Il était vraiment tard, ce soir, mais je ne trouvais pas le sommeil. Demain avait lieu le soir de pleine lune et pour la première fois, Sirius, Peter et moi allions expérimenter nos animagus au contact de notre ami Rémus. Son petit problème de fourrure, comme on aimait à l'appeler, n'affectait en rien notre amitié et nous étions prêt à tout pour que Lupin ne se sente pas seul lors de ses transformations. Cependant, il fallait avouer que l'anxiété était énorme...

Lorsque Maewan entra -je m'étais toujours demandé de quelles origines il était, celui là- je sursautai et tournai les yeux dans sa direction. Depuis cinq ans maintenant que j'étais à Poudlard, j'avais bien entendu déjà entendu parler de lui. Le type qui se fracasse les os plus vite qu'il ne bois un verre de jus de citrouille, sa réputation n'était plus à faire. Cependant, au bout d'un moment, il vint se présenter à moi, la main tendue. Souriant, je posai mon grimoire et lui serrai la main.

James Potter, dis-je bien que je pensais qu'il n'était pas nécessaire que je me présente...

Son hibou dégagea ensuite une drôle de fumée et je me mis à rire franchement.

Tu devrais l'envoyer aux cuisines, les elfes sauraient quoi faire demain au déjeuner...

Question contre question, c'était même plutôt équitable, étant donné que j'avais au moins une trentaine de questions à poser à ce garçon. De quelle origine était-il ? Pourquoi portait-il toujours un bandana bizarre sur le visage ? Pourquoi ne mangeait-il jamais avec ces camarades ?

Lorsqu'il parla de Rémus, je le fixai un moment. Il n'était pas le premier à remarquer le comportement étrange de Rémus, mais les maraudeurs et moi même, Albus Dumbledore aussi, mettions tout en oeuvre pour que personne ne l'apprenne. C'était la fin de Poudlard, si les parents d'élèves apprenaient qu'un loup garou était élève dans l'école.

Il est malade, oui. Slughorn lui a fait ingurgiter une potion ratée, lors du dernier cours. Ça arrive, rien de grave. Madame Pomfresh l'a soigné, il va juste être fatigué pendant quelques jours, voilà tout...

L'excuse était nulle car jamais le professeur Slughorn n'aurait fait avaler une potion ratée à l'un de ses élèves et encore moins à Rémus. C'était d'ailleurs le maître des potions qui préparait une mélasse spéciale pour notre loup garou, à avaler avant chaque pleine lune pour que les transformations soient moins douloureuses.

A mon tour de poser une question, mon vieux.

Je souriais, puis poursuivais.

Pourquoi portes-tu toujours ce... Ce foulard là, juste devant ton visage ? C'est pour faire style ou c'est plus personnel ?

Je fronçai les sourcils à sa réponse. Les monstres ? Qu'entendait-il par là ? Je ne connaissais que vaguement ce garçon. Pourtant, il était dans la même classe que moi depuis cinq ans, mais quand on est un Potter, on ne peut se permettre de traîner avec des zigotos. Déjà que Peter était limite... Enfin non, Peter me faisait passer pour quelqu'un de bien, qui prenait les plus faibles sous son aile. Il était donc un bon point dans ma liste d'amis proches.

Ok... Et bien ma prochaine question est... Pardon ? Les monstres ? T'entends quoi par là ?

J'avais peut être devant moi un autre loup garou. Rémus ne serait pas l'exception de Poudlard ? Beaucoup de réponses me venaient en tête. Soit Albus Dumbledore est un cinglé, au point de faire la charité à chaque monstre du coin, soit Maewan n'avait rien d'un lycan, et dans ce cas je retirai ma précédente pensée, soit c'était peut être pire, un vampire, qui sait, et nous connaîtrions une nouvelle guerre lycan/vampire si jamais le jeune asiatique venait à apprendre la véritable identité de Rémus.

Je secouai la tête pour enlever ces idées farfelues de mon crâne, puis croisai les bras, attendant sa réponse.

Si c'est si personnel, ne t'en fais pas. Je ne le répéterai pas, dis-je en lui souriant.

Lorsque le jeune garçon retira son bandeau, j'eu un mouvement de recul. Les yeux plissés, j'observai ces marques sur son visage, me demandant quel genre de monstre pouvait lui infliger un tel sortilège. Je me doutais que de la magie noire se cachait là dessous. Une façon de pouvoir faire souffrir Maewan à distance. Peut être qu'à sa majorité, cette emprise, comme la marque qui nous suivait depuis le ministère, prendrait fin, et il serait enfin libéré. Seulement j'en doutais.

