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L'horizon d'Ecosse | NEOLINA

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Razvan Vacaresco

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MessageSujet: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Mar 29 Juin 2021 - 21:22

L'été avait posé ses valises sur le Royaume-Uni, bien que les étés d'ici avaient peu ou pas à avoir avec ceux de Roumanie. Ceux d'Angleterre avaient toujours été pénibles pour Razvan, que dire alors de ceux d'Ecosse ? C'était pourtant vers ce dernier pays que Neolina et lui étaient partis, mains dans la mains, pour emménager ensemble. Ils avaient jeté leur dévolu sur une maison à Pré-au-Lard, un village sorcier qui leur promettait au moins une certaine tranquillité. La tranquillité sorcière, car il avait toujours le doute de vivre parmi les moldus. Qu'ils réalisent, qu'ils fassent quelque chose. Fréquenter une oubliator ne changeait strictement rien à son propre traumatisme qu'il traînait comme un boulet depuis des années. Emménager à Pré-au-Lard était une fuite lâche, mais une fuite utile. Neolina fort heureusement ne semblait pas avoir compris ça, ou peut-être que si, et qu'elle n'avait rien dit, connaissant sa pudeur sur ce sujet délicat. Il y en avait des sujets délicats avec lui, parfois ils en discutaient, parfois non. Ils sentaient lorsque c'était le moment de se lancer dans ce genre de conversations. Ce jour-là, pourtant, ce n'était pas le moment. De son appartement ne restait guère plus qu'un lit et les meubles qui n'étaient pas les siens. Ses affaires avaient disparu, emmenées en Écosse. Encore plus impersonnel qu'il ne l'avait été, Razvan n'avait su s'empêcher de faire un tour, comme pour clore ces années de sa vie.

Il avait espéré rester ici et que son départ marquerait son retour en Roumanie, mais ce n'était pas le cas. Et son pays natal l'appelait si fort, alors qu'il déménageait cette fois pour un autre pays, qu'il aurait pu en faire une dépression s'il avait été seul. Mais il ne l'était pas, Razvan ne l'était plus. Il devait transplaner pour l'appartement de Neolina et la récupérer, son sac de sport pendu à son épaule avec ses dernières affaires. Pourtant, avant de la rejoindre, il avait eut envie de fumer une clope. Comme ça, ça lui était venu d'un seul coup alors que devant la fenêtre du séjour qu'il avait ouverte, il regardait l'horizon. Le roumain l'avait machinalement allumé avant de jeter son allumette éteinte par la fenêtre. Et son regard, posé sur une femme qui tenait par la main un enfant en bas âge, finit pourtant par se poser sur sa propre main qui tenait sa cigarette.

Des années sans qu'il n'ait trouvé le courage de retirer son alliance. Elle avait toujours été à son doigt depuis qu'on l'y avait glissé, il ne l'avait jamais retiré. Comme une seconde peau, les années avaient passé depuis son deuil sans que jamais il ne se sente capable de quitter la démonstration de cet attachement sincère qu'il avait eu pour Mara. Aujourd'hui pourtant, et depuis la première fois depuis longtemps, le médicomage avait l'impression d'avancer dans sa vie. Elle n'était certainement pas parfaite, elle était pleine de problèmes, pleine de crevasses et de zones d'ombres. Mais il avançait, à son rythme aussi. Et plus que jamais à cet instant, il se dit qu'ils ne pouvaient pas être trois dans un ménage. Ce ne pouvait pas être Neolina, lui et le fantôme d'une morte, la mère de sa gamine. Et pourtant, pourtant, c'était ce que représentait cette alliance. L'attachement, la fidélité à quelqu'un qui n'était plus là, simple cendre d'un souvenir lointain. Aussi, lorsqu'il éteignit sa cigarette et qu'il la fit tomber par l'ouverture de sa fenêtre, Razvan finalement, fit glisser son alliance. Sans hésitation, il la fit passer à son autre main, elle s'enfila parfaitement, laissa une marque plus claire sur le doigt qu'elle venait de quitter. Il était bizarre de ne plus l'avoir, fort bizarre. Mais c'était peut-être mieux comme cela. Sa petite pause clope le mit en retard et il arriva dix minutes en retard, après avoir rendu sa clé, remercié son propriétaire, bye bye à bientôt. Bien entendu, Neo n'était pas à l'heure, mais qu'importait, il l'entendait s'activer il ne savait où dans son appartement où il avait pris soin d'entrer quand même. Quelques affaires encore à récupérer, le croup à transplaner. Et ils pourraient enfin commencer ce chapitre de leur vie.


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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Mar 29 Juin 2021 - 22:47

« Au revoir Gabi. » La voix de son petit voisin était serrée, alors que c’était pourtant un jour heureux. Mais voilà, son croup avait ravi le coeur d’une partie de l’immeuble, et c’était le moment des au revoir, mais certainement pas des adieux. « Je compte sur toi pour le garder lors de mes futures escapades. » dit-elle de sa joie enjouée, qui trahissait un peu son impatience mais politesse oblige, Neo n’osait pas mettre l’adolescent à la porte de ce qui ne serait bientôt plus son appartement. Gabi, lui, vivait sa meilleure vie, les quatre fers en l’air à se laisser gratouiller, inconscient du mini drame qui se jouait là. « Bientôt ? » demanda celui qui se vantait de ne plus être un enfant, mais qui l’était toujours un peu au fond, comme le prouvaient ses yeux imprégnés de larmes qui ne coulaient pas. « Bien assez tôt. » répondit-elle en passant une douce mains sur sa joue. Finalement, Timmy quitta les lieux et bon sang, ce que cet interlude l’avait mis en retard ! Pour une fois pourtant, Neo avait été organisée ou presque, mais le destin était décidément d’avis qu’elle ne pouvait décemment pas être à l’heure un jour. Rassemblant à la hâte ses affaires, la roumaine fourra ses produits de première nécessité dans une trousse avant de croiser son reflet ravi - ravi, oui. Nul besoin de maquillage pour embellir son teint aujourd’hui tant elle rayonnait. Pourtant, le regard de Neo se posa sur un tube de rouge à lèvres, le rouge ,très rouge - vous savez bien lequel - et ne put s’empêcher d’en déposer une légère couche sur sa bouche qui souriait. C’était une impulsion étrange, rien de plus, l’envie d’être belle peut-être alors qu’elle savait déjà qu’elle le serait toujours pour lui.

Fin prête ou presque, sa petite trousse à la main, Neo sortit finalement de la salle de bain pour rejoindre le séjour vide de tous ses souvenirs où l’attendait Razvan. Comme deux jeunes mariés ou presque, ils avaient décidé de ne pas passer la nuit ensemble, et le voir attendre dans le séjour l’emplit d’une joie telle qu’elle lui sauta au cou pour se délester un peu du rouge fraîchement mis sur ses lèvres à lui. « Bonjour… » susurra-t-elle finalement, la voix un peu rauque résonnant dans le lieu où elle semblait n’avoir jamais habité, impersonnel désormais. Elle aurait sans doute pu avoir un peu de nostalgie, sans doute oui, mais ç’aurait été mal la connaître de penser qu’elle s’apesantirait sur un endroit plutôt que sur la perspective de ce qui l’attendait désormais. « Enfin… » lui glissa-t-elle dans le creux de l’oreille avant de l’embrasser encore, plus passionnément encore, comme une adolescente qui retrouverait son premier amour après une journée à peine de séparation - mais ne se sentait-elle pas toujours un peu comme ça avec lui ? Bizarrement, tout à coup, elle réalisa que peut-être plus jamais elle ne ressentirait ce pincement là, avant de se rappeler qu’elle vivrait tellement d’autres choses, et elle mourrait de hâte, vraiment. « Allez, hop ! » lança-t-elle joyeusement en attrapant son croup qui pesait son petit poids - et qui n’était pas docile, chose fort peu étonnante. Comptant sur Razvan pour les transplaner, Neo entrelaça ses doigts entre les siens. Sa main droite dans sa main gauche à lui, comme souvent, sans raison d’ailleurs mais… quelque chose était différent. Déjà, quand elle l’avait vu dans le salon, elle avait ressenti quelque chose de nouveau sans savoir quoi. Mais ses doigts comprirent avant elle, sentirent l’absence, le manque. Le métal réchauffé par sa peau n’était plus là. C’était…

