Moran avait l'impression de commencer un tout nouveau jeu avec Gardenia. Quelque chose de plus mature, et adulte, quelque chose de tout à fait logique finalement. Quelque chose qui ne pouvait qu'arriver après tant d'années à se côtoyer. Son sourire s'élargit lorsqu'elle lui confia que le mot était faible. Cela était pareil pour lui. Dire qu'il n'avait fait que penser à la jeune fille était un euphémisme. Il n'avait pas pu se détacher de sa torpeur lorsqu'il avait réalisé ce qu'ils avaient fait. La jeune femme vînt se placer dans son dos pour fermer la porte. Moran se retourna, et l'observa de bas en haut sans essayer d'être discret. Lorsqu'elle lui signifia qu'il parlait trop, il décida de la provoquer encore sans vraiment savoir ce qui l'y poussait. Aussi se recula-t-il en sortant ses mains de ses poches pour les lever innocemment vers le plafond : "Qu'y puis-je ?" lui fit-il sans se départir de son joli sourire. Il désirait voir si elle allait prendre les choses en main ou pas du tout. Le jeune homme continuait de s'amuser à agrandir l'espace entre eux. Rira bien qui rira le dernier.

Ainsi donc il voulait jouer ? Alors ils allaient jouer. Sans savoir pourquoi exactement, Gardenia se plaisait à faire partie intégrante de cette toute nouvelle relation entre eux. Ils avaient joués dans le passé, énormément, mais pas à celui-ci, ils n'y auraient jamais pensé. Si on lui avait dit trois ans plus tôt qu'elle aurait ce type d'échange avec le brun, elle se serait roulée par terre. Mais aujourd'hui tout était différent, ils avaient changés depuis la cérémonie des diplômes, beaucoup plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle l'aurait bien fait taire, mais elle aurait perdu. L'ancienne Serdaigle lui adressa un regard plein de provocations et décida de se décoller de la porte, elle se rapproche lui le plus possible, mêlant leur souffle sans pour autant le toucher : « Qu'en sais-je ? » lui susurra-t-elle avant de s'éloigner, le même sourire que celui qu'il avait affiché précédemment et de reprendre tout innocemment. « Je te serre quelque chose, Mr. Sorbier, 36,8 centimètres ? »

Dire que voir Gardenia s'approcher de lui avec cet air-là ne lui faisait rien serait un mensonge ridicule. Mais cela ne l'empêcha pas de continuer à sourire avec malice sans rien dire de plus. Il la regarda s'éloigner d'un air frustré. "Je crois que tu sais beaucoup de choses" lui souffla-t-il sans la rattraper pour autant. Il s'appuya contre le mur d'un air tout à fait désinvolte. Lorsqu'elle nomma sa baguette avec exactitude, il se fendit d'un rire franc. Il aimait sa baguette de sorbier plus que n'importe qu'elle autre chose au monde. Le jeune homme savait que s'il venait à la casser ou à la perdre, il en ferait une dépression. "Tu as la mémoire des chiffres, comme c'est amusant. Je me laisserais bien tenter par un fond de verre de Whisky Pur Feu. Je trouve en effet que la température laisse à désirer..." lui lança-t-il comme s'il n'avait pas déjà assez chaud comme cela. En réalité, il était presque en nage et prendre un fond de cet alcool allait très probablement le mettre à bout.

