C'était un plan brillant. Vraiment brillant. Détourner le Poudlard Express et intégrer les enfants dans une Institution pour entraîner les Sang-Pur à prendre leur véritable place dans leur société. Et remettre les Impurs à leur place eux aussi. C'est à dire à la place de la vermine. Le Lord avait eu une idée des plus brillantes. Taryn était là bien sûr. Elle avait aidé au débarrassage de l'asile et à l'installation. Mais elle devait être très prudente, ne pas se faire repérer. Elle avait une place importante au Ministère et la guerre n'était pas encore gagnée. Elle avait beaucoup d'influence auprès de pas mal de personnes, elle ne pouvait pas se permettre d'être identifiée et de tomber. Mais elle ne mettrait pas son masque de mangemort, ce serait trop flagrant. Ce matin là, elle passa un tailleur pantalon noir, chemise blanche en soie et veste assortie au pantalon. Sa longue crinière blonde cascadait dans son dos mais elle la releva en un chignon serré. Dans les premiers temps, elle aurait le visage découvert. Elle se tiendrait derrière Wilhemina, la douce et rassurante envoyée du Ministère, l'épaulant, elle l'avocate, au visage d'ange et aux manières raffinées mais ferme.

Et quand les élèves arrivèrent, elle les regarda passer au loin. Quand ils furent tous rentrés, guidés par Shaklebolt - le pauvre si il savait - elle grimpa dans le train. Ses talons hauts claquèrent sur le sol. Elle fini par arriver au wagon du conducteur. Alasdair s'y trouvait déjà, sa haute stature et ses cheveux blonds reconnaissables entre mille. Taryn regarda à peine le cracmol qui servait de conducteur au train et offrit un sourire à son collègue pour lui signifier que la voie était libre. Il pouvait dégager le cracmol de la vue de tout le monde. Enfin, elle rejoignit Will et lui fit un discret clin d'oeil. Tout était sous contrôle comme les deux soeurs de coeur aimait que ce soit. Will se mit alors sur la scène et prit son air doux et rassurant pour apaiser les tensions.

- Bienvenue à tous à l'Institut Clevergrace. Comme mentionné dans le train, le Ministère à décidé que pour la sécurité de tous, vous passerez un certain temps ici cet été. Vos familles ont étés prévenues, et nous faisons le maximum pour que tous ce passe au mieux pour vous tous, fit l'élégante sous directrice du Département de la coopération magique internationale.

Taryn resta en arrière, tel un ange descendu sur terre pour protéger ces enfants. Elle adorait jouer la comédie. Elle était excellente à ce jeu là. Personne ne pourrait l'y prendre. Pauvres chéris. Si seulement ils savaient...

Assise près de la fenêtre, Elsa regardait défiler le paysage ses doigts glissés dans les cheveux bruns d'Andy qui avait posé sa tête sur ses genoux. Il lui tardait de rentrer chez elle, de revoir ses parents, ses frères, et aussi les Cole. Les parents d'Andy étaient comme les siens. En plus elle avait réussi tous ses examens cette année elle voulait montrer ça à ses parents. Et puis elle voulait s'évader de Poudlard, revoir son chien, son cheval, se réfugier dans leur cabane. Mais le train fut soudainement détourné. Ordre du ministère. Elsa fronça les sourcils mais ne prononça pas un mot. En revanche, elle prit la main d'Andy et ne la lâcha plus jusqu'à ce réfectoire lugubre. D'ailleurs tout était lugubre ici. Ca faisait peur. Elle n'aimait vraiment pas l'ambiance. Elle entrelaça ses doigts à ceux de son ami d'enfance et écouta le discours de la sous directrice et d'Avery. Oulà, si déjà on séparait les Sang-Pur des Sang-Impur, on pouvait être persuadé que ce n'était pas un coup du ministère. Zut, ils étaient tombés dans un sacré piège. La peur enserra le coeur d'Elsa mais elle ne montra rien.

