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Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS

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Razvan Vacaresco

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L'homme n'est libre que de choisir sa servitude.

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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Sam 2 Jan 2021 - 20:23

Entendre la douce voix de Neolina avait toujours eu un effet apaisant sur lui. Comment sa voix ne pouvait-elle pas l'apaiser ? Les tons qu'employait toujours son épouse le captivaient. Appuyé contre elle, Razvan se laissait bercer par ses mots. Il aurait pu ne pas l'écouter mais il ne perdit pas un mot, en réalité, de tout ce qu'elle lui dit. Déjà parce qu'il n'était pas du genre à l'ignorer. S'il réagissait peu, il l'écoutait parce que c'était non seulement la moindre des choses mais aussi parce que ça l'intéressait. Sincèrement, oui. Le jeune homme ne lui demandait pas que cela pour se changer les idées. Il aimait bien savoir qui sa femme avait vu, avec qui elle avait discuté, pas par envie de la contrôler, mais par curiosité. Et parce que Neo avait une vie tellement, tellement plus sociable que lui. Toute la sociabilité de leur couple semblait se situer chez elle alors que lui restait toujours en retrait, parce qu'il était comme ça. Razvan n'avait jamais été bien sociable et Neo, souvent, sa seule amie. Les gentils mouvements, d'abord dans ses cheveux puis sur son épaule, le détendirent sensiblement. Mais que dire, que dire de la dernière phrase de sa femme, alors, précédée d'un paisible baiser sur son front ?

Le roumain était touché de cette petite déclaration improvisée, vraiment. Il ne se pensait pas merveilleux. Il ne pensait pas être parfait non plus, parce que personne ne l'était. Mais voilà, peut-être qu'il avait aussi besoin d'un compliment aujourd'hui, il avait besoin qu'on ne l'accable pas. Razvan releva sa tête pour regarder Neolina dans les yeux avant de lui arracher un long et profond baiser. Il décolla sa bouche à contrecœur, soupira un grand coup avant de détourner le regard pour s'asseoir en tailleur sur le lit, en ramenant les draps sur ses jambes. Le jeune homme posa la main sur celle de sa roumaine et il y lia ses doigts, machinalement. Ils avaient tous les deux toujours le farouche besoin de se toucher, c'était comme ça depuis l'enfance. Les mains toujours liées, là encore, le jeune homme ressentait le besoin de prendre la sienne pour dire ce qui le hantait depuis midi. « Un homme merveilleux ne commet pas d'erreurs » fit-il douloureusement en regardant leurs mains, la sienne était moitié plus grosse que celle de Neolina, « et encore moins une qui coûte la vie de quelqu'un ». Il serra plus fort la main de son épouse en veillant cependant à ne pas lui faire mal, comme pour se raccrocher à sa présence et au présent, et non pas à ce foutue passé qui l'avait hanté toute la journée. « Mon tuteur a dit que je n'étais pas responsable mais... » dit-il d'une voix sourde, comme s'il essayait de se rassurer sans y arriver, « mais j'ai tué quelqu'un ». Ç’aurait été le moment parfait pour fondre en larmes, pour laisser échapper réellement ses émotions. De ses émotions pourtant ne sortait rien. Le visage de Razvan était une impasse et ses yeux des abysses. Mais voilà, c'était dit. Il avait formulé à voix haute ce qu'il ressassait depuis midi, en silence. Son tuteur Iuri n'avait fait face qu'à un mur choqué, désemparé de sa propre faille, de sa propre erreur. Oh certes, il avait été supervisé. Et certes la responsabilité ne tombait pas sur ses épaules, en réalité. Mais le jeune homme s'en voulait de ne pas avoir vu que ça conduirait forcément à ça, il avait prit une décision sur l'urgence. Et il avait échoué. « Il m'a crevé dans les mains » dit-il brusquement en lâchant la main de Neolina pour la passer sur son visage, comme pour que la pression de ses doigts sur ses yeux l'empêche de pleurer pour de bon.


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Neolina Siankov

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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Sam 2 Jan 2021 - 23:25

Au fond d’elle, Neolina savait que ce jour arriverait. Depuis le moment exact où Razvan avait commencé sa formation, elle avait appréhendé le jour où, impuissant, il n’aurait pas d’autre choix que de fermer définitivement les paupières de quelqu’un qu'il cherchait à sauver. Ainsi donc avait-il fallu attendre la troisième année, et si les cours avaient appris bien des choses à Razvan, rien n’aurait pu dans tous les cas le préparer à ça. Aussi, Neo avait-elle compris, à peine la porte franchie. Dès qu’elle avait eu la certitude qu’il allait physiquement bien, elle avait compris, ressenti sa douleur, reconnu les signes qu’elle-même avait parfois quand la journée avait eu son lot de drames. Bien sûr, rien n’était comparable à ce qu’il avait vécu. Les souvenirs étaient traumatisants parfois, mais côtoyer d’aussi près la mort, c'était tout autre chose.

Voilà pourquoi Neo avait décidé d’achever le récit de sa journée par un compliment sous forme de déclaration à son si précieux amour. Bien sûr, c’était aussi parce que le poids de sa conversation avec Elena n’avait fait que révéler le fait qu’il était cet homme extraordinaire avec qui elle allait passer le reste de sa vie, et elle connaissait sa chance. Ça oui, elle avait eu la chance de le rencontrer si jeune, de passer presque l’entièreté de sa jeune vie à ses côtés. Elle avait eu la chance que leurs sentiments soient réciproques, que Razvan ose un jour l’embrasser pour les leur révéler à tous les deux. Et elle avait eu la chance que leur base d’amitié si solide permette de faire tenir leur amour au-delà des âges versatiles de l’adolescence. Elle savait bien tout ça, et avait eu besoin de le lui dire. Mais aussi, elle savait qu’il avait sans doute plus que jamais besoin de l’entendre, alors qu’il devait certainement se fustiger à cet instant précis. Après un long baiser empli d’affection dont eux seuls avaient le secret, Razvan se détacha un peu d’elle, et Neo lui laissa cet espace, se relevant tout de même sur un coude pour l’écouter avec attention. Il ne fit bien sûr que confirmer ses craintes, et l’entendre ainsi se confier lui serra le coeur avec violence. Neolina était emphatique, très, trop peut-être. C’était du moins ce qu’on lui disait parfois lors des exercices pratiques. Et quand il s’agissait de Razvan, c’était encore bien plus fort.

Après qu’il eut prononcé la phrase si difficile, sur laquelle il mit une dose d’emphase si forte qu’elle eut presque l’impression de l’avoir vécu elle-même, Neo se redressa doucement sur ses genoux pour lui faire face. Essayant de ne pas lâcher sa main qu’elle avait caressé machinalement pendant ses confidences, ce fut Razvan qui retira la sienne pour clore ses yeux qui n’arrivaient pas à faire ça à la vérité, la terrible vérité. Pleurer lui aurait fait du bien, l’émotion perçait dans sa voix, et la colère de sa dernière phrase trahissait son besoin d’extérioriser. Mais Razvan n’était pas comme ça, et elle le savait. Doucement, elle mit sa main en coupe sous son menton, attendit quelques secondes. « Hé, Razvan, regarde-moi… » Avec toute la patience qui était la sienne, elle attendit cette fois encore, qu’il soit prêt à le faire. « Tu n’es pas un surhomme. Personne ne l’est. » Rien ne servait de lui dire les choses que son tuteur avait déjà du lui dire. Ce n’est pas ta faute. Tu n’y es pour rien. On ne peut pas sauver tout le monde. Il le savait, tout ça, et ça ne changeait rien à sa peine. Et c’était bien normal. Une émotion aussi forte ne pouvait se satisfaire d’arguments rationnels. « Ca n’empêche que tu es la personne la plus incroyable que je connaisse. » Elle lui délivra un doux sourire qu’il pouvait deviner dans la pénombre, et posa sa main libre sur son torse, là où elle sentait battre son coeur blessé. « Et c’est parce que ça te peine autant que tu seras un grand médicomage. » Certes, il souffrirait sans doute plus que bon nombre de ses collègues. Mais heureux seraient les patients qui croiseraient sa route, car Razvan traiterait toujours leur cas avec la plus grande empathie qui soit. Et parfois, au-delà de soigneur leur corps, ces gens avaient aussi besoin qu’on prenne un peu soin de leur coeur. Comme Razvan à cet instant précis. Et Neo serait toujours là pour le faire.
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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Dim 3 Jan 2021 - 11:20