Le faire languir ainsi amusait fortement la jeune femme qui avait vu les oreilles du jeune homme se teinter très légèrement de rouge au fur-et-à-mesure qu'elle s'était avancée, ce jeu ne l'amusait que trop bien. Cela allait sans dire, Moran lui procurait une sensation nouvelle et elle aimait ça plus qu'elle ne l'admettrait jamais. « C'est fort possible » lui dit-elle avec un sourire taquin tandis qu'elle s'éloignait très lentement de lui. Après tout, elle avait été chez les Bleus, mais quelque chose lui disait qu'il parlait de tout autre chose. La mémoire des chiffres, hein ? Probable. Elle décida de lui rappeler qu'il lui avait parlé de baguette et qu'elle se souvenait très bien de la sienne, ou du moins de l'une d'entre elles. « Apparemment pas tous. » dit-elle en lui faisant un clin d'oeil amusé avant de partir en direction de la cuisine pour aller chercher une bouteille de Whisky Pur-Feu et deux verres tout en roulant les hanches d'une manière appliquée, pas de vulgarité, aucune. Il trouvait la température basse ? Elle allait rapidement montée, voir d'Ollivander. Lorsqu'elle revint dans le hall, elle l'invita à la rejoindre dans le salon, s'assit à ses côtés sur le divan et les servit. « Il serait bête de ne pas s'en souvenir, tu ne crois pas ? » fit-elle avec une innocence feinte en lui proposant de trinquer d'un geste de la main.

Moran n'avait pas joué à ce genre de jeux depuis très très longtemps. Les filles avec qui il avait eu des aventures cet été avaient été des filles sans lendemain qui s'étaient bien vite échappées sitôt le soleil levé. Mais avec Gardenia, c'était quelque chose de nouveau. Malheureusement pour elle, il était un garçon très patient. Il ne se rendait peut-être pas compte que si son esprit était patient, son corps ne l'était peut-être pas autant que cela. "Pas tous oui, c'est bien dommage pour toi, cette histoire, n'empêche" lui répondit-il en répondant à son clin d'oeil par un autre. Il la regarda revenir et se décolla du mur lorsqu'elle lui proposa d'aller au salon. Docilement, il la suivit. Moran ne ressentait désormais plus aucune gêne à détailler le corps de la jeune femme. Mais il savait qu'il ferait mieux de ne pas trop regarder, s'il désirait être patient. Il s'assit à côté d'elle en précisant : "C'est pour ça que j'ai précisé un fond de verre. Je vous déconseille de vous emballer, Miss Ollivander". Se faisant il porta son petit verre à ses lèvres, cul sec.

Gardenia ne pouvait s'empêcher de sourire, Moran lui répondait du tac au tac et elle préfèrait cela aux relations dans lesquelles elle s'était noyée presque chaque soir en les mettant à la porte au petit matin. Trop brusques, trop rapides et sans pourtant sans fins. Elle se sentait plus libre de faire ce qu'elle voulait avec le brun et il le lui rendait bien. Oeil pour oeil et dent pour dent. « Si tu veux mon avis, je ne suis pas la seule dans ce cas-là » lui avait-elle répondu en s'enfuyant à la cuisine. Lorsqu'ils furent tout deux au salon, elle sentit son regard sur corps et frissonna, son corps devenait impatient, mais elle ne pouvait pas perdre et elle savait qu'il en était de même pour lui. Ils se ressemblaient beaucoup sur un grand nombre de points et la patience ainsi que la volonté de gagner en faisaient partie. « Slàinte ! » Gardenia bu à son tour son fond de Whisky Pur-Feu avant de lui répondre et décida de tirer profit de la situation et de leur proximité pour lui murmurer suavement à son oreille : « M'emballer ? À quel sujet ? D'où pourrait bien... » elle souffla doucement sur son oreille avant de continuer. « ...te venir cette idée ? » fit elle avant de se repositionner correctement sur le divan, rebouchant la bouteille de Whisky Pur-Feu, un sourire diaboliquement mutin sur les lèvres. Le jeu commençait à devenir plus intéressant...

