Nous étions le 1er septembre, Thorfinn était sur le point de reprendre une année de plus dans cette "école" qu'était Poudlard. Enfin pour qu'il puisse l'appeler tel quel, elle n'aurait du être constitué que d'élèves à sa hauteur, ce qui n'était pas le cas... Son père ne pouvait pas l'accompagner à la gare, pas que ce ne l'affecte vraiment mais celui-ci avait insisté pour que son parrain l'accompagne à sa place. Sérieusement, quel élève de 15 ans avait encore besoin d'une escorte, il ne voulait pas passer pour un bébé. Mais en même temps, il ne pouvait pas passer au-delà de la demande de son père. Il était donc fin prêt ce matin-la, son elfe avait passé plusieurs jours à préparer ses malles et il espérait que tout ce qui lui serait nécessaire seraient à disposition, sinon, il risquait de s'énerver. Au moins, ce dernier était un peu meilleur que les précédents qui étaient une vraie bande d'incapables. Perseus se présenta chez lui une heure avant le départ du train afin qu'il n'y ait pas d'incident. Il descenda de sa chambre tandis que Perseus et son père étaient dans la cuisine en train de discuter autour d'une tasse de café. "Bonjour Perseus, comment vas-tu ?" Son avis sur son parrain avait évolué à force du temps. Tout d'abord super-héros à ses yeux, il avait petit à petit perdu sa splendeur, bien qu'il le regrette. Son parrain semblait s'être un peu trop calmé par rapport à ses débuts. Aujourd'hui il se cachait derrière un magasin de poisons mais il évitait soigneusement toute action un peu plus radicale. Cette nouvelle vision de lui s'était affirmé à mesure que Thorfinn se radicalisant lui-même. Cependant, il tenait à toujours rendre fier de son père et à respecter ses aînés, Perseus Flint, de par son nom et sa présence dans sa famille le rendait important et cela restait une nécessité pour lui d'être respectueux. "Je suis prêt, on peut y aller si tu veux" Il voulait ne pas arriver trop tard pour s'installer comme il le souhaitait avec ses amis. De plus, plus vite il s'acquitterait de sa tâche, plus vite il serait débarrassée de cette encombrante corvée. Franchement, quelle idée il avait d'être accompagné, c'était charmant pour un premier année, à la rigueur pourquoi pas jusqu'en 3ème mais là sérieusement, cela faisait déjà 5 ans...

On demandait souvent à Perseus Flint pourquoi il n'assumait pas son rôle d'héritier et n'engendrait pas d'enfants. Certains fois, on lui reprochait même. Et la réponse - qui ne regardait que lui - à toutes ces interrogations portait un nom - en fait deux si on comptait son neveu - Thorfinn Rowle, son filleul. Voir ce rejeton grandir, l'énergie et l'argent investis en lui par ses parents - plus précisément son père - l'avaient vacciné d'une telle idée. Perdre son temps dans l'éducation d'un môme ? Quel terrible concept ! Angus s'y collait bien volontiers avec Marcus. Parfois, même, Perseus éprouvait de la sympathie pour son ami Alphonse et le plaignait même intérieurement. Cela dit, ce dernier ne semblait pas en détresse ni particulièrement troublé par la disparition de sa femme quelques années plus tôt. Il s'en sortait comme un "chef", enfin Perseus n'approuvait pas tous les comportements de son filleul, mais qui était-il pour juger ? Un parrain bourré de préjugés et qui pourtant fermait son clapet par respect pour une ancienne et franche camaraderie. Perseus préférait veiller de loin, participer le moins possible et compenser en offrant ici et là des babioles d'une qualités importante. Quelques fois, il acceptait de rendre service comme ce matin-là. Il devait accompagner Thorfinn au Poudlard express. Certes pas la matinée de ses rêves, mais Alphonse aurait pu lui demander pire. Ce ne serait qu'une question d'une heure. Rien d'insurmontable non plus. Contrairement à son neveu Marcus, Toto ne pleurait pas, ne courrait pas partout, ne braillait pas et ne parlait pas des masses non plus. Son QI n'était pas vraiment élevé et se comportait comme un goujat avec les femmes. Oh des fois, Perseus avait honte... Mais au bout du compte, il se révélait comme moins embêtant qu'un marmot de 3 ans.

Il buvait un café avec Alphonse, et aurait sans doute préféré un verre de cognac, mais vous voyez, le matin, ce n'était pas recommandé ni vraiment recommandable. Il avalait ce breuvage amère autant qu'il le pouvait. Il ne se plaignait pas vraiment. Il parlait davantage qu'il n'ingurgitait cette boisson à vrai dire. L'arrivée de Thorfinn vint de suite stopper cette discussion. Echanger des banalités... répondre à ce genre de questions, Perseus n'aimait pas cela. Il avait l'impression qu'on ne savait pas quoi lui raconter. “C'est une bonne journée. Je ne peux que bien aller.” A question barbante, réponse ennuyeuse. Les relations qui avaient pu exister par le passé avaient changé... C'était cordial tout au plus. Tant mieux à vrai dire. Il était presque persuadé que les adolescents de 15 ans posaient toujours des questions embarrassantes, et avec celui-là, il était même certain que ce serait ridicule les trois quarts du temps. “Eh bien Alphonse, nous partons. Je te dis à demain.” Il ne comptait pas oublier cette réunion prévue. Une affaire qui ne regardait en rien le fils.

Mais avant de partir - et surtout d'oublier - Perseus choisit de partager à Thorfinn sa dernière trouvaille. Il se leva et farfouilla dans les poches de sa veste dont il sortit l'objet qu'il allait offrir à son filleul - sérieusement, il méritait pas tant, et en plus, il avait des gouts de luxe. “Tiens, j'ai pensé à toi quand je suis allé dans les quartiers sorciers de Paris, cet été. C'est pour toi.” Il lui tendit alors une boussole magique en argent. Thorfinn raffolait des objets clinquants, mais qui n'avaient pas forcément de grande utilité. Pour lui en tout cas. Thorfinn, c'était le genre d'élèves qui aimait bien avoir le matériel scolaire le plus cher qui ne lui servirait à rien. “Il a une ouverture secrète. Attends, je te montre.” Il actionna un mécanisme presque invisible. C'était le fabricant qui lui en avait parlé. Evidemment, toute personne qui le découvrait aurait à chercher bien longtemps avant de pouvoir l'ouvrir. Et comme tout objet magique, il y avait un sortilège "extensible" qui permettait à l'objet de contenir plus de choses en son sein que son extérieur voulait bien le montrer. Il referma à nouveau la boussole et la tendit à Thorfinn, espérant franchement qu'il saurait quoi en faire tout de même... Il ne fallait pas tant lui en demander toutefois.  