Il était terriblement dur de se savoir impuissant. Pourtant, pourtant, c'était avec la culpabilité et le regret le sentiment qu'il ressentait le plus intensément à cet instant. Razvan avait embrassé les études de médicomagie par passion autant que par altruisme. Et il ne les avait pas embrassé pour être impuissant, pour être incapable de sauver quelqu'un et encore moins pour prendre de mauvaises décisions. Plus que se mettre à la place de la personne qui était venue en urgence avec l'espoir d'être soignée, le jeune homme se mettait à la place de la famille. Il ne s'était pas sentit capable d'être présent au moment de l'annoncer. Alors, Razvan était parti, son tuteur avait fait le reste, pendant que, bouleversé, il s'était réfugié dans les toilettes de l'étage pour asperger son visage d'une grosse rasade d'eau glacée. Imaginez ce que ce doit être d'affronter une émotion si forte à vingt et quelques années ? Imaginez ce que ce doit être pour quelqu'un de si jeune de faire face à un choc pareil ? Comment regarder ces gens dans les yeux et annoncer une mort alors qu'il savait que c'était la faute à une décision mal prise ? Comment regarder ces gens dans les yeux sans qu'ils ne sachent qu'il était responsable ? L'étudiant en aurait vomi s'il n'avait pas eu autant de maîtrise de lui-même. Tout comme il en aurait pleuré à l'hôpital s'il en avait été capable à ce moment. Mais le choc l'avait cloué sur place.

Et une fois seul dans l'appartement qu'il partageait avec Neolina, il n'avait pas pleuré. Il lui manquait quelque chose, sans doute, sa femme, probablement. Le soulagement de la voir rentrer n'était rien face au soulagement de lui dire ce qu'il avait enfin sur le coeur. C'était finalement, presque comme un besoin d'honnêteté qu'il avait ressenti, celui de lui dire ce qu'il avait fait pour qu'elle le juge avec ses yeux à elle. Et la douce caresse sur sa main l'avait conforté dans un espèce de besoin d'aller au bout de ce qu'il disait. Il avait tué quelqu'un et quelqu'un était mort entre ses mains. Là était la vérité. Mais voilà, que ne ferait-il pas sans elle ? Razvan avait besoin d'être réconforté par son épouse, pas par son tuteur. C'étaient ses mots et son jugement à elle qui étaient importants. Pas ceux de son tuteur. Aussi, lorsqu'il sentit qu'elle prenait doucement son menton, le jeune homme eut une nouvelle fois la certitude qu'il pourrait toujours compter sur elle. Neolina l'appela par son prénom et il finit, après quelques longues secondes supplémentaires, par ouvrir ses yeux noirs brillants pour la regarder elle. Les mots de la jeune femme roulaient dans ses oreilles. Et son léger sourire semblait illuminer un peu sa journée. Neo avait toujours eu le don d'illuminer ses journées, par son rire ou même sa simple présence, d'ailleurs. N'était-il pas soulagé de l'avoir avec lui, là, maintenant ? Sa dernière phrase pourtant fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

Le jeune homme posa sa main sur celle de son épouse qui tenait son menton pour l'éloigner de son visage et rapprocher au contraire son corps du sien pour la prendre dans ses bras. Razvan ne pleurait jamais. Oui mais voilà, certaines circonstances conduisent à des exceptions. Et le choc qu'il avait vécu aujourd'hui avait été trop violent, trop imprévu, pour que tout ne sorte pas. Le roumain enfouit son visage dans le cou de Neolina pour le mouiller de ses propres larmes et soubresauts qu'il ne retenait pas. Alors oui, peut-être qu'il serait un grand médicomage, il n'en savait rien. Pour l'heure, il était un étudiant qui avait participé sans le vouloir à la mort de quelqu'un à cause de son propre échec. Et le constat était douloureux, le constat faisait mal. Sentir l'enveloppante chaleur de sa roumaine le soulageait et provoquait en même temps ses larmes. Neolina ne le fustigeait pas pour ce qu'il avait fait. Elle ne le fustigeait pas et elle trouvait les mots. Les mains du jeune homme s'étaient réfugiées dans son dos alors qu'il la serrait contre lui, comme s'il avait peur qu'elle ne s'en aille, qu'elle se décolle. Il n'était pas certain qu'elle l'ait déjà vu pleurer. Mais il y avait peut-être un début à tout.


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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Dim 3 Jan 2021 - 20:54

Il y avait des moments destinés aux mots, et puis les autres. Déjà, il avait fallu trouver les bons, ceux qui ne blâmaient pas, qui comprenaient. Neolina était douée pour ça, curieusement, naturellement, savoir quoi dire à l’exact bon moment pour soulager un peu les coeurs. L’instant était chargé, lourd en émotions et Neo, en miroir, ressentait la douleur qui parcourait son époux, qui portait ce fardeau presque physiquement lui semblait-il. Abattu, découragé, triste à en pleurer… Pleurer oui, c’était là le plus gros blocage de Razvan. Aussi, lorsqu’enfin la barrière céda, Neo aurait pu s’en inquiéter. Les pleurs, souvent, mettaient les autres mal à l’aise, et c’était bien pire encore lorsqu’ils venaient de quelqu’un qui n’était pas habitué à de tels débordements. Mais si la jeune femme avait le coeur qui fondait devant pareille vision, au fond d’elle-même, elle ressentit une forme de soulagement certain.

Jamais de sa vie elle n’avait vu Razvan pleurer. Jamais. Aussi, lors de cette étreinte au goût salé des larmes de son mari, elle eut l’envie irrémédiable, presque irrépressible, de pleurer elle aussi. C’était plus fort qu’elle. Sans être une chouineuse, la roumaine laissait souvent filer ses larmes quand le poids devenait trop lourd à porter. Et là, c’était une évidence, Razvan avait dépassé la limite de ce que son mental d’acier pouvait endurer. Mais Neo ne pleura pas, non. Razvan avait besoin d’elle, et s’il fallait qu’elle soit forte pour deux, alors elle le ferait. Répondant à son étreinte avec douceur, elle caressa ses cheveux avec lenteur, sans un mot, mouvement inlassable tandis que son corps le berçait tranquillement, sans qu’elle ne se rende compte. Neo n’était pas inquiète non, elle savait l’étape nécessaire pour qu’il reprenne le dessus. Tout garder pour lui n’aurait pu être que pire, bien pire oui.

Plus que jamais, leurs jeunes âges lui revinrent en tête. Plus que jamais, Razvan était ce garçon de vingt ans que leur monde, leur éducation, leur vie, forçaient à grandir plus vite que bien des gens sur cette Terre. Le roumain avait toujours été d’une maturité exemplaire, plus mature qu’elle même souvent qui avait malgré elle ce côté femme enfant. Mais là, il n’était qu’un gosse de vingt ans qu’on avait forcé à regarder la mort en face, soumis à des responsabilités qu’aucune âme aussi jeune n’aurait dû assumer. Vingt ans, et déjà des remords, des regrets, que bon nombre de sorciers, moldus même, ne connaîtraient jamais. Et Neo, à peine plus âgée, qui devait être le roc et le pilier de leur couple, à cet instant car c’était ce qu’ils s’étaient promis après tout. La joie n’avait que plus de valeur lorsqu’elle remplaçait la tristesse, et le bonheur n’était pas un sentiment constant, c’était comme ça. Ils le savaient, l’éprouvaient tous les deux, tout le temps. Leurs pics de bonheur étaient intenses, et leurs abysses de peine l’étaient parfois autant. Mais tant qu’ils seraient à deux, tant qu’ils seraient là l’un pour l’autre, le si bel équilibre que le monde entier leur enviait était sauf. Le retour à la normale était assuré. Les bras de l’un sauraient toujours consoler l’autre, c’était ainsi, et à sa manière, Neo en faisait la plus parfaite des démonstrations.