La relation entre Gardenia et Moran était tout à fait particulière, depuis des années. Tous les deux se connaissaient bien, trop bien certains diraient sans doute, et forcément, au jeu de savoir qui aura le dernier mot, cela risquait de prendre du temps. Tous les deux étaient maintenant assis sur le canapé, et il vida cul sec le contenu de son verre en même temps que la jeune femme. Lorsque l'alcool explosa dans sa gorge, il eut une violente bouffée de chaleur, si bien que ses oreilles devinrent légèrement rouges. Le jeune homme s'amusa de la proximité avec elle lorsqu'elle s'approcha de son oreille pour lui souffler quelques mots, aussi en profita-t-il pour poser sa main innocemment sur la cuisse de la jeune femme. Moran s'amusa à faire des petits ronds avec son index : "Mmh, je ne sais pas trop" souffla-t-il en la fixant d'un oeil amusé, "des petits signes, par-ci par-là...".

La légère dose d'alcool qu'ils venaient de boire avait mis Gardenia dans une optique tout de suite plus séductrice, elle voulait avoir le dernier mot et ne lâcherait certainement pas le morceau immédiatement. Une fois la bouteille rebouchée, elle se demanda ce qu'elle pouvait bien essayer pour le faire perdre alors qu'un frisson intense s'empara de son corps lorsque Moran posa sa main sur sa cuisse. Elle se maudissait d'avoir mis une jupe en sortant de sa douche avant de commencer à le maudire lui pour ce geste. Elle appuya son coude sur l'accoudoir du canapé, sa tête posée sur son poing et une lueur de joueuse enflammé dans le regard. « Ah ? » lui dit-elle amusée et étendant ses jambes croisées sur les cuisses de son ami. « Et quel genre de signes ? »

Moran observa Gardenia d'un oeil brillant lorsqu'il la senti frissonner au contact de sa main. Un sourire torve apparu sur son visage tandis qu'il faisait glisser ses yeux sur les jambes de la jeune femme pour finalement les remonter jusqu'à son visage. Elle lui demanda ce qu'il entendait par signe, et il continua de sourire. Il continuait de s'amuser à faire glisser ses doigts sur le tibia de l'ancienne Serdaigle, sans guère lui répondre. L'attitude de son amie était assez équivoque, elle ne lui avait pas envoyé un hibou postal pour qu'il prennent un thé. En temps normal, elle aurait pu. Mais après les événements ... Non, elle ne l'avait pas appelé pour prendre un thé. "Plus de choses que tu ne peux l'imaginer" lui fit-il en souriant de toutes ses dents blanches. "Ton mot, ton sourire, tes frissons par exemple" lui signifia-t-il, toujours tout sourire.

La température montait doucement dans le salon de la jeune femme, après tout elle ne l’avait pas invité pour jouer aux échecs sorciers, quoi que... La rougeur des oreilles de Moran contrastait avec son attitude assurée, elle savait pertinemment que l’un des deux craquerai plus vite que l’autre. Le désir se faisait sentir et l’envie embrumait légèrement son cerveau. Comme lui, elle décida de l’observer sans aucune gêne, l’angle de vue était parfait : sa musculature saillante ressortait sous son tee-shirt. La jeune fille se redressa tandis qu’il passait ses mains sur jambes et se rapprocha de lui doucement « Ta présence. » Elle se rapprocha un peu plus. « Ton sourire » Elle toucha doucement la pointe de son oreille gauche. « Ta rougueur » termina-t-elle en restant tout aussi proche de lui. « Tout s’applique à toi... » termina-t-elle en effleurant son torse avec sa poitrine en bonne séductrice qu’elle était.

Le jeu était peut-être plus excitant que tout le reste. Ce qui était de la gêne auparavant se trouvait être maintenant de l'amusement sincère, palpitant et agréable. Gardenia réagit en réponse à ses provocations tactiles. Lorsqu'elle pointa ses oreilles, le garçon eu un sourire léger. "Ne t'y fis pas" la prévînt-il. En réalité, ses oreilles étaient assez fidèles à ce qu'il ressentait. Clairement, il bouillonnait et ses oreilles le trahissaient. Lorsqu'elle s'amusa avec son doigt sur son torse, il se saisit doucement de sa main avec la sienne, libre, pour la porter à sa bouche d'un air malicieux. Le jeune homme s'amusa à lui faire de chastes bisous sur la main. "Je crois que nous ne sommes pas sortis de l'auberge, Miss Ollivander" lui lança-t-il sans cesser son petit manège. Il ne comptait pas craquer en premier. Jamais.

