Dans la série Avez-vous déjà vu... voici cette question : Avez-vous déjà vu des lèves et une langue vertes ? Du rouge à lèvres vert c'est un peu étrange, hormis si vous vous déguisez en légume vert et dans ce cas, si vous êtes un haricot vert ou un petit pois ça n'a rien de surprenant mais sérieusement, vous croyez vraiment que Minerva est le genre à se trimballer une costume de petit pois et se peinturlurer les lèvres de vert ?! Non, non et non alors les lèvres vert petit pois et la langue dans les mêmes tons ce n'était pas la nouvelle mode.

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH. Sa réaction donna à peu près ceci, à savoir un long hurlement, strident, un tremblement vibrant de ses cordes vocales qui résonna dans le couloir. L'attention se focalisa alors toute entière vers la pauvre Miss Moon dont les lèvres se coloraient de vert à vue d'œil. Son joli miroir de poche dont le cadre argenté brillait légèrement lui renvoyait une image insoutenable. Ses joues, en accord avec sa longue et luxuriante chevelure rousse prenaient une vilaine teinte cramoisie tandis que ses ongles, longs, parfaitement manucurés et enduits d'une couche brillante et lisse de vernis rouge s'enfonçaient dans les paumes de ses mains.

Le reste de la journée fut très longue. Pire, elle s'éternisait, en revenait à cette découverte tragique, elle entendait la voix de l'infirmière lui répéter ces mots " Cette teinte verdâtre ne disparaîtra que dans deux jours Miss Moon ". DEUX JOURS! Autant dire une vie! D'une humeur massacrante, Minerva marchait d'un pas vif, ses longs ongles rouges prêts à griffer comme un chat furieux. Pourtant, si la vengeance lui chauffait le sang, elle conserva son sang-froid, seuls ses regards noirs et ces mots muets qu'elle formulait en sa direction exprimaient sa rage. Impatiente, excitée comme une puce, Minerva se laissa quelques minutes avant de rejoindre la salle commune où il y était. Ses longs ongles frémissaient presque tant elle réfléchissait à toute vitesse à la petite vengeance qui serait bientôt sienne.

Enfin la rouquine se décida à entrer. Bien sur Demetrius était là, confortablement installé sur le canapé à lire un bouquin. Un sourire mauvais s'étira sur ses lèvres tandis qu'elle se forçait au calme. Frémissante de rage, elle se positionna derrière le canapé, il semblait tout petit vu de son mètre soixante douze, sa chevelure brune lui inspirait des envies vengeresses. Lorsqu'elle se pencha, ses lèvres vertes toutes proches de son oreille dont elle frôlait la chair veloutée, Minerva se fichait pas mal du rideaux roux devant ses yeux, elle planta ses longs ongles rouges aux bords arrondis sous l'uniforme, au plus près de la chemise. Ses mains blanches aux longs doigts fins étaient pareilles à ces griffes de chats, recourbées et prêtes à vous trouer la peau.

- Deux jours Dem, deux jours! dit-elle dans un feulement de chat grincheux, la voix si basse que seul son ami pouvait l'entendre. Pourtant lorsqu'elle se redressa en rejetant en arrière sa longue crinière rousse, il y avait un sourire presque normal sur ses lèvres vertes. Sous sa chemise Flint avait certainement la trace de ses ongles car elle n'avait pas fait semblant de lui planter les ongles dans l'épaule. En contournant le canapé elle tendit l'index et lui griffa la nuque pour le simple plaisir de lui pourrir la vie comme il l'avait fait.

- Pousses toi, tu prends toute la place dit la serpentarde en prenant ses aises. Là encore elle fit exprès de pousser Flint, le garçon ne squattait pas le canapé comme elle le sous-entendait si injustement. Tout en disant cela elle lui avait volontairement donné un coup de coude et puis, comme elle était très tactile, elle se mit à passer sa main sous son pull et lui pincer d'inexistantes poignées d'amour. - Comme c'est chou, des poignées d'amour. En parlant d'amour comptes sur moi pour te trouver la perle rare.

Autrement dit... Minerva allait lui pourrir l'existence jusqu'à ce que supplication s'en suive! Comme si de rien n'était elle sortit de son sac de cours un paquet de chocogrenouilles et commença par en manger une, puis deux et c'est à la troisième, les deux premières ayant été englouties à la vitesse de la lumière, qu'elle ajouta sur le ton de la conversation :

- Tu aimes ce nouveau vernis ? C'est rouge sang! Elle lui tendit ses jolies mains, très féminines pour qu'il apprécie mieux sa toute dernière trouvaille.

Qui de l'œuf ou la poule s'octroie le privilège d'être le premier ? Cette question, souvent posée et toujours aussi entêtante pouvait tout aussi bien s'appliquer à Minerva et Demetrius. Qui de la rousse ou du brun lança les hostilités ? Qui des deux ouvrit la voie à une succession inachevée de farces plus ou moins bon enfant ? Qui des deux emportait la palme du coup foireux ? Et surtout qu'avait-elle bien pu faire pour désormais se balader avec une immonde teinte verdâtre sur les lèvres ? La réponse était tout aussi simple...

Quelques jours plus tôt Demetrius Flint se trouvait paré d'une nouvelle couleur de cheveux. Ce n'était pas un roux flamboyant, délicat et naturel comme celui de Minerva mais une sorte de coulis raté de tomates dégoulinant et tenace. La teinte de ses cheveux bruns, naturellement agréables à regarder s'était envolée, disparue pour laisser place à un rouge vif, tape à l'œil et bien sur tout sauf naturel, en somme très vulgaire. Et cela pendant quatre longs jours... Quatre jours de franche rigolade pour la taquine sorcière rousse qui se faisait un plaisir d'observer la tignasse tomate de son ami serpentard se balader dans les couloirs de poudlard.

Toutefois, si l'on tient à être méticuleux il est possible de remonter très loin et éventuellement déterminer le point de départ de toute cette grande blague. Mais là encore ce serait trop long. Si Minerva adorait Demetrius, il était à Serpentard un de ses amis les plus proches, elle ne pouvait toutefois résister à l'envie brûlante de lui faire quelques farces et comme c'était réciproque...

- Minerva, ça alors ! Je ne m'attendais vraiment pas à te voir ici, ma jolie plante ! Miss Moon afficha un sourire particulièrement crispé à la limite de la grimace. La jeune fille n'était pas dupe, les allusions plus ou moins subtiles de l'adolescent ne lui échappaient pas. Ses yeux clairs, d'un bleu pur se fixèrent sur Demetrius, un éclat noir au fond de la pupille elle le toisa, le sourire lourd d'une rancœur encore très présente. Même si elle avait conscience qu'après tout c'était de bonne guerre et légitime il n'empêche qu'elle digérait mal cette hideuse teinte verdâtre sur ses jolies lèvres roses.

- Mes poignées d'amour disent bonjour à ton immense dernière, Min ... C'était E-XAC-TE-MENT, TY-PI-QUE-MENT le genre de douceurs et autres mots doux qu'ils se balançaient au visage à longueur de journées et si de loin il était presque normal de se laisser abuser par l'aigreur de leurs propos il était de notoriété publique que ces deux-là s'adoraient même si leur manière de se prouver leur amitié laissait à désirer... Les joues à la peau de pêche de la jeune fille ne rosirent pas, il en fallait plus pour qu'elle se sente vexée. Demetrius pouvait dire ce qu'il pouvait elle avait assez de confiance en elle pour faire la sourde oreille.

- Mon derrière me convient parfaitement Dem mais merci de t'en soucier répondit-elle sur le même ton tout en prenant - un peu beaucoup violemment - ses aises. Le serpentard se tortillait tant bien que mal, surtout mal, pour être en fin de compte relégué au fond du canapé alors que Minerva, confortablement installée savourait cette petite victoire.

Minerva était de ces filles coquettes, féminines jusqu'au bout des ongles. La sorcière rousse n'avait pas attendu d'avoir 17 ans pour soigner son image. Tout était dans le détail. De ses cheveux toujours propres, sa peau parfumée de ces fragrances françaises très chic en passant par sa peau chouchoutée par la dernière crème miraculeuse ou encore ses ongles impeccablement manucurés Minerva représentait à elle seule tout la superficialité des adolescentes de 15 ans. Pourtant, sous ses airs de petite groupie, c'était une toute autre personnalité, une fille intelligente et cultivée qui apparaissait. Mais à cet instant, ses mains tendues vers Demetrius, elle ne put réprimer un petit rire, mélange familier de tintement et de gloussement lorsqu'il lui fit un chaste baise-main.

- Si j'aime ? Mais j'adore, Min ! Et tu sais que je m'y connais, en vernis à ongles ! Mais si je peux me permettre, je vois plus ça comme du vermillon ... En tout cas, c'est en parfait accord avec la teinte de ton nouveau rouge à lèvres !

Enfin... Le long battement de ses cils roux et ce tintement coquet c'était avant qu'il ne fasse allusion à la teinte particulièrement affreuse de ses lèvres. Miss Moon retira aussitôt sa main de celle de Demetrius, fâchée mais surtout vexée qu'il se paie ouvertement sa tête.

- Oh mais ça je le sais très bien que tu adores être coquet mon chéri, n'est-ce pas ? répondit-elle d'une voix mauvaise, sa langue de vipère prête à fourcher. Bien sur personne hormis elle et Demetrius ne pouvait saisir la teneur de ses propos mais elle faisait allusion à une certaine après-mi, l'un de ces nombreux jours de vacances passés seuls à faire les pires bêtises.

- Tu sais que cette crème française m'a coûté une fortune Dem ?! Maintenant elle est inutilisable! Si tu l'utilisais tu saurais à quel point elle était miraculeuse! Minerva cria presque, sa voix se fit soudain très aigue. Il perçait une indignation dont elle ne se cachait pas car sa crème n'était plus et avait finit à la poubelle.

Aux premières heures d'été l'étincelle malicieuse, source de toutes leurs aventures, brillait à la lueur de leurs regards taquins. Très rapidement, de façon si naturelle et en toute confiance les deux adolescents s'étaient rapprochés trouvant en chacun un compagnon de jeux. Le hasard fit bien les choses. Londoniens tous deux, ils se rendirent compte dès les premières semaines qu'ils étaient voisins et plutôt que d'attendre le début de la rentrée pour se voir Dem et Min passaient régulièrement de longs après-midi à faire les quatre cents coups. Pour Minerva il n'était pas très compliqué d'avoir du temps libre. Sa mère partie travailler à son commerce ou en voyage, la petite fille était confiée à la surveillance de l'elfe, Windy, et se débrouillait toujours pour faire inviter son ami Demetrius. Et l'été passait ainsi, la vieille demeure victorienne des Moon emplie de cris des cris des deux adolescents et de leurs rires, les escaliers et le parquet en bois martelés par leurs pas.

Et puis... Il y eût cette fameuse après-midi où Minerva dénicha une poudre dont les effets se rapprochaient du stupéfix. Son plan fonctionna à merveille et depuis, quoique le serpentard n'était pas dupe, elle conservait précieusement ses preuves compromettantes.

- Tu as toujours été jalouse de ma coquetterie, Min, avoues-le ... Un large sourire, verdâtre et jurant affreusement avec son teint pâle, ses yeux clairs et son opulente chevelure rousse, apparût sur son visage tandis qu'elle se rappelait parfaitement du regard fou de Demetrius, se yeux furibonds, rouges de colère et sa promesse. D'ailleurs, sa promesse elle l'avait tenu mais Minerva n'était pas à Serpentard pour rien! La jeune fille, à la demande de Flint avait bel et bien brûlé la photo, mais ce qu'elle ne lui avait pas dit était qu'entre temps elle avait ordonné à l'elfe de dupliquer les photos. De ce fait elle en avait brûlé une, par conscience mais avait précieusement conservé les autres dans un petit coffre bien protégé par un grand nombre de sortilèges. Minerva se contenta de lui lancer un regard amusé, trop heureuse de détenir à son insu des preuves incontestables de sa féminité!

- Tu t'emballes pour rien, ma chère. Inutilisable, inutilisable ... Moi je ne trouve pas ! Je pense d'ailleurs que tu devrais t'en tartiner tous les matins sur le visage ! Sincèrement, ça te donne bonne mine ! Minerva était pour ainsi dire coincée. Parce que mine de rien, même si Demetrius n'avait pas la carrure d'un gorille son bras, passé négligemment autour de son épaule lui pesait déjà. La jeune fille était d'une constitution plutôt fragile, elle était grande, élancée, la taille souple et svelte mais sa force physique laissait à désirer. Résignée, elle croisa son regard, impuissante et lui tira la langue qui n'était pas verte.

- J'aurai meilleure mine si tu ne touchais pas à mes produits de beauté!

Et non, je n'ai jamais put constater son effet miraculeux, vu que tu n'as jamais voulu me prêter ta fabuleuse crème ! La moue qu'il fit à cet instant ne la trompa pas. De loin les deux sorciers offraient un curieux tableau. Demetrius coincé entre Minerva et le canapé, son bras passé autour de ses épaules et la jeune fille presque blottie contre lui, ça ressemblait à un début de dispute. Mais de loin seulement car de près il n'en était rien. Ce n'était pas pour si peu qu'ils allaient se disputer. Ton cas est trop désespéré, ce serait la gaspiller inutilement dit-elle d'un ton faussement compatissant, sa main blanche tendue, elle caressa de ses longs ongles manucurés semblables à des serres humaines la joue de Flint puis ramena sa main au paquet de chocogrenouilles.

- Tu me fais penser à un arc-en-ciel, comme ça ... La bouche pleine de chocolat, Demetrius choisit cet instant pour lui asséner une nouvelle claque. Les joues pleines, son regard bleu lançait des éclairs tandis qu'elle s'empressait d'avaler pour lui répondre d'aller se faire voir. Enfin... Elle ne le lui aurait jamais répondu cela, c'était trop vulgaire pour Minerva qui préférait la distinction des petites phrases assassines.

J'ai entendu deux serdaigle sur le chemin du retour dire que " la rouquine de serpentard représentait à elle seule un tableau pop-art " ... Je trouve que c'est un très joli compliment, pas toi Moonie ? Trop c'était trop. Moon ne se souvenait plus trop ce qu'était un tableau pop art. Elle se souvenait en avoir entendu parler, il leur arrivait parfois de fréquenter des lieux moldus, par pure curiosité et pour la jeune rouquine certaines formes d'art s'avéraient un mystère. Il lui fallut quelques secondes avant de comprendre ce qu'il entendait par pop art et lorsque ce fût le cas...

- Tu ferais une excellente muse, elle répondit d'un air détaché, soupira comme pour chasser la fatigue d'une longue journée, attrapa de sa main celle de Flint et resserra un peu plus son bras autour d'elle pour poser sa tête contre son épaule avant de poursuivre, l'air de rien, Avec un rose nacré sur les yeux, du mascara pour allonger tes cils et un rouge carmin tu serais comme cette moldue... Comment elle s'appele déjà ?! Maryloe Mynroe ? Tu sais celle dont la photo est reproduite sur un grand tableau avec plein de couleurs différentes ?

Minerva était très bien installée, contre Demetrius, comme si de rien n'était, elle lui laissait clairement entendre qu'elle n'avait pas tout à fait tenu sa promesse. La serpentarde se faisait une joie de lui asséner ces petites piques, c'était comme si ses paroles, transformées en ongles aiguisés comme des silex s'enfonçaient dans les fausse poignées d'amour de Flint. Elle voulait lui rabattre le caquet, lui ôter ce petit air qu'elle détestait mais ne pouvait malgré tout s'empêcher de trouver très drôle.

- Min', tu n'es qu'une sale ... Son sourire s'élargit tant et si bien que le coin de ses lèvres auraient pu toucher ses oreilles. Moon jubilait, et même s'il ne termina pas sa phrase, elle avait redressé sa tête, le regard, pétillant de malice et d'effronterie tourné vers Demetrius comme pour mieux lui signifier toute sa joie.

- Traîtresse ? conclut-elle, ravie d'avoir le dernier mot. Ce fut le moment que choisit une petite serdaigle qu'elle n'avait jusqu'à présent pas remarqué pour les interrompre.

- Demetrius j'ai fini de faire la composition d'histoire de la magie sur la guerre des géants de 1804, alors je ... Minerva tendit l'oreille, curieuse de ce que cette fille pouvait bien lui vouloir car il était de notoriété publique que Demetrius Marcus Flint, le seul et unique Flint de Poudlard n'était rien d'autre qu'un insupportable grincheux doublé d'un ermite. Minerva se redressa brusquement, se libérant au passage de bras, ses yeux clairs envoyaient des éclairs à Demetrius. Choquée, outrée, elle n'était malheureusement pas surprise par ses méthodes.

- Monsieur Flint. Et Merci, merci, c'est bon, allez fiche le camp maintenant Mnenone, file de là !.. Trop c'était trop! Miss-Je-Sais-Tout sur les bords, Minerva était à elle seule toute la bonne conscience de Serpentarde, à elle seule jamais elle ne perdait l'espoir d'éradiquer ce genre de comportements car à ses yeux rien n'était plus louable qu'un devoir fait avec amour et réflexion. Aussi est-ce pourquoi elle répondit, indignée sur le ton des remontrances :

- Demetrius! Jamais tu ne sauras en quoi la guerre des géants a été un tournant essentiel dans l'histoire de la magie si tu ne fais pas ce devoir par toi même! Parfois j'ai vraiment l'impression d'être la seule à écouter le professeur Binns! Si tu étais plus attentif tu te rendrais compte à quel point c'est passionnant! A quelques têtes près Minerva devait bien être la seule à rester éveillée pendant le cours de Binns et à ses yeux le comportement de Demetrius relevait de l'infâme traîtrise. La sorcière eût une pensée pour son cousin Marcus Shipton, encore rouge d'indignation.

La seconde suivante elle reprenait sa position, le bras de Demetrius autour de ses épaules et sa tête posée sur le serpentard. Malgré tout, Miss Moon ne perdait pas espoir! Un jour peut-être comprendrait-il toute l'importance du cours de Binns...

- On va arrêter de parler de Muse et de maquillage, veux-tu ? Je ne voudrais pas que .. Sa moue boudeuse fut bien vite balayée par cette confidence de Demetrius, ses yeux à peine plissés, elle scrutait avec attention ses lèvres, à la fois curieuse et amusée de ses paroles. Lorsqu'il se retourna, certainement de crainte d'être entendu elle ne put réprimer un ricanement railleur. ... que ma réputation soit entachée, vois-tu ?

- D'accord mais à une condition! Minerva laissa sciemment un court silence planer, histoire de lui mettre un peu la pression avant d'ajouter, l'air de rien : Le prochain devoir d'histoire on le fait ensemble et tu ne triches pas! Elle n'était pas dupe mais c'était un moyen comme un autre de faire bouger les choses.

- Mais si mes calculs sont justes, ça fait donc 39 à 41 en ma faveur ... Minerva répondit à la moue de Demetrius par un sourire un peu niais, oubliant totalement l'espace d'un bref instant tous ses griefs mais bien vite il la ramena sur terre. Son sourire s'évapora et c'est la mine renfrognée, digne d'un grincheux comme Flint qu'elle répondit :

- J'ai assez de tact pour te laisser un peu d'avance. Mais ne t'inquiètes pas, je vais me rattraper. Minerva tendit la main pour attraper une chocogrenouille qu'elle engloutit rapidement avant d'ajouter, sans un regard pour Flint, toujours installée sur le canapé, ses longues jambes à leur aise et sa tête contre le serpentard, Et si tu touches à mes cheveux Dem foi de Moon j'inventerai un maléfice qui écrira en grosses pustules CAFARD sur ton front!

Venant de Moon ce n'était pas une menace en l'air. La demoiselle était bien capable d'inventer un tel maléfice. Bonne élève, passionnée de sortilèges, fine connaisseuse des maléfices, elle était une sorcière assez puissante et avait la tête assez remplie pour défigurer durablement quiconque oserait toucher à ses merveilleux cheveux.

Avec Demetrius c'était si simple de piquer une colère et voir tout en rouge! Demetrius Marcus Flint, l'une des pires pestes de serpentard n'était pas l'un des plus proches amis vert et argent de la sorcière rousse pour rien. Car ces deux-là, en dépit de tous leurs mauvais coups s'entendaient à merveille et l'orage ne grondait jamais bien longtemps, il suffisait d'une mimique, d'un mot, d'un sourire pour inverser la vapeur. Pourtant... Minerva s'avérait intransigeante en matière de scolarité. La serpentarde avait assez de jugeote pour reconnaître au jeune Flint une qualité essentielle : le goût de l'ambition. Tous deux partageaient cette soif terrible d'ambition, leur avenir se construisait au prix de longues heures d'études à la bibliothèque et de résultats scolaires irréprochables. Mais Minerva, contrairement à son ami Demetrius refusait catégoriquement de déléguer son travail à quiconque car selon son principe un devoir bien fait l'était avec réflexion et amour conjugués.

Pour une serpentarde cette vision était assez naïve mais sa fierté, son orgueil et son intégrité intransigeants ne se contentaient pas de petits arrangements.

- Minnie chérie ... Ce n'est pas qu'une " impression ". Tu es la seule à écouter le Professeur Binns. Ce petit homme au teint anthracite et blafard ( surement à cause de ne côtoyer que des livres poussiéreux ! ) n'intéresse que toi, c'est évident .. Évidemment, dit comme ça, et surtout accompagné d'un innocent baiser sur la joue la version de Demetrius était bien plus acceptable. Malgré ses vains espoirs, Minerva n'était pas dupe et encore moins aveugle. La jeune fille avait bien remarqué la très nette tendance des élèves à somnoler en présence du professeur Binns. Elle lui reconnaissait une certaine morosité, un ennui et un manque flagrant de mise en scène mais sa passion supplantait tout et Binns, aussi chiant soit-il n'était qu'une peccadille sur la voie de la connaissance.

- Tu pourrais faire des efforts répondit-elle entre ses dents d'une mauvaise grâce typique qui peinait à être crédible après la bise de Flint.

- C'est d'accord Min', tu sais bien que je ne peux rien te refuser à toi !... Surtout que c'est pour mon bien, n'est-ce-pas ? Miss Moon leva les yeux au ciel, partagée entre une exaspération encore trop floue pour être nette et une pointe d'espoir même si au fond elle doutait qu'il renonce à ses pratiques douteuses. Digne, elle ne répondit rien mais se tortilla quelque peu pour être plus à son aise.

- C'est donc toi qui fait preuve de tact, alors ? Dit de la bouche de Demetrius cela n'avait rien d'un constat mais ressemblait bien plus à une moquerie. Toutefois, et quoiqu'il en dise, la demoiselle avait assez de tact pour ménager les susceptibilités des uns et des autres et cette qualité, surtout lorsqu'on appartient à la noble mais non moins capricieuse maison de Salazar Serpentard n'était pas à prendre à la rigolade. C'était ce même tact, cette capacité à choisir les bons mots qui lui assuraient paix et prospérité... Quelle bonté d'âme ! Quelle générosité ! Quelle noble et charitable jeune femme tu es !

- Moi au moins je ne suis pas un géant grincheux dans sa caverne... La jeune fille fille avait dit cela d'un ton digne, le menton légèrement levé même si dans sa position ce n'était pas agréable, et fit un effort exceptionnel pour ne pas céder à la tentation... Les talents de Flint n'étaient plus à démontrer, il la faisait souvent rire aux éclats avec ses mimiques, alors mieux valait ne pas croiser ses yeux fous, exorbités de moquerie.

- Ne sois pas si mauvaise perdante, Minerva ... Ah ça... Non mais quel coup bas! Outrée qu'il ai l'audace de la traiter de mauvaise perdante, et il ne mentait pas, Minerva lui renvoya un regard noir, l'une de ces œillades dont elle avait le secret et signifiait bingo pour Demetrius.

- Tu es un tricheur Dem dit la serpentarde d'une voix bougonne. La rouquine se renfrogna un peu plus lorsqu'il lui rit au nez, secoué de petits tremblements moqueurs. Gênée par ce brusque mouvement, Minerva lui donna de brefs coups de coude pour lui signifier tout son mécontentement, comme les chats elle aimait son petit confort.

- Mais en voilà, des manière, Min' ! Je te trouve bien véhémente, d'un coup ! Et puis quoi, sincèrement, tu crois vraiment que j'oserai toucher à tes si beaux cheveux ? L'adolescente fut parcourue d'un grand frisson et se redressa brusquement. La puce à l'oreille, ses dernières paroles sonnaient comme un pétard à ses tympans et son esprit. Demetrius avait dit les mots magiques et alors, comme solidaires de la même alarme, tout son être réagissait au quart de tour. Elle perdit toute couleur et c'est le visage pâle, l'œil inquiet qu'elle l'écouta attentivement. Tu crois vraiment que j'ai déjà mis au point une potion qui, une fois diluée dans le flacon de ton shampoing que j'aurais subtilisé dans la salle de bain des préfets où tu as l'habitude de te rendre après le cours de soins aux créatures magiques le mardi soir, donnerait à ta chevelure une horrible teinte ... caca d'oie ?

Blanc, très blanc, livide même et ensuite rose, carmin, coquelicot et pour finir rouge comme les briques anglaises, Minerva dévisageait son ami, la bouche ouverte et le regard soudain flamboyant de rage. Ah ses cheveux! Malheur à celui qui osait les toucher!

- Tu... Tu n'as pas osé bredouilla la serpentarde d'une petite voix toute blanche comme ses joues dont le sang avait mystérieusement disparu. La seconde suivante les couleurs lui revenaient, sa peau trop pâle rosirent tandis qu'elle pointait un index rageur sur le torse de Demetrius, la pointe rouge sang de son ongle piquant au rythme de chaque mot le vêtement du garçon. Demetrius Marcus Flint si tu OSES me faire ça crois moi tu me supplieras de retourner te planquer sous les jupes de ta mère! L'œil fou d'une colère contenue, elle dévisageait Demetrius de toute sa hauteur, le dos raide et ressemblait à peu de choses à Madama Pince passant un savon à un petit fraudeur.