Pas une fois, Neo ne tenta de minimiser ce qui se passait. Pas de petits souffles infantilisants pour l’inviter à se calmer, pas de phrase inutile pour lui dire que tout irait bien, car elle ne savait pas, ne pouvait rien garantir. Du moins, pas pour l’instant. Juste elle, sa présence, sa main dans ses cheveux, sa bouche contre son front. Combien de temps s’écoula ainsi ? Elle n’aurait su dire. Mais elle laissa toute la place aux sanglots, à la peine, la douleur, même si cela la frappait en plein coeur. Il le fallait. Et lorsqu’enfin elle perçut que c’était l’instant, comme seules les femmes aussi aimantes qu’elle savaient faire, elle déposa un baiser sur le front brûlant de son bel amour avant de lui parler de sa voix la plus douce. « Veux-tu que nous allions un peu à la campagne demain ? Prendre l’air ? » Le gentil couple qui les avait accueilli lors de ce qui avait été une sorte de lune de miel prenait souvent de leurs nouvelles, et leur avait toujours dit qu’ils étaient les bienvenus. Hélas, leurs vies bien remplies avaient pris le dessus, et ils n’y étaient pas encore retournés depuis. Peut-être était-il temps. Razvan lui avait semblé si heureux sur ce grand cheval, comme parfaitement apaisé, dans son élément. Glissant très légèrement, sans le brusquer, son front contre le sien, elle planta son doux regard dans les yeux troublés de celui qu’elle aimait. « Ce week-end, ce sera juste toi et moi. » Ils en avaient besoin. Tous les deux. « Contre le reste du monde… » lui promit-elle avant de déposer un tendre baiser sur sa joue mouillée.
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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Lun 4 Jan 2021 - 11:57

Razvan avait souvent porté le fardeau de n'être pas vraiment capable de pleurer. Qu'il se laisse ainsi aller à cette étreinte salée avec son épouse laissait donc imaginer combien il était dévasté. Le jeune homme prenait toujours tout à coeur, trop à coeur, quitte à porter physiquement les stigmates de ses peines. Il n'était souvent pas très compliqué de voir que quelque chose n'allait pas. Mais il était plus difficile de le faire parler en général. C'était pour cela aussi qu'il ressentait le besoin de frapper et se faire frapper. Expier la douleur mentale par de la douleur physique pour ne plus y penser. Sauf que parfois le bouleversement est trop fort et frapper ne suffit pas. Parfois, il faut au contraire la douceur du partenaire et la compréhension de ses mots. C'était exactement ce que lui offrait Neolina. Sans parler, dans un silence absolu brisé simplement par les sanglots de son époux, le jeune homme se laissait profondément aller à ce qui le tourmentait depuis midi. Et il semblait que l'étreinte de son épouse avait plus d'efficacité que n'importe quels mots que son tuteur aurait pu trouver. Le baiser sur son front sembla lui éclater le cœur. Razvan ressentait tellement d'affection pour Neolina que c'en était fou. Il l'aimait si fort, si réellement, si profondément, qu'il aurait pu rester des heures dans ses bras à se faire bercer par elle. Un peu malgré lui, il avait l'impression d'être un enfant inconsolable, en quête d'affection, il en avait presque honte. Honte de pleurer encore, de se laisser aller à pareille faiblesse. On effaçait pas une éducation traditionnelle roumaine comme cela. Son épouse lui proposa alors alors un échappatoire, un week-end simplement avec elle, loin de Sibiu, de ses gens, de cette atmosphère pesante qu'il détestait tant et il hocha silencieusement la tête. Son pragmatisme habituel le frappa de nouveau, il se fit la réflexion qu'ils étaient censés aller chez la soeur de Neolina ce dimanche... Mais voilà, pour une fois il avait envie d'être égoïste, de profiter de Neolina, de penser à autre chose et surtout, de ne pas être assit à une table où la question de ses études allait nécessairement surgir à un moment ou à un autre. Non, Razvan voulait penser à tout sauf à la médicomagie ce week-end. Alors s'il pouvait penser simplement à Neo, tout irait bien.

Le lendemain après-midi

Une fois qu'ils avaient décidé de partir pour les deux petits jours du week-end de Pâques, Neolina et Razvan s'étaient vite enfuis pour la campagne. Besoin d'air frais, besoin de se retrouver et de ne pas penser à leur semaine, les deux jeunes gens étaient partis en direction des terres chez le couple qui les avait gentiment hébergé pour ce qui faisait office de lune de miel. Ils étaient sortis tous les deux se promener dans l'après-midi, perchés sur un même cheval puisque Neo avait une souplesse légendaire pour monter sur une de ces bestioles. Et c'est finalement à l'aide de sa main calée comme étrier que le jeune homme avait aidé son épouse à monter.

Tous les deux s'étaient finalement arrêtés au bout d'une heure près d'un ruisseau où leur fidèle destrier s'était arrêté pour épancher sa soif. Ils étaient finalement descendus et assis dans l'herbe légèrement humidifiée, ils regardaient paisiblement l'animal boire. Une jambe repliée en équerre sous l'autre étendue, Razvan leva le nez pour profiter d'un agréable rayon de soleil qui traversait les voilages des feuillages. Le temps était doux pour un mois d'avril, il ne faisait pas froid. Tous les deux avaient passé leur matinée dans le lit, incapables de se tirer des draps, avant finalement de conclure qu'ils étaient aussi venus pour profiter d'une bien méritée balade. « J'espère que ta sœur ne nous en voudra pas pour demain » dit-il finalement en songeant que Neolina avait dû annuler leur visite à sa famille puisqu'ils restaient là jusqu'au lendemain en fin d'après-midi. Le jeune homme ne voulait pas non plus que son épouse se prenne le chou avec elle uniquement parce qu'il avait besoin de prendre l'air. Il fit pensivement tomber sa main sur la cuisse de sa femme en faisant des spirales sans aucun sens sur sa peau en suivant son propre geste du regard. S'il ne voulait pas qu'elle se dispute avec elle pour leur petite échappée de fin de semaine, Razvan ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il ne ne pouvait regretter le temps volé avec elle.


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Neolina Siankov

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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Lun 4 Jan 2021 - 20:31

Ses mèches blondes s’entremêlant aux brins d’herbe encore imprégnés de rosée, Neolina regardait d’un air amoureux le si beau visage de Razvan nimbé de lumière. Comme elle l’avait prédit, l’endroit semblait avoir sur lui des vertus magiques, autres encore que celles qu’ils pouvaient produire avec la mystérieuse force qui se cachait en eux. Lors de ses voeux, Neo avait dit qu’elle n’aurait de cesse d’avoir envie de le faire sourire. Et même si elle n’était pas pleinement à l’origine de son changement d’humeur, sans doute y était-elle un peu pour quelque chose. Sourire plutôt que le voir pleurer, voilà qui effaçait doucement l’amer sentiment qui l’avait envahie hier alors qu’elle s’était sentie si impuissante, ignorant à quel point pourtant ses mots avaient eu un impact sur lui. Comment avaient-ils pu délaisser si longtemps ce si merveilleux échappatoire ? La clairière où elle était allongée, contemplant l’homme qui la faisait se sentir si complète chaque jour, était un véritable havre de paix, grande soeur semblait-il de celle où ils allaient souvent se retrouver adolescents. Celle où il l’avait demandée en mariage. Où ils s’étaient échangés ces si précieux voeux.

