“Learn this well, the last ride is never the last ride. And the end is not the end.”
Poudlard m’avait accueilli à bras ouvert. Je n’avais pas mis longtemps pour m'y sentir chez moi, plus qu’ailleurs. A mes yeux, le château avait été plus qu’une école, ces lieux avaient été ma maison. Le premier endroit où j’avais enfin pu être moi-même. J’avais naturellement eu du mal à faire mes adieux à ses murs et son parc. Et lasse, le front collé au carreau, je regardais la forteresse disparaître dans la vapeur cendrée du Poudlard Express. “C’est terminé…” avais-je murmuré dans un soupir étouffé. Je n’étais définitivement pas le seul à éprouver une telle nostalgie. Nombreux étaient les anciens septième année agglutinés dans l’allée, scotchés aux parois vitrées. L’atmosphère y était palpable et je me sentais englouti dans ce reflux d’émotions. Certains ne dissimulaient pas leur tristesse, les mouchoirs blancs épongeaient déjà des joues humides. Les plus vaillants assuraient qu’ils n’avaient aucun regret à quitter l’établissement. Les moins téméraires s'inquiétaient de ne pas être prêts pour le monde extérieur. Contraste frappant et notable, j’étais seul. Alors que les autres commençaient à partager leurs souvenirs estudiantins et leurs perspectives d’avenir, je me retrouvais exclu les paupières tremblantes. Ne croyez pas que cela ait pu me faire un quelconque effet. A dire vrai, je m’en secouais le chaudron d’eux. Je m’étais donc glissé dans un compartiment vide. La solitude avait ce petit truc qui me rassurait. Je pouvais laisser libre court à mes sentiments, sans avoir besoin de me cacher. Il n’était pas dans ma nature d’étaler ma sensibilité devant un wagon plein à craqué d'adolescents en pleine poussée d'hormones. Et en tout franchise personne ne serait venu embêter le mec qui avait passé son temps à fuir les contacts humains. Mais à ma plus grande surprise, quelqu’un était entré dans ma cabine.  “Hé, je sais pas si tu me remets ?” Qu’est-ce qu’il me voulait celui-là encore. Adrick était le genre de gars qui ne prenait jamais ‘non’ pour réponse. L’utopiste de première qui voyait toujours la bièraubeurre à moitié pleine. Son monde ne devait être que licornes, boursouflets et gentils dragonneaux. Il était la naïveté personnifiée. “Je t’ai vu partir tout seul. Alors je me suis dis, qu'on pourrait partager un compartiment.”  La politesse aurait voulu qu'il me demande s'il pouvait se permettre de déranger ma tranquillité. On ne pénétrait pas dans ma sphère spirituelle sans conséquences. Mais après tout, il n’avait pas manqué de courage pour s’afficher avec le type qu’on évitait à tout prix pour se passer le malaise d’un monologue. “On avait cours de soins aux créatures magiques ensemble en cinquième année, ton binôme pour l’étude des Botrucs?” Bien évidement que je savais qui il était. On oubliait pas une tronche de Chartier pareille. On ne pouvait pas le manqué, il surpassait les autres d'une tête. S'il avait pu juste s’asseoir et se taire. Sa présence seule me dérangeait et s'il continuait à occuper mon espace vitale je n'aurais eu aucun remord à lui faire subir un sortilège de mutisme. “J’ai du mal à me dire qu’on ne reviendra pas l’année prochaine. En tout cas, je sais pas toi, mais j’ai hâte de...’ Par la barbe de Merlin, il était aussi bavard qu’une beuglante. Il me filait une migraine dont aucun remède ne viendrait à bout. J’étais déjà pas d’humeur et le voilà qui allait me raconter ses plans pour l'avenir. Il n’aurait pas pu se trouver un autre élève pour lui tenir le crachoir. Je m’étais relevé d’un bond, les mains plaquées de chaque côté de sa tignasse. “Adrick, tu sais que si les gens ont passé leur scolarité à t’éviter c’est justement parce que tu ne leur laisse pas le temps d’en caser une…” Ok ce n’était peut-être pas la plus aimable des vérités, mais si je l’avais laissé sur sa lancée le pauvre aurait sûrement succomber de déshydratation. "Et ça ne t'es pas venu à l'idée que je n'avais pas envie de te parler ou de parler tout court? Alors épargne-moi tes états d'âme!" Je m’étais effondré dans l’assise, en espérant que le message ait bien été reçu. Je n'aurais eu aucun scrupule à le soumettre à un sortilège de mutisme si par accident sa bouche avait fourni un nouveau son.  
Et dans le silence de mes pensées c'était terminé la voyage du retour à Londres. La boucle était enfin bouclée. J'étais entré à Poudlard seul et pratiquement seul j'en étais reparti.