- Petit pervers! s'exclama la sorcière rousse une fois sa colère moins virulente. Effarée, elle avait écouté Demetrius lui donnait des détails si proches de la vérité qu'elle le regardait d'un drôle d'air, véritablement offusquée qu'il en sache autant.

A les entendre il y avait de quoi se demander s'ils finiraient par se taper dessus ou dégainer leurs baguettes. Depuis l'installation de Minerva sur le canapé ils ne cessaient de se lancer des piques, chacun touchant plus ou moins l'autre à tour de rôle et si pour l'instant l'équilibre était plutôt bien respecté, la rouquine n'en n'était pas moins toute rouge, l'œil brillant de menace. Ses cheveux mieux valait ne pas y toucher! Chaque mèche, lissée, ondulée, bouclée ou frisée était sacré et comptait autant que la prunelle de ses yeux, Demetrius le savait bien et n'hésitait pas à tirer sur cette corde extrêmement chatouilleuse.

- Si j'oserai ? Enfin, tu me connais, Minerva .. La pauvre petite était si pâle qu'elle semblait comme morte, ou en proie à une dé-pigmentation aussi soudaine que virulente. Demetrius jubilait derrière ses airs innocents, la malice de ses yeux clairs lui portait une estocade fatale dont son système sanguin ne se remettait que très difficilement. L'adolescente connaissait assez Flint pour le soupçonner, et ce à juste titre, de pareille blague et de même qu'elle avait massacré sa belle chevelure brune, le garçon était dans son bon droit. Après tout c'était de bonne guerre!

- Comment ça " SI " J'ose ?... Qui te dis que je n'ai pas DEJA osé ... Moon, déjà mal en point, poussa un petit cri strident, bref mais déchiré d'une panique qu'elle ne pouvait cacher à l'idée de voir sa merveilleuse chevelure rousse offensée de la sorte. Le regard humide d'horreur, Minerva cherchait désespérément sur le visage de Flint le plus petit indice tant la question était cruciale.

Enfin, Min ! Je trouve que tu t'emporte trop ! Regarde, d'ailleurs, tes joues deviennent toutes rouges ! Flint... La serpentarde rougit de plus belle, vexée qu'il la roule si facilement dans la farine mais aussi un peu honteuse de son moment de faiblesse car face au redoutable farceur elle avait perdu toute sa superbe.

- Ce sera aussi la couleur de tes joues si tu t'amuses encore à mettre ton sale nez là où ça ne te regarde pas! s'emporta Minerva, cette fois-ci elle avait viré au cramoisi, toute la peau de sa gorge laiteuse et veloutée recouverte de petites plaques d'un rouge soutenu jurant affreusement avec ses lèvres vertes.

- Quel compliment ! Je t'en remercie, et te le retourne ! Car teindre mes ... parfaits cheveux en rouge, c'est pas de la perversité, peut-être ?! Tu me dois bien ça ... La sorcière se renfrogna et afficha une moue boudeuse, vexée qu'il lui rit au nez de la sorte. Il exagérait! C'était de la légitime défense, enfin, à quelques détails près car elle n'avait fait que lui rendre la monnaie de sa pièce. Le visage tourné vers Demetrius, elle brûlait de lui tirer la langue mais la jeune fille avait trop peur de déclencher un nouvel éclat de rire moqueur et se contenta de répondre d'une voix sifflante :

- Ce n'était que justice Dem! Et de toute façon ce n'est pas la même chose, tu ne peux comprendre dit-elle d'un petit air supérieur, comme si le simple fait d'être pour l'un un garçon et pour l'autre une fille creusait entre eux un fossé infranchissable, comme si, Demetrius, par le hasard des naissances était incapable de concevoir le plus infime sentiment d'attachement à sa chevelure. Même si j'essayais de t'expliquer ton manque de sensibilité esthétique ficherait tous mes beaux efforts à l'eau...

- D'ailleurs, je suis pratiquement sûr que ça plairait à un certain jeune homme ... Comme brusquement piquée par une énorme abeille, Minerva rompit soudain tout contact avec Demetrius et c'est les yeux plissés, son regard bleu réduit à une fente soupçonneuse qu'elle dévisageait le serpentard, à la fois méfiante - et même au bord de la paranoïa - et toute retournée par cette révélation choc... Un bref instant, un tout petit, rikiki, fugace instant elle se demanda si son ami était legilimens et sinon comment il pouvait percer à jour la mélasse confuse de ses sentiments.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles répondit la serpentarde d'un ton qui ne laissait aucune place à la sincérité. Demetrius étant l'un de ses plus proches amis, elle n'avait pas hésité à lui parler de son petit béguin pour Drew, un élève plus âgée qu'elle de gryffondor et au passage sang-pur mais puisqu'il la forçait à y repenser, elle se surprit à ne plus ressentir aucune gêne, soulagée même de cette soudaine et bienvenue éclaircie. Moon en était convaincue, elle n'avait jamais été amoureuse de Drew, ce n'était qu'un de ces béguins d'adolescente qui s'en vont comme ils sont arrivés. Et ce n'est certainement pas à toi que je ferais appel pour m'arranger un rancard! Et toc, prends toi ça! Et puis, comme si de rien n'était, Minerva reprit sa place, cette même place qu'elle défendait bec et ongles, jalouse et possessive, la tête posée sur l'épaule de Demetrius et s'amusait à dessiner des cercles imaginaires du bout de ses ongles sur le pull du serpentard.

