« Merde, mon vieux, j'y étais presque ! fit Derek en frappant du plat de la main sur le comptoir.
— Mais non, t'y étais pas du tout... » rétorqua Brooklyn, les yeux rivés sur les verres d'alcool qu'il avait déposé sur la table juste avant et qui avaient failli voler en éclats à cause de Derek et de sa force de brute.
Décidément, ce garçon n'avait aucun respect pour l'alcool, surtout quand c'était Brook qui réglait la note à la fin.
« Remarque, on a échappé à l'éternelle gifle, ajouta Derek. C'est vrai quoi, c'que les femmes peuvent être prévisibles parfois, et manquer d'originalité ! Danny au moins, elle a eu la dignité de partir la tête haute sans rien faire de trop ridicule. Rien que pour ça, j'suis sûr que c'est une brave fille.
— C'est vrai, une grande dame, fit Brook avec humour.
— Je vais la regretter je crois...
— Tu peux toujours lui courir après, suggéra le bulgare. Elle ne doit pas être allé bien loin. Et puis, quand tu lui apprendras qu'à chaque pleine lune, tu te transformes en bête à poils, peut-être qu'elle se la jouera encore brave fille et qu'elle ne se dira pas que tu te fous une nouvelle fois de sa tronche. Après tout, y en a qui aime ça, les types velus un peu sauvage ! Allez, à la tienne, mon ami. »
Et Brooklyn leva son verre à cette soirée plutôt bien réussie. Il trinqua avec force contre le verre de Derek et ingurgita le liquide ambrée d'une seule traite. Puis il jeta un coup d'oeil à sa montre. Il se faisait tard, il avait du boulot demain et s'il ne voulait pas avoir l'air d'un zombie dans les couloirs de l'hôpital, il avait plutôt intérêt à rentrer fissa.
« Je vais devoir te laisser, demain je commence tôt, dit Brooklyn. Je ne sais pas si je pourrai venir demain soir, je dois aller voir mon père au manoir, histoire de voir un peu... comment il va, c'est pas la forme, ces temps-ci. »
La maladie du paternel s'intensifiait et Brook craignait même qu'il ne puisse être là pour voir son fils se marier. Il chassa cette idée de la tête et colla une tape dans le dos de Derek.
« Allez, bonne nuit mon vieux. Mavrek, sur ma note ! » ajouta-t-il en désignant du doigts les nombreux verres d'alcool qui traînaient sur le comptoir.
Puis il quitta le bar, resserra son manteau autour de son cou et prit la direction de son appartement.