peut-être Razvan attendait-il un nombre précis, mais voilà qui aurait retiré un peu de suspense à l’instant dont il s’apprêtait à se délecter. « Le temps file, Razvan. Et je doute fort que ces quelques minutes perdues jouent en sa faveur. » Maintenant que le moyen de pression était tout trouvé, Hermes prenait évidemment un malin plaisir à remuer la baguette dans la plaie béante qui s’était ouverte dans le coeur du slave. Sans doute cela lui évoquait-il sa propre enfant, abandonnée quelque part, aveu de son échec à la protéger. Sans doute même réalisait-il qu’elle pourrait être la prochaine si jamais il n’obtempérait pas. Oh bien sûr, ça n’était pas prévu. Pas tout de suite. On ne tuait pas l’otage, jamais, quelle terrible erreur. Mais peut-être faudrait-il en arriver là si d’aventure, le roumain en venait à ne plus savoir vivre avec ses remords.
Se tournant dans un geste un peu théâtral, le sang-pur posa ses paumes de main dans la neige fraîche tachée de sang, la tête haute, face au village bien calme où la mort viendrait bientôt trouver refuge. Il sentait déjà sa présence, entre le vieil homme qui semblait dormir au milieu de la place et la petite botte qui dépassait de la fontaine. Comme une vieille amie qui serait venue lui rendre visite. « Je te laisse exercer ton art. » Son ton était encore plus ampoulé que d’habitude, si c’était possible. « Nous verrons bien quand le spectacle commencera à me lasser. » Nous verrons. Nous. Se lier à nouveau à Razvan, bien que ça le répugnait, et le roumain sans doute plus encore, était tout à fait à dessin. Histoire de lui rappeler qu’ils faisaient bel et bien partie de la même équipe, avec les mêmes objectifs, bien que leurs intentions divergent. Mais les bonnes intentions, après tout, n’étaient qu’une question de point de vue. Tout dépendait de quel côté de la barrière on se plaçait. Le temps, toutefois, filait et le spectacle prenait un peu de retard sur l’horaire que lui-même s'était imposé. Aussi sortit-il une montre à gousset de sa poche - cadeau de feu son père - sur laquelle il jeta un regard las, accompagné d’un long soupir. Peut-être était-ce trop. Peut-être, mais quelle importance ? Razvan lui n’était pas assez. Au moins cela faisait-il un juste milieu, à défaut d’un réel équilibre car jamais, jamais ces deux-là ne seraient sur un pied d'égalité. |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Il parait que c'est joli, la Roumanie w/Razvan Mer 19 Mai 2021 - 2:56 | |
| Razvan n'avait jamais prétendu être un homme fort. En le connaissant, on apprenait même que c'était souvent l'inverse, qu'il était souvent faible, résigné. Qu'il acceptait sans sourciller les malheurs qui lui arrivaient parce qu'après tout, qu'y pouvait-il ? Il méritait de se sentir mal et il méritait de ne pas avoir assez de hargne pour trouver une solution. La vérité, c'était que la vie, à seulement trente-cinq ans, l'avait rendu fatigué. Fatigué de faire face à des choses qu'il ne supportait plus. Fatigué de faire face à sa propre faiblesse, sa propre peine et son propre malheur. Et il était face à un terrible constat d'échec, et une terrible culpabilité en tenant cette petite fille dans ses bras. Il ne savait même pas s'il pourrait faire réellement quelque chose pour elle, ni ce qui adviendrait d'elle quand il la ramènerait ici. Et si l'homme qu'il avait tué était sa seule famille ? L'esprit préoccupé du médicomage moulinait à plein régime en réalisant tristement que cette histoire allait coûter cher à la petite fille qui ne s'en rendait pas encore pleinement compte. La voix fourbe d'Hermes lui fit rouvrir les yeux, lui qui ne s'était rendu compte de les avoir clos. Et la phrase était terrible, terrible dans tout ce qu'elle disait. Lui qui avait ruiné la journée et probablement la vie d'une petite fille, allait devoir en arracher d'autres pour essayer de rattraper les choses. Il aurait pourtant fallu d'un Diffindo incanté en direction de la gorge de l'autre mangemort pour qu'il s'effondre, égorgé comme un porc pour se vider dans la neige. Razvan aurait dû faire cela, il aurait dû car c'était la chose la plus censée qu'il aurait fait ce soir. Il se serait racheté une conscience car la sienne ne saurait pleurer la mort d'Hermes Nott. Il aurait dû et ne le fit pas, pourtant, en se relevant péniblement comme l'esclave soumis qu'il était devenu par ce jour de novembre où on l'avait marqué de ce tatouage noir.
