« Tout va b... »
La jeune fille déposa sa main sur la joue de Brooklyn et, le regard rivé dans le sien, il put lire en elle, il put voir la vision qu'elle était en train d'avoir de lui. Les yeux grand ouverts, il fut incapable de détourner la tête, il était comme paralysé. Qui était-elle ? Comment réussissait-elle à voir en lui de cette manière ?
Enfin elle retira sa main de sa joue et Brooklyn fit un pas en arrière, la bouche entrouverte, les deux mains dirigées vers l'avant comme s'il ne voulait pas qu'elle l'approche.
« Qu'avez-vous fait ? » demanda-t-il d'une voix glaciale et quelque peu paniquée.
Elle savait. Il était incapable de comprendre comment mais elle savait.

Tout le monde regardait la jeune femme étalée par terre. Brooklyn entama un mouvement pour aller la relever et lui intimer de se calmer mais plus il avançait, plus elle répétait :
« Le démon ! C'est le démon ! »
L'effet de surprise passé, Brooklyn se ressaisit. Il devait agir avant qu'elle ne porte toute l'attention sur lui. Ce qu'elle avait vu, si elle venait à le répéter, Brook était mort. Alors il valait mieux que la pseudo voyante trépasse avant lui.
Le sorcier se retourna vers le barman et soupira.
« Je m'en occupe, Tom. »
Puis il reporta son attention sur la jeune femme et l'obligea à se relever en la tenant sous les aisselles, malgré ses protestations.
« Arrêtez votre cirque, allons régler ça dehors, gronda-t-il à l'oreille de cette sombre folle imbibée d'alcool. Encore un mot et vous tâterez de ma baguette. »

Brooklyn regardait la cinglée d'un oeil mauvais. Elle le suppliait de l'épargner, les doigts frêles agrippés à son col. Brook grogna, prêt à sortir sa baguette lorsqu'elle s'évanouit dans ses bras. Bien. Au moins, elle ne bougerait plus et il pourrait enfin faire ce qu'il avait à faire, la liquider. Il déposa la voyante sur le sol, sans aucune délicatesse, puis il sortit alors sa baguette de sa poche de pantalon et, impassible, il la dirigea en direction de la jeune femme.
« Av... commença-t-il mais Tom le barman apparut à ce moment-là à l'entrée de son pub.
— Que se passe-t-il, elle va bien ? demanda-t-il.
— Hm, fit Brooklyn. Elle s'est évanouit, j'allais tenter de la réveiller en lui versant un peu d'eau sur le visage.
— Bon, elle doit avoir froid par terre, je vais lui chercher une couverture. »
Et il disparut. Brooklyn se mit à maudire le barman, il ne pouvait plus agir, celui-ci allait revenir d'une minute à l'autre et s'il voyait la demoiselle étendue sur le sol, sans vie, il allait forcément associer sa mort à Brooklyn. Alors le mangemort changea ses plans. Il pointa sa baguette magique sur la tempe de la jeune femme et, avec le sortilège d'Oubliette, il lui fit oublier la vision qu'elle avait eu. Puis, il lui versa de l'eau sur le visage grâce à un Aguamenti afin qu'elle reprenne conscience. Elle ouvrit les yeux.
« Ça va ? demanda-t-il, un faux sourire sur les lèvres. Vous vous êtes remise ? »
A présent, il gardait ses distances pour éviter tout contact avec elle et prenait soin même de ne pas la regarder dans les yeux. Tom reparut et tendit une couverture miteuse à la cliente.

Brooklyn recula vivement lorsque la jeune femme tenta de s'agripper à lui. Il passait pour un gros goujat qui ne voulait pas ramasser les demoiselles à terre mais il ne voulait pas prendre le risque de devoir tout recommencer à zéro. La vision, la crise de nerf, l'oubliette et compagnie. Par chance, personne ne sembla remarquer sa réticence à la relever car Tom, aussitôt, lui tendit la main pour qu'elle se tienne à lui.
« Eh bien, l'alcool ne vous réussit pas, fit Brooklyn avec dédain lorsque la voyante régurgita tout son repas. Tom, je vous la laisse, je commence tôt demain matin. Si elle ne sait plus où elle habite, et je doute qu'elle se souvienne de quoi que ce soit dans son état, prenez-lui une chambre et mettez-la sur ma note. »
Le sorcier remonta alors le col de sa cape, salua le barman d'un signe de tête puis prit le chemin de son appartement, avec l'amer sentiment qu'il aurait dû se débarrasser d'elle plutôt que de simplement lui effacer la mémoire.