- Promet moi qu'on sera toujours ensemble, murmura t-elle à Andy.

Tous deux nés-moldus, ils risquaient d'en baver sérieusement face a des mangemorts. Aussi serra elle la main de son ami en se dirigeant vers les hommes qui tenait les registres. Ouais ils étaient sacrément dans la panade ...

Florian était nerveux et agité, il croisait ses bras, les décroisait, mettait ses mains dans ses poches, fou d'attendre des explications qui ne venaient pas, bouillonnant de l'intérieur, avec cet horrible pressentiment qui lui criait que quelque chose de mauvais allait se passer. Des gens arrivaient de l'extérieur, des adultes plus précisément, portant des insignes du Ministère. Les sourcils de Flo se froncèrent. Une charmante femme prit la parole pour leur expliquer que la situation était sous contrôle, et bien que ses paumes moites étaient fermement enfoncées dans ses poches, la vue de cette femme et ses paroles douces agirent peu à peu comme un calmant pour le jeune homme qui se sentit un peu plus rasséréné, comme... Hypnotisé. Pourtant, lorsque de derrière elle sortit un imposant homme à la carrure de frigo américain, les choses furent toutes autres. Au moment où il ouvrit la bouche, l'impression que lui avait fait la femme s'envola comme de la fumée, remplacée par une sourde inquiétude, qui se confirma au fur et à mesure des propos de l'imposant sorcier.
« – Afin d'adapter au mieux nos services à vos besoins, nous allons tout d'abord constituer deux groupes. Je demanderais ainsi aux élèves de sang pur de se diriger vers la droite de la salle. Vous donnerez votre nom à l'un de mes collègues qui vous fournira un paquetage contenant votre uniforme. Le reste des élèves recevra ensuite leur propre uniforme.
– C'est une plaisanterie ? Qu'est-ce que ça veut dire ? » Ne put-il s'empêcher de s'écrier, scandalisé que l'on ose les parquer comme des animaux selon la nature de leur sang, rentrant néanmoins un tantinet la tête dans ses épaules.

Sans lâcher Nate et Fearghas, Talya s'avança jusqu'au réfectoire avec les autres. Sur leurs visages, elle lisait la même tension, la même angoisse, la même inquiétude qu'elle ressentait elle même. Elle ne voulait pas être ici. Elle voulait retrouver ses parents, ses petites soeurs. La jeune fille chercha son frère aîné du regard en entrelaçant ses doigts à ceux de ses meilleurs amis. Elle était une Gryffondor et elle était courageuse. Elle pouvait tout affronter mais d'abord, elle devait savoir quoi ou qui. Elle ne pouvait se battre contre du vide.

- Afin d'adapter au mieux nos services à vos besoins, nous allons tout d'abord constituer deux groupes. Je demanderais ainsi aux élèves de sang pur de se diriger vers la droite de la salle. Vous donnerez votre nom à l'un de mes collègues qui vous fournira un paquetage contenant votre uniforme. Le reste des élèves recevra ensuite leur propre uniforme, fit l'un des hommes du ministère.
- C'est une plaisanterie ? Qu'est-ce que ça veut dire ? cria Florian indigné.

Talya fronça les sourcils. Ils étaient en train de les séparer, de les diviser. Jamais le ministère ne ferait ça. Ca voulait dire qu'il ne s'agissait pas du ministère. Ou alors, il ne s'agissait pas que de lui. Talya avait entendu son père dire que le Ministère était infiltré. Que certains hauts dignitaires étaient des mangemorts. Peut-être que tout ça était une mascarade en fin de compte. Par exemple, les trois femmes qui parlaient semblait clean elles. Mais les hommes beaucoup moins. Alors que les élèves bougeaient, Liam se glissa jusqu'à elle.

- Talya, reste avec moi petite soeur. On est tombés dans un sacré piège.
- Liam qu'est ce qu'on fait ? demanda sa soeur d'une toute petite voix.
- Comme les autres ma petite fleur. On n'a pas trop le choix.