Les pas du roumain laissaient leurs marques dans la neige alors qu'il sortait de la maison, toujours seulement habillé de son pull. Les doigts gelés, il ne les sentait plus alors que le vent balayait maintenant son visage pour lui glacer les os. L'art... Razvan n'appellerait pas ça comme cela. Distribuer la mort n'était pas un art. Il pourrait d'un sortilège faire sauter les maisons du quartier s'il le voulait. Mais il n'en fit rien, car il n'était pas théâtral. Il ne désirait pas ensevelir des innocents. Distribuer la mort était déjà terrible, autant que ce soit rapide et non pénible. Du bon sens... Entaché par le reste. Au dessus des toits, le médicomage murmura : « Periculum ». Une gerbe d'étincelles rouges, comme un feu d'artifice sortit de la baguette en bois de noyer noir du roumain pour exploser au dessus des toits. La détonation le fit même sursauter tant elle était violente et des gens ne tardèrent pas à sortir dans les rues. En Roumanie, on célébrait bien peu. Personne sans doute n'avait vu de feu d'artifices d'ailleurs. Trop perdus, trop peu intéressés par ce genre de choses. La curiosité, qui était un vilain défaut, allait les happer plus vite qu'ils ne se l'imagineraient. Et ainsi commença le triste ballet des incantations mortelles, les Avada se succédant comme une chorégraphie répétée. Un œil extérieur aurait pu croire que le spectacle se continuait au sol mais ce n'était pas le cas. Et Razvan comme une faucheuse, s'avançait de maisons en maisons, où les gens pointaient le bout de leur nez à divers moment, pour les faucher comme la Mort le faucherait un jour.
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| | | Hermes Nott MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 147 | AVATARS / CRÉDITS : Vianney / Ava by jenesaispas / Icons by Renegade, Code by Drake | SANG : Pur, de toute évidence
| Sujet: Re: Il parait que c'est joli, la Roumanie w/Razvan Mar 25 Mai 2021 - 20:52 | |
| Enfin, le spectacle pouvait commencer.
Il ne substituait désormais plus qu’une seule inconnue qui faisait un tant soit peu frémir sa curiosité mal placée, à savoir, le modus operandi que choisirait sa marionnette pour exercer sa funeste tâche. Il y avait tant de manières de donner la mort, au moins lui avait-il laissé la liberté de choisir la sienne. Et le résultat fut au moins un peu à la hauteur de ses attentes, si tant est qu’il en est eues car après tout, que pouvait-on bien attendre de pareil lâche ? Hermes aimait le grandiose, dans bien des aspects de sa vie d’ailleurs, et aurait sans doute été bien déçu d’assister à tout cela de trop loin si par malheur, Razvan avait décidé de décimer la population endormie bien au chaud dans son lit. Mais non, oh ça non. Le roumain semblait avoir compris que l’oeil sombre du mangemort attendait de se repaître de la mort, et attira les âmes en peine d’une gerbe rougeâtre qui les fit sortir de leur terrier aussi vite que si un croup y avait plongé la truffe. Les portes s’ouvraient de façon désorganisées, à la hâte, et les yeux d’Hermes brillaient d’une lueur écarlate alors même qu’il ne les avait pas levés au ciel. Les éclairs verdâtres fusèrent bien vite, contraste saisissant s’il en était sur cette neige si blanche et pure, se soustrayant ainsi aux dernières étincelles rouges alors qu’aucune tache de cette couleur ne vint souiller le parterre immaculé. Il y avait presque quelque chose de beau à admirer ainsi la mort faucher en silence ou presque ces êtres qui n’avaient pas bien le temps de paniquer, et peut-être était-ce là la seule ombre de ce magnifique tableau.
