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Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan

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Neolina Siankov

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MessageSujet: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Lun 26 Avr 2021 - 23:09

La nuit était tombée sur la ville de Londres, la nuit la plus noire qu’on ait vue depuis bien longtemps, d’ailleurs. Posée près de la fenêtre, Neolina observait l’artère plongée dans la pénombre, où quelques moldus pressaient le pas pour rentrer chez eux, comme si l’obscurité les rendait plus vulnérables que jamais. Pas de lumière des lampadaires, pas d’éclat blafard d’un téléviseur derrière un rideau, rien si ce n’était quelques flammes qui dansaient ça et là. C'était curieux de voir à quel point l’électricité était devenue comme la magie des sorciers pour eux. Ils en étaient si dépendants que son absence les rendait comme un sorcier sans baguette. Ce soir, Londres dormirait tôt car ils étaient privés de leur magie électrique et sans elle, ils étaient perdus au point de ne plus trop savoir quoi faire.

Neolina avait mis un peu de temps avant de s’en rendre compte, car appuyer sur un interrupteur n’était pas tellement son premier réflexe quand elle rentrait chez elle, ni chez Razvan. Et ce soir-là, après un jour de congés qui l’avait particulièrement requinquée, Neo avait décidé d’aller attendre son amoureux qui lui manquait - semaine et horaires compliqués, bientôt huit jours qu’ils ne s’étaient pas vus. Au son d’une émission de la RITM, elle avait passé une bonne partie de la soirée à cuisiner, ce qui n’arrivait quand même pas si souvent, ce qu’elle avait acheté sur un petit étal de Pré-Au-Lard où elle avait passé plus d’une heure. Oh, ça n’était pas qu’elle avait mis tant de temps que ça à choisir ses victuailles, plutôt qu’elle avait tenu la jambe à la commerçante - ou était-ce l’inverse ? Elle aimait Pré-Au-Lard pour ça, cette proximité avec les gens qui étaient moins pressés qu’à Londres, moins froids aussi. Comme Cecil, qu’elle prenait toujours plaisir à aller voir quand elle y passait. Aussi, une fois qu’elle eut terminé ses Sarmalé et sa polenta - plutôt réussis, enfin, ça y ressemblait - Neo avait dégainé ses récents achats de chez Scribenpenne et commencé à écrire à toute sa petite smala roumaine sur des parchemins aux couleurs de l’arc-en-ciel. Et c’était là, alors qu’elle avait le nez à deux centimètres et demi de sa feuille parce qu’elle n’y voyait plus rien, qu’elle réalisa que le Dieu électricité s’en était allé ce soir. Et aussi quand un voisin était venu sonner trente secondes pour lui demander de le dépanner en bougie. Mais c’était l’appartement de Razvan, et si Neo aurait pu illuminer toute une rue rien qu’avec son stock de bougies personnel, ici, c’était beaucoup moins le cas.

Deux transplanages plus tard, donc, Neo revint avec une cargaison de bougies pour tout l’immeuble, qu’elle déposa dans le hall de l’immeuble en invitant les gens à se servir via un petit mot sur un papier bleu cyan, avant d’aller installer le reste dans l’appartement de son roumain, qui ressemblait beaucoup plus au sien désormais, avec toutes ses bougies parfumées. C’était qu’elle avait tout de même pris le soin de choisir des odeurs qui évoquaient la nature - sapins, herbe fraîche et compagnie - pour éviter d’entendre un Humpf quand il passerait la porte, cela allait sans dire. Mais la porte restait toujours close, hélas - Neo ne se souvenait plus de l’heure de fin de sa garde, peut-être même n’allait-il pas rentrer de la nuit ? En tout cas, la lumière des petites flammes eurent sur elle l’effet habituel, et alors qu’elle s’était finalement posée dans un fauteuil pour continuer à écrire sa plus longue lettre de la semaine - à Imani, qui n’avait pu se libérer aujourd’hui - elle avait fini par s’assoupir en plein milieu d’une phrase, sa plume ayant tracé un trait jusqu’au bord du parchemin et déposé au passage une tâche d’encre sur l’accoudoir. Et ce ne fut que lorsque le cliquetis de la clé se fit entendre qu’elle émergea tout à coup de son sommeil, jetant un oeil vers la porte qui bientôt laissa apparaître la silhouette de Razvan sur laquelle dansaient les ombres créées par les flammes alentours. « Bonsoir Iubire. » l’accueillit-elle en s’étirant, son parchemin dont elle avait oublié l’existence tombant au sol. « Ce soir, c’est dîner aux chandelles. »
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L'homme n'est libre que de choisir sa servitude.

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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Mar 27 Avr 2021 - 9:27

Le temps commençait doucement à se faire plus clément. Au froid succédait maintenant un temps plus doux porteur du printemps. En sortant de Sainte-Mangouste ce soir-là, Razvan aurait pu transplaner, mais il ne le fit pas. Il ne le faisait jamais, en fait. Le transplanage l'empêchait de redescendre de sa journée et elle faisait venir son boulot chez lui. Pourtant, après le travail, il n'avait qu'une seule envie : celle de ne plus y penser. Aussi laissa-t-il son esprit vagabonder un peu, cigarette au bec, avant de réaliser qu'en fait, il ne voyait son chemin que grâce à la légère lueur de la lune. La capitale moldue semblait plongée dans le noir et si ça baguette aurait réglé le problème, il ne pouvait pas la sortir, hélas. Il continua donc son chemin en essayant d'expier sa journée de son esprit. Il lui fallait au moins cela, et quelques années de pratique pour arriver à évacuer ce qu'il voyait de ses journées. Razvan était empathique, profondément. Et si une telle profession lui correspondait forcément à la perfection, elle était également porteuse de son lot de souffrance.

En entrant dans la hall de l'immeuble rendu totalement sombre par la panne d'électricité, le médicomage passa à côté d'une boîte de bougies sans se poser la question de savoir d'où elles venaient. Une fois chez lui, un lumos et il n'en parlerait plus. Le cliquetis de la clé dans la serrure l'apaisa instantanément, sans doute parce qu'il savait qu'il allait pouvoir passer une fin de nuit tranquille, loin de l'agitation de Sainte-Mangouste... Ou pas ! A peine le pas de la porte passée, des effluves de bougies lui effleurèrent le nez et la douce voix de Neolina s'éleva depuis le salon. Un sourire naturel se dessina sur le visage de l'homme fatigué. « Bonsoir Neo » - il était ravi de la voir. Il fit tomber son manteau noir de ses épaules pour l'accrocher à l'entrée avant de se diriger vers elle. Razvan fit glisser ses mains dans son dos et lui offrit un bien chaste baiser avant d'ajouter : « Tu m'as manqué ». Le temps s'étirait toujours plus difficilement quand elle n'était pas là. Neo occupait son esprit et son corps de bien des manières, pour qu'il oublie un peu, le temps de quelques heures, qu'il n'allait pas très bien. Que rien n'allait vraiment dans sa vie. C'est qu'ils avaient besoin de l'autre comme de quelqu'un accro à une substance illicite, alors... Si les bougies parfumaient gentiment l'endroit, avec des odeurs qui ne lui déplaisaient pas, c'est un autre type d'odeur qui happa le médicomage : « Mm » fit-il d'un ton un peu pensif en levant la tête pour se concentrer sur ses sens : « Tu as fait des Sarmalés ? ».  C'est que sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Ce plat traditionnel de son pays était l'un des préférés de sa tante. Et c'était exactement ce dont il avait besoin à cet instant précis. Ramener un peu la Roumanie dans son appartement de Londres, ça lui faisait toujours plaisir. Il l'embrassa encore, un léger sourire fiché dans ses lèvres. Le super pouvoir de Neo, ça...


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Neolina Siankov

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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Mar 27 Avr 2021 - 23:40

Quittant le doux monde des rêves à demi-éveillés, Neo était bien contente de retrouver la réalité maintenant que Razvan y était apparu. Les flammes éclairaient partiellement son visage, lui conférant un aspect sombre qui contrastait avec le gentil sourire qu’il lui offrait, comme souvent. Alors qu’elle baillait tranquillement, encore à moitié endormie, ses muscles encore un peu endoloris par la position qui n’était pas trop propice à la sieste, Neo se fit la remarque que tout de même, elle dormait bien mieux dans ses bras. Et que les réveils étaient bien plus agréables quand il l’embrassait comme ça. Posant sa joue contre la sienne, rendue rugueuse par un mauvais rasage, la roumaine laissa un sourire s’inviter sur son visage encore un peu ensommeillé alors qu’il lui confessait qu’elle lui avait manqué. Et lui donc… « Toi aussi. » répondit-elle de sa petite voix en nouant de façon un peu lasse ses bras autour de sa nuque. « Une semaine, c’est trop long. » Son petit ton était presque boudeur, voire enfantin. Mais une semaine, oui, c’était presque une éternité, et il commençait à lui tarder d’emménager réellement avec lui.

Visiblement, la senteur de la Transylvanie n’avait pas suffi à couvrir l’odeur de sa cuisine, qu’elle espérait à la hauteur des attentes de Razvan. Oh bien sûr, il ne critiquerait jamais ouvertement mais quand même. Elle avait fait ça pour lui faire plaisir, alors mieux valait qu’il apprécie réellement plutôt que prétendre. « Tu as du flair, dis-moi. » dit-elle dans un léger rire avant qu’il ne l’embrasse à nouveau. « Je crois que ça n’est pas trop raté. Enfin… » Elle avait suivi la recette de tête, et comme elle était plutôt du genre linotte, tout portait à croire qu’elle avait oublié un ou deux trucs, ce qui était certainement cas. « Rien qui puisse concurrencer ceux de ta tante, mais j’ai fait de mon mieux. » L’important, c’était d’essayer, non ? En tout cas, elle n’avait rien fait brûler, ne s’était pas coupée, ni ébouillantée, rien. En soit, c’était déjà une petite victoire.

L’attente lui avait donné faim, forcément, sans compter qu’elle n’avait même pas goûté ce qu’elle avait fait et qu’il venait de réveiller son appétit en parlant de tout ça. Mais pour l’instant, elle préférait savourer la douce étreinte de Razvan contre elle, et elle l’attira un peu plus contre elle, le forçant à caler un genou sur le fauteuil mais non : ça n’était pas confortable, ni pour elle, ni pour lui. Qu’à cela ne tienne, s’il fallait faire un effort… « Bon, attends… » Il fallut bien le repousser doucement pour éviter de lui donner un coup en se relevant, surtout dans le noir, et Neo posa sa main à l’exact endroit où elle avait tâché le tissu d’encre, en imprégnant donc la paume de sa main sans s’en rendre compte. Une fois debout, elle déposa son front contre lui, comme une enfant encore endormie, avant de relever le menton et de dégager une mèche de cheveux de son front, admirant ses jolis traits à la lumière chaude des bougies. Dans la manoeuvre, un peu d’encre vint marquer la peau tannée du médicomage au dessus de son sourcil, mais à cause des ombres, elle ne le remarqua même pas. Ce joli spectacle la ravissait, et jamais elle ne se lasserait de l’admirer et le redécouvrir sous tous les angles, toutes les lumières. « Comment a été ta semaine ? » demanda-t-elle d’un ton doux, son autre main passant machinalement sur ses phalanges, comme pour vérifier qu’il ne se les était pas trop abîmées. « La mienne a manqué de toi. » Une petite confession avant d’entendre sa réponse qui allait devoir attendre un peu, car déjà elle était sur la pointe des pieds pour lui voler un nouveau et bien tendre baiser.
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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Mer 28 Avr 2021 - 21:16

Les bougies de Neolina conféraient une atmosphère toute particulière à l'appartement de Razvan qu'il n'avait jamais vu sous pareille luminosité. Il ne faisait naturellement pas totalement sombre, mais bien difficile il serait de déterminer correctement les ombres sur le visage de sa roumaine, qui s'éveillait pourtant bien lentement. Le médicomage ne s'était pas attendu à la trouver chez lui, une semaine déjà qu'ils ne s'étaient pas vus, et il était bien difficile d'aller la visiter. Ne serait-ce que parce qu'elle hébergeait quelqu'un et qu'en plus, elle avait son croup. Razvan, parce qu'il avait objectivement la sociabilité d'une huître, rien que ça, préférait ne pas débarquer à l'improviste de peur de se retrouver, gêné, devant quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Le petit ton de Neolina contre lui le fit sourire silencieusement. Elle laissait transparaître la réflexion qu'il s'était lui-même faite. Tous les deux étaient des personnes indépendantes qui n'avaient objectivement besoin de personne pour faire leur vie comme ils le désiraient. Pourtant, il semblait que depuis qu'ils formaient un ensemble, un "nous", ils avaient beaucoup plus besoin de l'autre qu'auparavant. Razvan se lassait presque de sa solitude et regrettait de ne pas pouvoir enfouir son visage dans son cou pour respirer son odeur. Il regrettait de ne pas pouvoir la serrer dans ses bras après ses longues journées ou avant ses gardes infernales. Alors, forcément, qu'elle vienne ce soir-là sans le prévenir, ça lui gonflait le cœur de plaisir. Le roumain hocha la tête tout contre elle, sans rien ajouter à ce sujet.
Leur position était précaire et à dire vrai, Razvan mourrait d'envie de s'effondrer dans ce fauteuil aussi, de le laisser l'engloutir et disparaître sous le cuir. Dormir contre elle, s'enivrer de sa présence avant qu'elle ne lui échappe à nouveau, lui paraissait être la seule chose qui comptait, bien plus importante encore que le besoin de se sustenter. Sauter un repas de plus, après tout, il n'était plus à ça près, non ? « Tu cuisines bien, arrête... » soupira gentiment tout contre elle. De toute façon, il avait une telle passion pour les sarmalés que même ratés, il les aimerait. « Ça fait des années que je n'en ai pas mangé » dit-il sans ajouter que cela datait de son départ précipité de Roumanie.

Apparemment, il lui avait bel et bien manqué autant qu'elle, puisqu'elle essaya de l'attirer à lui et il dû mettre un genou sur le fauteuil pour ne pas tomber sur elle. Un rire un peu léger s'échappa de ses lèvres, parce qu'il avait, une fois encore, l'impression d'être un adolescent incapable de se séparer des bras de sa copine. « Je vais te tomber dessus » - et il disait ça sans sous-entendu. Finalement, Neo fut un peu plus raisonnable et se releva pour le serrer à nouveau contre elle, en lui donnant un doux geste qu'il aimait tant et qu'elle faisait souvent. Ses cheveux, décidément, une vraie obsession pour elle. Il allait parler mais elle prit les devant et il plongea son regard dans le sien, comme pour essayer d'y lire ce qu'elle pensait. Son aveu lui fit plaisir, elle en profita d'ailleurs pour poser ses lèvres sur les siennes, tendre étreinte qu'ils avaient tous les deux mérités. Y mettant fin, Razvan lui embrassa la joue tendrement. « Longue, désespérément longue » avoua-t-il. Les semaines étaient toujours longues quand elle n'était pas là. « Mais je compte bien profiter de toi toute la soirée » continua le médicomage d'un ton tranquille, « même si tu as des petits yeux. Tu as l'air fatiguée ». Le roumain ne réalisait en effet pas l'heure, lui qui n'avait plus aucun rythme à cause de celui qu'on lui imposait à Sainte-Mangouste.
Finalement, ils durent bien se détacher l'un de l'autre pour aller à la cuisine et Razvan servit une portion à Neolina avant de se servir lui-même. Le résultat, c'était que c'était très bon. Si sa tante était toujours en vie, sans doute dirait-elle qu'il manquait ceci ou cela, mais pour lui qui n'avait plus mangé son plat à elle depuis sa mort, difficile de dire si c'était nécessairement moins bon. « C'est très bon » dit-il donc tout à fait sincèrement, « merci Neo ». Il glissa sa main jusqu'à la sienne pour la saisir et entrelacer délicatement ses doigts aux siens, parce que rien ne comptait plus au monde.


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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Jeu 29 Avr 2021 - 0:54

Neo, bien cuisiner ? C’était tout de même la remarque la moins objective qui soit ! « Ne dis pas de bêtises ! » Oh, bien sûr, personne n’avait jamais eu à souffrir d’une intoxication alimentaire en sortant de chez elle, mais tout de même… La vérité, c’était que la roumaine n’avait jamais été une fée du logis. C’est que sa mère avait bien essayé de lui inculquer deux, trois choses, voire tout son savoir quand il s’agissait de travail domestique, et surtout de la transmission de ses recettes. Mais rien à faire, Neo avait toujours le regard qui traînait dehors, et la tête ailleurs. Alors oui, elle avait retenu quelques trucs par ci, par là mais pour le détail et la finesse, on pouvait repasser. Et puis, en Roumanie, la variété des repas faisaient que les recettes élaborées, ça n’existait pas trop, alors Neo avait toujours fait simple. En Russie, n’en parlons pas. A Londres, Neo allait volontiers dépenser des gallions pour qu’on cuisine pour elle, surtout avec Stubby, alors elle ne s’était pas tellement améliorée mais soit, le résultat avait l’air honorable. Surtout que le temps avait l’air d’avoir altéré les souvenirs de Razvan, donc peut-être que ça jouerait en sa faveur. « Moi non plus. J’ai eu envie, je ne sais pas pourquoi. » C’était vrai, elle ne savait pas, elle qui pourtant n’était pas bien fan de réinviter la Roumanie dans sa vie, même à table. Mais peut-être ne l’avait-elle pas fait pour elle, après tout.

