Les ancêtres de Moran avaient de quoi être fiers. Leur descendant avait un tel niveau d'alcool dans le sang que cela aurait mit par terre n'importe quel individu qui n'avait pas l'habitude de boire. Mais Moran, ah Moran, il avait l'habitude. Depuis qu'il était diplômé de Poudlard, le jeune homme n'avait fait que cela d'écumer les bars en y passant ses économies, pour noyer son chagrin d'amour dans l'alcool. S'il était désormais inscrit à l'Ecole Supérieure de Magie, ce qui l'empêchait tout naturellement de passer ses journées pompette ou bourré, il ne s'en privait pas le week-end. Même si les jours de Septembre se refroidissaient à vive allure, il en fallait plus pour inquiéter cet Écossais pur souche qui ne sentait pas le froid piquer sa peau claire. Le jeune homme n'avait de cesse, depuis Février, de penser à Daisy Blackstone qu'il avait quitté plus à contre-cœur que jamais. Il s'en voulait de lui avoir fait du mal, et de l'avoir abandonné, et il ne se passait pas un jour sans qu'il ne guette la une de la Gazette en attendant de voir si elle s'était finalement mariée à cet individu inconnu, à qui elle était malheureusement promise. Sa jalousie lui rongeait le ventre et il porta d'un geste rageur son cinquième verre de scotch à ses lèvres. A peine le liquide eut-il touché ses lèvres que sa vision se flouta pendant quelques instants, sans que cela ne le décourage à en commencer un sixième. Il n'y avait guère que ce scotch dégueulasse pour le faire sortir de sa torpeur malheureuse. Celui de son voisin McTavish était meilleur, mais il était à Londres en ce moment pour continuer ses études et réaliser son rêve.  Il plongea ses prunelles sombre dans l'alcool de son verre, qu'il observait comme s'il allait lui révéler l'avenir, et lui confier qu'il retrouvera un jour Daisy. Moran était tant dans un autre univers, qu'il n'entendit pas la clochette de l'établissement sonner pour annoncer un nouveau client. Client qui était en fait une cliente, connue de lui depuis longtemps déjà. Mais le jeune homme se trouvait présentement trop enfoncé dans sa beuverie pour réaliser que Gardenia Ollivander s'était échouée à côté de lui.

Le foie de Moran n'en avait plus que le nom, après l'été désastreux que le jeune homme avait passé. Même s'il y avait eu la coupe du monde de Quidditch et que Moran s'était fait un pote bulgare super sympa - et qui tenait bien l'alcool en plus - Dimitri, de son petit nom, le jeune homme n'avait fait que boire boire et boire. Ses parents n'en savaient rien. Si son propre père était un sacré buveur, il n'aurait pas aimé savoir que son fils était en passe de devenir un alcoolique. Quand à sa mère... Le jeune homme en eu un frisson désagréable rien qu'en y pensant. Madame Powell était bien trop à cheval sur le bons comportements pour tolérer que son fils s'envoie bouteille sur bouteille. Mais les Powell n'en savaient rien, même son oncle, à qui il racontait tout pourtant, n'était pas au courant. Sa dépression envahissait son esprit qui s'habituait de plus en plus à être bourré en toute circonstances. L'autre jour, il avait été jeté d'un magasin de fringues moldues pour une obscure raison - en réalité, il était trop saoul pour s'en rappeler. Il essayait maintenant de tenir correctement son verre pour ne pas en renverser, car le scotch ne pouvait pas, en aucune circonstance, être gaspillé, mais il tressaillit lorsqu'une personne s'affala à côté de lui. Il sursauta plus violemment en entendant la voix familière de Gardenia qui l'appelait pas son nom de famille. "Gard-Hmf" voulu-t-il dire, bien mollement, "quelle surprise" parvint-il finalement à prononcer d'une voix rauque. Il reposa sa main à côté de son verre et se tourna vers elle qui manquait de tomber par terre. Moran essaya de la relever pour quelle ne s'effondre pas au sol, mais il manqua de tomber avec elle. "T'es bourrée" lui fit-il remarquer alors qu'il n'était lui-même pas en très bon état.