L'adolescente blonde hocha la tête et se blotti contre son frère. Ils allèrent jusqu'aux gens qui tenaient les registres. Sean, devant eux s'énervait. Talya posa la main sur la sienne pour le calmer. Liam posa une main sur l'épaule du Serdaigle pour l'empêcher d'aller trop loin. Talya tira Sean plus loin.

- Calme toi, murmura t-elle d'une voix douce à son ami.

Pendant ce temps là, Liam parla pour eux de sa voix grave et calme. Il avait beau avoir un sang chaud de Gryffondor, il pouvait aussi être très calme et très responsable.

- Liam Fitzpatrick, sang-mêlé mais père et mère sorciers. Tous les deux. Depuis des générations. Voici ma soeur, Talya Fitzpatrick.

Lyleïa ne savait pas trop ce qu'ils faisaient ici. Ce n'était pas vraiment dans leurs projets de vacances à Swann et elle. Mais elle comprit de suite le piège. Elle avait grandit dans cet univers. Elle savait de quoi il en retournait. Swann lui, se révolta immédiatement et refusa de suivre la marche. Lyl' elle regardait autour d'elle. Il y avait pas mal de septième années et des adultes. Ils pouvaient transplaner et emmener les petits avec eux. Mais avant qu'elle puisse ouvrir la bouche pour dire ce qu'elle avait en tête, Swann se calma brusquement et marcha vers le réfectoire en l'entraînant avec elle.

- Swann ? Swann qu'est ce que tu fais ? demanda la jeune femme sans pour autant le lâcher.

Mais il ne répondit pas. Il se contenta de suivre le mouvement et elle fit de même, marchant jusqu'au réfectoire. Les discours commencèrent alors. D'abord Wilhemina Ketteridge puis Tiberius Avery. Et là, Lyl' comprit à quel point ils étaient dans les embrouilles. Elle les connaissait tous. Tous autant qu'ils étaient. De vieux amis de son père et de son parrain. Des Mages Noirs. Merde, merde, merde, maugréa t-elle intérieurement.

- Afin d'adapter au mieux nos services à vos besoins, nous allons tout d'abord constituer deux groupes. Je demanderais ainsi aux élèves de sang pur de se diriger vers la droite de la salle. Vous donnerez votre nom à l'un de mes collègues qui vous fournira un paquetage contenant votre uniforme. Le reste des élèves recevra ensuite leur propre uniforme, fit Avery.

Lyleïa pâlit brusquement en comprenant ce que ça voulait dire. Ils allaient être séparés, parqués de chaque côté. Oh elle ne doutait pas qu'elle elle serait bien traitée - du moins tant qu'ils ne captaient pas qu'elle était une "traître à son sang" comme ils le disaient - mais Swann et les autres allaient en baver elle en était persuadée. Et ça la tuait. Elle serra fortement la main de son petit ami et plongea son regard dans le sien.

- Swann ...
Elle l'embrassa. Une dernière fois.
- Je t'aime. Ne l'oublie jamais, murmura t-elle.

Ils furent ensuite séparés par la vague d'élèves qui se mouvaient en deux rangs. Elle fut entraînée loin de Swann. Alors elle remit son masque de glace, reprit sa démarche confiante, son port de tête altier. Et se présenta aux registres.

- Lyleïa Romansky, fille de Andreï Romansky, sang-pur, déclara t-elle d'une voix glaciale fidèle à elle même.

Et a son père ...