Un nuage de fumée plus tard, Neo était toute retournée alors qu’ils avaient atterri devant le petit pavillon de leur nouvelle maison. Leur maison, oui. Enfin, enfin. Une page se tournait, et une sacrée page semblait-il, en témoignait le geste hautement symbolique de Razvan. Les larmes lui étaient montées alors qu’elle était encore à Londres, et étaient toujours bien là en Ecosse, mais aucune ne coula. Pas de raison de gâcher l’instant avec des pleurs, ça non. Pourtant, son coeur tout entier débordait tellement qu’elle aurait pleuré des litres de joie. Gabi s’échappa, direction jardin, sans même qu’elle n’ait à se baisser, et la roumaine le regarda gambader joyeusement un court instant avant de se tourner vers Razvan, la mine réjouie, l’envie de lui sauter au cou encore. Enfin, trente-cinq ans et ces envies régressives, quelle idée… Quelle idée oui, et pourquoi pas ? Sans se réfréner, Neo noua ses bras autour de sa nuque, se délestant de son paquetage au passage en comptant sur le fait qu’il la rattraperait - n’était-ce pas ce qu’il faisait toujours ? Dans les hauteurs, à sa place comme jamais, Neo prit une seconde ou trois pour le dévorer du regard, beau comme il était sous le soleil écossais. « Bienvenue chez nous, Monsieur Vacaresco. » Avant de l’embrasser, encore, alors qu’elle sentait dans sa poche le poids de la petite clé, symbole s’il en était de leur future vie commune qui commençait maintenant.
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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Mer 30 Juin 2021 - 1:27

Si Razvan avait eu des doutes, sans doute se seraient-ils envolés miraculeusement face au sourire heureux de Neolina. Elle en avait toujours eu un beau et sincère, en tout cas envers lui. Et la voir arriver là, avec les lèvres si rouges, rayonnante comme le soleil qu'elle était toujours, fit définitivement fondre le palpitant du roumain qui fit naturellement glisser ses mains jusque dans son dos, là où elles étaient à sa place. « Bonjour » répondit-il une fois qu'elle eut libéré ses lèvres - et qu'elle les eut un peu teintées aussi, sans doute. Des semaines qu'ils en parlaient, voilà qu'ils concrétisaient enfin un peu cette relation qui avait pris naissance en janvier. Envers et contre ce qu'ils avaient vécu, leurs déchirantes prises de tête, tout comme leurs étreintes mères de cette relation là, ils se retrouvaient enfin pour franchir un cap ensemble. Ils en avaient fait des choses ensemble, toujours main dans la main, même lorsqu'ils n'étaient qu' "amis". Y avait-il eu plus lorsqu'ils n'étaient qu'adolescents, que ce stupide jeu les avait mené dans un placard où déjà l'on ressentait les prémices de leur empressement actuel ? Fondu dans un baiser passionné mais tellement profond, Razvan eut presque une grimace lorsqu'elle s'écarta de nouveau de lui, pour se saisir de son croup et qu'ils transplanent enfin. Tout concentré qu'il était sur elle, il n'avait pas fait attention à l'animal qui, vraisemblablement, n'aimait pas être pris dans les bras. Doigts liés aux siens, il jeta un coup d'oeil autour de lui comme pour vérifier qu'elle n'avait rien oublié. Mais même si c'était le cas, n'était-ce pas le cadet de leurs soucis ?

Sans doute.

Un transplanage plus tard, le croup s'était échappé de ses bras pour aller courir dans ce petit jardin qui était le leur. Le leur, oui, comme cette maison où leurs deux noms trônaient maintenant sur la boîte aux lettres. Quelle étrange image, étrange, étrange moment aussi. Razvan inspira une grande bouffée d'air, comme pour accueillir véritablement le sens de tout cet engagement. Vivre ensemble, ce n'était plus se fréquenter sporadiquement. C'était un autre type de confiance, un autre type de relation. Et ils semblaient tous les deux prêts à sauter le pas, comme Neo en fait, lui sauta dessus. Dans un rire complètement insouciant qui traversa sa gorge, le roumain envoya ses mains sous ses fesses pour la sécuriser fermement sur ses hanches alors que son propre sac rejoignait le sol. Lorsqu'elle libéra ses lèvres qui souriaient, il lui répondit : « Je crois que c'est Mademoiselle Siankov qui a la clé, non ? » - il reposa brièvement ses lèvres sur les siennes pour un chaste baiser et ajouta - « j'ai les mains prises ». Et pour cause. Là, il n'avait certainement pas envie de la lâcher de sitôt. C'était comme si emménager enfin, c'était donner une autre dimension à leurs sentiments, leur donner plus de force également. Il aurait pu - peut-être dû - cogiter sur cette alliance qu'il avait changé de main mais à cet instant, toute son attention était focalisée sur elle, sur ses rires, ses sourires. Après une bataille certaine pour ouvrir la porte, ses bras fatiguaient car si Neo était toute fine, elle pesait tout de même son poids - pourquoi la lâcher maintenant alors qu'elle semblait ravie d'avoir gagné dix centimètres ? - ils purent pénétrer chez eux. Razvan la posa délicatement au sol alors qu'il refermait la porte derrière eux pour s'appuyer dessus. Il se sentait comme un gosse, c'était complètement débile mais c'était exactement le fond de ses sentiments. L'excitation de la nouveauté, de l'importance de tout ce que cela signifiait. Il connaissait bien entendu suffisamment de mots en langue roumaine pour s'exprimer mais rien ne venait. Non, rien du tout, son coeur était simplement remplit d'un bonheur simple sur lequel il était inutile de poser des mots. Sans bouger d'un poil, il tendit ses mains vers elle en attendant qu'elle vienne les saisir, sans se départir de son joli sourire.


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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Mer 30 Juin 2021 - 22:17

Franchir une étape si adulte avec l’insouciance d’une adolescente, c’était du Neolina tout craché. Perchée dans les bras de Razvan, qui la portait comme si elle n’était qu’une plume, la roumaine se délecta de son merveilleux rire qui aurait pu illuminer la plus grise des journées écossaises, avant de le faire taire d’un baiser. Effectivement, c’était bien Neo qui avait la clé de leur futur - très curieuse idée que de confier un objet si facile à perdre à la tête de linotte qu’elle était, mais elle avait veillé dessus comme sur la prunelle de ses yeux. Et comme Razvan ne semblait pas décidé à la reposer à terre, tout comme elle n’avait aucune envie d’y retourner d’ailleurs, il fallut bien batailler un peu pour ouvrir cette fameuse porte. Ça n’était pas la première fois, puisqu’ils avaient déjà déposé leurs affaires et tout le toutim, mais c’était la première fois que c’était réellement leur chez-eux. À eux. Après quelques contorsions donc, le couple Siankov Vacaresco franchit comme un seul homme et femme le seuil de leur petite maison douillette, avant que finalement Razvan ne la repose, comme l’ultime carton du déménagement, mais en forme de Neo. Non mais vraiment, quelle idée ! Fallait-il qu’elle soit surexcitée pour penser à des métaphores pareilles.

Adossé contre la porte, son cher amour semblait ne pas être bien pressé de défaire leurs affaires et après tout, n’avaient-ils pas tout le temps du monde pour ça ? Sa fausse désinvolture fut trahie par son empressement à la ramener près de lui, et Neo ne se fit pas prier, nouant ses mains dans son dos, contre le bois, pour l’étreindre tendrement alors qu’elle réalisait qu’enfin, elle pourrait désormais l’accueillir tous les jours comme ça - ou autrement, tout dépendrait de l’humeur. Combien de temps avant que la routine et la vie quotidienne ne viennent éroder ce bel enthousiasme ? Elle avait envie de dire jamais, non vraiment, car comment ne pas profiter à chaque fois de sa présence tout contre elle ? « À ce rythme là, on sera officiellement installés dans six mois. » plaisanta-t-elle après une longue minute à savourer le moment, avant de se détacher un peu de lui, mais pour la bonne cause. Ouvrant son poing qui contenait toujours la petite clé - qui avait d’ailleurs laissé son empreinte dans sa paume tant elle avait serré fort et Razvan, et l’objet au passage - la roumaine pointa sa baguette sur le sésame doré. « Gemino. » Et hop, ni une ni deux - enfin si, justement - la clé eut une jumelle que Neo s’apprêtait à tendre à son médicomage de colocataire-concubin-homme de sa vie. Peu importait l’étiquette qui y était collé, seul comptait le plaisir de savoir qu’elle allait vraiment partager sa vie avec lui, et plus seulement des fragments. Mais à la dernière seconde, la roumaine lui déroba sous son nez d’un air mutin et sortit de sa poche un porte-clé en forme de croup qu’elle avait acheté dans une boutique de touristes du Chemin de Traverse, et l’accrocha à la clé avant de lui tendre. « Considère ça comme mon cadeau de crémaillère ! » dit-elle de l’air le plus sérieux du monde, du moins pendant deux secondes avant qu’elle ne pouffe. De son autre poche, elle sortit une autre breloque, cette fois en forme de cheval. De cheval, direz-vous, oui mais pourquoi ? Parce que c’était bien après une balade à dos de grand poney qu’ils avaient décidé qu’ils vivraient ici, pas vrai ? « Ca va, tu vas déjà devoir vivre avec un croup en chair et en os, je ne t’infligerai pas ça. » ajouta-t-elle en lui tendant son double orné désormais d'un bel équidé avant de lui voler un baiser sur la joue, et de l’emmener dans le séjour en grimpant les trois petites marches qui y menaient.

L’endroit était aussi charmant rempli de cartons que quand ils l’avaient visité. Lumineux, comme Razvan voulait, et avec aussi du caractère, comme Neo finalement. « Hum, il va vraiment falloir qu’on songe à acheter des meubles. » plaisanta-t-elle avant d’avoir comme une illumination, et de l’embarquer dans une pièce à l’étage où trônait le seul meuble de la maison : leur lit. LEUR lit, à eux deux. « Il va falloir l’étrenner comme il se doit, tu ne crois pas ? » lui balança-t-elle d’un air délibérément provocant. « Mais peut-être pas maintenant… On risque d’être trop fatigués pour s’occuper des cartons après. » Tout ça en s’adossant innocemment contre le chambranle de la porte, son regard planté dans le sien pour le mettre au défi d’être diablement déraisonnable. Après tout, ici, la maison n’était pas mitoyenne…


Dernière édition par Neolina Siankov le Jeu 8 Juil 2021 - 16:20, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Jeu 1 Juil 2021 - 0:53

Les étreintes de Neolina avaient toujours ce goût curateur et tendre. Comme un don que lui avait donné la nature, elle avait beau être plus petite que lui, elle avait beau être beaucoup plus frêle, le roumain avait souvent l'impression que c'était elle qui le réconfortait le mieux. Razvan se sentait fondre dans ses bras comme une adolescente amoureuse, sans savoir se l'expliquer. Comme si elle effaçait tous les problèmes, et pour autant qu'il en aurait rêvé, ce n'était pas le cas. Ce n'était malheureusement pas le cas. Elle pouvait effacer bien des choses, des larmes et des regards tristes, mais pas les problèmes eux-même. Là, c'était encore différent. Malgré la double-vie du roumain, pas une seule pensée noire ne semblait capable de faire de l'ingérence dans sa tête. Tout n'était que tourné vers elle, son sourire, leur avancée naturelle vers une relation plus solide encore. Alors, cette étreinte avait le goût de cette promesse qu'ils semblaient se faire alors que leur relation évoluait. Et c'était si agréable, si enivrant, que Razvan doutait d'avoir un jour ressenti réellement ça. Il savait ce que c'était le goût nouveau d'un emménagement avec sa moitié mais... Mais comme à chaque fois, il semblait que l'originalité était du côté de Neo. Peut-être parce qu'ils n'avaient jamais su se projeter autrement que comme des amis. Ça rendait les choses différentes, plus surprenantes, comme si une partie de sa tête était toujours bloquée sur le fait que hé, c'était Neo. « Un coup de baguette et les cartons s'ouvrent » répondit-il comme toujours avec son merveilleux pragmatisme, « de quoi prendre notre temps ». Il ne finit pas sa phrase pour se contenter d'un sourire en coin qui valait tous les mots.

Neolina, comme toujours très habile en matière de magie, jeta un sort à la clé pour en faire un double, avant de se fendre d'une blague qui lui attira, dans un premier temps, un air tout à fait blasé. « Ahah très drôle » fit-il d'un air faussement sérieux devant le porte-clés en forme de croup. En réalité, il n'aurait pas poussé le vice à en faire un scandale si la blague avait eu pour finalité de lui offrir ce fameux porte-clés. Mais en réalité, celui que Neolina avait choisi pour lui lui correspondait cent fois mieux. Un cheval, lui qui aimait bien les équidés et elle un chien, pour son amour démesuré pour les croups. « Merci ». Un baiser sur la joue plus tard, elle l'entrainait au salon en se faisant la réflexion chaste qu'il leur faudrait s'acheter des meubles. Mais... N'en avaient-ils pas déjà un ? Et comme ils étaient l'un et l'autre sur la même longueur d'ondes, sa roumaine l'entraîna à l'étage, jusqu'à cette chambre qui était enfin la leur. Ah la sacro-sainte provocation, celle qu'ils avaient toujours l'un envers l'autre. Le regard qu'elle lui balançait lui donnait certaines idées que je ne développerai pas plus que cela parce qu'elles étaient évidentes. Mais tout de même... Razvan se rapprocha d'elle pour poser ses mains sur ses hanches comme il avait l'habitude de le faire et la regarder dans les yeux. « Comme je l'ai dis, nous avons nos baguettes ». Son petit air de monsieur-je-sais-tout était tout à fait délibéré, vous pouvez l'imaginer. Il rapprocha son visage du sien et ajouta : « Je peux te ménager ». Il frôla indécemment ses lèvres sans les toucher, comme pour attendre qu'elle soit déraisonnable pour deux. Comme s'il n'avait pas envie de l'être. Le roumain luttait fermement contre l'envie d'envoyer valser ses vêtements sur place, de retirer la dernière couche subtile de rouge à lèvres qu'elle avait. Et alors que son regard se plongeait dans le sien plus clair, il n'eut plus aucune envie de lutter. A quoi bon, puisqu'ils le voulaient tous les deux ? Pourquoi aller à contre-sens de ce dont ils avaient réellement envie ? « Et puis merde ». Razvan conclut sa petite injure par un baiser passionnel, passionné, celui d'un homme prêt à tout pour la femme qu'il aimait. Ses mains baladeuses se mirent à remonter avant de redescendre, profitant de chaque courbes comme si c'était la première fois qu'il les découvrait. C'était également à la verticale qu'ils avaient pour la première fois commencé à s'effeuiller. Mais cette fois-ci, les corps se connaissaient, les mains savaient où se promener pour trouver les frissons chez l'autre, elles savaient quoi faire, comment agir. Ils n'étaient plus les personnes de l'été précédent, ça non. Coincée entre lui et le chambranle, Neolina était à la merci de l'assaut de ses mains et de sa bouche. A moins qu'elle ne s'échappe, encore...

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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Ven 2 Juil 2021 - 21:46

Le pragmatisme de Razvan expliquait sans nul doute pourquoi leur petite maison regorgeait de dix fois moins de cartons portant son nom que celui de Neolina, alors que pourtant, la roumaine estimait voyager plutôt léger. Mais entre son dressing fourni, ses coussins et autres étoffes, sa papeterie et puis ses souvenirs et… Bref, en fait, Neo avait tout de même une sacrée dose d’affaires pour quelqu’un qui avait été élevé sous le joug du communisme, là où Razvan, lui, se contentait réellement du nécessaire. Pas très étonnant donc que pour Razvan, un déménagement consiste à ouvrir les cartons, sortir les affaires et point, là où Neo entendait bien passer des heures à trouver le bon endroit pour chaque chose afin de leur aménager un adorable chez-eux. Preuve en était, son détail apporté jusqu’aux porte-clés, qui étaient en soi bien peu nécessaires mais absolument et irrémédiablement à l’image de ce que Neo aimait, à savoir les fanfreluches et les trucs symboliques. D’ailleurs, elle avait respecté l’austérité de Razvan en lui choisissant un joli cheval noir, bien sûr. Même pas gris, non, noir, comme souvent ce qu’elle lisait dans son regard.

