Ça ne peut plus durer.
Tant et si bien que ça me bouffe, littéralement de l’intérieur. J’ai voulu côtoyer les Dieux, mais, je ne m’y suis que brûlé les ailes. J’ai pensé être heureux, mais ça été un doux songe dont je me suis persuadé. Pendant quelques mois, du moins. L’étincelle, elle a répondu au doux nom de Carina Hodgens. Une ancienne camarade de Serpentard, qui a partagé la même Maison que ma personne, durant sept années. Et dont, bien malgré moi, j’en ai ressenti des puissants sentiments. De l’Amour, probablement. De l’affection ? Sûrement. Ça me semble plausible. Même si pour aimer, je suis cassé. Et, que je ne sais pas le faire proprement. Pas comme lorsque je balance un Cognard, dans la mâchoire de mes adversaires. C’est propre ça. Du moins, j’essaye. Or, mes sentiments, ce n’est pas la même chose. On ne m’a pas appris correctement à aimer mon prochain. Et, je ne suis pas la bonne personne pour cela. Car, on ne me l’a jamais dit. Je ne l’ai jamais ressenti comme tel. Et, maintenant, à l’heure d’aujourd’hui, ça m’empoisonne.
Ça s’est insinué, tel un Poison. Ça a gangréné, mon âme et mon cœur, pour laisser quelque chose qui possède un goût de métal et de cendres. De suie. J’en ai recouvert mon palpitant, jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un amas informe de ténèbres et de froideur. Il vaut mieux qu’on arrête là. Qu’on ne poursuive pas la route ensemble. Qu’on ne s’arrête pas à la même gare. Qu’on emprunte plus le même train vers une même destination. Il y a un moment donné, où je récupère mes valises et j’attends sur un autre quai. Seul. Sans personne. Sans elle. Quitte, à ce qu’elle se libère elle, de ces entraves que j’ai pu lui imposer. La jolie rousse, elle est libre. Elle est solaire. Et moi, j’ai toujours eu cette impression, d’être la Terre qui dévore le Soleil. Ou la Lune, qui l’a assombri. Je ne peux pas continuer comme ça. Ça ne peut plus durer. Malgré le fait que l’on s’entende et que Deirdre Hodgens, m’apprécie. Tout doit s’arrêter. Avec des larmes, des mots crus et durs, je ne sais pas. On arrive à la fin. C’est aussi simple que ça.
Durant l’entraînement, j’ai été admirablement mauvais. Évitant les Cognards, plus que par habitude que par réel enchantement. Le dernier, en revanche, m’a littéralement coupé le souffle. A la limite, de cracher une gerbe de sang dans l’herbe, tellement mon corps ne l’a pas amorti. On veut me rapatrier à Sainte-Mangouste, il en est hors de question. Pas maintenant. Pas la voir. Pas dans ces conditions. Dans un terrain neutre. Pas chez moi. Dans un café, probablement. Assis, sur le banc des vestiaires, enlevant mes protections de Batteur, je rédige un courrier rapide. Lui stipulant de me retrouver là, où on s’est embrassés. Sur les hauteurs de Londres. C’en est presque romantique, si ce n’est point pour se quitter. Grimaçant, tout en posant ma main dans mes boucles brunes, j’attends avant de signer et de lui envoyer le courrier. Un courrier, où je ne fais pas étalage de mes pensées. Je vais développer ces dernières, quand je la verrais. Quand j’y serais confronté.
Transplanant et m’ayant changé au préalable, je pose mes bras sur la balustrade en fer forgé, qui surplombe une capitale anglaise presque endormie. On est en Septembre, il fait encore jour. Mon regard bleu clair embrasse le panorama, tandis que mon écoute est toute attentive. J’attends d’entendre le « plop » caractéristique qui me signalera que ma petite amie est dans les parages. Et là, et seulement là, je pourrais commencer à être affreux. Comme je l’ai toujours été. Et comme, ça ne changera jamais. Jamais.