Demetrius le savait, en usait et abusait, Minerva finissait toujours par craquer la première et le serpentard, rusé et inventif déployait ses armes favorites, sourires et œillades auxquels la jolie rouquine succombait, attendrie et conquise par l'éclat particulier de son regard. Peu rancunière, ses colères explosaient et se consumaient presque aussitôt en une flamme ardente et impulsive et ne duraient de ce fait pas bien longtemps. Ensuite, comme après une déchirure du ciel, le soleil perçait à travers la barrière nonchalante des nuages et la jeune fille retrouvait ses sourires, ses manières coquettes et la douceur familière et taquine de sa voix. Et tout ça avec une petite bise...

- Et pourquoi ne pourrais-je pas comprendre ? Toutefois, aussi clémente et douce comme le miel soit-elle, la jeune fille n'en n'était pas moins capable d'une mauvaise foi tenace à laquelle se heurtait régulièrement Flint mais le garçon, ingénieux et fin connaisseur des rouages de son caractère, finissait toujours par trouver le mot juste pour déclencher les foudres. Cramoisie, la peau constellée de disgracieuses tâches roses et parfois rouges de colère, Minerva se faisait avoir comme une débutante.

- Parce que répondit la jolie rousse d'un ton implacable teinté de mystère. Évidemment il ne serait pas dupe, cette réponse était bien trop simple et ses voies impénétrables bien trop brumeuses pour y discerner une quelconque vérité mais il y avait de la dignité et aussi une pointe de snobisme dans sa façon de le dire, comme si, à elle seule, par cette non réponse, Minerva s'accaparait toute la gloire de la connaissance.

- Mon ... quoi ? Sais-tu combien de temps je passe dans la salle de bain à travailler justement ma " sensibilité esthétique " ? Tu devrais savoir qu'il y en a certaines qui ne seraient pas du tout d'accord avec toi ... Minerva, la mine hautaine avec cet insupportable petit air supérieur au bord de ses lèvres harmonieuses et vertes, fit mine de ne pas s'étonner car elle ne voulait certainement pas lui faire ce petit plaisir, la rouquine soupçonnait son ami d'être un vile plaisantin bien capable de préparer ses piques à l'avance. Mais Demetrius, une fois de plus sut comment l'amener petit à petit à réagir. La sorcière éclata de rire, ses épaules secouées de moquerie, les joues en feu et le regard humide.

- Ah oui ? Lesquelles ? Les dindes idiotes ou celles qui s'intéressent à ton nom ? fit-elle remarquer, ses lèvres douces s'étirant en un sourire machiavélique, très fière de sa remarque fielleuse.

- Et moi je crois qu'au contraire tu vois très bien ! Moon, qui se tenait désormais éloignée des bras de son ami mais assez près tout de même pour retourner s'y lover, dévisageait Demetrius, le regard méfiant et presque accusateur. Bien sur la rouquine n'était pas naïve au point de croire qu'il aurait oublié, un scoop pareil, le démon y méditait certainement depuis belle lurette, mais se l'entendre dire, bien qu'au fond elle ne soit pas réellement surprise était désagréable. Et sa réaction allait de pair avec son regard de chatte méfiante prête à sortir les griffes et tout lacérer à porter de ses adorables petites pattes meurtrières. Des idées elle n'en manquait pas, mais pour une fois elle s'abstint de tout commentaire, releva le menton, le regard froid et empreint de dignité et secoua la tête, sa longue crinière flamboyante semblable à une rivière de flammes orangées avant de remettre en place de ses élégants doigts féminins une mèche.

En somme, sans gaspiller de salive, Minerva lui signifiait de façon distinguée et féminine d'aller se faire voir.

- Tiens donc ? Et pourquoi cela ? Je te prierais de bien vouloir m'énoncer les raisons de ce manque de confiance en ma personne, Miss Moon !La rousse se laissa aller à un ricanement ironique et désabusé. Serais-tu en train d'essayer de me dire que je ... ferais tout capoter ? Ben ça alors !

- Je n'ai pas besoin de te le dire, tu en arrives seul à cette conclusion! Dit-elle à voix basse, comme une confidence amère avant d'ajouter, la voix suraiguë et les yeux flamboyants, Cafard! Et puis, après s'être calmée et avoir chassé sa colère éphémère en passant sa main dans ses cheveux soyeux, Minerva vint se blottir contre Demetrius et ajouta d'une voix seule audible pour le brun, De toute façon il a une copine. Une blonde évidemment, le dernier mot, teinté d'aigreur reflétait bien ce qu'elle pensait de la petite amie de Drew, à savoir pas grand chose, en tout cas rien de positif, Tu sais ce qu'il m'a dit ? Il l'a comparé à une vélane! Tu te rends compte ? Une vélane! Cette fois si Flint doutait du peu de sympathie de Minerva envers Hannah Williams la lumière était faîte car la rouquine s'écria, indignée et d'une voix dédaigneuse avant de poursuivre tout aussi aimable, sa jalousie prenant le dessus, J'ai déjà vu une demie-vélane et ce laideron teint en fausse blonde est une mocheté! Elle ne pourrait même pas prétendre à un dixième de sang de vélane! Je suis beaucoup plus jolie que cette fille et ce crétin n'est même pas capable de s'en rendre compte! Sa voix allait crescendo au fur et à mesure que la rouquine déversait son amertume, ses iris menaçaient d'imploser de colère, quelques élèves s'étaient retournés, curieux d'en apprendre plus.