Mais appuyée contre la porte grande ouverte, Neo lisait cette fois toute autre chose dans les grands yeux sombres du roumain. Quelque chose qu’elle avait délibérément provoqué, bien sûr, aussi bien par sa posture très peu innocente que par ses mots qui, elle le savait, seraient contrés en un quart de fraction de seconde - eeeet bingo ! Restait à savoir combien de temps Razvan tiendrait avant de la décaler de cette porte, ou de la plaquer contre un mur adjacent, allez savoir - parce que oui, le chambranle, ça restait tout de même assez peu confortable, qu’on se le dise. Et alors que Razvan jouait les délicats jusqu’à la frôler avec une indécence certaine, Neo, elle, se moquait bien de toute tentative de délicatesse. « Ou tu peux me ménager. » Ce qui en vérité ne voulait pas dire grand chose, mais compte tenu du contexte et des mots choisis, et du regard qu’elle lui lança en plus, l’intention était plutôt explicite. Au point, donc, que Razvan ne sut pas jouer les presque indifférents très très longtemps, et cet aveu d’échec lui allait parfaitement bien. Et même si le bois dans son dos lui faisait un peu mal, pour rien au monde n’aurait-elle souhaité être ailleurs, complètement soumise aux envies de Razvan, de sa bouche et de ses si magnifiques mains.

Neolina ne resta pas bien longtemps coincée dans pareille posture, car une fois son désir réellement éveillé, la roumaine n’était pas en reste question préliminaires et autres joyeusetés délivrées du bout des lèvres et d’ailleurs. Longue fut la route jusqu'à ce fameux lit - qui n’était même pas fait de toute façon - et il y eut quelques autres étapes que nous ne décrirons pas avant qu’enfin, leurs corps repus ne s’étalent de tout leur long sur le matelas. Et alors qu’après avoir déployé une telle énergie, une sieste n’aurait pas été de trop, Neo était bien trop excitée pour avoir envie de se reposer. Ses doigts glissèrent entre ceux de Razvan, et elle sentit le contact de son alliance qui l’avait plusieurs fois surprise lors de leur étreinte. C’était qu’ils en étaient au stade de certaines habitudes, et il y avait eu des caresses aux accents inédits de par ce simple changement. Simple en apparence du moins, car chaque fois qu’elle l’avait réalisé, brusquement, chaque souffle, soupir et autres sensations s’étaient retrouvées comme exacerbées. Neolina n’avait jamais attendu de lui qu’il enlève son alliance, ni qu’il ne la change de doigt - même si cela la faisait souvent passer pour une maîtresse au bras d’un mari infidèle, elle s’en fichait. Mais le fait qu’il ait décidé ce changement, aujourd’hui précisément, tout ça comptait pour elle, à tel point d’ailleurs qu’elle ne lui en dirait rien. Son pouce, pourtant, joua légèrement avec la bague sans qu’elle ne s’en rende compte, alors que ses lèvres parcouraient avec beaucoup de gourmandise le haut de son corps, le creux de son cou, la mystérieuse cicatrice sur son épaule jusqu’à se glisser jusqu’à son oreille. « Je t’aime tellement. » Tellement oui, qu’aucun mot ne pouvait exprimer mieux ce qu’elle ressentait, et une fois qu’elle fut suffisamment enivrée par son odeur - ou surtout, peut-être, le mélange des deux leurs, Neo se leva en enfilant la chemise posée sous ses pieds qui, bien évidemment, ne lui appartenait pas, avant d’aller ouvrir la fenêtre et respirer l’air frais qui prouvait, s’il fallait une preuve, qu’ils n’étaient plus à Londres. L’endroit était parfait, si parfait d’ailleurs qu’ils ne souffraient d’aucun vis-à-vis - bien que cette chemise lui aille comme une robe, qu’on se le dise - et que le jardin, visiblement infesté de gnomes, était un terrain de jeu immense pour Gabi qui courrait comme un fou. La roumaine posa sur la vue un regard tendre, qui allait avec son sourire. « Chaque fois je me dis que je ne peux pas être plus heureuse. Et chaque fois, je me trompe… » Combien de temps encore allait-elle autant se tromper ? Seul l’avenir le leur dirait, pas vrai ?
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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Sam 3 Juil 2021 - 13:28

Le bagage psychologique de Neolina était peut-être léger et celui de Razvan bien lourd, lorsque l'on touchait aux biens matériels, c'était l'inverse qui s'opérait. Comme toujours totalement éloignés et différents l'un de l'autre, pas de quoi pourtant les empêcher d'avancer ensemble dans leur relation. Ils étaient l'un et l'autre suffisamment matures pour ne pas s'attarder sur ce qui ne méritait pas de l'être. Le roumain n'était pas du genre à déclencher les disputes, il les fuyait comme la peste. Les conversations douloureuses, il faisait mine de ne pas les comprendre. Mais alors faire des réflexions, ce n'était clairement pas son genre. Et puis, il trouvait ça mignon la propension de sa roumaine à se perdre dans ses montagnes de cartons, de froufrous et autres choses qui ne lui serait même pas venu à l'idée d'acheter. En fait, aussi anti-communiste fut-il, le médicomage en avait pourtant gardé une éducation bien ancrée. Pas vraiment de biens matériels, pour quoi faire ? S'encombrer inutilement ? Avoir une montagne de choses qu'on ne voudrait pas jeter après, par sentimentalisme, pour les souvenirs ? Non, ce n'était pas son genre, pas son genre du tout.
Pourtant, avant d'emménager, s'ils avaient pris leur temps pour ramener toutes leurs affaires, Neo et Razvan n'avaient pas pris le temps d'acheter des meubles, sinon un lit, leur lit, dans lequel ils finirent. C'était le principal non ? Que d'avoir un lit où dormir et où se retrouver, comme ils le faisaient à l'instant.

Alors que son souffle tentait de se calmer, que la sérénité l'envahissait et que Neolina l'embrassait tendrement, il laissait les doigts de sa petite amie se joindre aux siens, les yeux clos. Un fin sourire se glissa sur ses lèvres à lui alors qu'elle lui avoua sa tendre déclaration. Il n'y répondit pourtant pas, comme souvent, parce que Razvan s'exprimait mieux par des gestes que par des mots. Sans rien dire, il leva juste la main qu'elle avait lié à la sienne pour la porter à ses lèvres et l'embrasser chastement. Malgré tout, Neo semblait survoltée, comme si ce moment qu'ils avaient partagé l'avait plus mis en forme que crevée. Le roumain ouvrit un œil, puis un deuxième pour la voir enfiler sa chemise et se mettre à la fenêtre pour regarder dehors. Son regard noir coula sur son corps, ses courbes et sa beauté naturelle et il s'étira silencieusement, avant de rouler sur le côté pour s'appuyer sur son coude et poser son visage sur sa main. L'aveu de sa roumaine lui attira un sourire triste qu'elle ne pouvait pas voir, et il se fit la réflexion silencieuse qu'il lui souhaitait de toujours sourire dans sa vie. D'être toujours heureuse, quoiqu'il arrive, que ce fut avec lui ou avec quelqu'un d'autre. Razvan n'eut pas le courage pourtant de lui dire cela. Il n'eut pas le courage de briser ce moment par ses paroles défaitistes, lui qui connaissait la vérité, toute la vérité, de A à Z et qui se doutait des conséquences que cela pourrait avoir sur sa jeune relation. « Et moi je me trompe toujours à penser que je ne peux pas te trouver plus belle ». La phrase était sortie comme ça, parce que c'était ce qu'il ressentait, à la voir là enroulée dans sa chemise qui lui allait si bien. Ça le frappait toujours un peu plus, il avait souvent besoin de le lui dire d'ailleurs. Peut-être était-ce aussi sa façon à lui de lui dire "je t'aime". Il la trouvait belle, mais pas que physiquement. Tout était un ensemble, Neolina était une bonne personne, délicate et douce, gentille mais franche. Et oui, physiquement, elle était également belle. C'était un ensemble qu'il trouvait lui même parfait, pour cela sans doute qu'elle avait longtemps été son amie aussi. Humectant ses lèvres, le médicomage ajouta : « Je peux te poser une question ? ». Question rhétorique, il savait qu'elle allait dire oui. Mais bon.