Lorsqu'il remit son bandeau sur son visage, la grimace qui était apparu sur mes lèvres resta. J'avais comme pitié de ce garçon, à qui je n'avais jamais parlé auparavant. Jamais je ne me serait douté qu'il pouvait cacher quelque chose d'aussi dur en lui. D'ailleurs, je ne m'étais jamais posé la question, pensant que c'était une simple façon de se faire remarquer. Ce qui ne me concerne pas m'intéresse la plupart du temps jamais. C'était mon côté vaniteux et égocentrique qui refaisait surface.

Quel genre de gens pourraient faire ça... murmurai-je, plus pour moi même qu'à voix haute.

Ma question passa aux oubliettes et le jeune homme changea de sujet. Il est vrai que cela faisait un moment que nous n'avions pas fait de farces, mais nous étions tellement absorbés par la création de la carte des Maraudeurs qu'il était difficile de se concentrer sur autre chose. Je réprimai un rire en imaginant Peeves en tutu. Ce garçon était beaucoup plus intéressant que je ne le pensais.

T'en fais pas, mon vieux ! On va revenir sur le devant de la scène d'ici très peu de temps. Tu entendras parler de nous dans des décennies avec ce qu'on vous réserve !

Je souris, puis rajoutai.

Et en fait, tu traînes avec qui, toi ? J'te vois jamais avec personne...

Ce garçon semblait s'apprécier, encore plus que je m'appréciais moi même. Sans Sirius, Rémus et Peter, je me l'avouai souvent, je n'étais rien. Je ne serais qu'un simple ringard si je n'avais pas mes trois meilleurs amis. Bon, j'avais tout de même l'avantage d'être beau gosse et de ne pas avoir de cicatrices qui venaient abîmer mon doux visage. Cependant, il fallait avouer que ce jeune homme, qui adorait sa propre compagnie, devait avoir une haute estime de lui même, du genre "personne n'est digne de me parler". Ce qui me semblait bizarre. Peut être plutôt qu'il n'avait pas d'ami, seuls les elfes acceptaient de lui parler... Bref, c'était méchant de ma part de penser une telle chose, c'est pourquoi j'essayai de chasser cette idée de ma tête.

Comment connais-tu l'accès aux cuisines, toi ?

Les maraudeurs et moi même avions mis beaucoup de temps avant de trouver les cuisines de Poudlard, qui n'étaient absolument pas faciles à trouver. Et à ce que je savais, nous étions quasiment les seuls à connaitre l'accès à ce lieu. C'était étonnant qu'un garçon comme Mae sache où elles se situent.

Et tu... Tu manges... Avec les elfes ??

Je faisais parti d'une très vieille famille de sorciers et même si j'avais un grand coeur, il était tout de même étonnant de considérer les elfes autre que comme des domestiques. Jamais je n'aurai imaginé Sirius manger avec Kreattur, cette horreur d'elfe de maison qui appartenait à sa cruelle de mère.

J'haussai les sourcils en écoutant Maewan. Je compris mieux comment il découvrit par hasard les cuisines. Avec une coiffure comme la sienne, il devait probablement chatouiller les couleurs de tous les tableaux sur son passage. Décidément, ce garçon était bien hors norme.

Ensuite, c'est de la pitié qui pris place dans mon esprit. Ce garçon était obligé de manger avec des elfes car il n'avait pas d'ami. C'était affreux, surtout que les elfes étaient considérés dans le monde comme le plus bas des niveaux sociaux, pire que l'escargot, probablement. C'était ce que tous les sorciers pensaient des elfes, ça n'avait rien à voir avec de la méchanceté ou non. Un elfe était là pour servir, pas pour taper la discussion autour d'une assiette de saucisse/frites.

Tu sais, Maewan... Tu as l'air d'être quelqu'un de bien. Je ne vois pas pourquoi tu t'obliges à rester avec les elfes. Tu es certes, un peu spécial, je pense aussi que ton secret doit te peser un peu mais sache que tu es quelqu'un de très sympa. Si les gens savaient pour ton... Petit soucis de visage, ils ne te rejetteraient pas. Personnellement, je serais incapable de vivre sans ami, je ne sais pas comment tu fais...

Que serai-je sans Sirius, Peter et Rémus ? Rien du tout, sans aucun doute. Sans m'en rendre compte, voilà qu'à présent, je gigotai dans mon fauteuil. Une envie pressante se fit ressentir et je devais à tout prix prendre congé de Mae avant de faire une flaque sur le tissus du sofa.

Oula, par contre mon vieux, il va falloir que je te laisse ! Je crois que le jus de citrouille veut sortir ! Ensuite, j'irai me coucher, je suis mort !

Je me levai en hâte, puis me retournai vers lui.

Et puis, évite les elfes, ils vont te lobotomiser le cerveau... Les vrais amis, c'est mieux, fais moi confiance.

Je lui souris puis grimpai les escaliers qui menaient aux toilettes, avant de filer me coucher.