Moran avait trop d'alcool dans le ventre pour être lucide. Il ne savait même plus à combien de verres il était, mais il lui semblait qu'avant de venir ici, il avait finit une bouteille à son père à Callender. Profitant de la soirée que ses parents s'étaient octroyés, il s'était faufilé dans le bureau du patriarche pour soulever la quatrième latte du parquet pour voler la bouteille et la finir. Il l'avait ensuite rangéà sa place - remplit de jus de citrouille, petit blague d'un garçon déprimé - et avait transplané pour ce bar. Il posa sa tête sur sa main en observant Gardenia d'un air débile, tandis qu'elle lui disait merci. Il hocha juste la tête parce qu'il n'avait pas la force de lui répondre par des mots. Il se retourna lorsqu'elle pointa un mec qui rempait, et visiblement bourré. Moran se mit à rire avec le rire d'un garçon qui avait bu plus qu'il ne le devrait. "Naaah mais j'suis pareil si je me lève" lui répondit-il en souriant franchement. Pour ponctuer sa phrase, il porta son verre à ses lèvres et le finit. Le garçon fit un signe pour que le barman vienne le resservir mais celui-ci l'ignora sciemment. Il l'observa d'un air stupéfait avant d'oublier pourquoi il venait de lui faire signe. Moran se saisit de la bouteille de son amie pour se verser une rasade généreuse. Il commença à boire et esquissa une grimace. Il détestait le cognac. "T'as vraiment des goûts nuls en alcool toi" lui lança-t-il d'un ton bourru. Cela ne l'empêcha pas de finir son verre cul sec. Le Sixième.

Moran ricana lorsque Gardenia lui signifia qu'elle voulait le voir faire comme l'ivrogne. "Nah nah nah" lui répondit-il en accompagnant ses mots de gestes enfantins. Là, perdu entre la réalité et les nuages de dépravé, le jeune homme n'avait envie de rien d'autre qu'une bouteille dans ses bras. Il savait qu'il avait un problème avec l'alcool. Mais il s'en foutait. Il avait la tête beaucoup trop au fond du trou pour oser voir la vie sans un verre de liquide ambré. Une fois le verre finit, et comme la jeune femme se désintéressait de la bouteille, il s'en empara. Il n'aimait pas cela, mais comme le serveur l'ignorait, il devait faire avec ce qu'il av... Oh ! Là, juste en face de lui, derrière le comptoir, du Schnapps ! Il loucha dessus pendant trente bonnes secondes avant de se relever pour s'en saisir. En ramenant son bras, il fit tomber par terre la bouteille de cognac qui s'éclata au sol. Il fit une grimace avant de glousser comme un imbécile heureux : "Whoops ! Ahahahah !". Il continua de mimer le Splash de la bouteille tandis qu'il faisait péter le bouchon. "Donne ton verre" ordonna-t-il à la jeune femme. Sans attendre sa réponse, il se saisit de son verre pour le lui remplir à ras-bord. "Cul sec Ollivander !" proposa-t-il en levant haut son verre dans le ciel pour l'avaler directement. Septième verre. Il ne savait plus très bien ce qu'il faisait, maintenant et ses yeux bruns furent irrémédiablement attirés par les jolies jambes de son amie d'enfance. Il secoua la tête comme un chien mouillé et se reversa un verre pour ne plus penser à cela.

Gardenia était une jolie fille, Moran s'était toujours fait la réflexion, sans jamais ressentir pour elle autre chose que de l'affection sincère. Mais là... Là, alors qu'ils étaient bourrés, et qu'elle était drôlement habillée au point qu'il avait une belle vue sur son décolleté... Non, il ne pouvait pas regarder, c'était son amie. Le jeune homme luttait dur contre son instinct naturel et se contenta de déglutir difficilement alors qu'elle râlait qu'il ne soit pas comme l'ivrogne. "Shhhhht" fit-il, fatigué de l'entendre parler. Mais leur discussion ne pu aller plus loin puisqu'il venait de faire tomber par terre la bouteille de cognac. D'après lui, ce n'était pas du gâchis, puisque ce n'était même pas un bon alcool. Le jeune homme, Écossais de sang et de cœur, ne vouait un culte qu'au scotch de McTavish. Alors qu'il portait son verre à ses lèvres, Gardenia fit un geste brusque qui la fit tomber sur lui. En essayant de la rattraper, le jeune homme se retrouva à avoir ses mains sur ses reins tandis qu'elle rigolait à gorge déployée en disant qu'il était mignon de près. Le bout de ses oreilles se mit à rougir et Moran se mit également à rire sincèrement. En la repoussant gentiment sur sa chaise, le jeune homme dû poser ses mains sur son ventre pour être sûr qu'elle n'allait pas lui retomber dessus et se faisant, il avait une vue parfaite sur la balcon de la demoiselle... Ce qui le fit rougir encore plus. "T'es jolie aussi, ahah"lui fit-il comme pour faire passer sa gêne. Hmpf.

Ahem ahah, quelle situation étrange se disait Moran, l'esprit tout embrumé par l'alcool. Il avait oublié d'ailleurs que son verre n'était pas vide, et c'était là un grand problème. Il avait tellement bu qu'il ne savait plus pourquoi il était là. Il ne pouvait détacher son regard de la jeune femme qui était son amie depuis des années maintenant. Pourquoi est-ce qu'il la trouvait jolie, ce soir ? Il se demandait bien ce qui lui passait par la tête. Il voulu se souvenir de la dernière fois qu'il avait pensé cela d'elle, mais rien ne venait. Moran se trouvait bête à froncer les sourcils, à regarder sans voir l'ancienne Serdaigle. Qu'est-ce qui lui passait par la tête. Ses mains sur le ventre de la jeune femme lui dressait les cheveux sur la nuque et il dû faire un effort herculéen pour les retirer et les poser sur ses propres jambes. Gardenia semblait aussi gênée que lui, et il se demanda s'il avait fait quelque chose de mal. Alors qu'il les regardait, il releva la tête pour regarder la jeune femme qui le remerciait. "De... Rien" parvint-il à articuler. Leurs visages étaient proches. S'il avait été sobre, il en aurait rit, se serait retourné vers le bar pour finir son verre et ils auraient passé une bonne soirée plutôt sobre. L'esprit autant que le corps du jeune homme étaient engourdis par un étrange sentiment, qui dépassait la simple béatitude alcoolisée. Et c'est sans doute cela qui le fit se lever. De fait, il se retrouva encore plus proche d'elle. "Hum, je, on devrait peut-être y aller, non ?" lui proposa-t-il, les yeux rivés au sol, les oreilles rouges de honte. Il plongea sa main dans sa poche et en sortit tout l'argent qu'il avait pour payer pour tous les verres de tous les clients du bar.

Moran crevait de chaud, pourtant il était en tee-shirt. Il avait juste envie de l'enlever pour sortir de l'atmosphère pesante de ce bar. Il lui sembla qu'il faisait encore plus chaud lorsqu'elle se stabilisa avec son épaule à lui. Le jeune homme ne sut pas ce qu'il lui prit, mais il se saisit de sa main pour qu'elle puisse tenir debout. "J'devrais peut-être te raccompagn-... Non ?" lui fit-il. Lorsqu'il buvait, son accent était encore plus prononcé et il ne savait pas trop quoi faire d'autre pour faire passer son malaise. Ils sortirent tous les deux, et il se retrouva à poser à nouveau ses mains dans le dos de la jeune femme pour qu'elle le tombe pas. Là, collée contre lui, il se sentait impuissant, et ne savait pas comment calmer le battements de son coeur, qui s'emballait. Il avait chaud, Merlin, il avait si chaud. Il n'en pouvait plus. Dans un "plop!" sonore, ils disparurent ensemble. L'Ecossais ne savait pas comment ils avaient fait pour transplaner ensemble sans se désartibuler, mais ils étaient devant le pas de la porte de la maison de la jeune femme, à Godric's Hollow. Il sortit sa baguette, et essaya de viser la serrure mais il voyait un peu flou : "Alohomora" incanta-t-il en essayant de se concentrer du mieux qu'il le put. Il commençait à sentir les sept verres qu'il avait avalé. Mais Gardenia était toujours aussi proche de lui, et il ne pouvait s'empêcher de fixer résolument son visage alors qu'elle commençait à se détacher. Mais... Moran ne la lâchait pas. Il ne savait pas trop pourquoi il gardait ses mains campées sur ses hanches, mais il n'arrivait pas à les enlever. Son esprit flou se contentait de se dire qu'il aimait ce contact et qu'il ne devait rien faire pour le briser.

Le jeune homme sentait toute la tension accumulée dans son corps sur le point d'exploser. Là, alors que Gardenia se tenait contre lui et qu'il la tenait fermement, il avait juste envie de tout oublier pour se laisser aller pendant cette soirée. Pourquoi de la retenue ? Pourquoi ne pas profiter, pour une fois ? Il y avait entre eux, ce soir-là, quelque chose particulier, une flamme étrange et un désir mutuel que le jeune homme ne parvenait pas à ignorer alors qu'elle lui signifiait que c'était ouvert. Ses prunelles si sombres semblaient revigorées d'une passion mortelle, et tout ce qu'il lui répondit fut un baiser passionné sur les lèvres. Il poussa doucement Gardenia contre la porte et bougea sa main pour ouvrir la porte.
Le lendemain matin, le réveil fut dur. C'est le moins que l'on puisse dire. Un rayon vif de soleil frappait son visage, et Moran ne put rien faire d'autre que d'ouvrir les yeux pour se rendre compte qu'il était dans une chambre jusque là inconnue. Quelqu'un était contre lui, mais la tête encore endormit, il ne pu réaliser qu'il se trouvait en réalité dans la chambre d'une de ses meilleures amies.