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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Sam 3 Juil 2021 - 15:52

Des déménagements, Neolina en avait connu quelques uns. Mais emménager avec quelqu’un, ça n’était en tout et pour tout que la deuxième fois de sa vie que ça lui arrivait. Et la première fois aussi, elle avait impatiente, bien que cette impatience ait été mélangée à celle de son mariage et donc, difficile de faire la part des choses. Mais pourtant, même si tout ça remontait désormais à plus de dix ans, Neolina se souvenait de ce qu’elle avait ressenti. Du moins, de l’ersatz de cette sensation, et surtout, elle savait une chose : ça n’avait strictement rien à voir avec maintenant. Alors certes, oui, Neo avait aimé Andrea, comme on aime son premier amour, avec beaucoup de force, un peu de naïveté et bien trop d’espoir. Ce mariage, ça avait été son choix, le leur du moins mais pour le reste, hein ? Enivrée par le fait de quitter la maison familiale, et d’enfin vivre ce qu’elle entendait avec son mari, Neo avait mis longtemps à réaliser que pour le reste, elle n’avait rien décidé. Logement imposé, décoration minimaliste, voire inexistante… Même cet emménagement, au fond, avait été moins un choix que la suite logique de leur relation. Quant à leur vie de couple… Neo n’aimait pas penser ça, mais parfois, il lui arrivait de se dire que certaines de leurs étreintes n’avaient eu lieu que parce qu’il fallait bien essayer, encore, d’agrandir cette famille qui avait fini par éclater.

Alors avec Razvan, enfin, Neo avait l’impression pour la première fois peut-être de retrouver sa liberté au sein d’une relation. Toutes les décisions qu’elle prenait, ou qu’ils prenaient ensemble, n’étaient finalement dictées que par leur simple envie, toute adulte et libérée des carcans de la société, d’être à deux. Peu importait l’étiquette qu’on voulait leur coller, ou bien ce que la société attendait d’un couple de leur âge, avec leur passif, Neo et Razvan avançaient au rythme qu’ils entendaient l’un et l’autre. Et rien à faire si certains pensaient que ça allait trop vite, ou pas assez. Rien à faire de la bienséance, des qu’en dira-t-on… Après tout, Neo avait l’habitude qu’on parle dans son dos, et s’était depuis forgé une armure qui la rendait imperméable à toute attaque de ce genre. De toute manière, rien, non rien n’aurait pu entacher sa bonne humeur en ce jour-là, si précieux et parfait. A tel point d’ailleurs que le soleil avait même décidé de s’inviter, comme pour parfaire le tableau.

La voix chaude de Razvan extirpa la roumaine de ses pensées un brin nostalgiques, mais positives tout de même quand on y pensait. Elle l’avait dit, elle était heureuse, et tous les jours un peu plus. On aurait bien dit une phrase d’une romantique éperdue, mais Neo n’avait jamais été de ce genre-là, et c’était tout à fait ce qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même. Peut-être n’était-ce qu’une phase un peu lune de miel, qui allait stagner, ou redescendre un peu mais en tout cas, jusqu’à présent, cette douce ascension dans les hauteurs du bonheur lui allait très bien. D’autant plus quand Razvan lui disait des mots si doux et si tendres, qui faisaient écho au moindre geste qu’il avait à son égard - sauf à certains moments où la douceur n’était pas forcément ce qui était attendu. Un sourire de plénitude plus que de vanité sur les lèvres, Neolina se tourna doucement vers lui, contemplant le spectacle de son corps alangui sur le lit, le soleil tapant sa peau mate qu’elle avait toujours plus envie de dévorer. Comment était-il seulement possible que pendant trente ans - ou peut-être quinze seulement, si on zappait la partie adolescente - elle ait pu ignorer avec autant de ferveur la beauté de cet homme ? Quelles oeillères magiques avaient réussi pareil miracle ? Elle aurait pu lui répondre l’exacte même chose que lui, mais à quoi bon ? Son regard parlait pour elle.

La suite de la conversation, toutefois, eut de quoi piquer la curiosité de la petite blonde. Les fesses posées sur le rebord de fenêtre, ses mains s’y appuyant par réflexe pour éviter une maladresse qui viendrait un peu rompre le charme, Neo pencha légèrement la tête sur le côté, cherchant à percer les mystères que Razvan lui faisait. Ça n’était pas tellement dans ses habitudes que de poser une question pour savoir s’il pouvait en poser une. Non, Razvan le pragmatique posait sa question, point. « Bien sûr Iubire» répondit-elle avec douceur, bien qu’elle ne savait pas réellement à quelle sauce elle allait être mangée. Ce pouvait être une bête question, mais si c’était le cas, alors pourquoi lui demander ? Non, vraiment, c’était sûrement une bête question, alors pourquoi son coeur commençait-il bizarrement à s’emballer comme ça ?
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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Sam 3 Juil 2021 - 18:57

La vie n'était pas un long fleuve tranquille. Siankov et Vacaresco l'avaient constaté dans leur genre. Différemment, certes, mais la vie les avait si brutalement heurté qu'ils avaient sans doute cru qu'ils ne pourraient jamais réellement être heureux à nouveau. Le fait est que le roumain s'était persuadé de la chose, plus encore quand il avait dû fuir son pays. Soutenu par qui...? Pas grand monde. Seul avec sa fille, il ne s'était pas appesanti des raisons de son départ. Que ce fut à Neo ou à ses beaux-parents. Ces derniers savaient qu'il ne pouvait pas rester en Roumanie mais il était resté bien sobre sur la question. Car se plaindre n'était pas dans les gènes du médicomage qui encaissait les coups sans rien dire. Ce n'était pas pour rien que la boxe était son sport de prédilection. La vie avait continué son cours, à son rythme. Il n'avait pas rencontré grand monde pour égayer un peu sa piètre existence. Sa seule amie étant désormais la femme pour qui il avait des sentiments, mais qui à l'époque était si loin...
Le fait est que la relation de Neolina et Razvan s'était longtemps développée sous le joug d'une relation épistolaire. Ils avaient vécu éloignés si longtemps, d'abord dans leurs mariages, puis dans leurs pays différents. Neo en Russie, Razvan en Roumanie puis en Angleterre, il ne fallait pas être devin pour savoir qu'ils s'étaient bien peu vus. Même pas une fois par an, bien qu'il ait toujours fait l'effort, sinon d'aller la visiter, au moins de lui envoyer quelque chose pour son anniversaire. Ils n'avaient pas voulu effriter leur relation par la distance et c'étaient les retrouvailles qui avaient failli les tuer tous les deux. Tuer leur amitié, détruire ce semblant de souvenir pour eux qui remontait à cette lointaine époque où ils étaient heureux. Pour autant, et malgré les courriers qu'ils s'envoyaient - lui plus concis qu'elle, évidemment - il y avait bien un sujet sur lequel ils ne discutaient quasiment jamais.

« Après la Roumanie... Tu as eu quelqu'un d'autre dans ta vie ? » - Razvan la regardait avec une attention particulière. Il disait bien après la Roumanie, pas après son mariage. L'art et la manière de ne pas nommer les potentiels sujets épineux. Mihaela d'abord, Andrea maintenant. Pas jaloux pour trois sous, il était simplement curieux, curieux parce qu'à l'époque de leur amitié, ils ne parlaient pas de cela. Une pudeur particulière les avait toujours enveloppé sans qu'ils ne se l'expliquent. Il y avait des choses qu'ils ne s'étaient pas dites, sans doute beaucoup d'ailleurs, qu'ils découvriraient peu à peu, jours après jours. Comme pour lever l'angoisse du moment, qu'elle pourrait ressentir pour il ne savait quelle raison, il ajouta avec un humour très pince-sans-rire : « A part moi ». Il fit apparaître un sourire gentil sur le visage, sans déloger le sien de sa main qui le maintenait en place. Le roumain la regardait avec cette espèce de tranquillité sur les traits. N'étant pas là pour la mettre particulièrement mal à l'aise, il compléta : « Mais ne te sens pas obligée de me répondre si tu ne le veux pas ». Parce que bon. Le roumain concédait volontiers qu'il était assez particulier pour ne pas avoir les mêmes tabous que les autres. Alors, des fois que c'en était un...

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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Sam 3 Juil 2021 - 19:41

Ca pour une curieuse question, c’était une curieuse question. Non pas que Neo ait particulièrement des secrets à l’égard de Razvan, ça non. Peut-être justement simplement, de la pudeur ? Leur amitié, peut-être, les avait placé dans cette zone étrange où l’on ne parle pas de ses relations à l’autre. Entre filles, ça se faisait. Entre garçons aussi, elle supposait. Mais entre Razvan et Neo, et bien, jamais. Elle avait su pour Mara par la force naturelle des choses, et puis pour Andrea c’était un peu la même chose, ça s’était fait, comme ça. Peut-être même qu’elle ne lui avait pas clairement dit, sûrement qu’il s’en était rendu compte tout seul comme un grand, et vice-versa. Comme toujours entre eux, les choses s’étaient faites, point. Mais tout bien considéré, il était tout de même étrange qu’ils n’aient jamais parlé de ça, jamais. Neolina n’avait jamais évoqué ses flirts de l’époque du Royaume-Uni et en fait, l’idée ne lui avait tout simplement jamais traversé l’esprit. Est-ce que ça n’était pas un signe, un drôle de signe que leurs oeillères n’auraient pas été assez solides pour résister à ça ?

Sans se l’expliquer, donc, Neolina était un peu gênée par le sujet. Peut-être, déjà, parce qu’il parlait de quelqu’un et… bon, Neo n’en avait pas eu qu’un, de quelqu’un. Ensuite, parce que le moment était quand même diablement mal choisi, alors qu’elle était encore enveloppée de sa chemise et lui dans son plus simple appareil, dans le lit, après un moment passé à deux qui n’appelait aucunement les spectres de son passé. Mais voilà, Razvan était Razvan et si Neo n’était pas romantique, alors le roumain l’était encore bien moins. Et surtout, surtout, cette manie qu’il avait d’évoquer toujours le passé plutôt que de profiter de l’instant… C’était sans nul doute le plus grand flagrant délit qui soit ! Oh bien sur, il y avait sa petite touche d’humour qui la fit sourire, alors que ses doigts trahissaient sa gêne en enroulant une mèche de ses cheveux autour, avant qu’elle ne commence à la mâchonner comme une gamine qui aurait été surprise à faire une bêtise. Pourtant, quelle bêtise hein ? Après tout, elle avait toujours respecté sa propre moralité, et n’avait jamais blessé qui que ce soit, enfin, du moins, pas en… Ohlala, ça commençait déjà à être un peu compliqué dans sa tête, car viendrait bientôt sur le tapis un sujet qu’elle essayait d’éviter depuis… hum, au moins janvier ?

« Eh bien… » commença-t-elle en dégageant la mèche de cheveux qui barrait sa bouche. « Après Andrea, ça n’a pas vraiment été la priorité de ma vie, tu vois. » Peut-être justement parce que son ex-mari avait trop longtemps été la sienne, lui et ses envies de descendance qui avait fini par l’amener à un vrai point de rupture. « Mais oui, j’ai eu quelques histoires, en Russie. » Des histoires, rien de plus, parce que le mot relation lui semblait trop fort pour ce qui s’était réellement passé. Comme intimidée par le sujet, elle rattrapa sa mèche de cheveux qu’elle vint placer derrière son oreille, avant d’affronter son regard pour la suite. « Mais ça ne marchait jamais. Ca ne marchait pas parce que… je crois que je ne voulais pas. » C’était même une évidence. Après tout, n’était-ce pas ce qu’elle avait voulu faire avec Razvan aussi ? Saboter le début de la relation avant même qu’elle n’existe ? S’approchant doucement du lit, la roumaine s’assit tout au bord, repliant ses jambes sous ses fesses en voulant poser sa main sur la sienne, mais elle hésita. Presque comme si elle n’avait pas le droit, c’était ridicule. Après tout, Razvan semblait prêt à respecter son silence, mais ne masquer qu’une partie de l’information lui semblait prendre la forme d’une trahison, sans qu’elle ne se l’explique. « J’ai aussi eu quelqu’un… ici, en Angleterre. » Pourquoi, mais pourquoi cela lui donnait-il l’impression d’avoir fait quelque chose de mal ? « Mais ça n’a pas marché non plus. » précisa-t-elle sans s’embourber dans une histoire de date ou de durée. « Parce qu’au final, c’est toi que j’aime. » dit-elle dans un sourire sincère, alors qu’elle se sentait réellement soulagée d’avoir enfin réussi à se délivrer d’un poids qu’elle ignorait porter. Après tout, oui, la réponse se cachait sans doute là : toutes les histoires de Neo n’avaient jamais marché, parce qu’elle n'avait pas encore trouvé à l'époque la bonne personne à aimer.
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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Sam 3 Juil 2021 - 23:51

A quoi Razvan s'attendait-il ? A rien de particulier. Il fallait reconnaître à Neolina la chance d'être différente de lui, moins casanière, beaucoup plus sociable. C'était une chance, oui, car lui après tout, passait probablement à côté de tout. Son aspect assez rabat-joie, foutrement fermé aux autres existences humaines, le faisait forcément passer au travers. On oubliait facilement Razvan, il ne marquerait certainement pas les esprits. Parce qu'après tout, pourquoi se souvenir de quelqu'un avec qui, au mieux, on aurait échangé quelques mots ? Le visage donc posé sur sa main, le médicomage regardait attentivement Neo, sincèrement curieux. Pas une curiosité maladive, qui l'aurait fait tempêter contre elle si la réponse lui déplaisait, non. Une curiosité un peu candide, presque tendre. Il préférait savoir qu'elle avait vécu des choses plutôt qu'elle ait été comme lui, à ressentir vaguement des sentiments amoureux pour quelqu'un qui avait disparu. Néanmoins, et s'il avait fait attention à bien choisir ses mots, le roumain se sentit un peu bête de sa formulation. Quelqu'un ? Pourquoi une seule personne, au juste ? Il avait tellement des oeillères sur ce que les autres pouvaient vivre que lui-même n'avait pas fait attention à ce qu'il avait dit. Alors forcément et en comparaison avec sa propre formulation, que Neolina lui dise qu'elle avait eu des histoires l'étonna sans qu'il n'en montre rien. Des histoires oui, comme une personne normale, une jeune femme qui vit sa vie.

Il vit bien qu'elle entortillait son doigt nerveusement autour d'une mèche de cheveux blonds, comme si elle ne savait pas comment expliquer les choses. Il s'en voulu de l'avoir mis dans un pareil état pour une simple question de curiosité, qui certes, n'était peut-être pas à poser maintenant. Mais pour lui, qui n'avait finalement pas vécu, cela paraissait tellement futile que cela pourrait être posé n'importe quand. S'il ne parlait jamais de Mara, sans doute que si leur histoire s'était finie autrement que sur un deuil, il aurait eu moins de difficultés à en parler si on lui demandait clairement les choses. Mais voilà, elle était morte en couche, lui traumatisé des grossesses et voir ne serait-ce qu'une femme enceinte le rendait malade. Voir les gens heureux à l'approche de l'heureux événement lui faisait avoir la pensée cynique, celle qui se dit qu'ils seraient autrement plus malheureux si les choses se passaient comme elles s'étaient passées pour lui. Ne pas vendre la peau du veaudelune avant de l'avoir tué, donc, était devenu sa base lorsqu'il était question de grossesses et d'accouchement - bonjour les heureuses conversations ! Le roumain la suivit du regard alors qu'elle le rejoignait sur le lit, sans l'interrompre toujours, pour l'écouter finir. Ainsi donc avait-elle connu quelqu'un au Royaume-Uni. Elle qui n'était arrivée que l'année précédente, on pouvait dire que ça avait été vite. Il ne dit cependant rien, accueillit sa gentille conclusion avec un sourire compréhensif. « Je vois » fit-il en lui tendant la main qui ne soutenait pas sa tête pour qu'elle la lui saisisse, sans insister sur tout cela toutefois. Neolina avait eu ses histoires, elle pouvait les garder pour elle. Ses secrets ne devaient pas être les siens et Razvan n'était pas un curieux maladif mais un curieux respectueux. Alors, il changea à demi le ton de cette conversation en disant : « Vous avez une vie bien remplie Mademoiselle Siankov ». Ou pas tant que ça. Elle n'avait pas donné de chiffre, mais en sept ans, il s'en passait des choses, on en rencontrait des gens... En tout cas, quand on ne s'appelait pas Razvan Vacaresco. « Je ne voulais pas te mettre mal-à-l'aise » souffla-t-il en lui caressant la main avec son pouce, « j'ai juste brusquement réalisé qu'en fait, on a jamais parlé de ça. C'est fou quand même, tu ne trouves pas ? ». Ça lui semblait complètement bizarre que le sujet ait été totalement occulté par eux-même pendant autant d'années. Tout de même, ça leur aurait coûté quoi de parler ne serait-ce que de leurs béguins adolescents ?