Bien que ça ne l’aurait pas beaucoup dérangé que Razvan lui tombe dessus, comme il disait si bien - parce qu’elle savait qu’il se serait retenu pour ne pas lui faire mal, bien sûr - Neo eut quand même le courage de se lever et ça valait le coup, car cette étreinte là lui semble plus douce encore, son corps bien plus collé au sien encore, comme l’épousant parfaitement. Nouveau baiser, nouvelle sensation de bien-être qui l’envahissait et les réveillait de plus en plus, elle et ses sens. Comme ils étaient incapables de ne pas se toucher, il leur semblait impossible aussi de ne pas exprimer leur manque d’une manière ou d’une autre. C’était adorable d’ailleurs que Razvan parle de toute une soirée à ses côtés, car on était en réalité plutôt en pleine nuit qu’autre chose. Mais peu importait, Neo pouvait bien braver un peu le sommeil pour rester à ses côtés. « C’est ton fauteuil qui m’a pris en otage. » répondit-elle farouchement, du moins elle essaya. « Je peux bien décaler mon rendez-vous avec Morphée, j’en ai un plus important avant. » Beaucoup plus important, ça oui.

La cuisine cette fois ne réveilla pas d’autres appétits, et à la lumière d’une vraie belle chandelle - un peu fait exprès, avouons-le - les deux amis, amants, amours dégustèrent leur repas tout à fait tranquillement. C’était vrai, Neo avait plutôt bien géré son coup, du moins sa mère aurait-elle pu être un tout petit peu fière - oh, elle aurait sans doute fait quatre ou cinq remarques, mais ça, c’était normal. « Oh, c’est trois fois rien. » répondit-elle dans un sourire en glissant ses doigts entre les siens, savourant l’instant qui était d’un calme et d’une douceur rare. « Contente que ça te plaise. » Car c’était un peu ça le but, quand même. Lui faire plaisir le temps d’un repas, le ramener un peu à cet endroit qui lui manquait tant - même si ça n’était que pendant quelques coups de fourchette. « C’est une sacrée ambiance romantique. » fit-elle la remarque alors qu’elle le dévorait des yeux, délaissant clairement ce qui restait dans son assiette. Il était si beau, et la façon dont il la regardait, c’était sans doute la cerise sur le gâteau. D’ailleurs, en parlant de ça… oh, après ! « Tu te rends compte qu’on a jamais eu de premier rendez-vous ? » En réalité, ils n’avaient pas eu le parcours classique du couple, et c’était peut-être pour le mieux car trois mois plus tard, mais avec trente ans au compteur de leur amitié, leur amour semblait aussi fort qu’après trois ans. Pourtant, Neo regrettait un peu - sans que ça la peine vraiment - quelques petites étapes obligées qui faisaient le début des histoires. « Tu serais venu me chercher, dans une chemise que tu ne mets pas d'habitude et moi, j'aurais mis plus de trois heures à me décider sur un rouge à lèvres. Et puis j'aurais attendu pendant tout le repas, fébrile, que tu me prennes la main, peut-être que tu n'aurais pas osé. Et finalement, l'attente, tu sais, sur le pas de porte...  » L'attente oui, qui vous mettait des papillons dans le ventre. Mais c’était des papillons d’incertitude et elle, elle était bien certaine de l’aimer. Et que la réciproque était toute aussi vraie.
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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Jeu 29 Avr 2021 - 12:31

Razvan leva les yeux au plafond d'un air amusé quand elle se défendit de savoir bien cuisiner. Bah, tout le monde n'avait pas la carrure d'un chef mais pour quelqu'un comme lui qui n'était pas difficile, tout était assez relatif. Il fallait bien dire que s'il avait une passion débordante pour la chantilly, pour le reste, il n'était ni un grand cuisinier ni adepte des repas parfaits. L'art et la manière de se contenter de ce qu'on a, par Razvan Vacaresco. De toute façon, le pauvre homme était tellement décalé par ses horaires qu'il n'avait pas vraiment de solutions. Il n'avait souvent pas le temps de manger quoique ce soit de bon et on s'habituait plus vite qu'on peut le croire aux plats de l'hôpital. Et parlant de décalage, d'ailleurs, il comprit vite qu'il était sans doute rentré un peu tard par la petite référence de Neolina à Morphée. Il faisait hélas trop sombre dans l'appartement pour que son regard accroche correctement l'horloge qui donnait l'heure.

Tous les deux assis sur leurs chaises, l'un en face de l'autre, il fallait bien admettre que l'atmosphère de l'appartement donnait l'impression qu'ils étaient en rendez-vous romantique alors qu'en fait, l'électricité avait juste sauté dans toute la ville. Mais qu'à cela ne tienne, après tout. Ils méritaient bien un moment de tendresse tous les deux, aussi romantique soit-il, puisqu'ils ne vivaient pas ensemble. Pas encore, en tout cas. Et plus le temps passait et moins Razvan s'habituait au manque. Il se surprenait à regretter de ne pas la trouver dans son appartement parfois quand il avait besoin d'elle. Il s'étonnait aussi parfois de se réveiller seul quand elle était partie la veille. En fait, c'était de plus en plus difficile d'accepter qu'ils n'aient pas encore sauté ce pas là de leur vie. Neolina sembla se faire une réflexion similaire à la sienne, quoi de plus belle démonstration de leurs différences encore ? Lui pensait à la chose, elle la disait, ne se complétaient-ils pas à la perfection ? « N'est-ce pas ? » sourit-il après avoir avalé une autre bouchée de sarmalés. Le médicomage plongea son regard dans celui de sa roumaine qui semblait passionnée par son visage. Il allait lui demander s'il avait une tâche quelque part - s'il avait su ! - lorsqu'elle enchaîna sur une réflexion tout aussi romantique que le reste. Il eut un sourire un peu tendre en serrant un peu plus sa main dans la sienne : « Disons que pour notre première sortie au restaurant, j'ai été outrageusement torturé sous la table » fit-il d'un ton provocant, « je pense que tu t'en souviens ». Il leva un sourcil un peu amusé parce qu'il se souvenait aussi très bien ce qui avait suivi leur bien rapide sortie en amoureux. Cela dit, n'était-ce pas un peu une attitude adolescente, ça aussi ? « C'est peut-être pour le mieux, tu sais. J'aurais sûrement tout fait capoter en manquant de tact à un moment donné » - Razvan lui fit un sourire un peu plus amusé avant de prendre une bouchée supplémentaire, et la dernière de son assiette. Il lâcha finalement sa main en se levant pour prendre son assiette et la mettre dans l'évier. Un sortilège plus tard, la brosse lavait à la perfection le plat qui avait été le sien dans un bruit de fond un peu entêtant. Il s'appuya contre l'évier pour la regarder gentiment. Se lasserait-il un jour d'admirer son visage, les beaux traits qui étaient les siens, son sourire, d'entendre le son de sa voix ? Pas sûr... « J'ai vu que tu as fait ton petit stock de lettres à envoyer » lui fit-il tranquillement la discussion le temps qu'elle finisse de manger, « tu vas épuiser tous les hiboux de Londres ». Razvan ne cherchait pas à savoir par un moyen détourné avec qui elle correspondait. La vie privée de Neolina était sacrée et il n'était pas un homme qui aimait contrôler les autres. Pour autant, voir les gens écrire des tartines sur des lettres l'amusait tout le temps, lui qui ne correspondait avec quasiment personne et qui restait particulièrement concis dans ses propos. Encore une preuve, si tant est qu'il en fallait une, que l'un et l'autre étaient des opposés parfaits.