La main de la jeune femme s’était frayée un chemin jusqu’au creux des reins de son amoureux, caressant délicatement sa peau sous sa chemise tandis qu’un doux sourire flottait sur ses lèvres. Neo s’était promis de ne pas trop penser ce week-end, de se laisser guider par ses envies et ses instincts pour prendre soin de Razvan, d’eux, de leur couple qui parfois s’enlisait peut-être dans une routine. Neo donc, ne pensait à rien d’autre qu’à la plénitude qui l’envahissait. Mais Razvan, évidemment, ne pouvait s’empêcher de cogiter. « Ne t’en fais pas pour ça. » Avant de partir dans un élan de spontanéité un peu fou, et nécessaire pour eux deux, Neo avait griffonné un mot sur un parchemin que l’un des hiboux de Sibiu lui avait porté dans la foulée. Sans s’épancher, elle expliquait que Razvan et elle avaient besoin de prendre du temps pour eux, et qu’ils viendraient plutôt le dimanche qui suivrait. Elle savait qu’Iléana comprendrait. L’aînée des Siankov la comprenait toujours. Une seule instruction dans ce mot : dis à Mama que j’ai du travail. Voilà qui ne ferait pas plaisir à la matriarche, qui trouvait que Neo travaillait trop, que l’Angleterre l’avait rendue trop ambitieuse. Mais elle pouvait bien encaisser un reproche de plus. Après tout, n’avait-elle pas l’habitude ? « Oublions un peu Sibiu, tu veux bien ? » N’était-ce pas pour ça qu’ils étaient venus après tout ? Trouver un peu de répit dans un endroit qui les dépaysait, au coeur de cette Transylvanie que beaucoup trouvait peu accueillante alors qu’il suffisait de bien regarder pour qu’elle révèle toute sa beauté. Et clairement, Razvan s’inscrivait si parfaitement dans ce paysage que… Non, il n’était pas l’heure pour pareilles questions.

Ne penser à rien d’important, juste profiter de l’instant, comme ils ne le faisaient peut-être que trop rarement ces derniers temps. Razvan dessinait sur sa peau nue des formes qui ne ressemblaient à rien et, fermant les yeux, elle essaya d’en deviner pourtant les contours. Imaginer ses doigts qui frôlaient sa cuisse lui déclencha un léger frisson qui remonta son échine. Allongée ainsi, les pieds nus, son bras libre posé au-dessus de sa tête, elle se sentait bien, si bien, qu’elle espérait réellement que Razvan partageait cette exacte même sensation, car elle s’en serait voulue d’être la seule à en profiter autant. Bien sûr, tout cela ne pouvait effacer l’horrible - le mot était si faible - journée qu’il avait vécue hier. Mais c’était une parenthèse, comme la vie nous en offrait parfois, et qu’il fallait savoir saisir. Comme celle dont ils avaient eu peine à s’extraire ce matin, au sein de ces draps qui n’étaient pas les leurs. C’était toujours si différent de dormir dans un autre lit, dans un autre endroit. Mais toujours, toujours dans les mêmes bras et ça, pour rien au monde Neo n’aurait voulu que ça change. « Hum… Laisse-moi deviner… C’est un mouton ! » finit-elle par dire, jouant toujours à deviner les formes comme une enfant avant de rire tout à coup. Ses jambes se redressèrent, faisant glisser un peu le tissu de sa jupe, et elle rouvrit les yeux pour capter le regard de son mari. « Et ça ? Qu'est-ce que c'est, dis-moi ? » ajouta-t’elle d’un air malicieux en faisant remonter doucement le long de la colonne de Razvan, se déconcentrant toute seule, incapable donc de faire autre chose qu’un trait qu’elle finit par se faire terminer d’une pointe afin de former une flèche bien simplette. Son sourire en disait assez long sur ses intentions et pourtant, elle ne bougea pas d’un pouce. Enfin si, puisque celui-ci se baladait toujours machinalement sur la peau ardente du roumain, comme toujours.
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Razvan Vacaresco

Razvan Vacaresco


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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Lun 4 Jan 2021 - 22:38

Dans leur morne quotidien, Neolina et Razvan arrivaient au moins à trouver du réconfort dans la présence de l'autre. Ils ne semblaient pas pouvoir se lasser de cette proximité qu'ils se réclamaient tout le temps quand ils étaient ensembles. Là, alors même qu'elle était couchée et lui assit, appuyé sur une main, celle qui était libre avait tout le loisir de se promener sur la cuisse de son épouse alors qu'une de celles de cette dernière s'était frayée un chemin jusqu'à son dos. L'un et l'autre savait trouver des solutions pour s'échapper des démons qui assombrissaient parfois leurs regards. Ils n'avaient pas embrassés des études faciles au contraire, les images terribles marquaient leurs rétines. La terrible journée de la veille hantait toujours un peu le jeune homme qui essayait de ne pas trop y songer alors qu'il était avec sa femme. Il avait envie de se concentrer sur elle et non pas sur le mort qu'il avait laissé sur cette table d'hôpital. Il n'avait pas envie de revoir le moment où la vie s'échappe d'un coeur. Razvan voulait se contenter de la vie qui se trouvait autour de lui à cette instant, cette clairière revigorante qui lui rappelait tant celle qu'il parcourait, toujours avec Neolina, lorsqu'ils étaient plus jeunes. Mais oui, Neo, oublions Sibiu, se dit-il alors qu'il fermait brièvement les yeux, quelques secondes à peine. Oublier le reste et profiter de l'instant. Sibiu et toute leur petite vie derrière. A cet instant, c'est comme s'ils n'avaient plus de vie autre que celle de se laisser porter par l'instant. « Presque » s'amusa-t-il de sa réponse à un dessin auquel il ne réfléchissait pas vraiment, « un mouton, un nuage, c'est un peu pareil ». A cela près que l'un n'avait ni tête, ni pattes, ni queue. Neo se redressa un peu et il suivit du regard sa jupe qui remontait légèrement en affichant par la suite un léger sourire en sentant la main de la jeune femme remonter dans son dos. « Je ne sais pas, tu as un touché bien léger » avoua-t-il non sans profiter du moment pour une petite provocation. « Disons un demi-point pour toi et zéro pour moi » décréta-t-il alors que sa main à lui remontait doucement à l'intérieur de la cuisse de son épouse – à dessein, bien évidemment –  « je t'accorde un demi point pour le mouton, parce que c'est presque comme un nuage ».

Le jeune homme commença à tracer des traits qu'il voulait ressemblants grossièrement à des montagnes. Pourtant, pourtant, ses yeux ne regardaient pas sa main mais plutôt le beau visage de Neolina qu'il aimait tant. Il aurait pu perdre une vie à la regarder comme cela, frappé par l'évidence en se faisant la réflexion qu'elle était belle. Razvan n'était pas bien avare en compliments de manière générale. Il ne donnait pas vraiment de jolis surnoms, il était assez réservé sur l'expression de ces choses-là. Parce qu'il était plutôt du genre à démontrer par l'affection physique ce qu'il ressentait pour elle et pour les gens qu'il aimait de manière générale. Pourtant, ce paisible moment lui semblait parfait pour lui dire : « Je suis chanceux de t'avoir » – sa main, perdue sur sa cuisse, s'arrêta un instant alors que son pouce prenait le relais pour caresser sa peau blanche – « qu'est-ce que je ferais sans toi ? ». Rien du tout ? C'était une phrase qu'ils se disaient parfois l'un l'autre parce qu'elle évoquait parfaitement leur état d'esprit. Ils avaient besoin de l'autre pour avancer parce que c'était viscéral, et que c'était ainsi depuis presque vingt ans. Imaginez ce que c'est dans la vie de deux jeunes adultes d'avoir passé presque toute leur vie à se côtoyer à tel point que même les plus anciens souvenirs remontent à une époque où ils se connaissaient déjà. Imaginez à quel point le temps avait fortifié leur relation dans des fondations qu'ils ressentaient au fond d'eux. Imaginez combien ils étaient importants l'un pour l'autre...