Ainsi donc elle ne devait pas prêter attention à ses oreilles ? Gardenia ne pu s’empecher de sourire, amusée, la prenait-il pour un botruc ? Elle le connaissait depuis assez de temps pour savoir que si dans son cas il s’agissait des joues, pour lui c’était les oreilles, elle se permit donc de souffler sur l’une d’elles pour contredire le jeune homme. « Je pense que je devrais... » La jeune fille prit une teinte qu’elle supposa rosée lorsqu’il commença à déposer ses lèvres sur sa peau, le jeu arrivait dans sa phase intéressante, s’éloignant pourtant de plus en plus d’un possible dénouement proche. Elle lut dans son regard qu’il n’abandonnerai pas si facilement et décida de faire sauter très lentement chacun des boutons de la chemise de Moran de sa main libre, tout en le regardant dans les yeux, malicieuse. « Oups ? »

Gardenia avait l'air de bien s'amuser tandis que lui, était plus tempéré. Ses baisers sur la mains de la jeune femme n'en demeuraient pas moins brûlants et pressants, si bien qu'ils eurent l'effet escompté. La jeune femme lui déboutonna bien vite la chemise sans qu'il n'y opposa une résistance, au contraire, c'était bien agréable. Elle avait l'air de bien s'amuser, mais il allait encore la laisser un peu habillée. Gardenia ne méritait pas qu'il fasse d'effort, et il ne comptait pas lâcher l'affaire. Il préférait encore repartir comme il était venu, plutôt que d'abandonner ainsi. Il allait falloir qu'elle le pousse très loin dans ses retranchements pour qu'il craque. "C'est dommage que je garde ma chemise, je suppose" soupira-t-il d'un air mélodramatique. Il avait bien envie de faire asseoir la jeune fille sur lui, mais il n'avait pas envie de se montrer encore trop tactile. Autant la faire languir.

Ainsi donc il voulait jouer de cette manière ? La jeune fille se ressaisit et toutes traces de rougeurs disparurent de son visage. « Il n'y en qu'un qui ai besoin de refroidir. » dit lui elle en riant et s'éloignant de lui pour aller ranger la bouteille dans la cuisine, le laissant en plan. Il avait tout le temps après tout. S'il fallait qu'ils dorment dans le même lit sans autre arrière-pensées que de dormir parce qu'ils ne céderaient pas, ils le feraient. Elle aimait jouer, beaucoup, mais si cela était beaucoup plus intéressant que ce qu'elle avait prévu au départ, elle se lassait rapidement, Gardenia rangea la bouteille à sa place d'origine et regagna le salon, bien décidée à en finir là. Il ne céderait pas alors autant qu'elle cède. La jeune femme arriva derrière le jeune homme et lui susurra à l'oreille. « Tu m'énerves, tu sais ? » dit-elle, les mains sur ses épaules. « J'avoue perdre cette manche. » Elle avait perdu. Elle l'aurait une prochaine fois.

Se refroidir, hein ? Il était prêt à mettre sa baguette à couper qu'elle était en réalité dans le même état que lui, mais qu'elle le cachait mieux - la chance de ne pas avoir d'oreilles traîtres, en fait. Il l'observa partir dans la cuisine avec son air mutin et prit cela comme un aveu de faiblesse. Moran croisa ses mains derrière sa tête et attendit patiemment qu'elle revienne. Pendant ce laps de temps, il se demanda s'il était prêt à assumer ce qui allait se passer. Cette question s'éluda d'elle-même lorsque la jeune femme vînt lui faire un aveu de faiblesse au creux de l'oreille. Là, ses mains sur les épaules, elle lui confia qu'il avait gagné. Un sourire torve apparu sur son visage et il releva la tête pour voir Gardenia et il lui répondit : "Prouve-le".