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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Dim 4 Juil 2021 - 2:03

C’était tout de même une chose étrange que d’évoquer d’autres hommes devant celui qu’elle aimait. Pas comme si elle avait réellement quelque chose à se reprocher pourtant, mais c’était… bizarre. Oui, vraiment bizarre. Tellement d’ailleurs qu’elle ne pensa même pas à lui retourner la question, probablement parce qu’elle s’en fichait, plus certainement parce qu’elle était perturbée par ses propres propos. En fait, à part avec Stubby, et un peu sa grande soeur, Neo ne parlait jamais de sa vie personnelle. Comme si chaque histoire n’appartenait qu’à elle et à celui avec qui elle l’avait vécu, et jamais elle ne donnait de détail personnel - et surtout pas anatomique - à son grand ami qui en était pourtant friand. Du coup, rester subtilement évasive comme elle l’avait fait, ça lui allait. Pas de mensonges, rien, et pas de jugement en face malgré le caractère tout à fait roumain et traditionnel de son amoureux. En même temps, comme il le disait si bien, elle avait eu une vie bien remplie, tout comme lui d’ailleurs. Une vie qu’elle ne définissait pas que par ses relations amoureuses, mais avant tout par ses rencontres, ses expériences, ses coups durs et ses moments forts. Elle sentit la main tendre de Razvan posée sur la sienne, et ce soulagement soudain d’avoir confié un secret.

Du moins, de ne l’avoir confié qu’à moitié, avait-elle l’impression.

C’était étrange de penser ça, alors qu’elle avait parfaitement le droit de taire aussi bien ses aventures russes que son histoire un peu plus profonde anglaise. D’ailleurs, Razvan sentit son malaise, qui était là sans l’être vraiment, et Neo le regarda d’un air un peu absent en lui délivrant un vague sourire. « Si… » répondit-elle sans même réfléchir à ce qui avait vraiment été dit. « Enfin non. Je… Je ne crois pas que ça soit bizarre, je veux dire… » Non mais depuis quand exactement bégayait-elle comme ça ? « On s’est mariés jeunes, et puis après ça, nous avions d’autres préoccupations, voilà. » éluda-t-elle comme si c’était la réponse à tout, l’univers et le reste. Pourtant, quelque chose trottait dans sa tête comme une litanie, et elle savait que ça allait lui gâcher le reste de sa journée si ça ne sortait pas. Et puis après tout, c’est lui qui avait mis le sujet sur le tapis, non ?

« Bon… » dit-elle finalement en croisant ses jambes en tailleur, face à lui, essayant de ne pas être déconcentrée de son objectif par sa beauté - comment était-ce possible, bon sang, d’être beau comme ça ? « Je ne sais pas pourquoi il faut que je te le dise, mais il le faut, c’est comme ça. Hum… » Neo prit une grande inspiration, comme si elle devait descendre en apnée - elle, Neo, en apnée. Imaginez le tableau… « Cette histoire, en Angleterre, c’était il y a quelques mois. C’était après… » Ah, mais qu’il était douloureux pour elle de fouiller dans de tels souvenirs alors que là, désormais, tout ça était loin derrière eux. Qu’ils étaient enfin heureux, dans leur petite maison de campagne. « Après mon anniversaire. » Blanc. Ce souvenir-là était particulièrement pénible. « Je m’en suis voulue, un temps. Et je ne voulais pas, tu sais, vivre dans le passé. On ne se parlait plus, je… » Agacée par sa propre maladresse, Neo pencha la tête en arrière et se laissa tomber sur le matelas. « Je l’ai quitté après avoir revu Andrea. »  Quand elle l’avait mis à la porte de son appartement. Mais Razvan n’avait pas toutes les clés, alors. Pas encore. Ses yeux perdus dans le plafond, elle y remarqua une fissure qu’elle réparerait d’un coup de sortilège, quand elle aurait la tête à ça. « Tu sais, après mon divorce… Je m’étais persuadée que l’amour et moi, c’était fini. Que je ferais toujours tout rater, parce que c’était ce que j’avais fait avec mon mariage, alors que j’aurais pu trouver des solutions, mais non. J’ai fui, et j’ai longtemps continué de fuir après ça. » N’était-ce pas d’ailleurs ce qu’il lui avait reproché à l’époque ? « Je crois que je préférais tout faire rater plutôt que, tu sais, subir l’inverse. » Sa main chercha la sienne alors qu’elle n’avait même pas la force de se redresser. « Ne me laisse pas tout faire rater avec toi, d’accord ? »
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Razvan Vacaresco

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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Dim 4 Juil 2021 - 2:41

Le pouvoir des mots, c'était quelque chose que Razvan ne maîtrisait pas. Aussi doux et gentil fut-il, il manquait cruellement de tact. Il mettait les pieds dans le plat avec un talent phénoménal. Sans se l'expliquer, il déclenchait parfois de si violentes conversations qu'il regrettait souvent de l'avoir ouvert. Et pour cause, le voilà restreint à se la boucler la plupart du temps parce que n'importe quelle phrase ou question semblait-être sur le fil du rasoir. Là, c'était le cas. Il avait volontairement posé un sujet qui en fait, venait salement de plomber l'ambiance. Lui qui pour le coup, ne faisait pas grand cas des questions sentimentales, le voilà à avoir déclenché un sacré trouble chez Neolina. Son apparente absence alors qu'il lui parlait, pire qu'il lui caressait la main, parlait pour elle. Et que dire de ses bégaiements ? Elle ne bégayait jamais, Neo, encore moins avec lui finalement. Alors voir qu'il avait provoqué ça par une question stupide, oui, il s'en voulait.

Et puis, elle croisa les jambes en tailleur pour commencer à lui parler. Lui dire ce qu'elle avait sur le coeur, qui pesait lourd sur son palpitant, tant et si bien qu'elle semblait réellement perturbée par ce à quoi elle pensait. Razvan ne pensait pas qu'elle lui devait une quelconque explication, d'ailleurs, il allait encore le lui dire lorsqu'elle commença à parler. Et respectueux comme il l'était toujours, le roumain ne la coupa pas. Au contraire, il se releva en position assise pour être à la hauteur de son regard et y lire au fond de ses jolis yeux noisettes combien elle était perturbée par ce qu'elle lui livrait là. Ainsi donc, son histoire anglaise datait d'après leur dérapage, et d'après leur dispute. Une partie de lui, il fallait bien le dire, était vexée comme un pou, parce qu'une fierté roumaine, ça s'abîmait très vite. L'autre partie, heureusement plus forte, était raisonnée et calme. Posée aussi, de quoi tempérer les ardeurs de l'autre qui insufflait des sentiments bien contradictoires chez le médicomage. Le roumain s'était rendu malade. Malade de ce qui s'était passé à l'anniversaire de Neolina. Cet énième échec de sa vie l'avait conduit à la dépression, à renvoyer sa gamine chez lui parce qu'il ne pouvait plus s'en occuper. Et Neo, en comparaison, avait simplement eut l'idée de froisser le drap ailleurs. Oui, Razvan était foutrement vexé. Mais heureusement comme nous l'avons dis, il était aussi calme. Chacun était différent, chacun avait besoin de vivre les choses différemment. Ils n'étaient pas ensemble en septembre, ni pendant les mois qui avaient suivi. Si c'était sa manière à elle de passer à autre chose, soit, c'était ainsi et sans doute beaucoup, beaucoup plus sain que ce qu'il faisait lui. Il en convenait totalement. La seconde surprise vint du fait qu'elle lui avoua l'avoir quitté après avoir revu Andrea et il ne put s'empêcher de se demander si c'était avant, ou après qu'elle l'ait brutalement congédiée de chez elle. Neo s'était allongée, sur le matelas, s'échappant de son propre regard. Il était trop loin pour lui saisir la main, elles s'étaient déliées dans le mouvement. Aussi posa-t-il tranquillement ses mains sur ses cuisses, dans un geste rassurant. L'aveu plus profond lui arracha un sourire, sa conclusion également. « Tu n'as pas à regretter d'être partie, ni cette fois, ni les autres » répondit-il enfin après une pause qui lui avait paru infinie, « regretter de partir, c'est risquer aussi de s'enfermer un jour ». Et dans les relations, il fallait, souvent, penser à soi d'abord. Mais voilà, le roumain ne savait pas quoi lui répondre pour la fin de son laïus. Tout faire rater, elle, alors que c'était lui qui était au bord du précipice ? Lui qui avait du sang sur les mains, un tatouage hideux sur le bras ? Et c'était elle, qui devait tout faire rater ? La caresse sur sa cuisse ne s'était pas arrêtée pour autant et Razvan essaya de capter son regard, comme pour qu'elle voit son sourire. Il aurait voulu lui dire qu'elle ne se débarrasserait pas de lui si facilement, ou tout autre plaisanterie du genre mais le moment ne semblait pas propice pour cela. Neolina avait besoin d'être rassurée, elle avait besoin, sincèrement, de sécurité. « Je ne me suis pas assez battu pour nous » avoua-t-il avec une déconcertante clairvoyance, la voix toujours profondément douce, « je peux toutefois te promettre d'essayer de faire mieux dans le futur ». Ce n'était pas une promesse de l'enchaîner mais une promesse d'essayer de faire fonctionner les choses. Parce que c'était ce qu'il désirait, du plus profond de son coeur, parce qu'il aimait cette femme si fort que ça lui rongeait l'organe vital.