A présent, tous les élèves s'étaient rassemblés dans le réfectoire. Luzia, entourée des autres Jaunes, zieutait la foule, repérant tour à tour Sean, le visage préoccupé, Jaimie et sa bande de Rouges, mais aussi Patrick, dont seule la chevelure blonde permettait d'être visible au milieu des autres élèves. Elle vit aussi Lyleïa, non loin de Swann, Mary et Mairead, qui piaillaient toutes les deux, bref, tout le monde était là et en un seul morceau.
Alors que chacun se demandait si c'était une blague, une femme prit la parole. Elle était du ministère. Luzia le savait non seulement parce qu'elle était plutôt connue, mais aussi parce qu'elle figurait sur le calendrier que le ministère distribuait chaque année à ses employés. Ketteridge était encadrée par deux jeunes femmes blondes - celle à sa droite était au ministère, tandis que l'autre était inconnue au bataillon pour Luzia. La voix de la sous-directrice était apaisante et l'Espagnole eut la sensation qu'elle répondait exactement à toutes les questions qu'elle se posait. Oui, il fallait qu'ils soient en sécurité, oui le ministère prendrait soin d'eux.

Puis ce fut Avery qui parla et ce fut comme si la jeune fille se réveillait d'un lourd sommeil.
- Je demanderai ainsi aux élèves de sang pur de se diriger vers la droite de la salle. Vous donnerez votre nom à l'un de mes collègues qui vous fournira un paquetage contenant votre uniforme. Le reste des élèves recevra ensuite leur propre uniforme.

Luzia fronça les sourcils : voilà que les événements prenaient une tournure qui sentait aussi mauvais que du terreau de Murlap ! Ce critère pour grouper les élèves était-il vraiment pertinent ? Ne pouvait plutôt pas les rassembler en fonction de leur âge ? Une panique sourde montait en elle. Elle se souvint du lendemain de Halloween, du bras d'Olivia sur lequel était tatoué la menace. Finalement, tout cela n'était qu'un avant-goût.
Mais déjà des élèves avaient décliné leur identité et annoncé la pureté de leur sang. Luzia, de loin, remarqua que des hommes leur donnait des uniformes. Les sangs-mêlé devaient rester à leur place. La jeune fille ne savait pas quoi faire. Elle sentait que la soit-disant impureté de son sang leur vaudrait quelques malheurs ; pourtant, elle ne souhaitait pas mentir. Elle était ce qu'elle était. Rien ne changerait ces choses aussi aléatoires et essentielles. Luzia avait déjà été torturée - probablement à cause de cela - et menacée. Quoiqu'on lui fasse, elle se sentait capable de résister. Même si l'idée que l'on puisse lui refaire du mal lui glaçait le sang. Et puis, elle se dit soudain que peut-être que le Ministère ne faisait cette liste que parce qu'il savait que les impurs étaient plus vulnérables que les purs. C'est vrai - c'était eux qui étaient visés par les forces maléfiques, non ?

En tous les cas, mieux valait ne pas mentir.

D'ailleurs, certains semblaient avoir la même idée que Luzia et l'exprimait haut et fort. Sean s'était avancé vers les tables de recensement. Que faisait-il ? Il n'était pas sensé faire quoi que ce soit, puisqu'il était mêlé ! Luzia se fraya un chemin dans la foule, curieuse de savoir ce que l'ex Serdaigle avait à dire. Elle n'avait pas lâché Olivia et l'entraînait dans sa suite. Elle ne parvint qu'à saisir la fin du discours de Sean.

- ... magicalement parlant aussi d’ailleurs, je ne suis pas moins doué que les autres. Mais puisqu’on ne semble pas d’accord, sang-mêlé pour vous, alors ? Quel uniforme dois-je porter ?

Une Gryffondor, derrière lui, l'invitait au calme. C'était la sœur de Liam, un Gryffondor de septième année avec qui Luzia avait déjà eu l'occasion de travailler avec lui sur un devoir d'Histoire de la Magie. A la suite de Sean, Liam indiqua fièrement ses origines et celles de Talya, la gardienne de Gryffondor.
Et tandis que Lyleïa prenait le relais, Luzia préféra reculer. Elle ne voulait pas dire quoi que ce soit. Elle ne voulait pas se faire remarquer.

Spoiler: