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HERMES | Ulysse.

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Sinistra Lowe

Sinistra Lowe


COTÉ DU MAL
La méchanceté s'apprend sans maître.

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MessageSujet: HERMES | Ulysse. HERMES | Ulysse.  129196351Dim 5 Sep 2021 - 20:32

12 septembre 1979
dans la soirée...


« Arghl... ».

Sinistra s'étouffait avec ses propres souffles. Elle ne trouvait pas l'air, ses poumons semblaient pourtant grand ouverts. Sur une joue, une coupure sanguinolente, sur l'autre, un bleu désolant. Enroulée dans un gilet noir très fin, la sorcière avait transplané avec brutalité pour s'écraser par terre. Elle en avala d'ailleurs, de la terre, alors que les larmes venaient brouiller sa vue. Elle ne voyait rien, il faisait sombre et sa baguette en bois d'orme avait roulé un peu plus loin. Les sanglots lui nouaient la gorge, ses doigts s'enfoncèrent dans le sol de rage alors qu'elle se mettait péniblement sur les genoux. Égratignés par sa chute violente, l'autrice avait mal, elle avait mal partout. Mais plus que jamais, la jeune femme savait qu'elle ne pouvait rester là. Elle se remit brusquement debout, chancelante et chercha sa baguette du regard. Noir sur noir, ça lui paraissait difficile, elle eut envie de l'abandonner là, mais...
Son estomac fit un soubre-saut épouvantable et elle eut un haut-le-coeur, sans pour autant ne rien vomir d'autre que des larmes qui sortaient à torrent de ses yeux. Elle fit un pas hésitant, puis un second et son pied chaussé dans une ballerine en peau de strangulot rencontra un objet qui était son arme sorcière. La sang-pure se baissa pour la ramasser et elle s'avança, péniblement en direction du manoir qui s'élevait devant elle. A travers la barrière de ses cils noirs, Sinistra espéra de tout coeur qu'il serait là, elle avait besoin de lui, elle avait besoin qu'il réponde présent, qu'il soit là pour elle comme il l'avait toujours été. Elle avait besoin de sentir sa présence et d'entendre ses mots, elle avait besoin qu'il lui sèche ses larmes.

La mannoise s'écrasa contre le portail en fer forgé qui s'ouvrit sans qu'elle n'eut à insister et elle se laissa porter par ses pas jusque devant la porte d'entrée. Sans essayer de se recomposer une façade, Sinistra serrait son gilet contre elle, comme pour ne pas attraper froid, comme pour cacher aussi sa robe de nuit en satin qui lui allait si bien. Elle faisait peine à voir. Ce n'était pas ainsi que l'on représentait son nom, ce n'était pas ainsi qu'on était une Lowe, et encore moins une Selwyn. Sans avoir la force de taper contre le bois, la jeune femme y colla son front, puis ses mains à plat et elle se laissa tomber par terre en reniflant et en pleurant. Ce n'est que lorsque la pluie commença à tomber sur ses épaules qui se mouillèrent vite malgré la laine, que la sorcière leva sa main droite pour la taper mollement contre le bois épais de la porte d'entrée. A la pluie se mêlaient ses larmes et le sang de sa joue. Sa lèvre, légèrement boursouflée, tremblait encore de tout, de la peur, de la douleur. Elle releva sa main pour donner un second coup et la porte s'ouvrit sous elle. Comme elle était appuyée contre le bois, la mannoise tomba sur ses mains et tout ce qui semblait fendre l'air, c'était le son triste de ses sanglots à elle.


(517)
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Hermes Nott

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L'homme n'est libre que de choisir sa servitude.

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MessageSujet: Re: HERMES | Ulysse. HERMES | Ulysse.  129196351Dim 5 Sep 2021 - 22:15

Son sommeil sans rêve fut interrompu alors même qu’il venait d’y plonger.

Hermes avait toujours eu le sommeil léger, plus encore depuis que ses cauchemars d’enfant l’avaient maintes et maintes fois réveillé quand le souvenir de son frère était encore frais dans sa mémoire. C’était une qualité nécessaire quand on naviguait, et ces dernières semaines, le sang-pur les avaient passées en mer, loin du tumulte de la foule qu’il ne supportait plus. Un périple reposant pour ses nerfs, pas pour son corps et depuis son retour, Hermes passait son temps auprès de ses précieuses bêtes trop longtemps délaissées, éprouvant encore ses muscles pour sombrer le soir venu dès la tombée de la nuit. Or, ce soir-là, le bruit de la lourde porte du manoir le tira de son absence de songes, et il avait déjà ouvert celle de sa chambre avant même que Baudelaire n’y fasse son apparition. « Explications. Tout de suite. » Hermes était matinal, mais certainement pas de la meilleure humeur qui soit quand le réveil était nocturne. « C’est Madame Lowe, Maître. » Poussant sans ménagement son fidèle elfe, Hermes se rua hors de la pièce sans prendre le temps d’enfiler une tenue décente, simplement habillé de son pantalon de soie, les cheveux défaits par l’oreiller. Le visage horrifiée de la créature avait tout dit ou presque, et la simple présence de sa meilleure amie à une heure si tardive ne pouvait signifier qu’une chose. « Sinistra ! » Sa voix concernée et rongée par l’angoisse résonna dans le grand hall alors qu’il descendait les escaliers quatre à quatre, observant sa gracieuse silhouette recroquevillée au sol. Verlaine et Du Bellay essayaient avec peine de la redresser, mais firent vite place à leur maître quand il les eut rejoint, glissant sur le marbre avec agilité jusqu'à s'y retrouver assis, près d'elle. Son visage. Par Merlin, son visage. La colère l’assaillit brutalement et pourtant, il passa une main tendre dans les cheveux mouillés de la mannoise pour tenter de l’apaiser, balayant finalement ses larmes en prenant soin de ne pas lui faire mal. « Sinistra, ma douce. Je suis là. Je suis là. Tout va bien. » Déjà il l’avait glissée dans ses bras avant de se relever avec dextérité et douceur, se moquant totalement de ce contact bien trop intime contre la peau nue de son torse.

Tout n'allait pas bien, non. Animal à sang-froid, Hermes n’agissait que bien peu sous le coup de la colère. Pourtant, son esprit cruel imaginait déjà les milles et uns sévices qu’il ferait subir à celui qui avait eu l’outrecuidance de lever une fois de trop la main envers celle qui comptait le plus à ses yeux. Sévices qu’il subirait ce soir, la décision était prise. La seule raison d’ailleurs pour laquelle il n’avait pas transplané dans la seconde se tenait dans ses bras, alors qu’il montait à nouveau les marches pour l’amener à sa chambre. La pauvre et délicate créature tremblait de froid, de peur peut-être, et son coeur battait si fort la chamade que celui d’Hermes se calqua sur le sien. Comme quoi, même lui avait un coeur. « Je suis là, tu ne crains plus rien. » Ses lèvres déposèrent un baiser dans ses cheveux emmêlés alors que d’un pas leste, il avait déjà rejoint son lit aux draps froissés dans lequel il la déposa délicatement, la couvrant tout en continuant à la serrer dans ses bras, assis à ses côtés. Ses yeux parcoururent sa peau tuméfiée, ses lèvres abîmées. Comment avait-il osé ? « Maître, faut-il que j’appelle… » « Apporte-moi le dictame. Je ne veux personne dans cette chambre, compris ? » Sa voix était redevenue dure, empreinte de la colère qui le ravageait à cet instant. Et lorsque le petit elfe eut pris congé, ne poppant ensuite que pour déposer la fiole sur la table de chevet avant de disparaître à nouveau, Hermes amplifia son étreinte, la berçant doucement contre lui alors qu’elle se laissait aller à pleurer. « C’est la dernière fois Sinistra. La dernière fois, je te le jure. » Qu’elle soit d’accord ou non, il était hors de question de laisser passer ça. Ulysse Selwyn avait commis l’irréparable, et si Hermes ne pouvait guère corriger cette erreur, il pouvait bien faire en sorte qu’elle ne se reproduise plus. Jamais. Que son ennemi profite encore de ses derniers souffles de vie car bientôt, Hermes Nott viendrait la lui arracher.


Dernière édition par Hermes Nott le Lun 10 Jan 2022 - 1:44, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: HERMES | Ulysse. HERMES | Ulysse.  129196351Dim 5 Sep 2021 - 22:50

Un espèce de petit sifflement pathétique s'échappait du plus profond de sa gorge. Elle avait mal, si mal, si mal partout. Et ses yeux clos ne lui renvoyaient que les images du visage d'Ulysse ravagé par la haine qu'il lui portait. Tout aussi anti-moldu qu'il était, il aimait pourtant leurs méthodes, jugeant un vulgaire doloris comme trop peu théâtral. Sa cruauté s'exerçait ailleurs, là où elle pourrait se voir. En général, il interdisait à Sinistra d'effacer les marques. Il voulait les voir s'estomper et il voulait surtout qu'elle les regarde, chaque jours, dans le miroir. Elle avait fini par s'y faire, à ces bleus qui tâchaient sa peau comme l'encre sur un parchemin vierge. Elle avait fini par s'y faire. Mais pas ce soir. Ulysse l'avait appris sans qu'elle ne sache comment c'était possible. La jeune femme veillait en effet toujours à prendre des potions contraceptives pour que jamais cet homme n'ait d'héritier ou d'héritière. Elle ne voulait pas lui faire ce plaisir, elle voulait le voir se lamenter, la fustiger aussi, mais ça, elle avait toujours su l'encaisser. Mais là... Là, elle ne comprenait pas. Elle qui faisait toujours très attention en la prenant, confiait le soin à Libellule de se débarrasser des fioles et de les cacher pour elle. Et il était inutile de préciser combien elle avait confiance en son elfette. « Espèce de sale garce ! ». Un gémissement glissa entre les lèvres abîmées de la sorcière alors qu'elle se cramponnait à son gilet. Elle sentait à peine les maigres mains des elfes essayer de la relever ou de la soutenir, elle n'en savait rien. Dans ses oreilles, un brouhaha dont la voix soprano d'Ulysse domptait tout le reste.
Sinistra était tout simplement sous le choc, blessée, recroquevillée comme un animal que l'on aurait chassé. Et d'ailleurs, où était l'autre, où était-il ? Pousserait-il le vice à venir la chercher ici ? Elle ramena encore ses jambes contre elle, comme si cela pouvait la protéger, d'une façon ou d'une autre, de ce monstre qu'était son mari. Mais voilà, Ulysse était un couard et un homme qui avait peur d'Hermes. Raison supplémentaire pour entretenir cette amitié fusionnelle qui était la sienne. Mais pas que. Ce n'était pas seulement parce que son imbécile de mari avait peur de lui qu'elle avait transplané jusqu'ici. La mannoise avait, dans le comble de son malheur, pensé à une seule personne et c'était lui. C'était lui parce qu'elle l'aimait, en fait, c'était con mais c'était comme ça. Le débordement de sentiments pour cet homme dépassait l'entendement et elle qui aurait tout fait pour son ami, elle savait qu'il ferait aussi tout pour elle. C'est sa voix d'ailleurs qui la sortit un peu de sa torpeur, sa présence rassurante sembla dominer celle de son mari qui imprégnait sa tête. Sa main dans ses cheveux la ramena doucement là, sur ce perron, et elle agrippa le tissu de son pantalon de soie parce qu'elle avait besoin de se raccrocher à la réalité. Les larmes pourtant, semblaient intarissables. Mais elle était en sécurité maintenant, pas vrai ? Il ne viendrait pas la chercher jusqu'ici, pas vrai ? Ou peut-être qu'elle fantasmait d'entendre la voix d'Hermes et que c'était celle d'Ulysse qui la mettait à mort qu'elle entendait.

La jeune femme se sentit soulevée du sol et elle se laissa aller à pleurer contre sa présence rassurante, celle que son esprit jugeait indistincte, comme pour la torturer davantage. C'est que la violence avec laquelle son mari s'était acharné sur elle lui provoquait quelques hallucinations dont elle se serait gardé. « Ne me laisse pas avec lui... Ne me laisse pas... ». La voix de l'autrice était si minuscule qu'elle ressemblait à un murmure. Et avec toute l'agitation qu'il semblait y avoir autour d'elle, ce n'était pas certain qu'il l'ait entendue. Brusquement, elle se sentit déposée sur un lit et machinalement, elle remonta la couverture jusque sous son nez. Ses jointures étaient blanches tellement elle la serrait contre elle. Et à ses côtés, Hermes. La douceur avec laquelle il la berçait ne la calmait pas pour l'instant. Elle avait eu trop peur. Elle avait cru que son heure avait sonné quand... L'elfe revint dans un pop! sonore qui la fit sursauter et se coller encore plus à son ami. Ses yeux étaient fermés avec tant de violence qu'elle se faisait mal mais elle ne voulait pas les rouvrir pour risquer de le voir. Vinrent les paroles déterminées d'Hermes qui lui firent hocher machinalement la tête  : « Je ne veux pas y retourner » - elle secoua négativement la tête - « je ne veux pas ». Sur ce dernier mot, un sanglot plus violent la pris et la fit taire. « Il sait... ». Sinistra se tut. Pas parce qu'elle ne savait pas si elle pouvait partager cette information avec un homme mais plutôt parce qu'elle avait la gorge pleine de larmes. « Il m'a promis de m'enterrer vivante». Et comme pour le reste, les larmes coulaient encore.


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MessageSujet: Re: HERMES | Ulysse. HERMES | Ulysse.  129196351Lun 6 Sep 2021 - 0:13

Les larmes semblaient intarissables.

Les suppliques de Sinistra ne faisaient qu’accentuer la douleur qui tordait actuellement le coeur de celui qui se targuait tant de ne pas en avoir. Jamais de sa vie il ne l’avait vue dans un tel état. Jamais. Ses yeux avaient déjà observé quelques marques, toujours cicatrisées, comme des souvenirs lointains sur lesquels elle ne s’appesantissait jamais. Mais cette fois, le mal était frais. Les blessures sur sa peau le rendaient fou, chaque marque lui faisait l’effet d’une offense personnelle, comme si c’était lui-même qu’on avait osé battre. « Jamais plus je ne te laisserai. » Avec lui, avec qui que ce soit d’autre. C’était là une promesse solennelle, une promesse qu’il tiendrait jusqu’à ce que la mort vienne le chercher à son tour. Jamais plus il ne laisserait qui que ce soit lui infliger ça.

Le traumatisme de Sinistra lui apparut plus clairement que jamais quand elle sursauta à l’apparition brève de Baudelaire, qu’Hermes gratifia d’un regard mauvais. Malgré ses bercements, la sang-pure semblait incapable de se calmer, et c’était là un exercice difficile pour un homme qui n’avait pas tellement l’habitude d’une telle débauche de sentiments et d’émotions. Toute sa vie n’était que contrôle et bienséance, et Sinistra avait toujours respecté l’étiquette à tel point qu’aucune de leurs étreintes passées n’avait été si intenses. Les seules personnes qu’il avait vues s’adonner à un tel déferlement d’émotion pure n’était que de futures victimes, ou des âmes qu’il jugeait trop fragiles pour daigner réellement les consoler. Ou Lola. Mais Lola n’était qu’une enfant, une enfant qu’il était parvenu à apaiser chaque soir d’une comptine, mais cette manière là ne marcherait pas avec Sinistra. L’écouter pleurer lui faisait mal, attisait d’autant plus sa colère envers celui qui l’avait mis dans un tel état. « Tu n’y retourneras pas. Tu ne le verras plus jamais, tu n’auras plus jamais à vivre ça. » Sa détermination transparaissait dans chaque mot alors que sa voix se faisait plus douce et calme. Sinistra n’arrivait plus à parler, Hermes prenait le relai pour calmer ses angoisses, tarir la source de ses larmes. S’il y avait bien une chose certaine, c’était que l’héritier des Nott tenait toujours parole. Toujours.

Hermes se moquait bien de savoir ce qui avait déclenché le courroux d’Ulysse ce soir. Se moquait de connaître la raison, bien que Sinistra tenta de la lui révéler. Aucune raison n’était valable de toute manière, et l’homme ne connaissait de sursis que parce que sa femme retenait son futur bourreau sans le savoir. Son pouce caressa son poignet délicat alors que son souffle venait mourir à un rythme régulier, mais vif, dans ses cheveux blonds. La suite, toutefois, le fit frémir si violemment qu’il faillit se lever d’un bond. Mais Hermes savait rester maître de ses émotions, du moins le fit-il pour Sinistra. « Quoi ? » Sa voix sèche claqua dans l’air. Ulysse savait être aussi violent en paroles qu’en actes, et la menace proférée à l’encontre de sa douce amie lui arracha un grognement presque bestial. « Je vais le tuer Sinistra. Ce soir. » Sa caresse s’intensifia, contrastant avec la rudesse de ses mots, de sa voix inflexible. « Je vais lui faire payer au centuple tout ce qu’il t’a infligé. Je vais le saigner comme le porc qu’il est. » Les dents serrées, Hermes soufflait si fort qu’une mèche blonde vint chatouiller son visage, alors que ses yeux sombres fixaient un point contre le mur alors qu’il s’imaginait déjà les tortures qu’il infligerait à ce chien. « Briser ces mains qui t’ont fait tant souffrir. Arracher cette langue qui a osé te menacer. Je veux qu’il sente chaque entaille dans sa peau, qu’il regrette chaque goutte de ton sang qu’il t’aura fait verser quand le sien viendra souiller son plancher. Je veux voir la vie quitter son regard en sachant pourquoi il crève. » La vulgarité n’était pourtant pas son habitude, mais cette soirée n’avait rien d’habituelle. C’était une exception qui ne se reproduirait plus jamais.

Sa main remontant le long de son bras, Hermes tourna délicatement le visage de sa bien-aimée amie vers le sien, attendit qu’elle ouvre enfin les yeux pour affronter ses pupilles emplies de larmes. « Je veux qu’il sache que tout ça, je le fais pour toi. » Et alors que l’adrénaline affluait dans ses veines, le sang-pur déposa sur les lèvres blessées un bref baiser plein de douceur. « Je ferais tout pour toi. » Sa voix se lia à son souffle alors qu’il s’était à peine décollé d’elle. Il aurait fallu un miracle à cet instant pour que ce corps si peu avide d’affection se détache du sien. Après tout, Sinistra n’était pas n’importe qui. Ne le serait jamais.

Elle était la femme qu’il aimait.
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Sinistra Lowe

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MessageSujet: Re: HERMES | Ulysse. HERMES | Ulysse.  129196351Lun 6 Sep 2021 - 16:01

Il pouvait être difficile parfois pour une femme battue de savoir quand le conjoint violent allait dépasser les bornes. Ulysse ne les dépassait-il pas tout le temps, d'ailleurs ? Son caractère impétueux, Sinistra avait eu le malheur de le regretter le soir même de cette journée d'enfer où elle lui avait dit oui. Tout puissant, le masque était tombé et on pouvait dire que Selwyn savait tout à fait cacher son jeu. Sous ses airs d'homme bon, il était un salaud qui la traitait comme un elfe, lui faisait subir les sévices qu'il voulait quand il le désirait. Cela pouvait partir de n'importe quoi, si elle n'était pas rentrée à l'heure qu'il s'était lui-même convenu sans l'en informer, si elle avait un peu trop parlé à quelqu'un qu'il n'appréciait pas, ou s'il ne l'avait pas retrouvé lorsqu'il était rentré alors qu'il pensait qu'elle serait là. La pauvre femme vivait une vie attachée à une corde qu'il tirait avec violence comme pour l'étrangler. Ça d'ailleurs, heureusement qu'il ne l'avait pas fait, car le cou de l'autrice était délicat et il lui aurait sans nul doute déplacé les vertèbres justes en enserrant ses doigts. Un frisson glacé lui dévala le dos comme si elle n'était pas recouverte maintenant par une couverture réconfortante qui n'avait rien à voir avec les draps de sa chambre qui avaient assistés à des choses graves. Elle qui se targuait toujours de garder son calme, quitte à parfois passer pour quelqu'un de profondément froid, elle se laissait là emporter par une crise de panique qui la faisait trembler toute entière. Mais elle avait choisi le bon manoir dans lequel se réfugier et elle avait choisi les bons bras dans lesquels pleurer.
Les mots assassins de son époux revenaient en boucle dans sa tête et jamais elle ne l'avait vu aussi emporté, aussi furieux, aussi désespérément désireux de lui faire du mal. La manière dont il l'avait attrapée par les cheveux pour la traîner derrière lui... La jeune femme entendait sa propre voix dans sa tête supplier, pathétiquement, comme s'il restait une once de sympathie et de calme chez son époux tortionnaire. Sinistra ne devait son salut qu'à Libellule. Elle espéra qu'elle avait pu transplaner à temps... Mais n'eut pas la force de la convoquer pour la voir. Non, elle ne pouvait pas se compromettre, pas alors qu'elle était couchée contre un homme qui n'était pas son mari mais bien son meilleur ami. Et puis là, il lui retira un poids si lourd qu'elle en respira d'un coup beaucoup mieux. Il allait s'en charger. Hermes allait la libérer, la libérer de ce mariage désastreux initié par son propre père et pour lequel il avait insisté. Hermes allait se charger de faire cesser cela, de lui permettre de dormir mieux, de ne plus sentir de traces de bleus, de ne plus entendre son cœur battre la chamade dans ses oreilles. « C'est vrai ? » murmura-t-elle en ouvrant enfin les yeux. C'était vrai alors ? C'était fini ? Elle aurait pu être étonnée du vocabulaire de son meilleur ami si Sinistra avait eu la tête à ça. Mais pas là. Elle ne pouvait pas y songer. Tout ce qu'elle pensait, c'était qu'elle serait veuve et qu'il ne la menacerait plus. Qu'il n'allait pas l'enterrer et la laisser pleurer sous terre comme il avait promis de le faire.

Puis là, comme ça, la jeune femme sentit sa main remonter et lui faire tourner la tête pour qu'elle le regarde. Elle avait honte d'être si vulnérable, ainsi en larmes, mais elle ne savait pas faire autrement. Si elle commençait doucement à se calmer sous ses caresses tendres, il faudrait sans doute quelques jours au moins pour qu'elle se remette d'aplomb et porte un prétendu masque de deuil. Mais qu'importait le deuil, qu'importaient les jours qui suivraient. Ce qui se jouait à l'instant était autrement plus profond. La tendresse avec laquelle il posa ses lèvres sur les siennes, pour un baiser si bref, contrastait si férocement avec l'attitude qu'Ulysse avait eu plus tôt dans la soirée que Sinistra en fut bouleversée. Elle l'était pour deux raisons, la première, parce que son cœur affolé se calmait face à la force des mots qu'il avait employé. Sa volonté de vengeance, la mannoise la sentait. Elle savait qu'il ne lui mentait pas pour la ramener chez elle lorsqu'elle serait calmée. Et puis la seconde... Etait-ce possible qu'un cœur se fourvoie tant entre l'amitié et l'amour ? Etait-elle à ce point aveugle ? Sinistra leva doucement sa main encore légèrement parcourue de tremblements pour la glisser sur la joue d'Hermes en hochant doucement la tête. Et parce qu'elle avait à ce point besoin d'affection, elle se réfugia contre lui, la joue contre sa clavicule : « Je t'aime mon Hermes » murmura-t-elle tout contre lui, « je t'aime tant ». Dans toute sa fatigue et toutes ses émotions, la jeune femme ferma les yeux pour s'abandonner à son sort. Les larmes l'avaient épuisée et si elle n'avait jamais su trouver le sommeil auprès de son mari, il n'y avait aucun doute qu'elle trouverait le sommeil auprès de l'homme qu'elle aurait dû épouser.


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MessageSujet: Re: HERMES | Ulysse. HERMES | Ulysse.  129196351Mar 7 Sep 2021 - 22:04

Lui qui pensait jusqu’alors tout contrôler.

Mentir à sa famille, à son cercle proche, à l’entièreté de l’humanité n’avait jamais été un problème. Sans doute même aurait-il pu prétendre à un prix pour l’incroyable rôle qu’il jouait à longueur d’année, sans se trahir, jamais. Mais se mentir à soi-même, c’était là une nouveauté à laquelle Hermes n’était pas préparé. Le fait était que l’amour avait toujours été une émotion qu’il méprisait profondément. La seule personne qu’il ait jamais aimée lui ayant été arrachée, le sang-pur n’avait pas jugé nécessaire de réitérer l’expérience - bien qu’il était toutefois impossible de contrôler ce genre de choses, mais c’était sûrement là une information qu’il ne possédait pas. Car l’amour était une chose qui vous dévorait et que vous ne pouviez pas faire taire, ni maîtriser. Pas comme la colère, ou la peur, ou la tristesse. L’amour, c’était une faiblesse, et Hermes Nott refusait de se montrer faible devant qui que ce soit.

Mais le fait était que Sinistra était, et avait toujours, l’exception qui confirmait les multiples règles qui régissaient sa vie. Elle était son amie la plus proche, la seule peut-être, et cette exclusivité là cachait sans nul doute quelque chose qu’il n’avait su voir avant aujourd’hui. Avant qu’elle ne débarque, plus fragile que jamais, dévoilant ainsi ses plus grandes faiblesses à lui. Hermes ne s’emportait que rarement, maître comme toujours des émotions qui souvent le submergeaient pourtant. Le self-control était ce qui faisait de lui un mangemort redoutable, un espion indétectable, un homme imbattable. Mais cette rage qui l’envahissait, cette envie furieuse de briser le cou d’Ulysse Selwyn sans même prendre le temps de se délecter de sa mort, cette pulsion dévastatrice, c’était là une chose inédite. Il s’en était pris à Sinistra. Il avait osé la menacer de mort sans penser une seule seconde qu’il venait là de signer la sienne. C’était intolérable. Inimaginable. Bien des femmes, des hommes, des sorciers méritaient une fin sans panache aucun. Mais Sinistra méritait qu’on lui offre la vie qui lui était due. Une vie où elle serait réellement le centre de toutes les attentions de quelqu’un qui la chérirait, la couvrirait d’une affection dont il se croyait jusqu’à présent incapable. Peut-être était-ce pour ça que ses premières noces lui avaient été moins pénible à encaisser. Si un homme pouvait offrir à Sinistra ce dont il se savait incapable, alors soit.

Mais le fait était que ce soir, il était bien plus capable que ce qu’il n’aurait cru. Fallait-il en arriver à de telles extrémités pour réaliser l’évidence ? Fallait-il des larmes pour déverrouiller son coeur de glace? Le baiser lui sembla si naturel que sur l’instant, il ne réalisa pas. Ne comprit pas que c’était là la chose la plus incroyable que son corps ait fait sans sa réelle permission. C’était tout à fait comme si ce baiser était la suite logique des choses, le seul moyen de l’apaiser, de lui prouver qu’il disait vrai, comme elle le lui avait dit. Bien sûr qu’il était prêt à tout pour elle. Il aurait pu affronter l’Ordre du Phénix à lui seul, affronter même le courroux de son Maître pour avoir refusé de répondre à l’appel si c’était pour la consoler de pareil chagrin. Tout, vraiment. Même la laisser accéder à une part de lui dont lui-même ignorait l’existence. Sa main sur sa joue lui apparut comme le contact le plus doux qui soit au monde, presque plus encore que les mots qu’elle lui offrit et qui chamboulèrent pourtant à jamais ses profondes certitudes. Encore ivre de colère, Hermes n’en saisit sans doute pas toute l’intensité. Ou au contraire, peut-être cela ne fit-il que renforcer sa conviction, exacerber ses sentiments qui se révélaient à elle en même temps que son corps - car jamais les deux sangs-purs n’avaient été si dévêtus devant l’autre, comme le voulait la bienséance. « Je le sais, ma douce. » Sa voix sonnait comme une caresse alors qu’il fut bien incapable de lui répondre ce que les convenances appelaient, mais le simple fait de la serrer de la sorte valait tous les mots du monde, dans toutes les langues qui soient.

Le sommeil avait fini par avoir raison de la mannoise qui s’était assoupie tout contre lui. Les minutes, longues, inexorables, n’avaient pas éteint sa colère, pas plus que la brusque réalisation de ses sentiments profonds. Se dégageant lentement, Hermes posa avec délicatesse la tête de Sinistra sur l’oreiller, et pansa soigneusement ses plaies pour éviter que son visage ne souffre de la moindre séquelle. N’était-il pas bien placé pour savoir qu’attendre comportait des risques qu’il n’était pas prêt à lui faire prendre ? « Je te reviens très vite. » Une fois la promesse glissée à son oreille qui ne l’entendit pas, Hermes quitta finalement la chambre pour rejoindre son immense dressing où Baudelaire l’attendait déjà avec sa tenue de mangemort. Le sang-pur le fusilla du regard et choisit des vêtements tout aussi sombres, mais absolument pas cette cape lourde de sens. « C’est une affaire personnelle cette fois. » Et une fois ses gants noirs soigneusement enfilés, Hermes Nott disparut dans un nuage de fumée avec la ferme intention d’honorer sa parole, et de déshonorer à jamais le nom de Selwyn. Mais surtout, celui qui le portait.
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MessageSujet: Re: HERMES | Ulysse. HERMES | Ulysse.  129196351Mer 8 Sep 2021 - 23:12

L’eau délassait ses muscles encore engourdis par l’effort.

Après chaque mission, chaque meurtre, le rituel était toujours le même. Simple, efficace. Une longue douche brûlante, moins pour absoudre ses pêchés que pour se débarrasser de l’enveloppe de la mort qui semblait encore lui coller à la peau, comme une mue dont il aimait se débarrasser une fois le devoir accompli. Plus que jamais, sous la cascade d’eau, Hermes souriait. C’était là une chose étrange, car malgré la satisfaction infinie d’avoir ôté la vie à cet homme qui ne méritait qu’une fin pareille, le sang-pur n’oubliait pas la peine immense qui avait amené Sinistra ici. Elle souffrait, bien que ses traits s’étaient détendus dans son sommeil alors qu’il l’avait longuement observée en rentrant, dans l’embrasure de la porte. Elle semblait paisible, goûtant enfin au repos qu’elle méritait tant, et si son rituel n’avait pas été si essentiel à son bon fonctionnement, nul doute qu’il serait allé la rejoindre sans attendre.

Mais la douche était aussi l’endroit privilégié pour ses réflexions les plus profondes. Au rythme des gouttes qui claquaient sur le marbre, son esprit vagabondait bien souvent et les yeux clos, Hermes se demanda quelle était désormais la suite de tout ça. La rage était certes retombée, repue par la vengeance, mais la débâcle des sentiments profonds était toujours là. Sinistra allongée dans son lit, lui nu à quelques mètres d’elle - bien qu’un mur les sépare, protégeant ainsi la pudeur - tout cela lui semblait d’une intimité qui aurait pu le faire rougir. Mais sa peau n’empruntait cette teinte que parce l’eau était trop chaude, et lui qui désespérait tant de trouver un jour une épouse à sa hauteur songea que c’était sans aucun doute la seule femme avec qui il accepterait de partager sa couche. Et pas uniquement à des fins de procréation, une fois le mois. De sa vie, Hermes n’avait dormi qu’avec deux femmes : sa mère autrefois, quand l’innocence était encore un de ses vertus, et Antinea. Même celle qui avait eu le privilège de lui prendre sa virginité n’avait su le retenir dans ses draps, trop dégoûté qu'il avait été par l’expérience. Mais Sinistra, et bien… Sinistra avait tous les droits.

Pour autant, le sang-pur ne comprenait pas d’où lui venait pareil revirement dans ses convictions profondes. Lui qui n’avait jamais cherché à protéger autre chose que ses propres intérêts, et son honneur, venait de commettre un acte chevaleresque. Egoïstement, il n’avait eu aucune raison de tuer Ulysse Selwyn. Rationnellement, du moins. Mais la raison semblait avoir déserté cette bien étrange nuit, et alors qu’il passait à nouveau son pantalon de soie que Baudelaire avait soigneusement plié près du lavabo, Hermes croisa finalement son reflet qu’il aimait tant admirer, et y vit un sourire qu’il n’avait de sa vie jamais arboré. Pour avoir travaillé longuement ses masques de bienséance et de bienveillance, il connaissait chaque nuance de ses expressions. Connaissait la différence entre ses vrais sourires et ceux les plus faux. Mais celui-là n’avait rien à voir. Celui-là n’existait que parce que Sinistra ne quittait pas son esprit, son visage effaçant bien vite la délectable vision de son mari mutilé.

Rejoignant sa chambre avec la discrétion qui faisait de lui un être si fourbe et mortel, il eut toutefois un léger temps d’arrêt avant de se glisser sous les draps. Peut-être n’était-ce pas la chose à faire. Peut-être devait-il simplement aller dans l’une de ses multiples chambres d’amis et attendre son réveil pour lui annoncer l’heureuse nouvelle. Car de toute manière, il n’avait aucune envie de l’arracher au monde de Morphée. Ses longs cheveux blonds recouvraient son oreiller, et de sa vie jamais il n’avait pris plaisir à ne serait-ce qu’imaginer cette vision - qui d’ordinaire l’aurait répugné, s'il avait été question de n'importe quelle autre femme. Mais si sa raison lui dictait que c’était là la chose à faire, autre chose prit le dessus sur ce qui motivait habituellement ses décisions, et Hermes plongea sous les draps avec l’agilité d’un fléreur. Sa peau d’albâtre n’était qu’à quelques centimètres de lui, et si leur étreinte tout à l’heure lui avait paru si naturelle, il lui semblait cette fois ne pas avoir le droit de la toucher. Sa bouche pourtant mourrait d’envie de s’écraser sur l’épaule nue que son gilet dévoilait, et son regard la dévorait comme si elle était une chose interdite. Le souvenir de ses larmes lui revint alors en tête, et le sang-pur obéit comme par réflexe à cet instinct protecteur qu’il se découvrait, se calant derrière elle en la frôlant presque, ne sachant où poser sa main qu’il laissa le long de son propre flanc. « C’est fini Sinistra. » Sûrement ne l’entendrait-elle pas, mais il eut ce besoin urgent de le dire. « Tu n’auras plus jamais à avoir peur. » Sa bouche si près de son oreille, son nez bien proche de ses cheveux, il respirait son odeur envoûtante sans le vouloir. Pas celle de son parfum artificiel qui d’habitude l'enveloppait, mais une autre qu’il ne connaissait pas. « Plus jamais. » Lui en revanche, qui se targuait avec fierté d’avoir vaincu toutes ses craintes, s’en découvrait à l’instant une nouvelle.
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MessageSujet: Re: HERMES | Ulysse. HERMES | Ulysse.  129196351Jeu 9 Sep 2021 - 10:14

« C'est fini, Sinistra ».

Les paupières de la mannoise s'ouvrirent comme si son réveil avait enfin été invoqué par une prière. Elle sut immédiatement où elle était, pourquoi elle y était, ce qu'il s'était passé. C'était presque comme si elle ne s'était pas endormie, totalement alerte, bien réveillée. C'est fini. Sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi, son palpitant se mit à battre la chamade, comme si c'était quelque chose qu'elle ne réalisait pas. Ulysse était mort, elle était de nouveau veuve. Si elle avait échappé à la mort, la réalité, c'était que la fosse aux serpents l'attendait sagement pour la juger avec plus de sévérité encore. Mais cette crainte n'emportait pas le soulagement profond qui était le sien. Machinalement, elle leva sa main sur sa lèvre fendue quelques heures plus tôt, pour constater avec stupéfaction qu'elle était de nouveau entière. Et un sourire doux se dessina dessus, comme pour marquer le début d'un nouveau chapitre de sa vie. Elle n'aurait plus jamais à avoir peur. La phrase d'Hermes la fit se retourner et si elle avait bien sentie sa présence proche d'elle, Sinistra ne s'imaginait pas qu'il l'était tant. La jeune femme se perdit machinalement dans la profondeur de ses yeux sombres. Hermes était un ange de la mort comme on en faisait pas deux. Avec ses airs angéliques, il était pourtant le premier à distribuer les couteaux dans le dos de tout le monde. Mais pas dans le sien. Non. Sa présence contre elle était une présence de bonne augure et le visage à quelques centimètres à peine du sien, la jeune femme murmura : « Merci Hermes ». Un merci lui paraissait être bien ingrat par rapport à ce qu'il avait fait.

La mannoise avait compris qu'il avait tué Ulysse sans qu'il n'ait à le lui dire clairement. Elle avait senti sa rage à travers son propre désespoir. Et ce n'était pas la première fois qu'il proposait de faire le sale travail. Combien d'hommes pouvaient-ils se targuer de lui être aussi loyaux ? Aucun. Aucun et ce n'était pas faute d'en avoir froissé, des draps. Son ami sang-pur était le seul à avoir un tel dévouement pour elle et c'était là quelque chose de merveilleux que de ressentir cela. Se sentir épaulée, peu importe les étapes de sa vie. Se sentir aimée, aussi... Il y avait dans cette chambre obscure une espèce d'atmosphère intime très étrange qui s'était installée. Comme si c'était interdit, comme s'ils n'avaient pas le droit. En temps normal, être ainsi couchée dans le lit d'un autre homme que son mari, cela valait son pesant d'or dans les ragots des sang-purs. Et Sinistra qui avait froissée les draps de nombre de ses cousins du registre, ressentait une espèce de timidité qu'elle ne s'expliquait pas. Peut-être parce qu'Hermes avait toujours été son grand ami, celui qui serait toujours là pour elle sans qu'elle ne daigne porter son nom ? Pourtant, la réalisation brutale qu'elle avait eu avant de sombrer dans le sommeil lui revint en mémoire alors qu'elle levait sa main pour la faire glisser sur celle qu'il avait abandonné sur son propre flan. La jeune femme y entrelaça ses doigts pour la lui serrer, comme un remerciement tacite supplémentaire, teinté d'autre chose. « Tu es le seul » commença-t-elle doucement sans détourner son regard du sien, « le seul à avoir réagi ». Elle ramena la main de son ami à ses lèvres et elle lui embrassa chastement les phalanges, « le seul pour qui cela avait de l'importance ». La phrase était peut-être murmurée, elle donnait pourtant l'impression d'emplir la pièce tant le silence autour d'eux était parfait. « Tu es le seul à avoir eu assez de courage ». Et ce n'était pas peu dire. Ulysse jouissait d'une certaine réputation qui faisait de lui un homme cruel. Il était, en plus de cela, marqué par le Seigneur des Ténèbres lui-même. Mais il n'était pas le seul à l'être dans leur cercle. Et sans lâcher la main de son meilleur ami, Sinistra frôla ses lèvres des siennes. Un baiser délicat, certes, mais entièrement dévoué.


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MessageSujet: Re: HERMES | Ulysse. HERMES | Ulysse.  129196351Sam 11 Sep 2021 - 22:08

Au coeur de la nuit, ses sens semblaient s’éveiller comme pour la première fois.

Le contact avait toujours été une chose qui le répugnait. Depuis sa plus tendre enfance, Hermes n’avait jamais été adepte du réconfort qu’on pouvait trouver dans des bras aimants, au grand dam de sa mère. Pire, après l’accident qui avait détruit à jamais son innocence, le moindre frôlement semblait l’échauder comme un animal sauvage, et quand ses jeunes camarades ne mourraient que de lier leur langue à celle d’une autre, Hermes l’utilisait pour déverser son fiel sur les autres. Mais le temps avait fait son oeuvre, et peut-être le contact des chevaux l’avait-il un peu adouci. Du moins, les poignées de main polies le dégoûtèrent un peu moins, les baisers insistants de sa vieille tante ne lui arrachèrent plus le même frisson de dégoût, les accolades viriles au Quidditch lui parurent devenir une épreuve plus supportable. Et puis, vint le jour où enfin il se força à caresser une autre peau. Ce furent là les minutes les plus longues et angoissantes de sa jeune vie. La proximité, la chaleur, les sensations nouvelles de son corps tandis qu’un autre se collait à lui. Il n’en avait gardé que bien peu de souvenirs, se rappelait juste avoir vomi après ça. S’être senti comme une bête, rien de plus, et cette peur là, jamais il n’avait réellement trouvé la force de la combattre. Le vertige, la peur de l’eau, tout ça, il l’avait affronté avec le courage qui était le sien, sa détermination plus qu’intacte, refusant de dévoiler la moindre faiblesse. Mais l’intimité d’une chambre à coucher, c’était là sa plus grande phobie.

Pourtant, la proximité de ce soir ne lui déclencha pas la même réaction épidermique habituelle. Sa peur était là, lui enserrant le coeur au point qu’il lui semblait qu’il allait exploser, mais lorsqu’elle se retourna pour lui faire face, sa bouche à quelques centimètres des siennes, Hermes ne recula pas. Peut-être était-il temps d’affronter, enfin. Peut-être n’avait-il juste pas trouvé la bonne personne pour lui apprendre qu’il existait une manière douce, alors que tout ce qu’il se souvenait, c’était la brutalité de sa première fois, la douleur dans son bas-ventre et le frisson glacé dans sa colonne vertébrale alors qu’il avait eu l’impression de quitter ce corps. Il lui était bien difficile de se concentrer sur les mots qu’elle lui disait, alors qu’il lui semblait découvrir tout un monde de sensations inédites. Plonger dans ses yeux de la sorte était plus terrifiant que lorsqu’il partait en expédition dans les eaux troubles et chaudes du Pacifique. Sa main se liant à la sienne lui causa un léger sursaut qu’il ne contrôla pas, alors que les paroles de mannoise ne faisaient que rajouter de l’intimité à un moment qui l’était sans doute trop pour lui. Le seul, vraiment ? Longtemps, il avait attendu qu’elle prononce ses mots, et il ne le savait même pas. S’il était vraiment le seul, alors, lui permettrait-elle de l’être jusqu’à la fin de ses jours ? Tandis qu’elle déplaçait sa main sans qu’il ne sache lui opposer de résistance, Hermes réalisa à quel point il était agréable de se sentir compris, enfin. Lui qui errait dans un monde de faux-semblants, depuis trop longtemps déjà, faisait enfin face à un amour véritable qui le désarçonnait. Sa bouche légèrement entrouverte fut bien incapable de prononcer le moindre mot, comme un enfant interdit devant une chose qu’il ne comprenait pas. Il eut envie de lui dire qu’elle était la seule, l’était depuis toujours et le serait sans doute à jamais, mais rien ne vint. Rien de ce qu’il ne pensait ne franchit la barrière de ses lèvres que bientôt elle vint prendre de la plus tendre des manières.

C’était la deuxième fois ce soir-là. Mais cette fois, c’était elle qui avait initié ce baiser, et Hermes mit un certain temps à réaliser réellement ce qui se passait, immobile, les yeux toujours grands ouverts, comme si son corps refusait de lui obéir. Comme si à nouveau, il n’était que spectateur. Mais Sinistra n’avait rien à voir avec celle d’autrefois, et la sensation sembla déjouer la barrière de sa pudeur maladive. Libérant sa main de son étreinte, il vint la déposer sur sa joue qui avait retrouvé toute sa douceur et fermant finalement les paupières, Hermes intensifia légèrement le baiser, sa lèvre inférieure se glissant entre les siennes alors qu’il se laissait emporter par l’instant, sans chercher à calculer quoi que ce soit. C’était peut-être bien ça la chose la plus effrayante qui soit, le laisser-aller, éteindre ses pensées pour laisser la main à son corps tout entier. Et lorsqu’enfin il se détacha un peu d’elle, haletant, déboussolé, Hermes retrouva ses pupilles obsurcies par la nuit, comme s’il y cherchait des réponses. « J’ai parfois manqué de courage. » Sa voix lui fit la même impression que celle qu’il avait après avoir longtemps volé. Ereintée, à bout de souffle. Il n’était pas tellement de ses habitudes de dévoiler ses propres failles. « Mais je ne laisserai plus mes propres peurs me priver de toi. » Sa main se décolla de sa joue pour épouser lentement les courbes de son corps, sans pour autant la toucher, alors que ses propres yeux suivaient ses doigts timides avant de revenir vers son visage. « Aucune femme Sinistra… De ma vie, aucune femme ne m’a donné envie de lier mon nom au sien. J’ai toujours cru que ce serait là un sacrifice à faire pour ma lignée mais toi… » Il marqua une pause alors que sa main était remontée à son visage, frôlant ses lèvres délicates. « Tu es un cadeau. Une bénédiction. » La bienséance aurait du l’empêcher de dire des choses pareilles, alors que le corps encore chaud d’Ulysse reposait quelque part dans les terres des Selwyn. Mais qu’importait. Il avait déjà trop attendu. « Tu es la seule. » Ses mots firent écho aux siens, sans même qu’il ne fasse réellement exprès. C’aurait été une technique de manipulation parfaite, s’il avait eu assez de discernement pour le faire. Mais cette fois, c’était bien son coeur qui parlait. «  Épouse-moi, Sinistra. » Les yeux du sang-pur brillaient d’une émotion certaine dans la pâleur de la nuit. Tant de fois il lui avait demandé, sous couvert d’une blague qui les faisait tous deux rire sans que le coeur n’y soit vraiment. Mais cette fois, c’était vrai. C’était réel. Et peut-être était-ce l’instant le plus réel que le jeune sang-pur ait jamais vécu.
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MessageSujet: Re: HERMES | Ulysse. HERMES | Ulysse.  129196351Sam 11 Sep 2021 - 23:25

Sinistra n'avait finalement que peu été amoureuse. Il y avait bien ce garçon de Serdaigle qui était son ami à l'école, au sang pas très net, mais qui lui disait ses quatre vérités, toujours. Il ne s'était jamais battu pour elle. Résigné au possible, Janus s'était contenté de suivre sa route alors qu'elle se retrouvait enfermée dans la prison édictée par sa famille. Ares ensuite. Ah, Ares... Ares qui n'avait rien à faire dans ses pensées, lui qui avait osé l'étrangler, lui qui était un immondice à ses yeux. Puis Warren. Warren c'était différent, un autre type d'affection, quelque chose de particulier mais de profond. Pas de l'amour, non. Même si Sinistra avait été profondément choquée en voyant son visage s'écraser brutalement dans son plat de rognons. Raide mort. Aucune explication et une veuve qui avait assistée à sa mort sans rien pouvoir faire. Et les amants avaient continué de se succéder, pour l'aider à faire face à sa morne existence. La publication de son livre avait mis quelques paillettes dans sa vie. Puis Ulysse avait soufflé tout cela avec l'autorité qui était la sienne. Que de violence, que de désordre. Que de malheur. Octave avait été là aussi. Un soutien intéressant, qui lui faisait passer le temps. Qui l'occupait, qui lui parlait, qui lui donnait l'affection qu'elle recherchait... Mais il ne s'était pas battu. Il n'avait jamais levé le petit doigt devant ses marques, pas même lorsqu'elle lui avait avoué avec la plus totale décontraction qu'Ulysse la battait, à cette lointaine époque où il ne lui avait pas retiré quelques touches de tissu. Hermes en revanche, s'était toujours indigné. Il avait toujours tendu la main pour l'aider. Ce n'étaient pas des propositions en l'air, elle le savait parce qu'elle le connaissait. Et comme pour toutes les autres déceptions qui étaient les siennes, il était le seul à ne l'avoir pas déçu. A l'aimer pour ce qu'elle était, sans désirer la changer, sans désirer qu'elle ne change. Il ne voulait pas qu'elle adoucisse ses idéaux, ni la personne qu'elle était. C'était plein et entier et ce soir, il le lui avait prouvé de la plus belle des manières.
Et c'était un moment suspendu dans le temps qui se passait là. Sinistra ne voulait pas retourner à son quotidien. Préparer des obsèques et ses plus belles larmes. Demander à Libellule de lui sortir une tenue noire - elle ne ferait pas l'offense à Warren de mettre la même tenue qu'à son enterrement, lui qui l'avait traité correctement. Répondre aux condoléances d'un air faussement affligé. Affronter les ragots, aussi... La mannoise était consciente que c'était là son deuxième mariage tenu en échec mais elle ne pouvait même pas regretter cela. Elle préférait encore affronter mille mauvaises paroles que de subir encore ce qu'Ulysse lui avait fait subir ce soir. N'était-elle pas, pourtant, un oiseau de mauvais augure ? Deux époux, deux morts. Elle ne s'en remettrait pas si...

Mais Hermes n'était pas son époux, se rappela-t-elle alors qu'elle posait ses lèvres sur les siennes. Le doux baiser s'en trouva accentué par lui et malgré sa surprise, elle se laissa faire. Sinistra connaissait l'avis plutôt tranché de son ami pour les contacts physiques. C'était aussi pour cela que maintenant calmée, elle ne se collait pas totalement à lui. L'envie ne lui manquait pas pourtant, car plus que jamais, il lui semblait qu'il lui fallait une épaule sur laquelle s'appuyer. Mais les deux sang-purs n'avaient-ils pas prouvé, ce soir plus qu'à tout autre moment, qu'ils étaient faits pour tout affronter ensemble ? Le baiser interrompu la poussa à rouvrir ses yeux pour chercher les siens. Y trouver une accroche, du réconfort et surtout, du soutien. Et puis vinrent les paroles du coeur, celles qui firent battre le sien plus fort encore dans sa poitrine. Sinistra anticipa un contact qui ne vint jamais, la frustration était terrible mais ses mots, ah... Ils pouvaient tout racheter. Tout. Tout. Et alors qu'il frôlait ses lèvres de ses doigts, la mannoise regretta de ne pas combler la légère distance entre eux. De ne pas oser, de peur de le braquer. Un baiser lui avait semblé audacieux mais plus que jamais, la sorcière ressentait une espèce de paix intérieure. Une certitude, celle de ne plus être seule, celle d'être aimée, réellement. Ses pensées semblèrent d'autant plus se retrouver dans ses mots.
A sa demande en mariage, la première réaction de Sinistra fut de voir ses propres yeux s'embuer d'émotion, briller plus fort dans la nuit. Comme si c'était irréel et comme si ce n'était qu'un songe de mort. La demande n'était pas une plaisanterie qu'eux seuls pourraient comprendre. C'était une demande, pas traditionnelle mais qui était tellement plus forte en symbolique que la mannoise se fichait bien qu'il pose un genou à terre. Son coeur tremblait en même temps que ses lèvres qu'elle dut pincer pour ne pas pleurer. Et puis voilà, silencieusement, elle hocha la tête, posa son front contre le sien. Être au plus proche de ses yeux pour qu'il saisisse l'émotion dans les siens. « Je veux t'épouser ». Le dire lui donnait une autre réalité, un autre sens peut-être. « Je veux t'épouser ». Elle le répéta, non pas pour s'en convaincre mais pour acter les choses, avec plus de fermeté. Elle désirait prendre son nom, être son épouse, celle qui serait toujours à ses côtés mais parfois dans son ombre. Elle voulait enfin vivre heureuse aux côtés de quelqu'un qui l'aimait. N'était-ce pas ce dont on a tous besoin, finalement ? N'est-ce pas le Nirvana que l'on recherche tous ?


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