- Ca, ce n'est pas une réponse, Min' ... Elle s'en fichait comme une guigne, drapée dans son honneur qu'elle était et très satisfaite de pouvoir lui envoyer dans les dents une réponse aussi imparable car qu'y a-t-il à répondre après cela ? Pas grand chose! Et c'était bien là le but!

- Mais ça ne m'étonne pas de toi. Toi et ton sale caractère ... Oh que c'était bas! Que c'était bien bas de sa part, lui, le seul, l'unique, l'irremplaçable grincheux de Poudlard, le plus doué pour plomber l'ambiance et vous donner envie de tout sauf passer une seconde soirée en sa compagnie! Minerva lui renvoya un regard éloquent, le genre d'œillade qui se passe de commentaire et signifiait à quel point il pouvait aller se faire cuire un œuf et même compter des bouses de trous dans un jardin infesté de gnomes si l'envie lui prenait.

- Parce que celles qui s'intéressent à mon nom ne sont pas des dindes idiotes ? Le sujet n'était pas intéressant en soi et ce n'était pas très gentil de sa part car à quinze ans, qui a envie de ce genre de relations ? Peu de gens! Au moins, et bien qu'ils n'en parlent très peu, les deux amis ne se faisaient pas trop d'illusions quant à leur sort. Les familles Flint et Moon pesaient bien trop sur leurs vies pour qu'ils puissent s'en détacher aussi aisément et le mariage, à priori un choix personnel, ne serait qu'une formalité, un moyen comme un autre de respecter les bonnes vieilles coutumes et au passage nouer des alliances intéressantes.

Consciente d'être allée trop loin, Minerva lui lança un regard d'excuse, tendit la main et du bout des doigts lui effleura la joue d'un geste affectueux. Et puis, sans non plus verser dans la mièvrerie, Demetrius avait en horreur ces excès sentimentals, la jolie anglaise déversa toute sa colère et au passage sa jalousie.

- Décidément, ton gryffondor n'a vraiment pas de goût ... En temps normal Minerva n'aurait pas accepté pareille remarque mais puisqu'il s'agissait d'Hannah Williams, Flint pouvait bien la traiter de blonde peroxydée, de la bouse desséchée de troll puant ou encore de chauve-souris albinos elle s'en fichait royalement, bien au contraire, chaque mesquinerie lui redonnait le sourire. Lancée dans sa tirade, c'est à peine si elle hocha la tête, trop pressée et surtout trop heureuse de pouvoir cracher son venin!

Maintenant toute rouge, aussi colorée qu'une belle tomate, les yeux de Moon lançaient des éclairs, le genre d'éclairs à vous transpercer et faire un gros trou. Elle se sentait aussi soulagée, comme débarrassée d'un poids trop longtemps contenu, ravalé, bien au chaud et soudain expulsé à l'air libre. C'était à la fois libérateur et jouissif de vider son sac. Heureusement Demetrius était là à essayer de réconforter son amie de son mieux.

- Ne te mets pas dans cet état, Min', ton gryffondor a de la peau de troll devant les yeux ! Cette fille ne ressemble à rien sinon à un stupide hobbit joufflu. Elle n'a rien pour elle, elle est hideuse, stupide et a un sale caractère ... Pire que le mien ! Pourtant ça lui faisait encore un pincement au cœur de savoir qu'il n'y avait aucune chance entre elle et Drew, tout ça à cause d'une fille aussi blonde que de l'huile de friture, mais avec le temps elle avait parfois l'impression que son amertume se dissipait pour laisser place à quelque chose de beaucoup plus vaste, de plus mystérieux aussi.

- Oui tu as raison, elle n'en vaut pas la peine répondit Minerva d'une petite voix. Son regard humide brillait de gratitude et son sourire, bien que maigre, n'était pas moqueur cette fois. Sensible, l'adolescente n'aimait pas pleurer en public, mais à quinze ans ne pas pleurer pour un chagrin d'amour est difficile, alors, comme toute jeune fille normale, sorcière ou pas, Minerva vint se blottir contre son ami et profita d'avoir le visage tout contre sa nuque pour laisser couler une toute petite larme.

- Et je te rassure, tu es beaucoup plus jolie que ce laideron ! Si ton gryffondor n'est même pas capable de se rendre compte de cela, alors c'est qu'il n'est pas digne de toi dans ce cas ! Lui as-tu seulement parlé ? Sa main se referma sur le pull du garçon et c'est réconfortée par la chaleur de ce corps ami qu'elle répondit dans un soupir triste :

- Non et de toute façon ça ne servirait à rien, il est en fou. Il me considère simplement comme une amie. Elle se tut un instant, ses doigts jouant de plus belle avec le pull, son bras posé sur le ventre de Flint avant d'ajouter d'une voix résignée, Et puis c'est peut-être mieux ainsi, les Moon n'auraient pas apprécié que je sorte avec lui et je n'ai pas envie de créer des ennuis à ma mère.