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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Dim 4 Juil 2021 - 21:30

Ah, les regrets… Les fameux regrets de Razvan. C’était là une différence majeure entre les deux roumains, et malgré tout ce que Neo venait de dire, elle restait bel et bien fidèle à sa philosophie : ne pas s’encombrer de regrets. Elle avait ressenti de la culpabilité, peut-être, mais c’était chaque fois pour essayer d’avancer. Pas toujours sur le bon chemin - si tant est qu’il y en est un - mais au moins avait-elle pensé à elle, égoïstement comme lui reprochait souvent sa mère. Et puis, Razvan avait raison. Si elle était restée avec Andrea, dans quelle vie serait-elle aujourd’hui enfermée ? Si elle était restée avec Natanaël, à côté de quoi serait-elle passée ? La vie était faite d’une multitude de choix, pas toujours faciles, mais qui permettaient parfois d’accéder au véritable bonheur. Parce que n’était-ce pas finalement ce qu’elle vivait, là, maintenant ? La caresse de Razvan sur sa peau découverte lui faisait du bien, comme ces mots aussi, parce qu’il arrivait tout de même que le maladroit roumain parvienne à trouver ceux qu’il fallait - même si c’était lui qui avait déclenché la conversation, avec un timing assez déplorable mais on ne se refaisait pas.

Neolina resta silencieuse un bon moment, sans même chercher à croiser le regard de Razvan. Pas qu’elle soit particulièrement fâchée, ou triste. Juste, pensive et un peu mélancolique, comme ça lui arrivait assez rarement mais il y avait bien des exceptions qui confirmaient la règle. Intérieurement, elle se faisait la promesse solennelle de ne pas faire les mêmes erreurs avec lui, et au fond, elle savait bien que ça ne serait pas le cas. Ils avaient appris tous les deux, avaient suffisamment vécu et il fallait les voir aujourd’hui. Plus matures, pas forcément très raisonnables mais… Peut-être que le chemin et les embûches qui allaient avec avaient été nécessaires. Ou peut-être avaient-ils simplement réussi à se remettre de tout ça, et ensemble. Parce que si Mara était toujours là, et si Neo était devenue maman, sans doute auraient-ils été tout aussi heureux. Différemment, bien sûr, mais heureux quand même. Après tout, le bonheur ne prenait pas qu’une forme, pas vrai ?

L’aveu de Razvan la tira finalement de ses pensées, et Neolina se redressa pour ficher son regard dans le sien, et lui délivrer un gentil sourire. Elle n’était pas triste, non. Elle réalisait, une fois de plus, qu’elle était avec la bonne personne pour elle, et que pour rien au monde elle n’avait envie de saboter tout ça. Pour rien au monde elle n’avait envie de partir, et cette nouvelle étape de leur vie en était la preuve plus qu’évidente. Aucun je t’aime au monde, au fond, n’aurait pu dire avec autant d’intensité à quel point elle croyait en leur histoire. Posant sa main sur sa joue, elle caressa de son pouce la courbe de son menton. « Je crois que toi et moi, on s’est suffisamment battus comme ça. » Avec la vie, leurs propres sentiments, leurs peurs ridicules. Voilà peut-être pourquoi Neo et Razvan n’avaient jamais eu cette conversation : parce qu’ils étaient tous les deux fâchés avec l’amour. Curieux en fait quand on voyait à quel point leur relation aujourd’hui était intense, profonde, et sans combat inutile. « Je préfère quand on dépose les armes, pas toi ? » Faites l’amour, pas la guerre, c’était un slogan de hippie, mais un slogan qui résumait bien la nouvelle philosophie de Neo. « Alors, peut-être qu’au lieu d’être contre le reste du monde… » Elle déposa un doux baiser sur ses lèvres avant de se détacher de lui, dans un sourire qui dévoilait toute la force de ses sentiments. « On devrait juste s’en moquer, et créer notre monde à nous, non ? » Après tout, ils n’étaient plus des enfants. Et Neo était prête à créer ce monde là, cette famille, avec l’homme qu’elle aimait, justement, le plus au monde.
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MessageSujet: Re: L'horizon d'Ecosse | NEOLINA L'horizon d'Ecosse | NEOLINA 129196351Dim 4 Juil 2021 - 23:41

Qu'il avait été dur de réunir ces deux âmes qui pourtant ne semblaient attendre que cela. Neolina et Razvan avaient honteusement tourné autour du pot. A juste raison, ou pas, sans doute que seul l'avenir le leur dirait. Pour l'heure, ils emménageaient ensemble, ils s'aimaient et aucun nuage ne semblait paraître à l'horizon de ce ciel d’Écosse. C'était sans doute une bonne chose que la discussion ait été évacuée de la sorte, bien qu'elle semblait avoir laissé Neo un peu pensive. Il se demanda, pendant quelques instants, s'il ne valait pas mieux la laisser seule mais pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, il n'avait pas l'impression de la déranger particulièrement. L'atmosphère semblait avoir quelque peu changé, sans pourtant être foncièrement désagréable, trouvait-il. Razvan avait toujours été mélancolique, ce n'était pas étonnant qu'il se sente bien dans ces moments particuliers de calme. Toujours assit, la main avait son mouvement répétitif, tant et si bien qu'elle se releva finalement pour le regarder et lui répondre. Sa douce caresse sur son visage ne le fit pas sourire mais fermer brièvement les yeux, parce qu'il avait l'impression qu'il ne saurait jamais se lasser d'une douceur pareille. Il écouta ses paroles sans y répondre, les réponses étaient évidentes, de toute façon. Elle l'embrassa avec une tendresse qui n'appartenait qu'à elle et à sa dernière phrase, le médicomage se fit la réflexion que bon sang, tout son monde, c'était elle. C'était sa fille. Il n'y avait guère que ça qui comptait dans sa vie. Cette femme qu'il tenait contre lui, cette enfant qui était la sienne sur le continent, loin de chez lui. C'était un peu étrange finalement de commencer cette vie sans que sa gamine en fasse partie. Sans doute que Neolina s'était faite la réflexion elle-même, à un moment. Et Razvan redoutait ce fameux moment où elle poserait le sujet sur la table, où il serait obligé de dire la vérité. Enfin, la "vérité". Un morceau de celle-ci. Peut-être pourrait-il au moins un peu expliquer son odieux comportement en août, puis septembre, puis en novembre. Le roumain anticipait ce fameux moment où il lui faudrait dire les choses telles qu'elles étaient. "Oui, on a menacé ma gosse pour des services, oui, c'est pour ça qu'elle est en Roumanie et que je ne veux surtout pas qu'elle vienne ici et oui, c'est aussi pour ça que j'ai été un tel con avec toi". Ca avait l'air très facile à dire comme cela. Mais ciel, cette conversation viendrait, et elle promettait d'être difficile, d'autant plus qu'elle serait teintée de remords et de mensonges. Toujours et encore des mensonges, cette relation ne se construisait-elle pas là-dessus ? La question, encore une fois, était rhétorique, et le regard de Razvan, voilé par ses pensées, se détourna brièvement de Neo avant de se reposer sur elle. Il avança son visage pour lui embrasser chastement les lèvres, décala sa tête pour lui embrasser la tempe et fit glisser finalement ses bras de part et d'autres d'elle pour la serrer contre lui, le nez dans ses cheveux. Cette journée devait être belle et ne devait pas s'encombrer de quelconques remords.


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