Toto s'ennuyait profondément à Poudlard, mais il ne pouvait pas dire qu'être chez lui lui apportait davantage d'amusement. Et surtout, gros problèmes de Londres, les lacs manquaient cruellement donc son activité favorite se trouvait impossible. Et surtout, à Pouldard, il avait l'agréable d'être moins langue de bois qu'en haute société londonienne. Peut-être était-ce un effet d'entourage, il se comportait à Poudlard en simple adolescent prêts à tout pour assouvir sa supériorité sanguine face à des demi-sorciers. Alors qu'en dehors de ces murs, il était le parfait petit héritier d'une famille de sang-pur respectée et appréciée. Il lui restait donc plusieurs dizaines de minutes à tenir afin de redevenir cet adolescent qui avait tous les droits. Il pouvait bien tenir donc ce temps en parfait enfant comme son père, son modèle, lui avait tant appris. Il était donc poli, courtois, presque aimable, il ne fallait pas trop lui en demander non plus. La venue de Perseus mettait à mal son côté distingué car il avait du mal à être en tant que tel avec ce genre de personnages bien qu'il soit illustre dans leur famille. Le nom même de Flint avait de quoi faire frémir les plus faibles. C'était simplement dommage que celui qui lui faisait office de parrain. Il aurait sûrement préféré un de ses frères, nettement moins modérés, mais bon, comme on dit, on avait pas toujours ce qu'on voulait. Et puis, son père le considérait presque comme un frère ce qui lui donnait toujours envie de respecter cet homme à défaut de l'apprécier. Et pourtant, en étant tout à fait honnête, il fut un temps où les deux étaient proches lorsqu'il était plus jeune. Cependant, cette époque semblait bel et bien révolue. La réponse plate en ennuyeuse que lui retourna Perseus ne l'ébranla pas vraiment, il faisait la conversation, tout comme lui ce qui lui convenait parfaitement. "Tant mieux alors" lui dit-il du plus beau sourire qu'il possédait. Alors que Perseus salua son père, il s'approcha de ce dernier pour lui serrer la main en guise d'au revoir, ils n'étaient pas vraiment du genre tactiles dans leur famille. "Bonne année Père, je te reparle bientôt". Il pensait qu'une fois cela fait, ils pourraient partir vers la gare, mais alors Perseus se mouva dans tous les sens sûrement à la recherche de quelque chose... qu'il finit par trouver dans la poche de son manteau. Il reçut le cadeau avec un certain œil connaisseur. C'était en véritable argent, une boussole ne lui serait pas d'une grande utilité mais pourquoi se contenter d'un objet fonctionnel lorsqu'on pouvait prétendre à un objet brillant qui ferait jalouser chaque personne autour de lui. "Merci" lui répondit-il humblement. Son parrain semblait tout excité comme un enfant devant un nouveau jouet afin de lui expliquer son utilité. Il écouta d'une oreille distraite sans grande passion pour son utilité mais plutôt pour ce qu'elle représentait, la richesse, le pouvoir... Il lui montra une fonctionnalité spéciale de sa boussole mais cela ne l'intéressait guère. "Et ca sert à quoi ?" dit-il tout de même pour ne pas paraitre inintéressé. A défaut de l'intéresser lui, son nouveau cadeau semblait passionné Perseus. Il se voyait déjà tout fier de lui, montrer cette nouvelle trouvaille à ses copains dans le train. En parlant de cela, ils n'étaient pas en avance. "Je ne veux pas te presser mais si on traine trop, je vais louper le train, on ferait mieux de se diriger vers la gare pour ne pas que j'ai de problème." Il s'intéressait autant à ce fait qu'à s'éloigner un peu plus de son très cher parrain.

Comme dirait crûment sa soeur Briseis, Thorfinn n'avait pas la lumière à tous les étages. Elle l'étonnait toujours avec ses expressions moldues. Mais l'idée était là... Cet enfant montrait pas beaucoup d'initiatives ou de jugeote. Pire, il paraissait éteint... dans le sens où il ne se passionnait pas pour grand-chose et faisait preuve d'un manque d'originalité flagrant. Un espace caché, une ouverture quasi secrète et un brin d'imagination, cela donnait un cocktail détonnant. Eh bien là, il manquait la troisième variable. Il était à la fois outré et choqué par cette simple remarque.  “Je pensais qu'un garçon de ton âge trouverait.” Répondit-il sur le ton le plus neutre possible. En présence de certains - son neveu, sa nièce, son filleul aussi manifestement - personnages, Perseus Flint maitrisait ses paroles, son ton. Il n'avait pas le mêmes préjugés que ses collègues mangemorts mais en possédait un paquet. Par Morgane, il avait envie de le secouer comme un côcotier juste pour savoir si quelque chose fonctionnait là-haut. Mais il n'en fit rien. “A ton âge, je cachais les ingrédients pour mes potions dans ce genre d'objets. Personne ne les trouvait jamais.” Traduction à laquelle le cerveau de Thorfinn n'aurait pas accès : Perseus, quand il avait 15 ans, volait dans la réserve de Slughorn ou se servait dans les serres de botanique. Evidemment, il ne les mettait pas dans ses poches comme ça. Alphonse était bien assurément au courant de cela. Allez savoir s'il en avait parlé à son fils. Les anecdotes de Poudlard étaient parfois intéressantes à partager, il présumait. “Tu peux y mettre des objets interdits à Poudlard ou ce que tu préfères garder pour toi. Personne ne pensera à fouiller dans ta boussole.” Autant bien plaquer les choses. Il y avait des gens comme ça auxquels il fallait tout dire. C'était comme ça.