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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Jeu 29 Avr 2021 - 22:07

Razvan n’avait jamais été un grand bavard, sauf peut-être parfois avec elle. C’était dire si les mots qu’ils prononçaient avaient donc du poids, et un sens, et il semblait prendre un bien malin plaisir à jouer avec en sa présence. Oh, il avait toujours aimé la taquiner, mais désormais, tout ça prenait une toute autre saveur et voilà que monsieur se disait outré d’avoir été traité comme elle l’avait fait lors de leur première sortie. Ah vraiment ? Neolina haussa un sourcil, intriguée par la réplique, ne prenant même pas la peine de s’indigner pour de faux. « Il ne me semble pas que tu t’en sois plaint pourtant… » Oh ça, non, il s’était même plutôt bien plié au jeu, et comme il le soulignait, elle s’en souvenait parfaitement bien. Et mieux que des gestes sous la table, le roumain l’avait indécemment chauffée avec des sous-entendus très provocants, dans leur langue bien sûr, qui lui avait fait perdre un peu l’appétit pour en réveiller d’autres.

Sa remarque sur son manque de tact l’amusa car c’était vrai que Razvan n’était pas bien réputé pour faire dans la dentelle - alors qu’il savait se montrer parfois si délicat, comme quoi. « Oh, j’aurais certainement fait tout le travail ! » dit-elle dans un rire parce qu’après tout, c’était bien souvent elle qui prenait les initiatives dans leur couple. Quoiqu’à bien y réfléchir, leurs deux premiers baisers n’avaient pas été de son ressort. C’était bien lui qui n’avait pas su lui résister, en vérité. Et elle qui avait ensuite décidé que c’était une histoire qu'ils méritaient de vivre tous les deux. « Et puisque tu aimes les jeux de rôle… » continua-t-elle alors qu’il se levait et que son regard quittait les traits de son visage pour d’autres courbes tout aussi agréables à regarder - quoi, elle avait bien le droit… « On pourra jouer les ingénus la prochaine fois qu’on sort. J’attends ton invitation. » Son dernier passage à Sainte-Mangouste, ça aussi, elle s’en souvenait. « Qui sait, peut-être que ça nous permettra d’être un peu plus sages que d’habitude ? » acheva-t-elle avant de croquer une bouchée tiède de son plat. C’est qu’ils avaient bien du mal à être raisonnables, même en public et ça, c’était une révélation parce que Neo ne s’était jamais comportée de la sorte, jamais !

Alors qu’il se tenait debout pendant que la magie le délestait de ses corvées, Neo observait bien plus la lumière qui dansait sur lui plutôt que son plat - ce qui lui valut de planter une ou deux fois sa fourchette dans le vide, la malheureuse. Même dans la pénombre, il avait été attentif à ce qu’elle faisait. « Ne t’en fais pas pour eux, c’est Parzival qui s’en chargera. » Son valeureux hibou avait l’habitude des longues distances et puis de toute façon, ses soeurs habitaient toutes le même village, alors… Sibiu, si besoin était de préciser. « Ca fait une éternité que je n’ai pas vu mes soeurs. » Noël, en réalité. Depuis le fâcheux incident. Depuis qu’elle craignait de croiser une figure du passé en y retournant. « J’irai sans doute en mai, pour l’anniversaire d’Iléana. Ma mère me fera toute une scène parce que je l’ai laissée sans nouvelles depuis quatre mois, mais bon… » Se levant finalement, elle glissa son assiette dans l’évier pour que la brosse s’en charge toute seule, avant de caler ses mains sur les hanches de Razvan. « Si tu viens avec moi, elle me pardonnera certainement. » Alors là, Sibiu allait en entendre parler pendant des jours, des semaines, des années même ! Neo avait expressément demandé à son aînée de ne pas en parler à leur mère, et la roumaine se demandait si elle n’allait pas en faire un arrêt cardiaque d’ailleurs. « Enfin, si tu veux hein. Je peux comprendre que tu n’aies pas envie d’entendre des Je vous l’avais bien dit ! Je le savais ! toutes les trois minutes. » Elle avait imité le timbre haut perché de sa mère quand elle était surexcitée - c’est-à-dire souvent. « Je ne sais pas trop si ça va la tuer ou rallonger son espérance de vie, d’ailleurs… » dit-elle, pensive, avant d’éclater de rire. En tout cas, ce qu’elle savait, c’était quel serait le prochain sujet que sa mère mettrait sur la table et ça… elle n’en avait pas très envie.
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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Ven 30 Avr 2021 - 2:11

Ah, cette fameuse soirée au restaurant où ils avaient été, l'un comme l'autre, particulièrement indécents... Razvan s'en souvenait bien, forcément. Et il ne regrettait pas, ni les mots qu'ils s'étaient échangés, ni les regards, ni les gestes visibles ou cachés par une nappe. Lui qui était pourtant bien réservé se découvrait un caractère plus spontané dans sa relation d'amour avec Neolina. Et cela semblait plaire à cette dernière, c'était au moins ça. Est-ce qu'ils auraient toujours été comme ça, si d'aventure leur relation avait commencé plus tôt ? Difficile à dire. D'un côté, il pouvait s'installer une lassitude qu'il ne parvenait pourtant pas à imaginer avec elle, et de l'autre, regardez-les, comme ils se connaissaient si bien. Les marques de trente ans d'amitié coulaient sur eux et les rapprochaient encore plus. Et puis, ça n'aurait sans doute pas été lui qui aurait fait le premier pas, alors...
Neolina abonda dans son sens, car après tout, elle savait être bien déterminée, parfois, sur ce genre de choses. La preuve. Des mois. Ils avaient passé des mois dans un espèce de flou qui avait manqué de les séparer définitivement. C'était peut-être dramatique à souhait, c'était triste à en pleurer et Neo avait beaucoup pleuré pour cela. Mais surtout, le pire, c'était que ce n'était pas lui qui avait fait le premier pas. Il ne l'aurait d'ailleurs toujours pas fait si elle ne s'était pas planté ce matin du 17 janvier pour leur faire admettre, de force, la vérité. Ils s'aimaient, ils n'y pouvaient rien. Et autant l'accepter rapidement plutôt que de prétendre et jouer la comédie, au point de se séparer définitivement. Alors qu'il ensorcelait la vaisselle, sa petite amie continua sur cette histoire de jeu de rôle qui lui fit avoir un sourire amusé. « Nous pouvons toujours essayer » se contenta-t-il de formuler, sans ajouter qu'il n'était pas convaincu que ça change quoique ce soit. Après tout, leur petite aventure à Sainte-Mangouste partait d'une relation entre un médicomage et son patient. S'il y avait eu auscultation, ce n'était certainement pas de la manière la plus orthodoxe qui soit...

Plantant son regard dans le sien, le roumain l'écouta patiemment lui raconter qu'elle n'avait pas revu ses sœurs depuis longtemps. Il savait combien elles étaient importantes pour elle, et s'il ne pouvait comprendre en soit parce qu'il n'avait personne, il imaginait bien ce qu'elle devait ressentir quand même de ne jamais les voir. Ils avaient passé des années à communiquer uniquement par hibou. Et si cela n'avait rien changé à leur amitié en soit, le fait est que les mots couchés sur papiers sont parfois plus délicats à tourner. Razvan avait été concis pour lui dire qu'il devait partir de Roumanie. Il avait été concis sur tous les niveaux, là où il se serait peut-être exprimé davantage s'il l'avait eu en face. Mais Neo, à l'époque, était employée pour la Mère Patrie, alors... La jeune femme posa ses mains sur ses hanches et le médicomage ne sut retenir un souffle de rire face à l'humour noir de Neo. En effet, ils allaient en entendre parler pendant des lustres et des lustres de cette situation. Et il était fort probable que leur visite soit quand même entachée de quelques petites phrases disons... Dures, de la part de la mère de Neo. Le genre de petites phrases dont on se passait bien. N'avait-elle pas, après tout, fait venir l'ex-mari de Neolina chez elle pour Noël ? Quelle idée était cela ? « Oh ça me ferait plaisir de venir » lui dit-il en souriant doucement, « ne serait-ce que pour voir l'expression sur son visage. Mais je ne veux pas m'imposer, surtout pour l'anniversaire de ta sœur ». Et il risquait fortement de le regretter. Car bon, se faire bassiner toute une après-midi sur la question, ça pouvait vite être bien, bien lourd. Mais surtout, Razvan avait envie de revoir Sibiu. Il n'y avait plus remis les pieds depuis qu'il avait perdu sa femme, autant dire que maintenant, cela se comptait en années. Cette ville de son enfance qu'il avait tant aimé était envolée. Razvan se saisit d'une des mains qui était posée sur lui pour la porter à ses lèvres et l'embrasser tendrement. Brusquement, il lui dit : « Je te suis reconnaissant d'être venue en janvier. Et toutes les fois qui ont suivi depuis. Dont aujourd'hui ». Il le pensait. Neolina avait un effet un peu pansement sur son coeur. Et plus que jamais il avait besoin d'elle.