Alors que Razvan s’éloignait peu à peu de lui, Hermes hésita à le siffler comme le chien qu’il était. Mais voilà qui aurait été bien vulgaire. Aussi préféra-t-il tester les limites de sa propre résignation tandis que dans sa tête s’égrenait un macabre décompte. Douze. Treize. Une efficacité légendaire, ou presque, ne l’avait-il pas dit lui-même ? La curiosité moldue cessa bien vite de s’exprimer, cédant la place à - il était temps - l’instinct de survie. Au bout de la rue, le roumain achevait son oeuvre quand Hermes s’estima suffisamment repus pour détourner le regard et bondir avec agilité dans la maison, ses mains qu’il avait gantées durant son observation s’appuyant dans la neige rougie. « Là, là…. C’est terminé. » murmura-t-il d’une voix douce à la pauvre enfant qui se tordait encore de douleur au sol, le sort aidant à ce qu’elle comprenne ce qu’il disait. Réalisait-elle seulement que la voix qui lui parlait était la même que celle qui avait prononcé le mot responsable de ces maux ? Penchée près d’elle, il replaça une mèche de ses cheveux sanglants derrière son oreille, comme si c’était là une chose importante que de sauvegarder les apparences. L’enfant geignait comme un petit animal blessé, et dans un geste extrêmement délicat, Hermes la prit dans ses bras pour la porter loin de la scène du crime que lui-même avait commis, ôh délicieuse ironie. Au moins le cuir de ses gants l’empêchait de toucher cette impure, qui eut toutefois le malheur réflexe d’agripper son cou à demi-nu pour se blottir contre lui. Par Salazar… Le contact de ses doigts sur sa peau le répugna tant et si fort qu’il aurait pu la lâcher, mais sa résistance tint bon. Et ce fut donc cet attendrissant spectacle qui attendait Razvan à son retour devant la maison saccagée, Hermes grand seigneur qui tenait contre lui le visage ravagé de l’enfant qui avait indirectement causé la mort de la moitié de son propre village. « Dix-neuf. » Le nombre claqua dans l’air comme un fouet, alors qu’il affichait un air détaché de bien mauvais goût quand on connaissait l'objet de son calcul. « Du moins, quand j’ai arrêté de compter. Peut-être es-tu allé jusque vingt ? » Avait-il réellement besoin de le torturer plus ? Mais après tout, pourquoi se priver de pareil plaisir ? « Je t’aurais bien applaudi, mais tu m’excuseras, mes mains sont un peu prises. » Mains qui caressaient, du moins l’une d’elle, les cheveux transpirants de l’enfant qui sanglotait contre lui. Verlaine aurait fort à faire pour nettoyer ce répugnant mélange de larmes et de sang qui venait souiller sa cape. « Au moins l’auras-tu sauvée. » Mais à quel prix ? Ça, Hermes s’en moquait bien. Non, pire, se réjouissait de savoir que le roumain ne trouverait sans doute pas le sommeil cette nuit-là, et peut-être d’autres qui suivraient d’ailleurs. « Toutes mes félicitations, Razvan. » Son pas bien léger foulait déjà la neige pour rejoindre le portoloin à quelques dizaines de mètres de là qui les ramènerait au pays. Du moins, le pays de l’un d’entre eux. Le seul d’ailleurs qui méritait d’y poser le pied. Alors que ces deux clandestins se réjouissent… Rares étaient ceux qui avaient un jour eu la chance de profiter de son immense bonté. |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: Il parait que c'est joli, la Roumanie w/Razvan Mar 25 Mai 2021 - 21:32 | |
| Razvan ne torturait pas. Il tuait proprement. Maigre consolation à une vie chargée de jouer la faucheuse avec celle des autres. Une vie vouée à aider autant qu'à tuer, n'était-ce pas épouvantable ? Il n'avait fait que repousser ce qu'Hermes avait eu en tête depuis le début. Peut-être même qu'avec sa faiblesse de caractère, il avait alourdi les choses ? Empiré la situation ? Sans doute, sans doute, n'était-ce pas sa spécialité, après tout ? Razvan faisait toujours les mauvais choix et il le faisait encore ce soir. Sauver la vue et la vie d'une petite fille au détriment de dizaines d'autres. Même choix qu'il avait fait pour la sienne, le parallèle était tragique, insupportable. Honteux.