Thorfinn le pressa une fois encore pour aller chercher ce train. Une vrai marotte. A croire que ce garçon n'avait aucun intérêt pour rien et ne lui accordait aucune confiance. En cinq minutes pourtant, c'était plié. Il suffisait de transplaner. M'enfin, il ne s'officialiserait pas pour cela. Il rêvait lui aussi d'écourter cette entrevue. Maintenant qu'il lui avait donné sa boussole en argent - une vraie fortune - il n'avait plus rien à lui dire ou à faire... juste l'emmener et après ce serait fini. “Allons-y.” Pourquoi faire des longues phrases quand on pouvait se contenter de quelques mots ? Après avoir transplané - et avec toutes les malles - il fallut trouver l'un de ces chariots qu'on utilisait. Par Morgane, il avait besoin de sa dose de nicotine, mais il lui semblait avoir oublié son paquet. Quelque peu agacé, il aida à poser les dits bagages sur l'objet roulant. “Tu fais quoi de ton temps libre ?” Demanda-t-il finalement alors qu'ils marchaient dans la bonne direction. Certainement pas des révisions et assurément pas des potions avancées. Il ne le voyait pas rejoindre un club. Tout cela le renvoyait à ses propres années à Poudlard. “Dans mes dernières années, je jouais au quidditch.” Ajouta-t-il histoire de faire la conversation en attendant de le déposer sur le quai et s'en débarrasser une année entière. Plus qu'une dizaine de minutes, ou peut-être vingt. Il ne savait pas trop.

Thorfinn n'était pas particulièrement un jeune homme curieux. A la rigueur, si on venait lui teaser quelque chose pour lequel il avait un minimum d'intérêt, il pouvait faire preuve d'une écoute active à la limite. Mais ce n'était sûrement pas lui qui allait rechercher dans tous les sens ce qu'il devait découvrir. S'il en avait l'occasion, il n'allait pas refuser, loin de là. Il aimait pouvoir se sentir supérieur aux autres, peu importe la manière. Et si les autres étaient curieux de lui, cela veut dire qu'il était bien au dela de tout le monde, il devenait le centre de l'attention ce qui était loin d'être désagréable à ses yeux. Cependant, les relations et les passe-temps de son parrain et lui étaient tant à l'opposés qu'il était difficile de penser que ce membre de sa famille puisse lui offrir un sujet ayant un réel interêt pour lui, mais ne sait-on jamais après tout. Suite à la remarque de Perseus, il pensait à différents sujets, cours, filles, agression ? Qu'est-ce qui pourrait l'intéresser à ce point et qui serait en lien avec son âge. "Pas vraiment." Et finalement, l'objet n'était pas si mal, il pourrait lui être utile au château. Il n'écouta pas Perseus déblatérer sur sa vie, ce qu'il pouvait bien faire à son âge devait être d'un ennuyeux de sorte que ce serait une perte de temps. A la place, il tourna l'objet entre ses doigts pour en observer chaque côté. Ca semblait avoir un peu le même objectif qu'une armoire à disparaitre mais cela permettait d'avoir l'objet à proximité en permanence et ainsi de pouvoir l'utiliser à loisirs.
Ils transplanèrent et ils quittèrent l'ambiance des rues londonniennes pour retrouver celle exaltée d'une grande gare un premier septembre. Il se sentait trembler de rage et de dégoût entouré ainsi de tous ces moldus qui trainaient dans la gare. Franchement, pourquoi devait-il les supporter. Ils firent quelques pas en avant alors que Perseus le réinterpella en lui demandant ce qui lui plaisait. "Je joue au quidditch rapidement mais ca ne me passionne pas, j'aime bien faire exploser des crapauds plutôt" dit-il d'une voix tout aussi neutre que son oncle. Il lui aurait bien dit qu'il adorait rendre la vie bien compliqué à tous les sous-gosses qui polluaient le chateau mais il avait comme un doute que ce dernier soit très ravi d'apprendre cela, après tout il avait toujours été trop ouvert d'esprit à son goût.