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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Ven 30 Avr 2021 - 3:17

Neolina n’avait pas vraiment prévu d’inviter Razvan de la sorte, à aller voir celle qui était maintenant sa… belle-mère ? Comme le mot était étrange, le titre, la situation, tout. Oh bien sûr, elle y avait déjà pensé, sachant qu’il y aurait bien un jour où il faudrait que sa folle de mère soit au courant de tout ça - elle ne savait jamais lui faire la tête trop longtemps. Mais elle n’était pas vraiment prête à entendre sa jubilation parce que, flûte, c’était à elle d’être la plus heureuse dans l’histoire, pas à sa mère ! Et par pur esprit de contradiction, savoir que ça lui ferait tant plaisir et qu’elle allait le clamer partout ne la rendait pas plus jouasse que ça, alors que peut-être elle aurait dû. Mais c’était qu’elle savait l’indiscrétion de sa mère, et sa tendance à mettre les pieds dans le plat sans vergogne. Une phrase sur le veuvage de Razvan, combinée à une remarque déplacée sur le divorce, et surtout, des questions pour l’avenir. Et bien que grand-mère de huit petits-enfants, Mamica Siankov n’attendait que ça de voir son aînée procréer, ça en devenait maladif. Tu vas être périmée, lui avait-elle dit une fois. Jamais de sa vie ne lui avait-elle dit chose plus blessante, et sans vraiment le vouloir en plus. Périmée, elle l’était déjà. Le fait de ne pouvoir avoir d’enfant était déjà un drame qui avait mis fin à son mariage, mais c’était aussi une douleur permanente, d’autant plus maintenant qu’elle avait un avenir avec Razvan. Un avenir dans lequel elle aurait aimé voir gambader au moins un mini-eux. Mais la vie était comme ça, et il faudrait faire avec. Serrer les dents. Encaisser. Au moins Razvan voulait-il bien être à ses côtés, et à deux, ne pouvaient-ils pas tout affronter ? « T’imposer, toi ? » Elle eut un rire incontrôlé, presque incontrôlable, tant ce mot semblait ne jamais avoir été fait pour lui être associé. « Ca n’était peut-être pas une invitation en bonne et due forme, mais c’en était une. Iléana me l’a même demandé. » Parce que le plus cadeau qu’elle pouvait offrir à sa soeur, c’était d’être heureuse. C’était ce qu’elle lui avait écrit dans sa dernière lettre. « Les Siankov au complet seront ravis de te voir tu sais. Mais on risque fort d’être le centre de l’attention et… je sais que tu n’aimes pas ça. » Elle ponctua sa phrase d’un baiser dans son cou, comme ça, juste sans raison.

Et il n’y avait sans doute pas vraiment de raison non plus qui avait amené Razvan à lui faire pareille déclaration. L’ambiance tamisée rendait l’instant particulier, la lumière de la flamme vacillant contre leurs corps collés, encore. Neo était touchée, quoi qu’un peu étonnée qu’il soit encore à la remercier d’avoir osé faire le premier pas - enfin, le saut dans le vide plutôt - et les autres qui suivaient. « Tu pourras remercier Iléana alors, je te rappelle que c’est grâce à elle. » Mais ce subtil détournement des choses ne l’empêcha pas d’être tout de même émue par ce qu’il lui disait. Sa main près de ses lèvres se posa sur sa joue qu’elle aurait bien parsemée de baisers, car c’était parfois plus facile que parler. « Mais je crois que même sans elle, en fait… J’aurais peut-être mis du temps, mais je serais venue. Je ne vois même pas comment il aurait pu en être autrement. » Parce que depuis longtemps déjà, son coeur savait. Même quand elle en aimait un autre, ou peut-être était-ce dont elle se persuadait parce que l’amour, le vrai, c’était celui qu’elle vivait là, maintenant. « Je ne suis pas une grande romantique, tu me connais, mais je crois vraiment que toi et moi, c’était prévu. » Et sans doute était-ce là depuis le début. Neo n’aimait pas trop, non, les phrases toutes faites de ce genre, les Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de… non. Toujours était-il qu’après ça, il n’y avait bien qu’un baiser pour sceller ce qui venait de se dire, et elle posa ses lèvres d’abord tendrement sur les siennes, avant de laisser son amour totalement s’exprimer, se perdant encore un peu dans la sensation enivrante avant de se détacher de lui et de lui glisser à l’oreille. « Il y a un petit quelque chose pour toi dans le frigo. » Plus exactement, une jolie petite tarte aux fraises à côté de non pas une, mais deux bombes de chantilly. Eh oui, il y avait un temps pour les grandes déclarations, mais un temps aussi pour être gourmands.
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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Ven 30 Avr 2021 - 11:13

Razvan connaissait la propension de la mère de Neolina à manquer de délicatesse. Ça avait toujours été le cas, à chaque fois qu'il l'avait vu. Quand ils étaient enfants, déjà, quand ils étaient adultes encore. Même quand il était à peine veuf, la vieille femme s'était fendue d'une remarque dont il se serait passé. Le roumain l'appréciait pourtant, dans un certain sens, sans doute parce qu'il avait tellement été fourré avec Neo dans son enfance qu'il l'avait souvent vu. Mais voilà, maintenant s'agissait-il de la rencontrer dans un autre contexte, elle qui était maintenant sa belle-mère. Il aurait préféré sans doute ne jamais passer par cette case là, parce qu'il y  avait toujours quelque chose de foncièrement gênant à rencontrer ses beaux-parents pour la première fois. Cela dit, après tout, Neolina avait accepté de rencontrer des gens qui n'étaient pas les parents de Razvan, mais ceux de son ex-femme. Si ce n'était pas une preuve de bravoure... Il pouvait au moins lui rendre la pareille. Le rire incontrôlé de Neo lui fit lever les yeux au plafond alors qu'elle lui confiait que c'était Iléana qui avait proposé qu'il vienne. Soit. « Alors je viendrai. A moins d'un contre-temps à l'hôpital dont je ne me porte pas garant ». Car oui, admettons-le, avec les horaires qu'il faisait, il n'était pas tout à fait impossible qu'on lui fasse sauter son jour de congé. Et avec la guerre rampante dans les rues de Londres, ce n'était pas étonnant. Mais dans le cocon d'un appartement qui n'y ressemblait pas trop habituellement, illuminé par les bougies qui brûlaient ici et là, la guerre semblait bien loin d'eux. Comme si rien ne pourrait les toucher, jamais, qu'ils étaient simplement ensemble pour le meilleur et pour le pire. Le doux contact de la bouche de Neo dans son cou l'aida d'autant plus à perdre contact avec cette réalité qu'il entretenait, totalement malgré lui.
La main de sa petite amie sur sa joue, il ne perdait pas une miette du spectacle qui se jouait sur le visage de Neo. Silencieux, parce que l'instant donnait l'impression d'être suspendu dans le temps. Razvan n'aurait jamais fait le premier pas pour des raisons qui lui étaient propres. Mais Razvan ne parvenait surtout pas à regretter qu'elle l'ait fait. Ne méritaient-ils pas d'être heureux ? Sans doute oui, mais sans mensonges, sans cachotterie, sans mort, surtout. Elle qui était à l'antipode de ça, fréquentait sans le savoir un homme qui arrachait des vies et c'était terrible. Ne se jouait-il pas d'elle ? Ne lui faisait-il pas croire à une chimère ? Comme souvent, comme toujours même, un terrible vide se planta dans son ventre, renforcé encore par la suite de ses paroles. Oh, elles étaient touchantes, très romantiques aussi. Mais leur histoire avait été prévue sur le monticule de leurs relations passées. Leur relation n'avait pu voir le jour que grâce à un divorce et à une mort malheureuse, mort qui n'aurait pas dû être prévue. Sans qu'elle ne le veuille, Neolina lui colla une angoisse douloureuse dans le ventre qu'il essaya de chasser en lui souriant tendrement. Bien entendu, il comprenait ce qu'elle voulait dire, bien entendu, il partageait ses paroles. Bien entendu que maintenant que ça s'était fait, c'était l'évidence. Ça avait toujours été Neolina pour lui, quand ils étaient gosses, adolescents, adultes même. Il avait juste été trop bête pour s'en rendre compte et trop lâche pour faire quoique ce soit d'autre que de lui arracher un baiser dans ce placard. La jeune femme posa ses lèvres sur les siennes qui s'étirèrent dans un petit sourire avant qu'il n'ait eu le temps de répondre quoique ce soit. Et il ne répondit rien d'ailleurs, bouleversé au fond, par l'étendue de ses paroles.

