Le rouge et or, par son dernier message, pensait qu'il allait désamorcer la situation. Il avait posé une question à la sixième année, et était persuadée que le fait qu'elle doive y répondre allait les calmer tous les deux. Ce fut tout le contraire. Philippa secoua la tête, visiblement agacée, avant de lancer, sur un ton cinglant qui désarçonna le garçon :

- Qu’est-ce qu’on fait là, Nate ? Je me pose la même question !


Elle reposa brutalement sa chope contre la table, produisant un bruit sourd et faisant même gicler un peu de bièrraubeurre. Et, sans qu'il eût le temps de faire quoique ce soit, Philippa s'était levée et s'était entourée de sa longue cape sombre. Il avait juste commencé un geste, à tendre la main pour la retenir, mais elle s'était déjà éloignée.
Penaud. Voilà comment se retrouvait Nate. Le pire, dans tout ça, c'est qu'il n'avait rien compris. La soirée avait plutôt bien démarré, pourtant. Il avait été surpris par la lettre de Pippa, par le fait qu'elle veuille le revoir, lui, Nate Curtis, malgré son mutisme et son année de moins.
Il aurait dû s'attendre au revers de la médaille. Qui le ramenait à la réalité avec violence. Hébété, ses yeux fixaient les pièce d'argent que la Serpentard avait déposé entre les chopes. Un petit moment avant de se rendre compte de ce qu'elle venait de faire. Elle avait payé pour lui. Après l'avoir insulté ! Il n'y avait rien de pire - comme si Nate n'avait pas de quoi le faire !

Dans un sursaut herculéen, le Gryffondor sauta de son tabouret, se saisit de son écharpe et de sa cape et, sans jeter le moindre regard aux quelques clients qui le regardaient avec curiosité, et Madame Rosermerta qui semblait sincèrement désolée de la tournure qu'avait pris son rencard, il se précipita pour rattraper Philippa qui avait presque atteint la sortie.
S'il avait pu, il lui aurait crier d'attendre, de ne pas partir ainsi, comme ça, en le laissant comme un linge sale que l'on jette dans un panier.

Arrivé à sa hauteur, il la doubla, et ouvrit la porte pour les laisser passer. Ils avaient donner suffisamment de grain à moudre aux usagers du troquet, inutile de leur en donner davantage - c'est pourquoi Nate préférait sortir.

Dehors, ils retrouvèrent le froid, et la neige qui tourbillonnait autour d'eux. Nate se mit en face de Pippa - malgré son année de moins, il la dépassait d'une bonne dizaine de centimètres. Il la regarda droit dans les yeux, pour lui montrer qu'il ne rigolait pas, tout en fouillant dans ses poches à la recherche de la monnaie qu'il avait préparé en sortant de son dortoir. Puis, avec une rapidité digne de l'attrapeur qu'il était, il glissa les pièces dans la poche de la cape de la jeune fille.

Nate la salua de la tête avant de tourner les talons et de s'éloigner vers le château. Libre à elle de le suivre si elle préférait ne pas rentrer seule. Hors de question, cependant, qu'il s'excuse de quoi que soit.

Spoiler:

Alors qu’elle avait presque atteint la sortie, Nate se précipita devant elle. Il passa alors devant et lui ouvrit la porte. Elle ne comprendra donc jamais ce garçon ! Elle venait de le laisser en plan dans un pub et lui, il lui ouvrait la porte…Elle n’osait pas trop le regarder, Pippa ne voulait pas voir l’émotion qui se trouvait sur le visage du garçon. De toute façon, pas besoin de le regarder pour savoir qu’il devait être en colère et probablement un peu humilié.

À l’extérieur, la neige s’était mise à tomber et le vent était toujours aussi présent. Philippa resserra sa cape d’hiver sur ses épaules et mit son capuchon. Alors qu’elle souhaitait avancer vers le chemin qui menait à Poudlard, quelque chose, enfin, quelqu’un lui bloquait la route. C’était Nate. Elle leva la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux. Il voulait des excuses ? Des excuses pourquoi ? Pour avoir été hautaine, désagréable ? Ce n’était pas voulu, les mots étaient sortis comme tels. Le rouge et or avait l’air vraiment sérieux. Avant qu’elle puisse dire quidditch, il déposa de l’argent dans sa poche. À voir le regard qu’il avait, valait mieux ne pas argumenter avec ce dernier. Il lui tourna les talons et se dirigea vers le château. Philippa soupira et suivait Nate quelques pas derrière lui. Par les temps qui courait, valait mieux ne pas se promener seule le soir, mais la jeune femme avait un poids de moins sur les épaules, elle était de sang-pur. Le retour vers le silence se fit en silence, Philippa ne prononça pas aucun mot et Nate eut aucun regard pour cette dernière.

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