Bien sûr qu'il comptait lui-même les morts, sans faire attention au marionnettiste qui tirait les ficelles derrière lui. Il devait bien se délecter, là, à le voir se courber, obtempérer, tuer à la volée. Il devait bien prendre son pied. Le roumain avait envie de cracher par terre son dégoût mais il n'en fit rien, faucheuse impassible, en arrachant les vies à la volée. L'air était glacé, ses doigts enserrés autour de sa baguette, il les sentait à peine. Pourtant, ses tempes étaient humides, humides de honte. Une goutte de sueur dévala sa peau pour glisser sur sa joue comme s'il pleurait. Comme s'il pouvait le faire. Même là, à tuer tous ces gens, il ne pleurait pas. Quel genre de détraqué il était, au juste ? A quel point fallait-il être malade pour ne pas pleurer de tuer tous ces gens ? Et voilà, voilà qu'il avait encore honte, encore plus. Dix-huit, dix-neuf, vingt... Certains couraient déjà plus loin. « Razvan ? ». La voix le fit se figer et il se tourna vers une maison qu'il reconnu de suite. Il croisa des yeux bleus très clairs, très slaves, un visage qu'il avait connu et apprécié. Quelqu'un qu'il voyait tous les jours à l'époque, figure de son passé qu'il avait revu pas plus tard que la veille de sa fuite de son propre pays. Immobile comme si on l'avait stupéfixié, le roumain tourna finalement sa nuque raide vers l'endroit où était Hermes pour voir qu'il n'était plus là. Et il réagit en conséquences : « Oubliettes ». Razvan n'était pas oubliator, il n'était certainement pas un spécialiste de sortilège et il ferait sans doute plus de mal que de bien, mais qu'importe, qu'importe, il ne tuerait pas cette personne. De son regard, les choses semblèrent bouger, disparaître, sa vision de lui. Et brusquement : « Expulso ! ». La moldue se retrouva projetée en arrière, suffisamment fort pour ne pas se relever de suite. Et baguette baissée, plus aucun habitant sur le pas d'une porte. Rien, rien, nada, des cadavres. Et il revint, frigorifié, coupable, vers la maison de... Ses yeux se détachèrent de la neige qu'il fixait pour se poser sur le britannique qui portait la petite fille. Le coeur de Razvan manqua de lâcher dans sa poitrine alors qu'il croyait qu'il l'avait sournoisement tuée dans son dos. Mais des sanglots innocents lui parvinrent, il la vit faire un geste. Il voulu lui demander de la lui donner, mais il n'en fit rien, écouta simplement les mots claqués par le britannique contre ses oreilles. « Vingt-et-une » répondit Razvan. C'était un mensonge,mais qu'importe. Vingt ou vingt-et-un, c'était toujours trop. Sans rien ajouter de plus à ses paroles, le médicomage le suivit, baguette bien fermement tenue en main. Des fois qu'il ait la mauvaise idée de toucher à la petite fille. Mais non, il n'en fit rien. Ils disparurent tous les trois dans un vent congelé qui aurait tôt fait de glacer le pays par la barbarie de pareille tuerie.
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