Mais apparemment, non contente de lui cuisiner un plat, Neolina avait également un dessert au programme et Razvan répondit, une fois qu'il eut retrouvé un peu de contenance : « Moi qui pensais que tu étais le dessert ». Il lui lança un sourire un peu taquin avant de poser brièvement ses lèvres sur les siennes, chastement, geste qu'il ne contrôlait jamais vraiment. Le médicomage se détacha d'elle pour aller au frigo et l'ouvrir et découvrir non seulement une tarte aux fraises, mais aussi de la chantilly. Il leva un sourcil un peu amusé et se tourna vers Neo : « Tiens donc, deux bombes » - il en saisit une pour faire mine de lire l'étiquette - « on dirait que tu es prévoyante ». Dans un rire, Razvan sortit quand même la tarte aux fraises pour la poser sur la table, accompagnée d'une des deux bombes de chantilly, son pêché mignon. S'il servit à Neo un petit morceau de tarte avant de faire de même, bien entendu, il en profita pour se mettre une bonne couche de chantilly sur une cuillère pour la faire glisser dans sa bouche avec délectation. Et un peu avec une idée derrière le crâne, quand même.


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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Ven 30 Avr 2021 - 21:03

Même si Neolina avait sacrément pris sur elle pour rencontrer plus ou moins officiellement Mihaela, ça n’était pas pour autant qu’elle exigeait la même chose de Razvan. La vérité, c’était que la matriarche Siankov manquait bien plus de tact que n’importe quel enfant, ce qu’on pardonnait bien moins à une adulte qui n’avait pas l’excuse de la naïveté pour la dédouaner. Non, sa mère mettait les pieds dans le plat bien volontairement, souvent sans se rendre compte à quel point c’était gênant, ou blessant, ou juste inadmissible. Sans doute était-elle pétrie de bonnes intentions… sans doute, oui. Mais elle n’était pas tellement munie du filtre social dont l’entièreté de l’humanité avait été doté à la naissance - ce qui expliquait peut-être parfois la désarmante franchise de Neolina, quoique ça l’aurait tuée de l’admettre. Neolina se souvenait bien de la réaction de sa mère à la mort de Mara, et ce qu’elle lui avait dit à elle, hors de question que Razvan l’entende un jour. Etait-ce donc une bonne idée que de débarquer là-bas, en mode Surpriiiiiise ? plutôt que la prévenir et mettre les choses au clair avec elle ? A vrai dire, Neo savait que ça n’y aurait pas changé grand chose. Mais peut-être lui écrirait-elle tout de même pour lui dire qu’elle venait, et qu’elle ne supporterait pas une humiliation de plus après celle de décembre. « Merci. » répondit-elle donc simplement, car oui, Razvan n’était pas obligé d’accepter, car l’avantage c’était tout de même qu’il savait à quoi s’attendre. Et que malgré tout, malgré tout oui, il avait envie de venir. Mais bon, sa mère l’avait toujours tellement adoré, il ne risquait pas grand chose - peut-être même qu’elle garderait ses remarques fourbes pour Neo en aparté. « Toi et moi à Sibiu, tu te rends compte… Le retour des enfants terribles. » murmura-t-elle dans son cou avec un sourire, s’imaginant déjà s’éclipser à un moment pour retourner explorer cette ville qui les avait vu grandir.

Et puis comme souvent, à l’heure des grandes déclarations, Razvan était concis et Neo, elle, s’étendit un peu avant de se faire taire en l’embrassant. Il n’y eut pas de réponse, mais en même temps, elle n’en attendait pas vraiment. N’avait-elle pas tout dit ? N’étaient-ils pas tellement fait l’un pour l’autre que c’était l’évidence même ? Après tout, il y avait tellement de signes qui ne trompaient pas. Cette douleur quand ils avaient été séparés après s’être plus que jamais retrouvés, cette sensation qui avait créé comme un vide, comme si l’ordre du monde était chamboulé. Et maintenant, ce besoin permanent qu’ils avaient de se voir, eux qui avaient pourtant su passer des années si loin l’un de l’autre, cette attraction presque surnaturelle de leurs corps qui ne savaient pas rester loin l’un de l’autre plus de trois minutes quand ils étaient dans la même pièce - la preuve, n’était-elle pas collée contre lui, encore ? L’évidence, oui, et il n’y avait rien de plus à dire, même si parfois, le coeur en avait besoin.

Passé donc cette parenthèse troublante et chargée en émotion, Neo attira l’attention de Razvan vers un autre type de gourmandise qu’elle, bien qu’il ne se prive pas pour lui faire remarquer qu’elle était sûrement celle qu’il préférait. « Hum, deux desserts dans la même soirée, tu crois que ça serait trop ? » le taquina-t-elle en le laissant s’échapper après son baiser pour qu’il puisse découvrir ce qu’elle lui avait réservé. Et il semblait bien que ça lui plaisait - oh, le contraire l’aurait étonné. « C’est que la dernière fois, je m’en suis un peu voulu de tout dévorer. » Faux. Terriblement faux, bien sûr, comment s’en vouloir d’avoir dégusté ce petit plaisir sucré sur sa peau si délicieuse ? Mais cette fois, ils allaient vraiment manger ce dessert - il y avait une bombe de rechange de toute façon - quoi que Razvan avait l’air bien plus intéressé par la partie chantilly que par la partie fruits, étrangement. Cette façon qu’il eut de glisser la cuillère entre ses lèvres était typiquement l’une des raisons pour lesquelles ils avaient l’habitude de quitter la table un peu trop vite. Neo répliqua en façonnant une montagne de crème sur son morceau de tarte - trois fois plus que la quantité de fraises, à peu près - avant de couper le haut du mont blanc de son index, qu’elle glissa elle aussi entre ses lèvres, presque comme l’aurait fait une grande gosse - mais pas vraiment, en fait, car son regard planté dans le sien, elle avait quand même des intentions pas bien pures derrière la tête. Finalement, son regard dériva un peu, et enfin ça lui sauta aux yeux. « Mais ! Tu as une tache ! » Avec une petite moue, Neo se pencha au-dessus de la table, frôlant dangereusement la chantilly et offrant au passage à Razvan une vue assez imprenable sur deux autres de ses péchés mignons. De son pouce, elle essaya de le débarrasser de l’encre sur son front qui avait bien eu le temps de sécher depuis, et finalement, elle se résigna, se rasseyant tranquillement. « Je crois que tu vas être obligé de prendre une douche, c’est quand même dommage. » Elle affichait un faux air contrit, évidemment. Plongeant son index dans la chantilly, encore, elle posa son coude sous la table et le pointa à quelques centimètres de ses lèvres. « Tiens, pour me faire pardonner… » Est-ce que ça allait mal finir ? Bien sûr que oui, comment la question pouvait-elle se poser ?
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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Ven 30 Avr 2021 - 22:53

On comptait quand même beaucoup plus de gens qui n'appréciaient pas Razvan que l'inverse. Il fallait bien dire que taiseux comme il était, il en fallait des mots pour combler ce qu'il ne disait pas. Alors forcément, c'était avec Neolina qu'il s'était le mieux entendu. Depuis toujours, fourrés ensemble du matin au soir, si Neo était dans le coin, il suivait forcément et vice-versa. Finalement, chercher l'un ou l'autre des deux enfants n'était pas bien compliqué, il suffisait d'en trouver un, ce qui réduisait tout de même totalement le problème. Sibiu les avait vu grandir, passer d'enfants à adolescents, maintenant à adultes. Mais ce n'était pas la ville roumaine toutefois qui les avait vu se mettre ensemble, eux qui n'y habitaient plus. Pourtant, pourtant, c'était écrit depuis des lustres et les doyens le diront sans aucun soucis. Ils avaient été faits l'un pour l'autre dès le début. Dès qu'il l'avait aidé à se relever, jusqu'à maintenant où ils ne savaient s'empêcher de se toucher. « Ça va jaser » dit-il d'un ton un peu amusé. Heureusement peut-être qu'ils n'y habitaient plus après tout. Subir des regards tout le temps, ça devenait fatigant à la longue. Mais au moins savaient-ils à quoi s'attendre, en ville comme à la maison familiale Siankov, c'était toujours ça de pris.