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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Mar 5 Jan 2021 - 20:58

Comme il était bon de voir que malgré la vie et ses travers, malgré tout ce qui les forçait à grandir trop vite, Neo et Razvan avaient toujours en eux une part d’insouciance qui, il fallait l’espérer, ne s’éteindrait jamais. À cet instant, ils n’étaient rien d’autre que deux jeunes âmes amoureuses, en pleine nature, consacrées pleinement et entièrement l’une à l’autre. Neo n’avait d’yeux que pour Razvan, comme c’était bien souvent le cas d’ailleurs quand il était dans les parages car comment faire autrement ? Mais cette fois, aucune pensée parasite, rien. Juste l’agréable sensation de vivre un instant suspendu dans le temps, en compagnie de la personne qu’elle aimait le plus. Un sentiment simple, pur. Qui lui emplissait le coeur jusqu’au débordement. Voir que Razvan se prêtait au jeu la ravissait. Elle était certaine que cette histoire de nuages n’était là rien que pour l’ennuyer, et elle fit une petite moue forcée avant de le provoquer à son tour avec son dessin qui n’avait réussi qu’une chose, et une seule : la rendre encore plus avide de toucher ce corps qu’elle connaissait pourtant par coeur.

Son insolente petite remarque l’amusa, et elle joua les offusquées - il était bien sûr évident qu’elle ne l’était pas - en ramenant sa main libre sur sa poitrine d’un air affecté. « Monsieur Vacaresco ! Comment osez-vous ? » Le vouvoiement bien inutile ajouta quelque chose à l’instant, et Neo aimait beaucoup ce qui était en tain de se passer. Beaucoup, oui. En parfaite contradiction avec son attitude, ses doigts pianotaient avec délectation le dos de Razvan tandis que le tissu était un peu de trop, mais elle avait envie de voir jusqu’à quand il tiendrait avant de céder. Car il était évident que son mari, lui aussi, n’avait pas que de chastes pensées. Sa main n’était-elle pas en train de mener quelque exploration après tout ? « Un demi-point, tu es dur… » fit-elle remarquer alors que ni l’un ni l’autre n’avait d’esprit de compétition et que ça n’était là qu’une bêtise de plus, une bêtise de gosse et comme ça faisait du bien, le temps d’un après-midi, d’en revenir un.

Cette fois, Razvan semblait dessiner vraiment quelque chose sur une zone qui était bien sensible chez Neo, et la jeune femme dut faire appel à toute sa concentration pour essayer de trouver de quoi il s’agissait, déglutissant même à un moment car si elle voulait qu’il cède, cela voulait surtout dire lutter contre ses propres envies, du moins un peu. Et alors qu’elle faisait ce qu’elle pouvait pour rassembler une pensée à minima cohérente, Razvan arrêta son dessin justement - quel tricheur - mais pour la bonne cause. Les mots lui arrivèrent si droit au coeur que ses joues rosirent un peu. Pas par gêne, mais par overdose de bonheur. Lui adressant le plus doux et plus beau des sourires, sa main libre se posa sur le bras de son mari. Razvan n’était pas du genre à dévoiler ses sentiments, en tout cas, pas à mettre des mots dessus. C’était plutôt elle qui faisait ça. Ca n’empêchait pas qu’elle savait, bien sûr, tout ce qu’il ressentait pour elle. La rareté de ses déclarations ne les rendaient que plus fortes encore et là, oui, c’était drôlement fort. « Tu n’as pas à te poser la question. » répondit-elle avec toute la tendresse que son coeur pouvait contenir, se redressant doucement pour déposer un baiser sur son bras encore, hélas, recouvert de la manche de sa chemise. « Parce que je compte bien près de toi pendant encore très… » Sa bouche remonta, embrassa à nouveau son bras, un peu plus haut. « Très… » Sur son épaule, cette fois. « Très… » Neo dut tendre un peu le cou pour déposer un baiser dans le sien. « Très… » La naissance de sa mâchoire. « Longtemps. » De sa main, elle avait tourné sa tête pour l’embrasser avec toute la fougue et la passion qui l’envahissaient à ce moment précis. Lorsqu’enfin elle trouva la force de se décoller -  quelle volonté il fallait ! - la jeune roumaine se laissa à nouveau tomber dans l’herbe. La tête lui tournait un peu, agréablement. « C’est moi qui ai de la chance… » lâcha-t’elle, rêveuse, ses yeux perdus dans le ciel qu’elle apercevait à travers les branchages. « Combien de femmes peuvent se vanter d’être un jour embrassées comme ça ? » termina-t’elle, son regard à nouveau posé sur lui, lui seul, le centre de son monde. Aucune. Elle était là la réponse. Aucune femme ne pouvait être plus heureuse que Neo à cet instant précis. Et jamais elle ne s’en vanterait pourtant, car tout ça n’appartenait qu’à elle. À eux.
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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Mer 6 Jan 2021 - 12:30

On oubliait souvent que Razvan était quelqu'un qui savait plaisanter et il fallait bien dire que ses expressions faciales plutôt fermées ne permettaient pas réellement de s'en douter. Il n'était pas foncièrement austère bien qu'il parlait peu. Mais voilà, avec Neolina il était toujours plus ouvert qu'avec le reste du monde comme si elle seule détenait la clé pour qu'il soit totalement sûr de lui et détendu. Avec elle, il savait qu'aucun jugement ne viendrait sur ce qu'il était. Il savait qu'il ne craignait rien ou presque sous son regard, à moins que ce dernier soit furibond et dans ce cas, il valait mieux courir en sens inverse que d'aller vers elle. Leur dispute en janvier aurait pu briser un peu cette affection qu'ils se portaient mais en réalité, il semblait que rien ne puisse jamais détruire cela. Peut-être était-ce là l'optimisme de la vingtaine, mais après cinq ans de relation et vingt ans de fréquentation, Razvan était plutôt sûr de lui lorsqu'il s'agissait de la femme à qui il avait passé une bague au doigt. Alors, tracer quelques dessins sur la peau de son épouse qu'il connaissait si bien, après tout, ce n'était complètement à côté de son caractère. Surtout lorsqu'on savait lire entre les lignes de ses yeux sombres qui se promenaient sans gêne sur le corps de Neolina.

Car tous les deux n'étaient plus deux enfants qui ne connaissent pas trop ces choses-là. L'innocence des amours d'enfants avait laissé place à une malice que l'on ne retrouvait que chez leur "eux" plus vieux. Les prétendues talents d'actrice de Neolina arrachèrent d'ailleurs un sourire amusé à son époux qui la regardait tendrement. C'était étrange de reprofiter de la présence de l'autre alors qu'ils vivaient tout le temps ensemble. La monotonie de leurs existences les conduisait à des paroles mécaniques et des gestes répétés, chaque jours. Et s'ils n'avaient pas non plus d'autre choix que de faire cela, parce qu'ils étaient étudiants - bien que sa roumaine finissait bientôt son cursus - se retrouver était parfois aussi primordial pour tous les deux. Razvan se fit la réflexion qu'il était bien dommage qu'ils attendent d'avoir une semaine compliquée pour sortir un peu ensemble. La petite déclaration venait simplement du fait que l'instant s'y prêtait. Le baiser qu'elle lui délivra lui fit tourner la tête et le jeune homme s'y abandonna totalement, par envie mais aussi par besoin, parce que décidément, la proximité physique avec son épouse n'était suffisante que lorsqu'ils ne faisaient qu'un. Elle se décolla finalement de lui et il accompagna légèrement son mouvement en lâchant un petit soupir de mécontentement. « Parce que tu t'en vanterais ? » répondit-il malicieusement avant de s'allonger à demi, appuyé finalement sur son coude, le corps contre le sien alors que sa main finalement remontait sur son ventre pour passer sous son haut et jouer enfin avec la dentelle de sa brassière. Razvan se pencha pour parsemer sa clavicule d'une multitude de baisers légers avant de remonter à sa bouche. Le roumain ne sut pas résister davantage à la tentation d'attraper les bords de son haut pour le soulever et se forcer à décoller leurs bouches pour laisser passer le tissu. Ils avaient dit qu'ils passeraient le week-end ensemble pour se retrouver mais finalement, avaient-ils réellement besoin de l'être, eux qui se connaissaient si bien, eux qui s'aimaient tant ?