Comme ils savaient à quoi s'attendre l'un envers l'autre, que ce fut au travers de leurs déclarations ou au travers de leurs sous-entendus. Ils étaient passés maîtres en la matière, l'un comme l'autre étant particulièrement sans gêne quand il s'agissait de se lancer certains sous-entendus. Il fallait dire qu'il était tard, ils étaient fatigués, mais ils ne s'étaient pas vus depuis presque huit jours, que diable, c'est si long ! Si long pour eux qui vivaient désormais si mal la distance, difficile à croire qu'ils avaient été séparés pendant des années. Et là où, peut-être, les plus banales amitiés se seraient fracassées comme un verre lâché dans un évier, ce n'était pas leur cas à eux. Non, le verre avait survécu à la chute, et ce n'était bien qu'après s'être passionnellement rapprochés avant de s'éloigner cruellement, que leur amitié avait failli voler en éclats. Ironie, douce ironie. « Ça n'est jamais trop quand on parle de ce genre de sucreries » répondit Razvan d'un ton faussement innocent. Faussement, ça oui. Il ne fallait pas chercher bien loin pour comprendre que le double-langage était quelque chose qu'ils maîtrisaient bien. Mais Neolina avait apparemment voulu lui faire plaisir ce soir et il devait bien admettre que c'était réussi. Après les sarmalés, voilà qu'elle lui avait amené une tarte aux fraises et oh, Ô chantilly. « Je ne sais pas si je vais accepter de t'en laisser cette fois » lui dit-il d'un ton léger, « histoire qu'il y ai un partout ». Il la regarda prendre sa chantilly avec son doigt pour le suçoter et il compris bien que la partie était de base, franchement inégale. Bah quoi ! Elle était tellement désirable avec son petit air mutin que s'il n'avait pas été si gourmand, il lui aurait sauté dessus depuis bien longtemps.

Puis brusquement, Neolina sembla frappée par la foudre, ou la raison, qu'importe, puisqu'elle affirma qu'il était tâché avant de se pencher au dessus de la table pour essayer de le nettoyer. Si le geste était peut-être un peu infantilisant, les pensées de Razvan qui dérivaient vers son décolleté n'étaient certainement pas celles d'un enfant, et il lui fallut toute la force de sa bienséance et de sa volonté pour ne pas laisser ses mains se promener là où il avait lui-même les yeux. « Mm, vraiment ? » fit-il quand même alors qu'elle semblait s'acharner sur sa peau, avant de se résigner. Sa petite phrase lui arracha un rire alors qu'il coupait un morceau de tarte avec sa cuillère. « Prendre une douche pour une tâche sur le visage ? » s'étonna-t-il faussement, « je croyais que tu ne voulais pas prendre de douche pour rien ? ». Il se souvenait bien de cette étrange phrase d'hippie écolo qu'elle lui avait sortie quelques mois auparavant, de quoi le surprendre assez pour qu'il s'en rappelle encore maintenant. Mais alors qu'il faisait glisser la petite part sur sa cuillère, Neo lui tendit son index couvert de chantilly avec son petit regard malin. La tarte ne pouvait-elle pas attendre, non ? Le médicomage ne se fit pas prier pour le prendre entre ses lèvres sans que ses yeux noirs ne quittent les siens. Le geste était lent, un peu lascif tout à fait à dessein et il se passa en touche finale, discrètement, sa langue sur ses lèvres quand il l'eut relâchée pour ne perdre aucun agrégat de chantilly. « Tu vois, j'ai découvert la chantilly tout à fait par hasard » fit-il l'air de rien pourtant avant de lui tendre la cuillère où reposait une petite part de tarte, « quelqu'un avait déplacé la bombe dans le rayon mousse à raser ».


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Neolina Siankov

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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Sam 1 Mai 2021 - 2:00

Entre eux, il n’y avait jamais de trop, c’était vrai. Si, peut-être un goût de trop peu quand ils étaient forcés de se dire au revoir au petit matin, ou n’importe quand en fait. Bref, quand la vie reprenait ses droits et qu’il fallait bien y retourner, parce qu’on ne pouvait pas vivre qu’à deux. Mais vivre à deux, oui. D’ailleurs, il était curieux qu’ils n’aient toujours pas sauté le pas alors que Neo en crevait d’envie, tout autant que ça lui faisait peur en vérité. Peur, mais pourquoi faire, direz-vous ? Parce que ce qu’ils avaient là, ce qu’ils vivaient, ça fonctionnait. Certes, ils se manquaient, mais les retrouvailles n’en avaient que plus de saveur à chaque fois, alors si la routine s’installait… Allez savoir pourquoi, mais Neo avait peur alors qu’au fond elle savait bien que c’était juste la suite logique de leur histoire, savait qu’elle apprécierait chaque moment passé dans leur appartement. Il faudrait faire cohabiter leurs deux univers mais puisqu’eux même, si opposés, arrivaient à si parfaitement aller ensemble, le reste ne pouvait que fonctionner. « Ah, parce que tu comptes les points ? » le provoqua-t-elle, à la fois surprise par la tournure et bien émoustillée à l’idée de ce qu’il sous-entendait. Ca lui allait très bien qu’il joue les égoïstes parce qu’au fond, il ne le serait pas tant que ça.

Après que Neo ait accepté sa défaite face à cette petite tache ridicule - qui ne gâchait en rien sa beauté, en plus - Razvan laissa éclater toute la forme de son pragmatisme, comme souvent, et la roumaine pouffa doucement, repensant au moment où elle avait dit ça. Un moment qui était tout aussi peu chaste que les envies qui lui venaient en ce moment. « Qui a dit que ça ne serait que pour la tache ? » lâcha-t-elle innocemment, levant un peu la tête et les yeux comme pour qu’on lui donne Merlin sans confession. « J’ai peut-être juste une longueur d’avance sur toi… » acheva-t-elle avant de lui tendre son doigt, qu’il lécha avec une inexorable lenteur, une étincelle de provocation luisant dans son regard noir. Ah ça, ils n’auraient jamais pu le faire au restaurant ! Loués soient les dîners aux chandelles en toute intimité parce qu’en vérité, Neo en redemandait, et pas de la tarte, évidemment. Pourtant, ses dents claquèrent un peu contre le métal de la cuillère alors qu’elle avalait la bouchée qu’il lui tendait, écoutant avec attention sa petite histoire qui faillit la faire s’étrangler tant la chute la fit rire. Elle mit sa main devant sa bouche, tout de même, le temps de venir à bout de la pâte feuilletée. « Tu t’en es rendu compte avant de payer ou… peut-être ai-je percé le mystère de l’origine de ta splendide moustache ? » Oh, elle plaisantait bien sûr, car elle imaginait bien que cette histoire datait de Londres, et le look de Razvan était inchangé depuis les années roumaines. Mais elle l’imaginait, tout dépité devant son miroir, de la chantilly sur les joues, et ça la faisait mourir de rire. « En tout cas, si c’est toi la première personne à t’être barbouillé de la crème sur le corps, j’en suis presque un peu déçue. » Le goût sucré de la fraise appelait une autre bouchée, et elle plongea finalement sa cuillère dans sa propre part, sous la surcouche de chantilly qui finit par se déposer sur le bout de son nez, un peu, alors qu’elle engloutissait une bonne bouchée. Neo et la gourmandise, toute une histoire.  Mais surtout, Neo n’était pas trop à ce qu’elle faisait, incapable de quitter Razvan des yeux alors que, par tous les dieux auxquels elle ne croyait pas, elle avait bien envie qu’il la dévore, elle. « Moi, ça ne m’est jamais arrivé, tiens… » continua-t-elle de son air faussement innocent, histoire d’enfoncer le clou. « C’est qu’il parait qu’il ne faut pas jouer avec la nourriture, mais bon… Je crois qu'on en est plus là. »
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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Sam 1 Mai 2021 - 12:35

Se lasser un jour de dévorer la peau de Neolina, comment cela pourrait-il arriver ? Eux qui avaient mis tant de temps à se trouver, il semblait que rien aujourd'hui ne pourrait les éloigner l'un de l'autre. Ni leur travail, ni la distance. Ni les milles raisons pour lesquelles ils ne s'étaient pas mis ensemble en juillet, ni Mihaela. Ils auraient pu s'éviter après leur visite en Roumanie mais ils avaient pourtant passé la nuit ensemble, collés l'un à l'autre en quête de réconfort. Sans nécessairement se parler parce qu'ils n'en avaient pas besoin pour se comprendre. Razvan avait mis des heures à s'endormir et s'il ne voyait pas le visage de Neo dans la position qu'ils avaient, il était au moins certain qu'elle avait eu autant de mal que lui. Quoiqu'il en soit, il était présentement question d'autre chose que de sommeil et c'était une excellente chose car pour l'heure, le médicomage n'avait pas envie de fermer l’œil. Au contraire. Dans son regard dansait un peu les flammes du désir qu'il ressentait pour elle et qui le consumait toujours quand il la regardait comme cela. Et quand elle lui renvoyait son regard. Car s'ils faisaient maintenant traîner les choses, il n'y avait guère qu'une seule issue possible et s'il faisait de son mieux pour que des pensées bien peu chastes ne se promènent pas dans sa tête, l'exercice était rendu particulièrement compliqué avec le petit ton qu'elle utilisait. « Peut-être ». Il haussa les épaules d'un air un peu désinvolte. Compter les points ou ne pas les compter... « On est gagnants tous les deux de toute façon, n'est-ce pas ? ».

C'était le cas de le dire, que ce fut sur cette table ou dans une douche d'ailleurs. Mais à la douche, pas de chantilly, et il y avait quand même une deuxième bombe qui attendait d'être dégustée comme il faut. Ce serait bien dommage de passer à côté, n'est-ce pas ? Le roumain ne répondit rien toutefois, préférant se concentrer d'abord sur le doigt qu'elle lui tendait, puis sur sa petite histoire cocasse qui, il fallait bien le dire, le faisait rire parfois quand il y repensait. Mais imaginez le un peu, roumain sans parler plus de quelques mots d'anglais, dans un rayon pour mousse à raser. Pas de gâteau sur la bombe de chantilly, il avait réalisé l'impair, bien entendu, une fois chez lui. Au moins la petite histoire la faisait-elle rire. « Si je m'en étais rendu compte au magasin, c'aurait été moins drôle » sourit-il avant d'avaler une bouchée de tarte. Ses épaules se secouèrent légèrement dans un rire. « Rassure toi, je n'ai pas été jusqu'à m'en mettre sur le visage. Mais j'étais un peu déconfit de voir l'embout tu vois, et c'est là que je me suis posé des questions et que j'ai sorti mon dictionnaire » - il coupa une autre part sans la lâcher du regard - « j'ai fini la bombe dans la soirée, tu t'en doutes bien ». Et ainsi commença sa passion pour cette sucrerie qui quand même, était un cadeau du ciel. Il était en train de mâcher sa part de tarte quand elle revînt à l'assaut avec une provocation supplémentaire, soufflée de son air un peu innocent, si innocent qu'elle en était d'autant plus désirable. « Ne jamais dire jamais » soupira-t-il avant d'avaler sa part, la dernière, « et puis, qui a parlé de jouer ? Le principal, c'est qu'elle soit dégustée, non ? ». Car il n'allait pas se faire prier pour qu'il ne reste rien de cette fameuse chantilly sur son corps. Le roumain posa ses coudes de part et d'autre de son assiette avant de croiser ses mains pour poser son menton sur elles. Il se rendit compte qu'elle s'en était mise un peu sur le nez, hésita à le lui enlever. Mais passait-on à côté d'un énième geste tendre ? Sans doute pas. Il leva sa main pour passer son pouce sur le bout de son nez et lui retirer le crime avant de le ramener à ses propres lèvres, un sourcil un peu relevé. Hors de question de la presser, quand bien même lui-même l'était. Aussi ne se fendit-il d'aucun commentaire pour se contenter de la laisser finir en silence. Alors qu'elle arrivait à la fin de sa part, il finit par se lever pour mettre son assiette dans l'évier où la brosse se jeta dessus pour la laver comme il faut, avant de passer derrière le siège de Neolina pour s'appuyer dessus. Ses mains à lui ne la touchaient pas, mais il se pencha jusqu'à son cou quand même, non pas pour lui souffler quelques phrases qui n'avaient pas un sous-entendu mais bien un sens explicitement coquin, mais pour poser ses lèvres chaudes et gourmandes dans son cou dans un baiser chaste et furtif. Razvan se releva et s'échappa de la cuisine, sans un mot de plus, bien entendu.

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MessageSujet: Re: Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan 129196351Dim 2 Mai 2021 - 1:34

Oh ça, Neo et Razvan avaient en effet tout gagné à prendre la fameuse décision qui les avait amenés à être ce qu’ils étaient aujourd’hui. Un nous. Bien sûr, Neolina était heureuse avant ça, ne serait-ce que parce que c’était dans son caractère que de voir la vie du bon côté - bien que la fin d’année 1978 ait été bien difficile pour elle. Mais être avec Razvan, par Merlin, c’était la plus grande joie qu’elle ait connu. Aussi parce qu’enfin, il lui semblait que lui aussi était heureux - bien que les zones d’ombre de sa vie le rattrapaient parfois, elle le voyait bien. Mais quand ils n’étaient qu’à deux, comme maintenant, cette façon qu’il avait de lui sourire, ou de la regarder, semblait effacer tout le reste. Oui, Neo avait tout gagné dans cette histoire, et pour rien au monde elle n’aurait pu regretter le choix qu’elle avait fait. « Peut-être… » répondit-elle en écho avant de filer à table, où la suite des festivités les attendait. La fin du repas, et le début d’autre chose, disons.

L’anecdote de Razvan était aussi irrésistible que cette part de tarte, et Neo l’écoutait avec attention, pouffant alors qu’elle se représentait vraiment très bien la scène, avec son petit dictionnaire L’anglais pour les nuls. Chantilly, mais qu’est-ce que c’est donc ? Irrésistible, non vraiment, elle aurait presque payé pour voir ça. De son côté, c’était plutôt Stubby qui avait assisté à ses mic-macs de néophyte dans la langue de Shakespeare. « Je l’ai toujours dit, les maladresses, ça amène à de jolies choses ! » C’était qu’elle savait de quoi elle parlait, tout de même. Leur histoire n’avait-elle pas commencé comme ça ? Leur amitié, déjà, et puis leur premier dérapage, à cause de sa crise d’angoisse ridicule - pas vraiment une maladresse, mais soit. Razvan avait été très habile à la consoler cela dit…

Et alors que Neo confiait son désarroi face au manque d’originalité de ses précédents amants - ça n’était pas vrai pour tous, mais bon, on pouvait bel et bien dire que Razvan avait la palme en la matière - son bel amoureux confirma bien qu’il avait l’intention de remédier très vite à ce problème. Belles paroles appuyées l’instant d’après par son geste désinvolte alors qu’il la débarrassait d’un excédent de crème qu’il dégusta, petit effronté qu’il était. Mais c’était bien insuffisant, toutefois. « C’est tout ? » lui lança-t-elle, comme déçue, alors qu’elle continua à déguster son dessert en silence cette fois, une sorte de tension s’instillant entre eux alors qu’elle attendait avec impatience la suite, sans le provoquer toutefois - oh, quoi, chacun son tour, non ? Et alors qu’il se levait et passait derrière elle, Neo frissonnait déjà de ce qu’il lui réservait, mais avec toute la force de son insolence, il lui vola à peine un baiser avant de partir, comme ça, sans un mot, et sans la chantilly non plus ! La roumaine fit une petite moue, se rappelant de la dernière fois qu’il avait agi de la sorte, et décida qu’elle ne lui ferait pas de scène, non. Elle allait faire pire que ça, et se laissa le temps de sa dernière bouchée pour trouver comment répliquer.

Moins d’une minute plus tard, Neo passa donc la porte de la cuisine pour trouver un Razvan tout à fait à son aise dans le canapé, sa silhouette se découpant dans la lumière orangée, une cigarette à peine allumée entre les lèvres. Ah tiens, il pensait donc pouvoir se permettre 5 minutes de plus loin de ses lèvres à elle ? Très bien. La roumaine continua donc son chemin, passant innocemment devant lui en lui lançant un regard à la dérobée. « Puisque tes lèvres sont occupées, je vais aller prendre une douche. » balança-t-elle avec impertinence en même temps que son haut qu’elle venait de retirer et qui atterrit à côté de lui dans le canapé. Et une fois qu’elle eut disparu dans la salle de bain, elle eut comme un remord, ou presque, et retourna dans le salon, une main appuyée sur l’accoudoir, l’autre lui chipant sa clope qu’elle passa entre ses lèvres pour en tirer une bouffée avant de la lui rendre et de s’échapper à nouveau.
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