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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Mer 6 Jan 2021 - 19:36

Comment deux âmes pouvaient-elles se compléter de la sorte ? Le monde de la magie était fait de bien des mystères, inexplicables, intangibles. Mais celui du lien qui unissait Neolina et Razvan semblait encore plus insondable pour qui n’était pas Neolina ou Razvan. Leurs esprits étaient sur la même exacte longueur d’ondes, leurs mot se répondaient toujours et leurs corps… Depuis que lors d’une soirée d’été, Neo avait bravé tous les interdits - le couvre-feu, les traditions pré-nuptiales, la bienséance… - pour rejoindre son amour, et qu’ils avaient cédé tous les deux aux appels de leurs pulsions adolescentes qui ne pouvaient pas attendre le mariage, depuis ce soir-là précisément… Leur relation était devenue si parfaitement complète qu’ils semblaient désormais incapables de maintenir la moindre distance entre eux. C’était comme ça, Neo ne parvenait jamais à garder sa main bien loin de la peau brune de son désormais mari, osant se nicher à des endroits réservés à elle et elle seule. Leurs baisers désormais n’étaient souvent qu’un préambule à une suite bien moins chaste. Comme s’ils ne pouvaient pas s’en empêcher.

C’était d’ailleurs un petit miracle que seuls dans cette clairière, alors qu’elle était allongée et totalement à la merci des désirs de Razvan, ils n’aient pas encore cédé à leur envie commune. Neo crevait d’envie de l’attirer à elle, l’embrasser encore, et encore, nouer ses jambes autour de ses hanches et perdre ses doigts dans ses cheveux tout en se laissant aller à son - leur - bon plaisir. Mais les deux jeunes roumains étaient d’humeur joueuse, et Neo était parvenue à s’éloigner un peu, un peu seulement car sa main était toujours calée sous sa chemise. Ils avaient le temps, pas vrai ? Ici, il semblait s’écouler si différemment. La taquinerie de son époux la fit rire doucement, et elle rouvrit les yeux pour le voir tout allongé à côté d’elle, appuyé sur son coude, si proche et pourtant presque trop loin. « Jamais. » dit-elle en passant ses doigts dans une mèche plus longue de ses cheveux d’ébène qui lui tombaient devant les yeux. Sa main sur son ventre ne l’aida pas à calmer ses ardeurs et pourtant, Neo tint bon. « Personne ne me croirait… » souffla-t’elle sous la salve de ses baisers. « Personne ne pourrait… » ajouta-t’elle avant qu’il ne se saisisse de ses lèvres. Comprendre, termina-t’elle mentalement alors qu’il lui faisait la parfaite démonstration de ce qu’elle essayait d’exprimer. Aucun mot n’aurait pu décrire la sensation qui l’envahissait quand elle était ainsi collée à lui. De ses deux mains désormais libres, elle eut envie de lui retirer sa chemise, mais Razvan fut bien plus prompt qu’elle, lui arrachant un sourire bien transparent sur ce dont elle avait envie.

Il aurait été facile de continuer sur la lancée, de se précipiter même. N’était-ce pas ce que leurs corps réclamaient ? Mais Neo avait décidément envie de jouer et, puisant un peu dans son énergie, elle bascula sur lui avec souplesse. Il n’y avait bien que dans des moments pareils qu’elle n’était pas maladroite. Sans se départir de son sourire, se tenant bien droite alors qu’elle mourrait d’envie de se coller à lui, Neo entreprit de défaire le premier bouton de la chemise, avec une lenteur tout à fait forcée, presque une torture. « Je m’en voudrais que tu ne profites pas un peu de la vue… » s’amusa-t’elle à le provoquer alors qu’elle était passée au deuxième bouton. Son regard farouchement planté dans le sien, elle se plaisait à imaginer combien de temps il serait capable de tenir comme ça. Clairement, pas tous les boutons, elle le connaissait. « Après tout, tu ne les vois jamais très longtemps. » continua-t’elle en baissant la tête pour regarder elle-même cette bien jolie brassière qu’elle portait, avant de reporter toute son attention sur lui. Oh, elle savait, Neo. Elle savait bien l’effet que tout ça avait sur son beau roumain. Alors pourquoi ne pas en jouer, après tout ?
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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Jeu 7 Jan 2021 - 10:16

La nature avait l'air de toujours inspirer le jeune couple marié. Ils aimaient s'y perdre lorsqu'ils étaient enfants, puis adolescents, puis adultes. Être entouré de la vie alentours avait finalement quelque chose de grisant. Razvan avait toujours été plus un homme de nature qu'un homme de ville, il fallait bien dire que son manque de sociabilité y était aussi pour beaucoup. Malgré des études poussées, il espérait avoir une vie simple, parsemée de beaux moments - avec Neolina, bien évidemment ! Parce que voilà, il y avait deux choses qu'il savait dans la vie : la première qu'il voulait être médicomage - parce que c'était là sa passion et sa vocation - et la seconde, c'était qu'il aimait sa femme. Et il l'aimait tant qu'il ne pouvait pas s'empêcher de la toucher en permanence, que ce soit en faisant glisser une main dans son dos, une main dans la sienne, en posant ses lèvres sur son front ou sur tout autre partie de son corps. Tous les deux avaient constamment besoin de se toucher, et là, alors qu'ils étaient seuls avec personne pour les épier, il ne voyait pas franchement de raisons de se retenir à ce sujet.

Mais il était peut-être le seul finalement à ne pas vouloir attendre et à vouloir la parsemer d'une multitude de baisers. Neolina bascula sur lui et cette fois-ci appuyé sur ses deux coudes, le jeune homme la regarda dans les yeux en la trouvant, décidément, totalement sexy. Razvan déglutit alors qu'elle prenait un sale plaisir à lui retirer lentement sa chemise. Etait-ce là une énième provocation ? Peut-être. Les yeux du jeune homme semblaient plus noirs encore que ses cheveux. Lorsqu'elle le provoqua sur ses sous-vêtements, le jeune homme afficha un sourire un peu narquois avant de se mettre en position assise, son torse quasiment collé à celui de son épouse alors que ses mains se dirigeaient lentement vers son dos en glissant sur sa peau si claire en comparaison de la sienne. Son visage était juste en dessous du sien. Il lui fit un tendre baiser sur le haut de son pectoral avant de lui dire : « C'est que » - il lui refit un baiser tout aussi tendre - « sans vouloir te vexer, ce n'est pas ce qui est le plus intéressant... ». Le visage contre sa peau s'agrandit d'un beau sourire alors que ses mains avaient trouvé l'agrafe. Razvan s'amusa avec sans la défaire, puisqu'apparemment, Neo voulait prendre son temps ! « Enfin, je peux aussi la laisser si tu préfères ». Son épouse ne semblait pas s'embarrasser de pareils questionnements, elle qui avait déjà déboutonné deux boutons de plus à sa chemise. Sentir les mains de sa femme frôler sa peau lui donnait une telle sensation qu'il aurait voulu que cela ne s'arrête jamais.  Il avait l'impression qu'elle arrivait à afficher un flegme qu'il ne pouvait même pas feindre. Razvan prenait terriblement sur lui pour ne pas arracher sa brassière et pour ne pas laisser ses mains profiter de son corps. Mais bon, Neo voulait jouer, non ?


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Dernière édition par Razvan Vacaresco le Dim 10 Jan 2021 - 13:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Jeu 7 Jan 2021 - 20:10

Non contente d’avoir épousé son meilleur ami, qui était très certainement l’homme le plus doux qu’elle connaisse, Neo avait également eu la chance de se marier avec le plus bel homme de Sibiu. Et si ça ne tenait qu’à elle d’ailleurs, elle dirait que c’était le plus bel homme du monde, avec cet élan fou qu’ont les jeunes femmes transies d’amour. Alors qu’elle déboutonnait sa chemise avec une lenteur inexorable et terrible pour lui comme elle, elle eut tout le loisir d’admirer la beauté de ses traits. Etait-ce parce qu’elle l’aimait de plus en plus, ou parce que l’âge faisant, il devenait encore plus séduisant ? Toujours était-il que jamais, jamais il ne lui sembla plus parfait qu’à cet instant. Et c’était ce qu’elle se disait à chaque fois, chaque fois que son regard prenait réellement le temps de l’admirer - et croyez-la, c’était un temps qu’elle prenait souvent, et avec grand plaisir. Là où ses amies trouvaient parfois des défauts à leurs pauvres maris, Neo, elle, n’en voyait aucun. Du moins, pas physiquement car pour le reste, Razvan étant un être humain comme les autres, il était parfaitement imparfait. Mais n’était-ce pas aussi pour ça qu’elle l’aimait ?

Perdue dans sa contemplation, son regard se promena sur ces lèvres qu’elle avait envie d’embrasser, cette ligne de mâchoire si dessinée et masculine, ces pommettes où commençait cette sorte de barbe mal taillée qui s’avérait plus agréable au toucher qu’il n’y paraissait. Retour sur cette bouche si désirable, si désireuse de la rejoindre, elle le sentait bien. Et alors qu’elle croisait son regard, Razvan n’y tint plus et réduisit drastiquement la distance qui les séparait. Incapable de retenir un soupir, le souffle court, la roumaine se mordit la lèvre sous les caresses taquines de son époux, sous ses baisers tendres. L’un et l’autre connaissaient parfaitement leurs faiblesses, et Neo avait désormais le nez niché dans la masse de cheveux sombres et soyeux qu’elle aimait tant qu’elle y avait sans doute plus passé sa main que Razvan lui-même. Ce qu’elle fit d’ailleurs, laissant l’autre coincée entre leurs deux corps, exploratrice, trouvant le chemin de sa peau qu’elle remonta lentement. Sur son torse d’abord, le col largement déboutonné laissant le champ libre à ses mouvements. Il avait si chaud, tout le temps, mais prenait quelques degrés en plus quand la température montait de la sorte. Puis ses doigts glissèrent à la naissance de son cou, le frôlant plus qu’elle ne le touchait vraiment tandis que lui aussi s’amusait à la torturer un peu. Mais Neo avait l’avantage, elle le savait, et ça lui plaisait. Pas par plaisir de dominer, car rien dans leur relation n’impliquait une telle dynamique. Mais parce qu’elle savait que son roumain, dans pareil état, ferait exploser toute sa fougue dans quelques minutes - secondes ? - et qu’elle serait plus comblée encore qu’elle ne l’était d'habitude. Il y avait les étreintes tendres, et il y avait celles-là. Plus rares, plus fortes. Plus intenses.

Amusée par sa phrase, elle décida qu’elle pouvait bien en rajouter une petite couche, alors qu’il rêvait justement d’en retirer une ou deux qui la recouvraient. « Oh tu sais, ça n’est pas moi que ça gênera le plus... » Sa main descendit lentement le long d’une de ses omoplates, la chemise suivant ses mouvements, la chemise étant de trop, ça oui. Mais Neo tenait bon, par un miracle qui ne s’expliquait pas. Ses doigts nichés dans ses cheveux attrapèrent quelques mèches, et firent basculer sa tête en arrière avec autorité et douceur à la fois - comment faisait-elle ça ? - pour retrouver son regard. « Et puisque le haut va avec le bas, tu aimerais peut-être avoir une vue d’ensemble ? » dit-elle d’une voix rauque, ses lèvres à quelques centimètres des siennes. Appuyée contre lui via la position, elle leva un genou pour ôter sa jupe d’un côté de sa main qui avait quitté à contrecoeur son dos— d’accord, elle dut s’y reprendre à deux fois - avant de faire glisser le bras de son époux plus bas, bien plus bas, pour qu’il se charge du reste. De nouveau, Neo se mordit les lèvres. Elle aurait bien mordu les siennes…
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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Ven 8 Jan 2021 - 12:15

Razvan ne parlait pas nécessairement vraiment avec ses collègues de promotion, mais il entendait parfois, ici et là, les discussions des autres et il était souvent renversé de voir que les problèmes qu'ils rencontraient n'étaient pas des problèmes qu'il avait avec Neolina. Il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour comprendre que ces étudiants avaient sans doute épousé la mauvaise personne, sans doute pressés de passer la barrière physique qu'on leur interdisait dans leur pays avant le mariage. Mais voilà, comme tout ce qui conditionnait la relation de Neolina et Razvan, les choses s'étaient faites naturellement, à l'instinct, quand ils étaient adolescents et tant pis pour les conséquences. Ils avaient été inconscients, certes, mais amoureux, aussi. Et ils l'étaient toujours, car le jeune homme aimait sa femme et savait que c'était réciproque, il savait qu'il n'avait pas à le lui dire pour qu'elle le sache tout comme il savait qu'elle l'aimait, sans qu'elle ne lui en parle. Neo était cependant plus bavarde sur ce genre de choses. Mais elle le connaissait, et ce n'était jamais quelque chose qu'ils s'étaient reprochés. Ils avaient leurs travers, l'acceptaient. Ses camarades de promotion, eux, n'acceptaient rien. Mais leurs existences n'avaient pas lieu d'être dans son imagination totalement tournée vers son épouse, de laquelle il connaissait chaque relief de son corps à la perfection. Les yeux fermés, il aurait pu tracer ses courbes, la forme de ses hanches et les ombres de son sourire. Razvan avait passé tellement de temps à la regarder, par simple plaisir de la voir, qu'il la connaissait par cœur. Physiquement, certes. Mentalement, aussi.
Et puisqu'il la connaissait si bien mentalement, il savait qu'elle voulait étirer la chose.

Très bien. Très, très bien. Razvan pouvait bien fustiger son corps d'homme adulte de démontrer ainsi son envie la plus primitive de ne faire qu'un avec Neolina. Mais voilà, quand on s'aimait comme ils s'aimaient, quand elle lui parlait et le caressait comme elle le faisait, le jeune homme ne savait pas lui résister. En avait-il seulement envie ? Oh non, le roumain voulait se laisser aller à l'expression de son corps. Il n'attendait que cela. Proches, mais pas encore totalement, un petit frisson fit lever une chair de poule sur les avant-bras du jeune homme lorsqu'elle enfouit son nez dans ses cheveux noirs, manie qu'elle avait toujours eu et qu'ils appréciaient tous les deux. Et un soupir s'échappa malgré lui de ses lèvres alors qu'elle continuait de le caresser avec délectation, provocation aussi même. Razvan avait l'impression que sa température corporelle tournait autour des quarante degrés. La chemise n'était pas encore totalement retirée que Neolina lui lança une petite pique qui le fit rougir, certainement pas de colère. Oh que non, il n'était pas en colère, au contraire. Son épouse avait simplement terriblement raison, parce qu'elle connaissait ses faiblesses, comme il connaissait les siennes et qu'elle en jouait avec délectation. Lorsqu'elle tira sur ses cheveux pour qu'il la regarde, ses yeux noirs ne se décollèrent pas de ses lèvres qu'il avait envie de saisir une bonne fois pour toute mais qu'elle lui refusait, à quelques centimètres à peine des siennes. Neo avait retiré seulement la moitié de la jupe lorsqu'elle l'autorisa à retirer le reste et sans quitter des yeux son propre regard, il fit glisser lentement une de ses mains sur ses fesses pour retirer le dernier vêtement qui, précisément, l'empêchait d'avoir "une vue d'ensemble". Il en profita que sa main soit à cet endroit pour la serrer encore plus contre lui avec envie, autorité. Le message était lancé et vraiment, il faisait de son mieux pour ne pas tout gâcher.
Une fois la jupe jetée à côté d'eux, il ne se fit pas prier pour que sa main fasse le chemin inverse, glissant indécemment et avec une délectable lenteur sur son sous-vêtement, avant de remonter dans son dos. Razvan avait entre temps rapproché son visage encore de celui de son épouse pour que ses lèvres se saisissent de celle inférieure de Neolina. Il la lui mordilla un peu alors qu'il avait retrouvé l'agrafe de son haut qu'il ne se fit pas prier, cette fois-ci, pour défaire une bonne fois pour toute et envoyer rejoindre la jolie jupe qui ne servait guère plus à rien. « Tu vas te retrouver complètement nue » lui dit-il, le souffle court, la voix grave, « que j'aurais toujours ma chemise et mon pantalon. Ce serait dommage, non ? ». Il se ressaisit de ses lèvres un bref instant alors qu'une de ses mains revenait enfin profiter de son torse à elle.


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Neolina Siankov

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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Ven 8 Jan 2021 - 20:33

Il y avait les étreintes du matin. Quand leurs désirs s’éveillaient en même temps qu’eux, que le jour n’était pas encore levé et que la tendresse s’exprimait tout en douceur. Il y avait celles du soir aussi, épuisés, épuisantes parfois, échappatoires de certaines journées trop longues ou point d’orgue de celles qui s’étaient parfaitement déroulées. Il y avait celles improvisées, coup de folie, coup de passion, qui n’attendaient pas d’avoir un lit pour les voir se rapprocher. Et puis, il y avait celles-là, comme cette étreinte qu’ils s’apprêtaient à vivre, où le jeu, le contexte, les regards échangés ajoutaient encore un peu de mordant à ces instants qui pourtant étaient toujours empreints d’une certaine forme de passion. Jeunes, fougueux, magnifiques, ils n’avaient tous les deux qu’une seule envie qu’ils se contrariaient l’un l’autre.

Fallait-il en avoir, de la volonté, pour accepter qu’une couche de tissu ne la sépare de Razvan. Il n’allait d’ailleurs pas tarder à s’en amuser, mais en attendant, c’était bien elle qu’il effeuillait. Les soupirs de Neo accompagnaient ses mouvements, et son souffle venait chahuter une mèche de des cheveux d'ébène avant qu’il ne vienne lui mordre la lèvre inférieure, sensation délicieuse. Elle la retira finalement de son emprise, libérant ses lèvres qui vinrent lui adresser une ultime provocation alors qu’il libérait autre chose tout en même temps. Effectivement, tout ça n’était pas très équilibré. Mais ça n’était pas comme si elle n’avait pas l’habitude d’être déshabillée la première. Et même pas le temps de répondre à son insolent époux qu’il l’embrassait encore, laissant ses mains explorer les parties de son corps qu’il aimait - elle aussi, cela allait sans dire, aimait qu’il se livre à de telles explorations. Baiser qui ne dura qu’un court instant, mais c’était déjà trop pour elle, eux sûrement. Tous ces gens qui pensaient que Razvan était un être froid et sérieux n’auraient sans doute jamais pu croire qu’il soit aussi chaud et taquin, disons. Et c’était tant mieux ainsi, car c’était là tout le privilège de Neo.

« Quelle injustice… Il faut y remédier. » réussit-elle à dire avec une voix rendue rauque par son désir. D’un geste ferme, elle le repoussa pour qu’il s’allonge et profite ainsi de la fameuse vue au passage, alors qu’elle passait sa main dans ses cheveux mi-longs tout exprès en se cambrant un peu. Son regard n’eut droit qu’à quelques secondes pour se rassasier, car déjà elle avait plongé dans son cou pour l’assaillir de baisers alors qu’elle se battait avec les derniers boutons qui dévoilèrent finalement une partie de ce corps que la boxe avait dessiné. « Ne m’aide pas… » lui glissa-t’elle à l’oreille avant de descendre lentement, aussi collée à lui qu’il était physiquement possible de l'être, parsemant sa peau de baisers tandis qu’elle luttait avec la maudite ceinture qu’il enlevait à sa place les trois quarts du temps, parce qu’elle était impatiente, et que ça l’énervait. Cela mit un peu de temps, mais sa bouche s’occupa autrement en se délectant de sa peau. Finalement, elle vint à bout du pantalon qu’elle ôta, ses lèvres remontant alors que Razvan auraient sans doute préféré qu’elles continuent leur chemin. Son regard planté dans le sien, alors qu’elle avait admiré au passage tout ce qu’il y avait à voir, Neo parvint une nouvelle fois à prononcer un mot alors que d’autres choses avaient envie de s’exprimer à la place. « Égalité… » Un mot oui, et un seul. Tous les autres étaient superflus.
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Razvan Vacaresco

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MessageSujet: Re: Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS Ce dont le destin nous a privé | NEOLINA | CLOS - Page 8 129196351Sam 9 Jan 2021 - 15:21

Les choses étaient toujours plus belles lorsque l'on connaissait parfaitement son partenaire. Et ces deux-là avaient la chance de se connaître depuis presque vingt ans, de former un couple depuis cinq ans. Après tout ce temps passé avec l'autre, après tout ce temps passé à chercher la chaleur des étreintes du partenaire, on pouvait dire que oui, ils se connaissaient. Et ils se connaissaient bien. Points forts et points faibles, tout y passait dans ces moments privilégiés, et volés qu'ils aimaient passer ensemble. La terrible journée de la veille avait disparu de l'esprit du jeune homme, lequel était totalement tourné vers son épouse. Il n'y avait presque plus rien à retirer de son corps et pourtant Razvan la regardait comme s'il allait la dévêtir un peu plus. Neo retrouva bien vite sa position en le forçant à se rallonger, ce qu'il fit sans rechigner, en faisant quand même glisser ses mains sur ses cuisses parce que oui, il ne savait pas ne pas la toucher - surtout dans ces circonstances-là. Et il sentait ses mains à elle se promener tranquillement sur sa peau, de même que sa bouche et il anticipait, il anticipait terriblement le fameux moment où tous les deux seraient enfin plus proches qu'ils ne l'étaient déjà. Lorsque son visage se ramena au sien, le jeune homme leva une main pour la faire courir sur sa joue douce avant de la faire passer dans sa nuque pour la rapprocher et lui arracher un baiser.

Lorsque les corps se furent bien échauffés et leurs esprits plus apaisés, Razvan avait finalement son épouse allongée sur lui, le visage contre son torse alors que négligemment, une de ses mains était passée dans ses cheveux blond polaire. Le coeur battait toujours fort, le bourdon aux oreilles était toujours-là et les hormones n'étaient pas encore tout à fait calmées, malgré la tranquillité des deux adultes dont le corps s'était précédemment beaucoup plus agité. Le regard sombre du jeune homme qui était posé sur les branchages au dessus de leurs têtes, se porta finalement sur le cheval qui les avait mené jusqu'à cette clairière. « J'espère que Fildeș a bien profité du spectacle » fit-il d'un ton amusé alors que le cheval ébène relevait la tête à l'entente de son nom.  « On a dû nous entendre jusqu'à Sibiu ». Et même si tout Sibiu les avait entendu, sans doute n'en aurait-il eu rien à faire non plus. Les moments privilégiés qu'il passait avec Neolina ne regardaient qu'eux, certes. Mais tous les deux étaient tellement dans leur monde, ils avaient un besoin si viscéral de se toucher que peu importait. Ils passaient-là un moment privilégié, rare, intense. Et l'un comme l'autre, pour se retrouver, en avaient cruellement besoin.
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